Déclaration de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, sur la relance de la coopération franco-allemande et la contribution de la société civile et des jeunes des deux pays, Paris le 9 octobre 1998.

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Circonstance : 43ème Congrès de la Fédération des associations franco-allemandes à Paris le 9 octobre 1998

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Nous sommes particulièrement heureux de saluer, à l'occasion du 43ème Congrès des associations franco-allemandes en Europe, l'oeuvre remarquable accomplie par le monde associatif au service de la relation franco-allemande et de la construction européenne.
Depuis la fondation, à l'automne 1945, par le RP Jean du Rivau, du Centre d'études culturelles, économiques et sociales, précurseur des associations franco-allemandes jumelles Bild-Güz, le travail de rapprochement des sociétés française et allemande s'est poursuivi et amplifié, grâce à vous. Nous saluons, dans cet effort patient d'intégration entre nos deux pays, l'oeuvre visionnaire d'hommes et de femmes de bonne volonté, d'humanistes qui ont refusé les prétendues fatalités de l'Histoire.
Depuis 50 ans, le monde associatif a su s'adapter aux moments successifs de la relation franco-allemande, mémoire de l'après-guerre, reconstruction bilatérale volontariste, construction de l'Europe et tissage de liens décentralisés. Il a su inventer à chaque fois de nouveaux instruments de rapprochement, adaptés aux attentes et aux nécessités de l'heure.
Aujourd'hui s'ouvre un chapitre nouveau des relations franco-allemandes :
- Une nouvelle équipe gouvernementale va se mettre en place en Allemagne. C'est aussi une nouvelle génération de dirigeants qui accède au pouvoir et conclut la période de la réunification allemande. Tout en exprimant leur profond respect pour l'oeuvre du chancelier Kohl dans le rapprochement entre nos deux pays et dans l'approfondissement de la construction européenne, les autorités françaises saluent l'arrivée au pouvoir du chancelier Schroeder qui est, aussi, une occasion de donner un nouvel élan à la relation franco-allemande.
- Ce nouvel élan doit permettre de renforcer le rôle de nos deux pays en Europe, au moment où la mise en oeuvre très prochaine de la monnaie unique, mais aussi la perspective de l'élargissement de l'Union, ouvrent une période décisive dans la construction européenne. Il apparaît ainsi indispensable que nos deux pays trouvent une convergence sur les principales questions de fond qui se posent aujourd'hui : le financement de l'Union, l'adaptation des politiques communes mais aussi la réforme des institutions et la maîtrise du processus d'élargissement.
Pour donner corps à ce nouvel élan, nos deux pays, à l'occasion de la première visite de M. Schroeder à Paris, sont déjà convenus d'engager la réflexion.
Votre engagement est également crucial : il s'agit de donner une intensité et une qualité nouvelle à l'intégration entre nos deux sociétés, de multiplier les liens culturels, humains, sociaux, citoyens entre Français et Allemands. Nous devons renforcer dans nos sociétés la conscience d'une véritable "solidarité" économique, politique, humaine franco-allemande qui doit nourrir et relayer le volontarisme des Etats.
A l'avenir, c'est cette solidarité entre les sociétés qui donnera aux deux pays, mais aussi à l'Union européenne, les bases légitimes et les ressources d'imagination pour créer des compromis face à des enjeux internationaux et européens plus complexes.
Ainsi, pour réussir cette relance de la relation franco-allemande, il nous faut mobiliser l'acquis des liens entre nos sociétés civiles, développer la connaissance et la compréhension plus intime du partenaire mais aussi la mobilité et les échanges humains entre nos deux sociétés.
A cet effet, l'objectif prioritaire de la connaissance de la langue du partenaire doit être relancé et mieux appuyé sur l'importance des relations et des intérêts économiques franco-allemands : les perspectives professionnelles qu'offre la langue du partenaire devraient être mieux utilisées pour motiver l'apprentissage de l'allemand et du français.
Parmi les projets franco-allemands, l'Université franco-allemande, qui mettra en réseau de nombreuses facultés des deux pays et favorisera la mobilité étudiante, illustre tout particulièrement cette volonté commune de développer l'intégration et la solidarité entre nos deux sociétés.
Cet effort nouveau appelle un dialogue plus intense entre le monde associatif et les gouvernements. Nous souhaitons plus d'échanges avec les associations franco-allemandes pour éclairer l'action publique et orienter les initiatives des associations. A cet égard, l'OFAJ demeure bien évidemment un instrument irremplaçable de l'effort commun ; nous nous employons à ce qu'il soit soutenu et renforcé. Le développement de nos efforts nécessite aussi un rayonnement des associations franco-allemandes sur l'ensemble de la société civile, des milieux associatifs et du secteur privé. A cet effet, nous devons mobiliser beaucoup plus que par le passé les entreprises, les chambres de commerce et d'industrie, les partenaires sociaux, notamment en France.
L'imbrication toujours plus forte de nos sociétés civiles est une condition essentielle de la pérennité et du renforcement du lien franco-allemand et, au-delà, d'une émergence de la solidarité politique, économique et sociale entre nos deux pays et entre les pays de l'Union européenne.
De cette oeuvre magnifique, l'action de vos associations est l'un des plus vibrants témoignages et l'une des plus puissantes contributions. Ensemble, nous devons la développer et l'amplifier encore.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2001)