Point de presse de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, à la suite de sa rencontre avec M. Ahmed Qorei, premier ministre de l'Autorité palestinienne à Ramallah, et déclaration lors de sa rencontre avec le personnel du Consulat général à Jérusalem, sur les relations franco-palestiniennes et les efforts de la France en faveur du réglement du conflit israëlo-palestinien, le 30 juin 2004.

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Circonstance : Voyage de Michel Barnier dans les Territoires palestiniens les 29 et 30 juin 2004

Texte intégral

(Point de presse de Michel Barnier à la suite de sa rencontre avec le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Ahmed Qorei, à Ramallah le 30 juin 2004) :
Merci beaucoup, Monsieur le Premier ministre, et bonjour à chacune et chacun d'entre vous. Nous venons d'avoir une longue séance de travail avec le Premier ministre Ahmed Qorei, avec plusieurs des ministres du gouvernement, Nabil Chaath et Nabil Qassis notamment, ministre des Affaires étrangères et ministre du Plan.
J'ai transmis à Ahmed Qorei, comme hier au président Arafat, un message d'amitié, d'estime pour lui-même mais aussi à travers lui pour le peuple palestinien, message de solidarité aussi dans les difficultés quotidiennes que vivent les Palestiniens, notamment en raison des bouclages, des barrages, des destructions, de ce mur dont il a parlé lui-même tout à l'heure.
J'ai pu aussi hier, au cours de ces deux entretiens avec le président Arafat, mesurer de plus près le sort qui lui est fait, la situation personnelle dans laquelle il vit, et qui n'est pas digne compte tenu de ce qu'il représente. Elle n'est pas digne pour lui-même, elle n'est pas digne pour les Palestiniens qu'il représente. Et nous considérons que cette situation ne doit pas durer parce qu'il est le président élu et légitime. Voilà aussi le sens de la visite personnelle que je lui ai faite au nom du gouvernement français pour lui transmettre ce message du président Jacques Chirac.
J'ai souhaité en effet, le Premier ministre l'a rappelé, passer 24 heures dans les Territoires palestiniens, me trouver ici au plus près de la réalité, de la vie des hommes et des femmes, et constater aussi les efforts qui sont faits sous l'autorité du président et du Premier ministre dans beaucoup de domaines, pour la réforme en matière financière avec le travail remarquable du ministre Fayyad, en matière administrative sous l'impulsion du ministre Qassis avec lequel nous avons travaillé et également des efforts qui sont devant vous, devant nous en matière de sécurité avec la nécessité d'aller plus loin vers une réorganisation des services de sécurité sous l'autorité du gouvernement. Et à cet égard, je me réjouis très sincèrement des déclarations qu'a faites hier soir le président Arafat à l'occasion de notre rencontre et des propos positifs qu'il a tenus à propos de la contribution de l'Égypte que nous voulons nous aussi soutenir en tant que Français et en tant qu'Européens.
Nous pensons qu'il faut aller plus loin, maintenant, dans l'intérêt des Palestiniens eux-mêmes. Tous ces efforts, Mesdames et Messieurs, n'ont qu'un objectif, celui de la paix pour les deux peuples, la fin des violences, la création des conditions pour une vie normale dans la dignité et la sécurité à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens. Naturellement, cela exige aussi des gestes d'Israéliens, la fin ne se fera pas autrement que par des gestes réciproques et parallèles. Nous considérons que le retrait de Gaza, qui a été promis, est une étape utile de la mise en uvre de cette Feuille de route. Une Feuille de route à laquelle nous tenons, je le dis comme ministre français mais aussi comme l'un des ministres européens, elle a été agréée par toutes les parties, elle est soutenue par la communauté internationale et il faut reprendre le chemin fixé par cette Feuille de route.
Mesdames, Messieurs, comme vous le savez, c'est ma première visite dans les Territoires palestiniens en tant que ministre français des Affaires étrangères. J'étais déjà venu à Gaza en 1996 pour rencontrer le président Arafat. C'est ma première visite, après celle que j'ai faite la semaine dernière en Jordanie puis en Égypte, et avant celle que je ferai dans quelques semaines en Israël. C'est là le signal, ou la preuve, de la place et de l'attitude que nous avons, de notre volonté, de la France, de l'Europe d'être pleinement engagés, d'être actifs pour accompagner et aider ceux qui prennent le risque, les risques de la paix. Je voudrais, Monsieur le Premier ministre, vous remercier. Remercier le président Yasser Arafat que j'ai été très heureux de rencontrer hier pour la cordialité, pour l'amitié, pour la qualité de votre accueil et pour dire le souhait qui reste le nôtre, qui a toujours été le nôtre, d'approfondir, de consolider les relations que nous avons pour contribuer à la reprise du dialogue, à la relance si nécessaire et qui est possible aujourd'hui, qui est possible en ce moment, du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, pour sortir enfin de cette tragédie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juillet 2004)
(Déclaration de Michel Barnier lors de sa rencontre avec le personnel du Consulat général, à Jérusalem le 30 juin 2004) :
Mesdames, Messieurs, je vais vous dire quelques mots sans trop de protocole et je vous remercie de les comprendre comme cela, comme la parole de votre ministre qui vous dit ce qu'il croit sincèrement et ce qu'il pense.
J'attachais beaucoup d'importance à cette première visite comme ministre des Affaires étrangères ici dans les Territoires palestiniens et naturellement à Jérusalem, où je suis heureux, avant de prendre l'avion, de reprendre l'avion, de vous saluer, de vous avoir rencontré personnellement même si c'est très rapide. Vous ne me connaissez pas encore bien, mais j'attache beaucoup d'importance à la dimension humaine et personnelle du travail que le président de la République m'a confié. Donc je serai un ministre qui s'intéressera à vous, et à cette maison, et à ceux qui travaillent à l'influence, aux idées, et au rayonnement de la France. Et à l'intérieur même du ministère des Affaires étrangères, les plus hauts responsables du Quai d'Orsay sont à mes côtés, le directeur politique qui a été consul général ici, le directeur d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. C'est d'ailleurs quand Stanislas de Laboulaye était ici que je suis venu pour la première fois dans cet endroit avant d'aller d'ailleurs à Gaza en 1996, mais j'étais ministre des Affaires européennes à l'époque. Il y a le porte-parole, il y a le directeur général de la Coopération internationale et du Développement. C'est une visite que nous avons considérée comme très importante. Et naturellement dans le même esprit, dans quelques semaines, comme je me suis rendu en Égypte et en Jordanie la semaine dernière, je me rendrai en visite bilatérale en Israël, une vraie visite bilatérale puisque nous avons avec ce pays des relations amicales et intenses depuis toujours.
Mais ce moment-là était pour moi très émouvant compte tenu de la situation au milieu de laquelle vous vous trouvez les uns et les autres. Donc je suis heureux de vous dire ma reconnaissance, celle du président de la République et du Premier ministre et la mienne personnellement pour la place que vous tenez et la manière dont vous assumez cette tâche dont le consul général a dit qu'elle était exigeante. Je sais, nous savons à Paris que ce poste est passionnant quelle que soit la place qu'on occupe dans cette équipe. Pour moi, je veux dire, comme dans mon ministère, que tous les maillons de la chaîne sont importants, quel que soit le poste, j'ai toujours pensé cela dans les équipes que j'ai dirigées, quelle que soit la place que vous tenez. Si le maillon casse, c'est la chaîne qui casse, donc je veux vous exprimer ma reconnaissance quelle que soit la place dans la hiérarchie, surtout dans un endroit comme celui-ci. Je suis conscient de cela et je voulais vous le dire, donc vous exprimer ma reconnaissance et je continuerai à être très attentif au travail que vous faites. Naturellement, comment je suis informé de ce travail ? Par les messages, via les représentants syndicaux, qui auront des choses à me dire tout à l'heure, mais aussi par les télégrammes que je lis attentivement, et nous allons continuer à tenir, si vous le voulez bien, ensemble cette petite équipe, petite équipe, j'ai bien compris que vous n'étiez pas assez..., dans la diversité de ce que vous êtes puisque vous êtes tous attachés à la France ; j'imagine que la quasi-totalité d'entre vous sont Français, et parfois Franco-Palestiniens ou Franco-Israéliens, dans la diversité de vos cultures, de vos sensibilités, de vos opinions.
Vous êtes cette équipe française ici, dans un lieu stratégique ou névralgique, et à un moment où, même si vous êtes quelquefois découragés, même si le danger qui est à la porte peut conduire à baisser les bras, nous devons tenir. Tenir et agir, c'est ce que je suis venu dire aujourd'hui à Yasser Arafat, au gouvernement palestinien, ce que je dirai d'ailleurs aux Israéliens au nom du gouvernement français mais aussi au nom des Européens qui sont à peu près d'accord, c'est qu'il y a une nécessité et une possibilité aujourd'hui de faire repartir ce processus dans une direction plus positive que celle que nous vivons depuis trois ou quatre ans. Donc nous allons essayer d'utiliser tout ce qui est sur la table, il n'y a pas grand chose, mais il y a un certain nombre de choses avec le retrait de Gaza, avec la coopération que propose l'Égypte, avec le climat nouveau qui peut s'installer maintenant, l'attention internationale se détournant enfin et heureusement de la question irakienne. Il y a un certain nombre d'éléments qui peuvent permettre d'embrayer ce processus dans une direction plus positive, à la condition que chacun veuille bien faire quelques efforts parallèles, simultanés aussi bien du côté israélien que du côté palestinien. Donc nous portons ce message ; je sens du côté européen, avec mes collègues des vingt-quatre autres pays, une urgence nouvelle sur cette question et donc nous allons essayer d'utiliser ce climat pour faire repartir ce processus. En attendant, comme je vous l'ai dit, vous devez tenir cette place qui est importante parce que la France, historiquement, culturellement, économiquement, on sent bien le lieu si particulier que constitue Jérusalem, la France a une place particulière ici. Et nous voulons utiliser cette place. D'ailleurs cette place on ne la décrète pas, nous la trouvons dans l'histoire, dans nos relations, dans notre présence ici très ancienne. Nous la trouvons aussi parce que vous la faites vivre, ici, vous, chacune et chacun.
Je voulais vous dire cela et vous exprimer ma reconnaissance, vous dire que je resterai attentif à vos problèmes personnels ou particuliers autant que je les connaîtrai comme je vous l'ai dit en débutant, je termine en vous disant cela: sachez que le ministre des Affaires étrangères s'intéresse et s'intéressera personnellement aux hommes et aux femmes qui font vivre ce ministère et à ceux qui y travaillent dans d'autres administrations et qui portent ici haut et fort et dignement et avec beaucoup d'honneur l'image et la présence françaises. Voilà, je voulais vous dire cela de tout coeur.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juillet 2004)