Texte intégral
Le Figaro. Que répondez-vous à ceux qui, en Côte d'Ivoire, accusent l'armée française d'avoir tiré sciemment sur des civils ?
Michèle Alliot-Marie. Les troupes françaises qui ont ouvert le feu n'avaient pas d'autre solution. Elles l'ont fait dans tous les cas selon les règles et en situation de légitime défense. Un rapport du ministère de la Santé de Côte d'Ivoire dit que plus de la moitié des morts ivoiriens est due à des mouvements de foule ou à des règlements de compte entre les détenus de droit commun qui ont été libérés au moment des émeutes à Abidjan. D'après nos propres évaluations, l'action des troupes françaises a provoqué une vingtaine de morts ivoiriens au cours de quatre affrontements.
Q - Dans quelles circonstances ?
R - D'abord, à l'aéroport d'Abidjan. Au début des émeutes, nous avons dû prendre les dispositions pour évacuer nos ressortissants et les étrangers menacés, et acheminer des renforts. Les soldats ivoiriens ont voulu s'y opposer. Il y a eu un échange de coups de feu au cours duquel nous avons eu six blessés ; il y a sûrement eu des pertes en face. Au même moment, nous avons acheminé des renforts depuis le nord du pays, pour renforcer les moyens de protection des Français et des étrangers menacés à Abidjan. Ceux-ci ont été attaqués à plusieurs reprises sur leur route. Nous avons dû riposter pour passer. Quasi simultanément, les émeutiers ont essayé de reprendre l'aéroport. Nous avons alors tenté de leur interdire les ponts qui mènent à ce point névralgique. Les tirs de semonce dans l'eau, depuis les hélicoptères, ont été insuffisants. Il a fallu neutraliser les premiers véhicules qui tentaient de forcer nos barrages. Enfin, le lendemain, autour de l'Hôtel Ivoire, dont nous venions d'évacuer les ressortissants français, nos soldats ont été empêchés de se retirer. Il y a eu une volonté délibérée, alors que le président sud-africain Thabo Mbeki était là, de créer un incident. Un militaire français a été poussé vers la foule par un gendarme ivoirien qui était censé s'interposer tandis que plusieurs hommes ont essayé de s'emparer d'une mitrailleuse sur un de nos véhicules. Il a fallu tirer pour se dégager en dernier recours. L'opération de désinformation des médias ivoiriens et de quelques officiels ne doit tromper personne. Je tiens au contraire à saluer la très grande maîtrise de soi et le professionnalisme des soldats français.
Q - Le président Mbeki s'est de nouveau récemment rendu en Côte d'Ivoire. Les accords de Marcoussis peuvent-ils encore constituer une voie de sortie de crise ?
R - Le règlement de la crise entre le gouvernement et les forces nouvelles ne peut en aucun cas passer par une solution militaire. Marcoussis est la base des accords d'Accra, qui prévoient des réformes institutionnelles et le désarmement des troupes rebelles. Ils ont été paraphés par toutes les parties et doivent être mis en oeuvre pour permettre des élections en 2005. J'espère que la dernière résolution de l'ONU, qui prévoit des sanctions individuelles contre ceux qui tenteraient de s'opposer à ces accords, aura un effet positif.
Q - Certains ressortissants français réfugiés en métropole veulent retourner en Côte d'Ivoire. Est-ce prudent ?
R - La situation est encore très fragile : les groupes paramilitaires des "jeunes patriotes" restent mobilisés et très agressifs envers les Français. Personne n'est à l'abri d'un incident. Il y a un vrai risque. Je souhaite sincèrement que le calme revienne durablement.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 décembre 2004)
Michèle Alliot-Marie. Les troupes françaises qui ont ouvert le feu n'avaient pas d'autre solution. Elles l'ont fait dans tous les cas selon les règles et en situation de légitime défense. Un rapport du ministère de la Santé de Côte d'Ivoire dit que plus de la moitié des morts ivoiriens est due à des mouvements de foule ou à des règlements de compte entre les détenus de droit commun qui ont été libérés au moment des émeutes à Abidjan. D'après nos propres évaluations, l'action des troupes françaises a provoqué une vingtaine de morts ivoiriens au cours de quatre affrontements.
Q - Dans quelles circonstances ?
R - D'abord, à l'aéroport d'Abidjan. Au début des émeutes, nous avons dû prendre les dispositions pour évacuer nos ressortissants et les étrangers menacés, et acheminer des renforts. Les soldats ivoiriens ont voulu s'y opposer. Il y a eu un échange de coups de feu au cours duquel nous avons eu six blessés ; il y a sûrement eu des pertes en face. Au même moment, nous avons acheminé des renforts depuis le nord du pays, pour renforcer les moyens de protection des Français et des étrangers menacés à Abidjan. Ceux-ci ont été attaqués à plusieurs reprises sur leur route. Nous avons dû riposter pour passer. Quasi simultanément, les émeutiers ont essayé de reprendre l'aéroport. Nous avons alors tenté de leur interdire les ponts qui mènent à ce point névralgique. Les tirs de semonce dans l'eau, depuis les hélicoptères, ont été insuffisants. Il a fallu neutraliser les premiers véhicules qui tentaient de forcer nos barrages. Enfin, le lendemain, autour de l'Hôtel Ivoire, dont nous venions d'évacuer les ressortissants français, nos soldats ont été empêchés de se retirer. Il y a eu une volonté délibérée, alors que le président sud-africain Thabo Mbeki était là, de créer un incident. Un militaire français a été poussé vers la foule par un gendarme ivoirien qui était censé s'interposer tandis que plusieurs hommes ont essayé de s'emparer d'une mitrailleuse sur un de nos véhicules. Il a fallu tirer pour se dégager en dernier recours. L'opération de désinformation des médias ivoiriens et de quelques officiels ne doit tromper personne. Je tiens au contraire à saluer la très grande maîtrise de soi et le professionnalisme des soldats français.
Q - Le président Mbeki s'est de nouveau récemment rendu en Côte d'Ivoire. Les accords de Marcoussis peuvent-ils encore constituer une voie de sortie de crise ?
R - Le règlement de la crise entre le gouvernement et les forces nouvelles ne peut en aucun cas passer par une solution militaire. Marcoussis est la base des accords d'Accra, qui prévoient des réformes institutionnelles et le désarmement des troupes rebelles. Ils ont été paraphés par toutes les parties et doivent être mis en oeuvre pour permettre des élections en 2005. J'espère que la dernière résolution de l'ONU, qui prévoit des sanctions individuelles contre ceux qui tenteraient de s'opposer à ces accords, aura un effet positif.
Q - Certains ressortissants français réfugiés en métropole veulent retourner en Côte d'Ivoire. Est-ce prudent ?
R - La situation est encore très fragile : les groupes paramilitaires des "jeunes patriotes" restent mobilisés et très agressifs envers les Français. Personne n'est à l'abri d'un incident. Il y a un vrai risque. Je souhaite sincèrement que le calme revienne durablement.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 décembre 2004)