Texte intégral
Bima : Après le Portugal et avant la Suède, la France assure pour six mois la présidence de l'Europe. En quoi consistera votre rôle à la tête du Conseil agricole des Quinze ?
Jean Glavany : Le rôle de la présidence, c'est de donner des impulsions, pour essayer d'orienter les travaux de l'Union dans les directions qui nous semblent importantes. Mais c'est aussi de faire en sorte que le travail progresse de manière satisfaisante, pour que les différentes institutions, le Conseil, la Commission, et aussi de plus en plus, le Parlement européen, travaillent efficacement. En outre, la période de la présidence est courte : six mois, dans notre cas en réalité plutôt cinq, en raison de la coupure de l'été. Il faut s'assurer que le lien d'une présidence à l'autre est bien fait.
Bima : Quelles seront les priorités défendues par le gouvernement français ?
Jean Glavany : Dans le domaine agricole, nos priorités sont de trois ordres : il y a d'abord des sujets horizontaux, l'OMC, l'élargissement de l'Union européenne, et un sujet nouveau, mais important pour rapprocher l'Europe des agriculteurs et des citoyens, la simplification administrative. En second lieu, plusieurs réformes d'OCM seront discutées par le Conseil agricole, dans les secteurs des fruits et légumes - pour nous la première priorité -, du sucre, du lin et du chanvre, ou encore de la banane et du riz, si les négociations avec les pays tiers sont achevées. Enfin il est essentiel de progresser vers plus de sécurité et de qualité des aliments : la Commission a préparé des propositions ambitieuses, qui vont dans le bon sens, qui doivent être discutées par le Parlement européen. Nous reprendrons la balle au bond dès que ce dernier aura rendu son avis.
La présidence sera aussi celle du Conseil pêche : dans ce domaine, j'aimerais pouvoir progresser sur le fond, en renforçant lorsqu'il le faut les mesures de préservation de la ressource, et en essayant d'adapter le système actuel de TAC et quotas pour prendre des décisions sur une base pluriannuelle, parce que les pêcheurs ont besoin d'une plus grande visibilité.
Bima : Les négociations agricoles avec les pays du groupe de Luxembourg viennent de débuter en vue de l'adhésion de ces pays à l'Union européenne. Comment comptez-vous faire progresser le dossier de l'élargissement ?
Jean Glavany : Sur ce sujet, il y a quelques principes qui peuvent guider la réflexion. D'abord, l'élargissement est un objectif politique majeur pour l'Europe. L'agriculture ne doit pas, ne peut pas être une cause d'échec. Notre rôle, pour les années à venir, sera de trouver des solutions, pas de placer des obstacles dans la discussion. Mais dans le même temps, il est clair que ce sont les pays candidats qui sont maîtres du calendrier, parce qu'il sera fonction du rythme de préparation de ces pays à rentrer dans l'Union : c'est une tâche difficile, parce qu'il faut adapter beaucoup de règles et de pratiques pour se préparer à intégrer l'Union. Mais c'est en fonction de cette reprise de " l'acquis communautaire " que nous pourrons dire, pays par pays, et OCM par OCM, quand et dans quelles conditions l'adhésion pourra se faire. Enfin il y a un sujet important, sur lequel les pays candidats doivent être prêts : la sécurité alimentaire. L'élargissement ne peut pas se traduire par un affaiblissement des normes dans ce domaine, parce que nos opinions ne l'accepteraient pas, et qu'en définitive cela se retournerait contre le processus d'élargissement lui-même.
Bima : La sécurité des produits alimentaires est au coeur des préoccupations des consommateurs européens. L'instauration d'une autorité alimentaire européenne et l'harmonisation des politiques nationales notamment en matière de lutte contre l'ESB sont-elles un moyen de restaurer la confiance des consommateurs ?
Jean Glavany : Je l'ai dit, c'est une des priorités de notre présidence. L'autorité alimentaire européenne était, à l'origine, une idée française. J'y suis naturellement très favorable. Elle doit pouvoir assurer à la fois plus de transparence, une meilleure coordination entre les travaux réalisés dans les Etats membres et en fin de compte, une plus grande légitimité des avis scientifiques sur lesquels les gouvernements, le Conseil et la Commission européenne doivent fonder leurs décisions en matière de gestion du risque. Plus vite nous avancerons, mieux cela sera.
Nous devons aussi progresser vers plus d'harmonisation des mesures de protection et de contrôle. Nous avons bien avancé sur plusieurs sujets : le retrait des matériaux à risque spécifié et l'étiquetage de la viande bovine, en particulier. Mais il faut continuer, c'est l'enjeu des dossiers que nous devons discuter dans les prochains mois, sur plusieurs dossiers, tels que celui des zoonoses (les maladies animales transmissibles à l'homme), ou le règlement qui doit harmoniser les mesures relatives au contrôle et à la prévention des encéphalipathies spongiformes.
Bima : L'inquiétude de l'opinion à l'égard des organismes génétiquement modifiés ne faiblit pas. Les récentes contaminations de semences de maïs et de colza par des OGM ont montré que les disséminations accidentelles pouvaient toucher les récoltes européennes. La réglementation européenne doit-elle être complétée ?
Jean Glavany : Sur ce sujet, il faut, à mon sens, respecter plusieurs conditions si nous voulons avancer dans la bonne direction. La première, à l'évidence, c'est la prudence : nous connaissons mal l'impact des OGM sur l'environnement et sur la santé, il faut en tirer les conséquences et faire jouer, chaque fois que nécessaire, le principe de précaution. Ensuite, la transparence : quoi que nous fassions, les consommateurs ont le droit de savoir, et nous avons le devoir de les informer. Nous avons fixé une règle d'étiquetage pour les produits destinés à la consommation, nous allons renforcer la directive concernant les conditions d'approbation et de mise sur le marché des OGM, il faut aussi - les exemples récents montrent bien où est la difficulté - que la présence fortuite d'OGM dans les semences fasse l'objet d'un étiquetage. Enfin, la démocratie : il faut débattre de ce sujet sur la place publique et débattre sur des bases scientifiques. C'est pourquoi, il faut poursuivre la recherche sur ces sujets parce que la connaissance est loin d'être achevée.
Bima : Certaines organisations communes de marché (OCM) n'ont pas encore été réformées, notamment celles du porc et des fruits et légumes. Quelles initiatives comptez-vous prendre en la matière ?
Jean Glavany : Je voudrais, dans les quelques mois que nous avons, que nous réussissions à trouver des solutions pour le secteur des fruits et légumes qui permettent d'éviter les crises récurrentes auxquelles ce secteur est confronté. Nous avons des solutions techniques, relativement peu coûteuses, et je m'efforcerai - ou plutôt je poursuivrai un effort engagé depuis plusieurs mois - de convaincre nos partenaires, le Parlement européen et la Commission, d'avancer dans cette direction. Mais il y aura d'autres sujets à traiter : le sucre notamment, une OCM qui fonctionne bien, et qu'il faut reconduire. Il faudra aussi aborder les problèmes du secteur de la viande porcine : là aussi, les crises sont régulières, et pour sortir de cette situation absurde, nous avons besoin de mettre en place des instruments de maîtrise. Cela ne sera pas facile, parce que les autres Etats membres sont beaucoup plus réceptifs à ces raisonnements en période de crise qu'après et la crise est désormais derrière nous, au moins pour quelque temps.
Bima : Vous réunirez vos homologues les 2 et 5 septembre prochains à Biarritz pour un Conseil informel consacré au modèle alimentaire européen. Comment le définissez-vous ?
Jean Glavany : Il y a un modèle agricole européen, il y a aussi un modèle alimentaire européen, qu'on peut définir en trois idées : diversité de nos agricultures et de nos traditions culinaires, qualité des produits, sécurité des aliments. Ce sont ces trois composantes qu'il faut promouvoir à l'extérieur, dans les enceintes internationales, et faire progresser à l'intérieur de l'Europe. Nos consommateurs ont d'ailleurs des attentes très fortes dans tous ces domaines, ils n'accepteraient pas que nous nous contentions de gérer l'existant. Cela pose des problèmes souvent complexes, ne serait-ce que parce qu'il faut à la fois harmoniser plus, pour améliorer la sécurité, et promouvoir les identités et les terroirs locaux, puisque c'est là qu'est la richesse de l'Europe. Nous en débattrons à Biarritz, début septembre.
Bima : Vous présiderez également le Conseil pêche de l'UE. Après la récente adoption du rapport sur l'intégration des considérations environnementales dans la politique commune de la pêche, quelles orientations allez-vous défendre, en particulier sur le POP IV et la réduction de la flotte préconisée par la Commission européenne ?
Jean Glavany : Il y a plusieurs sujets importants pour cette présidence dans le domaine de la pêche. Il faudra renforcer la maîtrise de la ressource pour plusieurs espèces, telles que les espèces profondes, le bar ou le thon germon. Mais je veux aussi proposer à mes collègues ministres de la Pêche de mettre en place un système de gestion pluriannuelle de la ressource, parce que les pêcheurs ont besoin de plus de visibilité à moyen terme pour organiser leur activité. Dans le même temps, je lancerai une réflexion sur les dispositifs d'encadrement de la flotte, dont l'instrument actuel, le POP (programme d'orientation pluriannuel), a montré ses limites et même un peu plus que ses limites, son échec.
Bima : Six mois après Seattle, les discussions ont repris sur le terrain agricole à l'Organisation mondiale du commerce. Que doit attendre l'Europe de ces négociations ?
Jean Glavany : Les discussions ont repris à Genève, sur l'agriculture et sur les services, comme prévu dans " l'agenda incorporé " aux accords de Marrakech. Cela ne change pas l'objectif du gouvernement, qui est de parvenir à relancer un nouveau cycle de négociation, aussi large que possible. D'ici là, nous devons nous préparer, et la discussion agricole qui s'est engagée doit nous le permettre. Nos objectifs sont clairs : il faudra parler des soutiens, ce que nous ferons sans complexes face à notre partenaire américain qui, en quatre ans, a multiplié par sept les aides à ses agriculteurs. Mais dans le même temps nous voulons que l'OMC se prépare à mieux traiter des " nouveaux sujets " de l'agriculture, qu'il s'agisse du développement rural, du souci que j'exprimais à l'instant de protection de la diversité des produits, qui est autant un enjeu pour les PVD que pour l'Europe, ou du principe de précaution.
(Propos recueillis par Stéphane Sandre)
(source http://www.presidence-europe.fr;le 8 septembre 2000)
Jean Glavany : Le rôle de la présidence, c'est de donner des impulsions, pour essayer d'orienter les travaux de l'Union dans les directions qui nous semblent importantes. Mais c'est aussi de faire en sorte que le travail progresse de manière satisfaisante, pour que les différentes institutions, le Conseil, la Commission, et aussi de plus en plus, le Parlement européen, travaillent efficacement. En outre, la période de la présidence est courte : six mois, dans notre cas en réalité plutôt cinq, en raison de la coupure de l'été. Il faut s'assurer que le lien d'une présidence à l'autre est bien fait.
Bima : Quelles seront les priorités défendues par le gouvernement français ?
Jean Glavany : Dans le domaine agricole, nos priorités sont de trois ordres : il y a d'abord des sujets horizontaux, l'OMC, l'élargissement de l'Union européenne, et un sujet nouveau, mais important pour rapprocher l'Europe des agriculteurs et des citoyens, la simplification administrative. En second lieu, plusieurs réformes d'OCM seront discutées par le Conseil agricole, dans les secteurs des fruits et légumes - pour nous la première priorité -, du sucre, du lin et du chanvre, ou encore de la banane et du riz, si les négociations avec les pays tiers sont achevées. Enfin il est essentiel de progresser vers plus de sécurité et de qualité des aliments : la Commission a préparé des propositions ambitieuses, qui vont dans le bon sens, qui doivent être discutées par le Parlement européen. Nous reprendrons la balle au bond dès que ce dernier aura rendu son avis.
La présidence sera aussi celle du Conseil pêche : dans ce domaine, j'aimerais pouvoir progresser sur le fond, en renforçant lorsqu'il le faut les mesures de préservation de la ressource, et en essayant d'adapter le système actuel de TAC et quotas pour prendre des décisions sur une base pluriannuelle, parce que les pêcheurs ont besoin d'une plus grande visibilité.
Bima : Les négociations agricoles avec les pays du groupe de Luxembourg viennent de débuter en vue de l'adhésion de ces pays à l'Union européenne. Comment comptez-vous faire progresser le dossier de l'élargissement ?
Jean Glavany : Sur ce sujet, il y a quelques principes qui peuvent guider la réflexion. D'abord, l'élargissement est un objectif politique majeur pour l'Europe. L'agriculture ne doit pas, ne peut pas être une cause d'échec. Notre rôle, pour les années à venir, sera de trouver des solutions, pas de placer des obstacles dans la discussion. Mais dans le même temps, il est clair que ce sont les pays candidats qui sont maîtres du calendrier, parce qu'il sera fonction du rythme de préparation de ces pays à rentrer dans l'Union : c'est une tâche difficile, parce qu'il faut adapter beaucoup de règles et de pratiques pour se préparer à intégrer l'Union. Mais c'est en fonction de cette reprise de " l'acquis communautaire " que nous pourrons dire, pays par pays, et OCM par OCM, quand et dans quelles conditions l'adhésion pourra se faire. Enfin il y a un sujet important, sur lequel les pays candidats doivent être prêts : la sécurité alimentaire. L'élargissement ne peut pas se traduire par un affaiblissement des normes dans ce domaine, parce que nos opinions ne l'accepteraient pas, et qu'en définitive cela se retournerait contre le processus d'élargissement lui-même.
Bima : La sécurité des produits alimentaires est au coeur des préoccupations des consommateurs européens. L'instauration d'une autorité alimentaire européenne et l'harmonisation des politiques nationales notamment en matière de lutte contre l'ESB sont-elles un moyen de restaurer la confiance des consommateurs ?
Jean Glavany : Je l'ai dit, c'est une des priorités de notre présidence. L'autorité alimentaire européenne était, à l'origine, une idée française. J'y suis naturellement très favorable. Elle doit pouvoir assurer à la fois plus de transparence, une meilleure coordination entre les travaux réalisés dans les Etats membres et en fin de compte, une plus grande légitimité des avis scientifiques sur lesquels les gouvernements, le Conseil et la Commission européenne doivent fonder leurs décisions en matière de gestion du risque. Plus vite nous avancerons, mieux cela sera.
Nous devons aussi progresser vers plus d'harmonisation des mesures de protection et de contrôle. Nous avons bien avancé sur plusieurs sujets : le retrait des matériaux à risque spécifié et l'étiquetage de la viande bovine, en particulier. Mais il faut continuer, c'est l'enjeu des dossiers que nous devons discuter dans les prochains mois, sur plusieurs dossiers, tels que celui des zoonoses (les maladies animales transmissibles à l'homme), ou le règlement qui doit harmoniser les mesures relatives au contrôle et à la prévention des encéphalipathies spongiformes.
Bima : L'inquiétude de l'opinion à l'égard des organismes génétiquement modifiés ne faiblit pas. Les récentes contaminations de semences de maïs et de colza par des OGM ont montré que les disséminations accidentelles pouvaient toucher les récoltes européennes. La réglementation européenne doit-elle être complétée ?
Jean Glavany : Sur ce sujet, il faut, à mon sens, respecter plusieurs conditions si nous voulons avancer dans la bonne direction. La première, à l'évidence, c'est la prudence : nous connaissons mal l'impact des OGM sur l'environnement et sur la santé, il faut en tirer les conséquences et faire jouer, chaque fois que nécessaire, le principe de précaution. Ensuite, la transparence : quoi que nous fassions, les consommateurs ont le droit de savoir, et nous avons le devoir de les informer. Nous avons fixé une règle d'étiquetage pour les produits destinés à la consommation, nous allons renforcer la directive concernant les conditions d'approbation et de mise sur le marché des OGM, il faut aussi - les exemples récents montrent bien où est la difficulté - que la présence fortuite d'OGM dans les semences fasse l'objet d'un étiquetage. Enfin, la démocratie : il faut débattre de ce sujet sur la place publique et débattre sur des bases scientifiques. C'est pourquoi, il faut poursuivre la recherche sur ces sujets parce que la connaissance est loin d'être achevée.
Bima : Certaines organisations communes de marché (OCM) n'ont pas encore été réformées, notamment celles du porc et des fruits et légumes. Quelles initiatives comptez-vous prendre en la matière ?
Jean Glavany : Je voudrais, dans les quelques mois que nous avons, que nous réussissions à trouver des solutions pour le secteur des fruits et légumes qui permettent d'éviter les crises récurrentes auxquelles ce secteur est confronté. Nous avons des solutions techniques, relativement peu coûteuses, et je m'efforcerai - ou plutôt je poursuivrai un effort engagé depuis plusieurs mois - de convaincre nos partenaires, le Parlement européen et la Commission, d'avancer dans cette direction. Mais il y aura d'autres sujets à traiter : le sucre notamment, une OCM qui fonctionne bien, et qu'il faut reconduire. Il faudra aussi aborder les problèmes du secteur de la viande porcine : là aussi, les crises sont régulières, et pour sortir de cette situation absurde, nous avons besoin de mettre en place des instruments de maîtrise. Cela ne sera pas facile, parce que les autres Etats membres sont beaucoup plus réceptifs à ces raisonnements en période de crise qu'après et la crise est désormais derrière nous, au moins pour quelque temps.
Bima : Vous réunirez vos homologues les 2 et 5 septembre prochains à Biarritz pour un Conseil informel consacré au modèle alimentaire européen. Comment le définissez-vous ?
Jean Glavany : Il y a un modèle agricole européen, il y a aussi un modèle alimentaire européen, qu'on peut définir en trois idées : diversité de nos agricultures et de nos traditions culinaires, qualité des produits, sécurité des aliments. Ce sont ces trois composantes qu'il faut promouvoir à l'extérieur, dans les enceintes internationales, et faire progresser à l'intérieur de l'Europe. Nos consommateurs ont d'ailleurs des attentes très fortes dans tous ces domaines, ils n'accepteraient pas que nous nous contentions de gérer l'existant. Cela pose des problèmes souvent complexes, ne serait-ce que parce qu'il faut à la fois harmoniser plus, pour améliorer la sécurité, et promouvoir les identités et les terroirs locaux, puisque c'est là qu'est la richesse de l'Europe. Nous en débattrons à Biarritz, début septembre.
Bima : Vous présiderez également le Conseil pêche de l'UE. Après la récente adoption du rapport sur l'intégration des considérations environnementales dans la politique commune de la pêche, quelles orientations allez-vous défendre, en particulier sur le POP IV et la réduction de la flotte préconisée par la Commission européenne ?
Jean Glavany : Il y a plusieurs sujets importants pour cette présidence dans le domaine de la pêche. Il faudra renforcer la maîtrise de la ressource pour plusieurs espèces, telles que les espèces profondes, le bar ou le thon germon. Mais je veux aussi proposer à mes collègues ministres de la Pêche de mettre en place un système de gestion pluriannuelle de la ressource, parce que les pêcheurs ont besoin de plus de visibilité à moyen terme pour organiser leur activité. Dans le même temps, je lancerai une réflexion sur les dispositifs d'encadrement de la flotte, dont l'instrument actuel, le POP (programme d'orientation pluriannuel), a montré ses limites et même un peu plus que ses limites, son échec.
Bima : Six mois après Seattle, les discussions ont repris sur le terrain agricole à l'Organisation mondiale du commerce. Que doit attendre l'Europe de ces négociations ?
Jean Glavany : Les discussions ont repris à Genève, sur l'agriculture et sur les services, comme prévu dans " l'agenda incorporé " aux accords de Marrakech. Cela ne change pas l'objectif du gouvernement, qui est de parvenir à relancer un nouveau cycle de négociation, aussi large que possible. D'ici là, nous devons nous préparer, et la discussion agricole qui s'est engagée doit nous le permettre. Nos objectifs sont clairs : il faudra parler des soutiens, ce que nous ferons sans complexes face à notre partenaire américain qui, en quatre ans, a multiplié par sept les aides à ses agriculteurs. Mais dans le même temps nous voulons que l'OMC se prépare à mieux traiter des " nouveaux sujets " de l'agriculture, qu'il s'agisse du développement rural, du souci que j'exprimais à l'instant de protection de la diversité des produits, qui est autant un enjeu pour les PVD que pour l'Europe, ou du principe de précaution.
(Propos recueillis par Stéphane Sandre)
(source http://www.presidence-europe.fr;le 8 septembre 2000)