Déclaration de M. Charles Pasqua, président du RPF, sur les relations entre le RPF et le CNI, sur la souveraineté nationale et le socialisme, Sens le 29 janvier 2000.

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Circonstance : Congrès du CNI à Sens (Yonne) le 29 janvier 2000

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers amis du CNI,
C'est avec joie que j'ai accepté la proposition de Gérard Bourgoin d'être avec vous aujourd'hui parce que le RPF et le CNI ont tant de liens de parenté, si ce n'est de filiation en tout cas de cousinage, que je me sens particulièrement bien parmi vous.
Je ne reviendrai pas sur nos liens historiques, chacun sait ici que l'alliance des gaullistes et des indépendants a été à la base du renouveau du pays et a constitué la colonne vertébrale de la Ve République.
Cette alliance était source d'équilibre et de force pour la majorité d'alors = la fibre sociale du gaullisme trouvait dans votre libéralisme proclamé des bornes salutaires pour éviter que l'on ne confonde social et socialisme, solidarité et assistanat; le grain de folie et d'utopie du gaullisme savait avec la sagesse et le conservatisme de bon aloi des indépendants jusqu'où nous pouvions aller trop loin.
Le jeu politique a affaibli cet axe fondateur de la Ve République et je considère que ce sont les pseudo gaullistes qui ont eu honte d'être nationaux et les pseudo indépendants qui ont eu honte d'être de droite, je considère que c'est cette pente vers le centrisme qui a éclairci vos rangs et les nôtres et qui a permis l'accession et le maintien de la gauche au pouvoir.
Aujourd'hui, mes amis, l'heure de la reconquête a sonné. Avec Philippe de VILLIERS, j'ai incité les Français à renoncer au renoncement, à rompre avec la frilosité, la mauvaise conscience et la pensée unique, à retrouver la fierté d'eux-mêmes. Cela passe par la reconquête de notre souveraineté nationale, parce que sans elle il n'y a ni démocratie, ni espace de vie pour les valeurs que nous défendons.
Nous devons à la fois combattre la gauche en France et le fédéralisme à Bruxelles parce que ce dernier est porteur d'une société d'irresponsabilité, de bureaucratie et de politiquement correct qui représente tout ce que nous détestons.
Cette reconquête je souhaite que le CNI y soit pleinement associé et que votre mouvement trouve toute sa place aux côtés du nôtre.
Le CNI a été, dans les vingt dernières années, le lieu de résistance, sans complexe mais sans concession à l'extrémisme, volontaire et courageux, à la vague du politiquement correct dont était porteuse l'idéologie post soixante huitarde.
Vous avez conservé - et conserver est un beau verbe même si la mode ne l'aime pas - le patrimoine des valeurs nationales que d'autres bradaient, au mépris de leurs électeurs qui eux continuaient à croire dans ce qui fait l'essence même de notre civilisation occidentale.
Les socialistes ont promu une société de contraintes bureaucratiques et une dictature molle reposant sur le moralisme de la gauche caviar ; vous avez défendu la liberté, celle de l'individu et celle de l'entrepreneur, nous allons la défendre ensemble !
Les socialistes ont construit une société, ou plutôt ont déconstruit notre société, d'irresponsabilité et d'assistanat qui décourage le travail et encourage la spéculation et la délinquance. Mieux vaut être aujourd'hui boursicoteur ou délinquant que travailleur, voilà où nous ont conduit les années Mitterrand et où nous conduiront les années Jospin si nous ne mettons pas fin à cette usurpation politique.
Vous avez défendu la responsabilité des individus et des citoyens, celle qui permet la récompense de l'effort et du mérite, celle qui permet la sanction des fautes et des atteintes à l'ordre public. Cette responsabilité, nous allons la défendre ensemble !
Les socialistes ont foulé aux pieds l'autorité de l'État, ont développé un État obèse et impotent, s'occupant de tout et le faisant mal, au lieu de veiller à son premier devoir, la sécurité des Français. Vous avez défendu l'autorité de l'État régalien, nous allons le faire ensemble !
Les querelles et les divisions doivent cesser, elles ont été alimentées par la course aux places, il faut qu'elles se fondent sur de vrais clivages, pas ceux des ambitions personnelles mais ceux des ambitions pour la France.
Il faut que tous ceux qui ont à coeur la défense de leur patrie contre l'uniformisation fédéraliste et mondialiste se rassemblent, il faut que tous ceux qui veulent défendre les Français contre le fédéralisme et la loi du plus violent se rassemblent, il faut que tous ceux qui ne supportent plus que les salons de gauche imposent un prêt à penser et un prêt à juger au peuple de droite se rassemblent.
Il faut que nous fassions entendre la voix des Français pour que ne soit pas étouffée celle de la France.
Ne nous y trompons pas, il faut nous mobiliser avec rapidité et avec ardeur. Nous mobiliser avec rapidité parce que la machine fédérale à broyer notre identité est en marche dans sa folie réglementaire et technocratique, avec rapidité parce que la décomposition de notre société est à l'oeuvre sous nos yeux. Regardez ce que l'on appelle les violences solaires et qui sont tout simplement la preuve manifeste que la civilisation, dans ce lieu symbolique qu'est l'école, cède le pas devant la barbarie. Là comme ailleurs seule l'application ferme de la "tolérance zéro" permettra de redonner à tous le sens du bien et du mal et fera que la peur changera de camp, qu'elle s'éloignera des braves gens pour fondre sur les voyous.
Nous mobiliser avec ardeur, parce que les moyens de nos adversaires sont puissants, leurs relais financiers, médiatiques et culturels sont influents et nos idées n'ont pas les faveurs des élites pour une bonne et simple raison : elles sont populaires et, dans notre pays, on se méfie du peuple et de son bon sens, de ce bon sens qui a fait le succès des Indépendants.
Nous mobiliser avec ardeur, parce que si nous laissions passer cette occasion de combattre pour nos valeurs et sous nos couleurs, nous perdrions notre âme, notre identité, nous manquerions à notre devoir à l'égard de nos aînés et nous ne pourrions pas transmettre à nos enfants ce pour quoi tant de générations, de siècle en siècle, se sont battus : la France.
Mes chers amis, Cher Gérard Bourgoin, ce combat pour la France, pour la liberté, pour la responsabilité et pour l'autorité, ce combat pour les valeurs de la Nation, c'est le vôtre, c'est le nôtre, c'est notre espoir commun, faisons le vivre ensemble !
(Source http://www.rpfie.org, le 02 février 2000)