Texte intégral
Je suis heureux de me retrouver, pour la seconde fois en l'espace de quatre mois, en Afrique du Sud où j'étais déjà venu à l'occasion des cérémonies du 10ème anniversaire de la liberté. Je viens d'avoir des entretiens très cordiaux et très constructifs notamment, longuement, avec le président Mbeki. Cette seconde visite vise à témoigner de l'importance que revêt à nos yeux l'Afrique du Sud, par sa place, par sa politique, en Afrique et dans le monde.
Sur le plan de la coopération, l'Afrique du Sud est notre deuxième partenaire sur ce continent en termes de crédits, sur des sujets qui intéressent particulièrement la vie quotidienne des Sud-Africains : la dimension humaine et citoyenne, l'aide aux plus défavorisés, l'accès aux services de base, l'eau, l'assainissement et une école nationale de santé.
Sur le plan politique, vous le savez, il y a eu de nombreuses rencontres récentes : le président Mbeki est venu plusieurs fois en France en 2003. J'ai, par ailleurs, vu mon homologue, Mme Zuma. Nos entretiens interviennent à la veille du Sommet de l'Union africaine à Accra et nous avons donc évoqué les grands enjeux et les crises qui secouent l'Afrique et j'ai redit que nous étions aux côtés de l'Afrique du Sud. Parmi ces grands enjeux, il faut noter l'urgence du rétablissement de la paix et de la stabilité dans le Darfour. J'étais moi-même hier au Soudan, au coeur du Darfour, pour encourager l'Union africaine dans son travail d'observation du cessez-le feu et encourager les ONG et les personnels humanitaires qui font un travail admirable.
Avec le président Mbeki, nous avons également évoqué l'importance du dossier de la Côte d'Ivoire et du travail qui reste à accomplir dans la mise en oeuvre des accords de Marcoussis. Nous avons enfin parlé de la région des Grands Lacs.
Sur le plan bilatéral, nous avons évoqué l'importance de notre coopération économique dont témoignera la visite en novembre d'une forte délégation du MEDEF. J'ai ajouté mes voeux personnels et sportifs pour l'Afrique du Sud qui se prépare à accueillir la Coupe du Monde de football.
Enfin j'ai eu un autre entretien avec le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, M. Murigande. Il se trouve à Pretoria depuis hier à l'occasion de la Commission mixte Rwanda-Afrique du Sud, et il est resté pour cette rencontre en présence de la ministre Mme Zuma. Nous avons naturellement évoqué les moyens d'améliorer les relations franco-rwandaises après certains malentendus. Un accord s'est fait jour pour travailler dans un nouvel état d'esprit. Il faut que nous participions à un travail de mémoire, chacun en ce qui nous concerne. Nous avons évoqué également la question des Grands Lacs.
Un mot enfin sur le rôle des Forces françaises au Tchad sur lequel je souhaiterais apporter certaines précisions. Il s'agit d'un rôle d'assistance notamment pour acheminer du carburant et du matériel humanitaire. Le cas échéant, ces forces pourraient être davantage mobilisées si l'Union africaine le demande et s'il se dégage des besoins réels et des disponibilités. Je dois vous rappeler qu'au-delà de cela, la France est très présente au Darfour par une aide budgétaire et humanitaire, avec l'Union européenne, représentant plus de 200 millions d'euros au total.
J'ai personnellement décidé l'affrètement pour trois mois d'un avion gros porteur pour acheminer des matériels et des vivres et j'espère que l'Union européenne affectera des moyens logistiques supplémentaires, car le vrai problème est un problème de transport, notamment par hélicoptère.
Q - (Sur le possible rôle des forces françaises au Tchad face à la crise au Darfour)
R - Les forces françaises au Tchad, que j'ai rencontrées hier, jouent d'ores et déjà un rôle, notamment par la fourniture d'essence, par un certain nombre de transports de matériel dans le cadre de l'action humanitaire. Le cas échéant, elle pourrait être davantage mobilisée si la demande nous en était faite par l'Union africaine et en fonction des besoins précis et de la disponibilité de nos matériels. Au-delà de cette question sur la possibilité d'utiliser nos forces, je veux tout de même rappeler que la France est très présente, en dehors des moyens militaires, par une contribution budgétaire importante au travers de l'Union européenne qui apporte 200 millions d'euros, au moment où je vous parle, pour l'action humanitaire. J'ai moi-même décidé d'affréter pour les prochains trois mois un avion gros porteur qui va commencer des rotations régulières de transports de matériel et de vivres. Les pays européens vont également, je l'espère, apporter des moyens logistiques, parce que le vrai problème au Darfour, c'est aujourd'hui celui des transports, notamment de transports héliportés, dans la perspective de la saison des pluies.
Q - (Sur la capacité des États africains à intervenir dans la crise du Darfour)
R - Je pense que l'Union Africaine a la capacité et la volonté de prendre en charge, entre Africains, cette crise. D'ailleurs sur cette crise comme sur d'autres, nous encouragerons et soutiendrons la prise de responsabilité par les dirigeants africains des problèmes de ce continent et nous serons prêts à les accompagner. Vous voyez, c'est un nouvel état d'esprit par rapport, peut-être, au passé. Nous les accompagnons déjà dans la question du Darfour. J'ai rencontré hier des experts militaires, Français et Américains, qui étaient là aux côtés des observateurs de l'Union africaine pour les aider sur le plan logistique et technique. Et nous serons prêts à en faire davantage si l'Union africaine le demande.
Q - La France est-elle prête à signer la résolution des Nations unies demandant des sanctions contre le Soudan ?
R - La discussion est en cours actuellement aux Nations unies sur le projet de résolution proposé par les Américains. Nous estimons qu'il est indispensable de poursuivre et de renforcer les pressions sur tous les acteurs de ce conflit, sur ceux qui ont une responsabilité et qui doivent l'assumer et tenir leurs engagements. La menace de sanctions peut être un instrument utile, mais avant de parler de sanctions, moi, je crois davantage aux pressions sur tous les acteurs. Je veux dire un mot de plus : on ne résoudra pas cette crise, on n'évitera pas cette tragédie humanitaire au Darfour sans le Soudan, et encore moins contre le Soudan. On sortira de cette crise et on évitera la tragédie avec le Soudan qui doit tenir, lui aussi, ses engagements, notamment pour le désarmement des milices des Janjawid. Que tous les autres acteurs de ce conflit reviennent à la table des discussions dans l'esprit de Ndjamena et dans l'esprit d'Addis Abeba !
Q - Est-ce le président Mbeki partage votre opinion sur ce projet de résolution sur le Soudan ?
R- Je n'ai pas à m'exprimer au nom du président Mbeki et dire ce qu'en pense le gouvernement d'Afrique du Sud : ce ne serait pas convenable. Mais j'ai le sentiment que, au nom de l'efficacité, au nom de l'équité, parce que ce sont nos deux soucis, la position française, telle que je viens de l'exprimer et qui correspond aussi à la position des pays européens, a été bien comprise par le président Mbeki.
Q - La France entend-t-elle retarder le passage du projet américain de résolution ? Quel signal attendez-vous du Soudan ?
R - Ce qui me préoccupe, ce n'est pas de se précipiter ou pas. Il y a une vraie émotion dans le monde, la crainte d'une nouvelle tragédie humanitaire, il est normal qu'il y ait un débat aux Nations unies. Ce qui est important, ce n'est pas le délai, c'est ce qu'on dit dans la résolution, ce qu'on y écrit. Il faut dire des choses justes et efficaces. Je vous ai dit qu'un élément important était que l'on s'efforce de sortir de cette crise et d'éviter cette tragédie, avec tous les acteurs, en les mettant devant leurs responsabilités - avec tous les acteurs, pas sans eux ou contre eux, et notamment pas sans le Soudan ou contre le Soudan. Quel geste attendons-nous de la part du Soudan ? D'abord que le Soudan continue à coopérer, comme il le fait, pour faciliter l'accès des ONG aux camps. Ce qui m'a été dit hier par des responsables de la Croix Rouge ou d'Action Contre la Faim, que j'ai rencontrés, était que le Soudan coopérait efficacement pour la création des camps et l'accès des matériels et des convois humanitaires. Et le second point, car il ne s'agit pas seulement d'une réponse humanitaire, est qu'il faut une réponse en matière de sécurité - ce que prend en charge notamment l'Union Africaine que nous soutenons -, et une réponse politique. Le second point sur la sécurité et la politique, c'est que les autorités soudanaises désarment effectivement et continuent de désarmer les milices. Encore un fois, il y a le gouvernement de Khartoum mais aussi les autres acteurs qui doivent assumer leurs responsabilités.
Q - Le Sommet d'Accra consacré à la Côte d'Ivoire sera-t-il élargi à la question du Darfour ?
R - L'information dont je dispose sur le Sommet d'Accra, qui a été initialement consacré et qui a été convoqué pour l'accompagnement politique de la discussion en Côte d'Ivoire, est que, maintenant, les chefs d'État et de gouvernement vont parler de la crise du Darfour. Permettez-moi de dire un mot supplémentaire sur le Darfour à propos d'une question qui a été soulignée vraiment avec gravité par le président Deby, hier soir, au Tchad. Quand on parle de ce drame, il faut naturellement prendre en charge sur le plan humanitaire les populations déplacées ou réfugiées, mais il faut aussi se préoccuper, principalement au Tchad mais aussi au Soudan, des personnes qui habitent là et qui, d'un seul coup, voient la population autour d'eux augmenter et avec qui ils sont obligés de partager le peu qu'ils ont. Je pense que nous devons, au niveau international, nous préoccuper aussi des Soudanais et des Tchadiens qui souffrent actuellement en raison de cette crise, là où ils habitent.
Q - (Sur les entretiens avec le ministre rwandais des Affaires étrangères)
R - Ce que j'ai appelé "malentendus" est lié à l'appréciation qui a été portée par les autorités du Rwanda sur le rôle et la place de la France au moment de cette tragédie. Nous n'avons pas le même sentiment, nous Français, et les Rwandais, sur ce qui a été fait à cette époque par la France pour tenter d'éviter ce drame, avec d'autres pays, et même parfois avant d'autres pays. Donc, nous avons à parler de ce passé-là qui est extrêmement douloureux et nous devons le faire de manière impartiale et objective. Il faut faire un travail de mémoire, tirer les leçons pour l'avenir de cette impuissance et de cette incapacité collectives de la communauté internationale à empêcher ce génocide. Voilà, nous sommes convenus de parler de cela. Parce que nous devons parler du passé, nous sommes convenus aussi de regarder devant nous, s'agissant des relations du Rwanda avec la France, avec l'Europe, et la Région des Grands Lacs. Et c'est aussi pourquoi j'étais heureux de ce premier dialogue.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2004)
Sur le plan de la coopération, l'Afrique du Sud est notre deuxième partenaire sur ce continent en termes de crédits, sur des sujets qui intéressent particulièrement la vie quotidienne des Sud-Africains : la dimension humaine et citoyenne, l'aide aux plus défavorisés, l'accès aux services de base, l'eau, l'assainissement et une école nationale de santé.
Sur le plan politique, vous le savez, il y a eu de nombreuses rencontres récentes : le président Mbeki est venu plusieurs fois en France en 2003. J'ai, par ailleurs, vu mon homologue, Mme Zuma. Nos entretiens interviennent à la veille du Sommet de l'Union africaine à Accra et nous avons donc évoqué les grands enjeux et les crises qui secouent l'Afrique et j'ai redit que nous étions aux côtés de l'Afrique du Sud. Parmi ces grands enjeux, il faut noter l'urgence du rétablissement de la paix et de la stabilité dans le Darfour. J'étais moi-même hier au Soudan, au coeur du Darfour, pour encourager l'Union africaine dans son travail d'observation du cessez-le feu et encourager les ONG et les personnels humanitaires qui font un travail admirable.
Avec le président Mbeki, nous avons également évoqué l'importance du dossier de la Côte d'Ivoire et du travail qui reste à accomplir dans la mise en oeuvre des accords de Marcoussis. Nous avons enfin parlé de la région des Grands Lacs.
Sur le plan bilatéral, nous avons évoqué l'importance de notre coopération économique dont témoignera la visite en novembre d'une forte délégation du MEDEF. J'ai ajouté mes voeux personnels et sportifs pour l'Afrique du Sud qui se prépare à accueillir la Coupe du Monde de football.
Enfin j'ai eu un autre entretien avec le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, M. Murigande. Il se trouve à Pretoria depuis hier à l'occasion de la Commission mixte Rwanda-Afrique du Sud, et il est resté pour cette rencontre en présence de la ministre Mme Zuma. Nous avons naturellement évoqué les moyens d'améliorer les relations franco-rwandaises après certains malentendus. Un accord s'est fait jour pour travailler dans un nouvel état d'esprit. Il faut que nous participions à un travail de mémoire, chacun en ce qui nous concerne. Nous avons évoqué également la question des Grands Lacs.
Un mot enfin sur le rôle des Forces françaises au Tchad sur lequel je souhaiterais apporter certaines précisions. Il s'agit d'un rôle d'assistance notamment pour acheminer du carburant et du matériel humanitaire. Le cas échéant, ces forces pourraient être davantage mobilisées si l'Union africaine le demande et s'il se dégage des besoins réels et des disponibilités. Je dois vous rappeler qu'au-delà de cela, la France est très présente au Darfour par une aide budgétaire et humanitaire, avec l'Union européenne, représentant plus de 200 millions d'euros au total.
J'ai personnellement décidé l'affrètement pour trois mois d'un avion gros porteur pour acheminer des matériels et des vivres et j'espère que l'Union européenne affectera des moyens logistiques supplémentaires, car le vrai problème est un problème de transport, notamment par hélicoptère.
Q - (Sur le possible rôle des forces françaises au Tchad face à la crise au Darfour)
R - Les forces françaises au Tchad, que j'ai rencontrées hier, jouent d'ores et déjà un rôle, notamment par la fourniture d'essence, par un certain nombre de transports de matériel dans le cadre de l'action humanitaire. Le cas échéant, elle pourrait être davantage mobilisée si la demande nous en était faite par l'Union africaine et en fonction des besoins précis et de la disponibilité de nos matériels. Au-delà de cette question sur la possibilité d'utiliser nos forces, je veux tout de même rappeler que la France est très présente, en dehors des moyens militaires, par une contribution budgétaire importante au travers de l'Union européenne qui apporte 200 millions d'euros, au moment où je vous parle, pour l'action humanitaire. J'ai moi-même décidé d'affréter pour les prochains trois mois un avion gros porteur qui va commencer des rotations régulières de transports de matériel et de vivres. Les pays européens vont également, je l'espère, apporter des moyens logistiques, parce que le vrai problème au Darfour, c'est aujourd'hui celui des transports, notamment de transports héliportés, dans la perspective de la saison des pluies.
Q - (Sur la capacité des États africains à intervenir dans la crise du Darfour)
R - Je pense que l'Union Africaine a la capacité et la volonté de prendre en charge, entre Africains, cette crise. D'ailleurs sur cette crise comme sur d'autres, nous encouragerons et soutiendrons la prise de responsabilité par les dirigeants africains des problèmes de ce continent et nous serons prêts à les accompagner. Vous voyez, c'est un nouvel état d'esprit par rapport, peut-être, au passé. Nous les accompagnons déjà dans la question du Darfour. J'ai rencontré hier des experts militaires, Français et Américains, qui étaient là aux côtés des observateurs de l'Union africaine pour les aider sur le plan logistique et technique. Et nous serons prêts à en faire davantage si l'Union africaine le demande.
Q - La France est-elle prête à signer la résolution des Nations unies demandant des sanctions contre le Soudan ?
R - La discussion est en cours actuellement aux Nations unies sur le projet de résolution proposé par les Américains. Nous estimons qu'il est indispensable de poursuivre et de renforcer les pressions sur tous les acteurs de ce conflit, sur ceux qui ont une responsabilité et qui doivent l'assumer et tenir leurs engagements. La menace de sanctions peut être un instrument utile, mais avant de parler de sanctions, moi, je crois davantage aux pressions sur tous les acteurs. Je veux dire un mot de plus : on ne résoudra pas cette crise, on n'évitera pas cette tragédie humanitaire au Darfour sans le Soudan, et encore moins contre le Soudan. On sortira de cette crise et on évitera la tragédie avec le Soudan qui doit tenir, lui aussi, ses engagements, notamment pour le désarmement des milices des Janjawid. Que tous les autres acteurs de ce conflit reviennent à la table des discussions dans l'esprit de Ndjamena et dans l'esprit d'Addis Abeba !
Q - Est-ce le président Mbeki partage votre opinion sur ce projet de résolution sur le Soudan ?
R- Je n'ai pas à m'exprimer au nom du président Mbeki et dire ce qu'en pense le gouvernement d'Afrique du Sud : ce ne serait pas convenable. Mais j'ai le sentiment que, au nom de l'efficacité, au nom de l'équité, parce que ce sont nos deux soucis, la position française, telle que je viens de l'exprimer et qui correspond aussi à la position des pays européens, a été bien comprise par le président Mbeki.
Q - La France entend-t-elle retarder le passage du projet américain de résolution ? Quel signal attendez-vous du Soudan ?
R - Ce qui me préoccupe, ce n'est pas de se précipiter ou pas. Il y a une vraie émotion dans le monde, la crainte d'une nouvelle tragédie humanitaire, il est normal qu'il y ait un débat aux Nations unies. Ce qui est important, ce n'est pas le délai, c'est ce qu'on dit dans la résolution, ce qu'on y écrit. Il faut dire des choses justes et efficaces. Je vous ai dit qu'un élément important était que l'on s'efforce de sortir de cette crise et d'éviter cette tragédie, avec tous les acteurs, en les mettant devant leurs responsabilités - avec tous les acteurs, pas sans eux ou contre eux, et notamment pas sans le Soudan ou contre le Soudan. Quel geste attendons-nous de la part du Soudan ? D'abord que le Soudan continue à coopérer, comme il le fait, pour faciliter l'accès des ONG aux camps. Ce qui m'a été dit hier par des responsables de la Croix Rouge ou d'Action Contre la Faim, que j'ai rencontrés, était que le Soudan coopérait efficacement pour la création des camps et l'accès des matériels et des convois humanitaires. Et le second point, car il ne s'agit pas seulement d'une réponse humanitaire, est qu'il faut une réponse en matière de sécurité - ce que prend en charge notamment l'Union Africaine que nous soutenons -, et une réponse politique. Le second point sur la sécurité et la politique, c'est que les autorités soudanaises désarment effectivement et continuent de désarmer les milices. Encore un fois, il y a le gouvernement de Khartoum mais aussi les autres acteurs qui doivent assumer leurs responsabilités.
Q - Le Sommet d'Accra consacré à la Côte d'Ivoire sera-t-il élargi à la question du Darfour ?
R - L'information dont je dispose sur le Sommet d'Accra, qui a été initialement consacré et qui a été convoqué pour l'accompagnement politique de la discussion en Côte d'Ivoire, est que, maintenant, les chefs d'État et de gouvernement vont parler de la crise du Darfour. Permettez-moi de dire un mot supplémentaire sur le Darfour à propos d'une question qui a été soulignée vraiment avec gravité par le président Deby, hier soir, au Tchad. Quand on parle de ce drame, il faut naturellement prendre en charge sur le plan humanitaire les populations déplacées ou réfugiées, mais il faut aussi se préoccuper, principalement au Tchad mais aussi au Soudan, des personnes qui habitent là et qui, d'un seul coup, voient la population autour d'eux augmenter et avec qui ils sont obligés de partager le peu qu'ils ont. Je pense que nous devons, au niveau international, nous préoccuper aussi des Soudanais et des Tchadiens qui souffrent actuellement en raison de cette crise, là où ils habitent.
Q - (Sur les entretiens avec le ministre rwandais des Affaires étrangères)
R - Ce que j'ai appelé "malentendus" est lié à l'appréciation qui a été portée par les autorités du Rwanda sur le rôle et la place de la France au moment de cette tragédie. Nous n'avons pas le même sentiment, nous Français, et les Rwandais, sur ce qui a été fait à cette époque par la France pour tenter d'éviter ce drame, avec d'autres pays, et même parfois avant d'autres pays. Donc, nous avons à parler de ce passé-là qui est extrêmement douloureux et nous devons le faire de manière impartiale et objective. Il faut faire un travail de mémoire, tirer les leçons pour l'avenir de cette impuissance et de cette incapacité collectives de la communauté internationale à empêcher ce génocide. Voilà, nous sommes convenus de parler de cela. Parce que nous devons parler du passé, nous sommes convenus aussi de regarder devant nous, s'agissant des relations du Rwanda avec la France, avec l'Europe, et la Région des Grands Lacs. Et c'est aussi pourquoi j'étais heureux de ce premier dialogue.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2004)