Texte intégral
Q - Depuis lindépendance de la Slovaquie, la France a souvent déclaré souhaiter avoir des relations privilégiées avec la Slovaquie. Le gouvernement de M. Meciar utilisait ce genre de déclarations pour convaincre les citoyens slovaques que le pays nétait pas isolé sur le plan international. Que faut-il pour que les relations franco-slovaques soient effectivement des relations privilégiées ?
R - La France a effectivement toujours souhaité avoir des relations privilégiées avec la Slovaquie. Cest ainsi quelle a été parmi les toutes premières à reconnaître la Slovaquie indépendante, en y envoyant un chargé daffaires, puis un ambassadeur, et que le ministre des Affaires étrangères français de lépoque a été le premier membre dun gouvernement étranger à se rendre à Bratislava, en janvier 1993.
Nous avons continué à soutenir les aspirations de votre pays à intégrer lUnion européenne et lOTAN et nous avons toujours maintenu un dialogue politique régulier.
A présent, le soutien que nous avons toujours accordé aux aspirations européennes de la Slovaquie est largement partagé par nos partenaires. Nous ne voyons que des raisons pour que les relations privilégiées que Paris a déjà nouées avec Bratislava se poursuivent et se renforcent, et telle est aussi, me semble-t-il, lapproche du gouvernement slovaque.
Q - La Slovaquie sattend à être intégrée dans le premier groupe de négociations au Sommet dHelsinki au plus tard. Mais, comme elle, plusieurs pays candidats du deuxième groupe souhaitent également être inclus. La Slovaquie peut-elle compter sur le soutien de la France à Helsinki ?
R - La Slovaquie a absolument vocation à adhérer à lUnion européenne. Elle peut compter sur lentier soutien de la France. Jajouterai que, dune façon générale, les autorités françaises considèrent que lélargissement de lUnion aux pays dEurope centrale et orientale est une exigence historique fondamentale pour notre continent.
Mais pour que la Slovaquie soit assurée dun succès, il faut que les autorités slovaques prennent rapidement les décisions nécessaires pour pérenniser un fonctionnement régulier, stable et démocratique des institutions du pays, amorcer le redressement de la situation économique, assurer plus de transparence en matière de privatisations et de restructurations, et enfin progresser dans la reprise et lapplication de lacquis communautaire. Le rapport qui sera établi par la Commission en vue du Conseil européen dHelsinki jouera un rôle très important dans ce contexte.
Q - A loccasion de votre rencontre avec le ministre slovaque des Affaires étrangères, M. Kukan, au début de cette année, vous avez assuré que Paris soutiendrait activement la Slovaquie dans ses efforts pour accélérer son intégration à lUnion européenne. De quelle manière pourrait concrètement se traduire de soutien, dici à la fin de lannée ?
R - La France est disposée à aider concrètement la Slovaquie à préparer son intégration à lUnion européenne dans les meilleurs délais. Cette aide sexprime par une orientation renforcée de notre coopération technique bilatérale vers la préparation de la Slovaquie à ladhésion, et en particulier la formation des fonctionnaires slovaques. Nous sommes particulièrement intéressés à mettre en place des jumelages institutionnels dans le cadre du programme Phare. Nous nous félicitons davoir été dores et déjà retenus pour quatre projets dimportance majeure : fonds structurels, Schengen, contrôle financier et PAC.
Q - Dans les débats, long et intensifs, sur lAgenda 2000, des divergences importantes opposent la France et lAllemagne au sujet de la Politique agricole commune (PAC). Dans quelle mesure de débat peut-il avoir une influence sur lélargissement de lUnion européenne à lEst ?
R - Il ny a pas, dans lUnion, de politique plus intégrée que la Politique agricole commune. Quand on songe aux différences géographiques et humaines qui existent entre chacun des Etats membres de lUnion européenne dans le domaine agricole, on mesure la performance que représentent 40 années de Politique agricole commune. Quoi de plus normal, dans un tel contexte, que la négociation dune réforme de la Politique agricole commune suscite des débats souvent difficiles entre les Etats membres ? Je veux dire en tout cas que la France souhaite le maintien du modèle agricole européen, qui repose sur des prix rémunérateurs pour les exploitants et sur la multifonctionnalité de leurs activités : production, mais aussi maintien des territoires ruraux, préservation de lenvironnement... Ces objectifs sont certes contestés par certains de nos partenaires, qui professent une vision de la Politique agricole commune où les prix seraient le seul outil régulateur des marchés. Cest entre eux et nous que se tient en réalité le débat ; débat qui, ainsi que vous le suggérez, est dune importance capitale pour les futurs adhérents à lUnion européenne. Il me paraît essentiel que la Slovaquie, comme ses voisins, puisse partager lobjectif dune agriculture diversifiée et vivante. Il y va évidemment du maintien de la Politique agricole commune, mais aussi du bon déroulement de la reprise de lacquis dans votre pays. Pour notre part, nous sommes résolus à faire en sorte que la négociation à Quinze trouve une issue le plus rapidement possible, afin que le processus délargissement ne soit pas retardé.
Q - En Slovaquie, on comprend bien que les réformes intérieures de lUnion européenne conditionnent lélargissement. En même temps, on craint que la réduction du budget de lUnion européenne lors du prochain programme financier ne menace les aides aux pays candidats.
R - Cette crainte est totalement infondée. Dune part, lobjectif, partagé par une majorité dEtats membres, de stabilisation du budget de lUnion -et non de sa réduction, quaucun Etat membre ne cherche à atteindre- au cours de la période des nouvelles perspectives financières, soit 2000-2006, ne concerne que les dépenses à Quinze, hors prise en compte donc des dépenses qui seront programmées pour lélargissement, cest-à-dire au bénéfice des futurs nouveaux Etats membres. Dautre part, il est maintenant acquis que laide « pré-adhésion » de lUnion aux pays candidats doublera, pour dépasser 3 Md Euros par an au cours de cette même période, cependant que deux nouveaux instruments daide, lun agricole et rural, lautre structurel, seront créés à côté du programme Phare.
Q - Les pays associés, comme la Slovaquie, demandent à lUnion européenne de définir un calendrier sagissant de lélargissement. Je me souviens de vos déclarations selon lesquelles il est plus important, dabord, de se concentrer plutôt sur les problèmes réels de lUnion.
R - Le processus délargissement est aujourdhui lancé. La première tâche pour lUnion, je dirai même son devoir vis-à-vis des Etats candidats, nest pas, selon moi, de définir un calendrier, forcément virtuel, pour cet élargissement, mais de bien se préparer activement à ce dernier, pour quil intervienne aussi rapidement que possible. A cet égard, la France est fermement résolue à ce que le processus délargissement ne souffre daucun retard dû à des causes extérieures : tel est bien lobjectif du calendrier défini par les Quinze lors du Conseil européen de Cardiff, en juin de lan dernier, pour la conduite des réformes internes préalables à lélargissement. Les actuels Etats candidats doivent pouvoir adhérer à une Union en état de marche, qui fonctionne bien, qui conduise des politiques efficaces et qui puisse prendre des décisions effectives...
Sagissant de la question du calendrier de lélargissement, il est clair que le réalisme doit prévaloir au regard des besoins, en matière de préparation, des Etats candidats eux-mêmes. Il ne faut en effet pas sous-estimer limportance du travail de préparation à ladhésion que ceux-ci ont encore à accomplir. Tous les Etats membres sen tiennent ainsi, sagissant de la date de lélargissement, à leur position constante, selon laquelle celle-ci dépendra des progrès des Etats candidats en termes de capacité à remplir les obligations liées à lappartenance à lUnion. Que chaque Etat candidat se fixe une date-objectif pour son adhésion est utile en termes de mobilisation interne : mais un débat à ce sujet au sein de lUnion serait, en revanche, prématuré aujourdhui. En tout état de cause, lUnion européenne sera, quant à elle, prête `dans les temps : en ce sens, elle aura fait sa part du travail.
Q - Est-il envisageable que le premier pays dEurope centrale devienne membre de lUnion européenne en 2002 ? Quelle date estimez-vous réaliste pour la première intégration ?
R - En réponse à vos deux questions, je dirai que tout est envisageable, mais quil est difficile de prédire ce qui est réaliste... Encore une fois, sagissant de la date du premier élargissement, tout dépendra de la capacité des candidats à assumer les obligations liées au statut dEtat membre à part entière. Je note dailleurs quà ce stade, parmi les Etats candidats déjà entrés en négociations, seule la Hongrie sest fixée officiellement pour objectif dêtre prête à adhérer à lUnion au 1er janvier 2002, les cinq autres candidats retenant la date-objectif du 1er janvier 2003. Ces objectifs sont ambitieux, et nous ne pouvons que souhaiter aux pays candidats de pouvoir les atteindre./.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)
R - La France a effectivement toujours souhaité avoir des relations privilégiées avec la Slovaquie. Cest ainsi quelle a été parmi les toutes premières à reconnaître la Slovaquie indépendante, en y envoyant un chargé daffaires, puis un ambassadeur, et que le ministre des Affaires étrangères français de lépoque a été le premier membre dun gouvernement étranger à se rendre à Bratislava, en janvier 1993.
Nous avons continué à soutenir les aspirations de votre pays à intégrer lUnion européenne et lOTAN et nous avons toujours maintenu un dialogue politique régulier.
A présent, le soutien que nous avons toujours accordé aux aspirations européennes de la Slovaquie est largement partagé par nos partenaires. Nous ne voyons que des raisons pour que les relations privilégiées que Paris a déjà nouées avec Bratislava se poursuivent et se renforcent, et telle est aussi, me semble-t-il, lapproche du gouvernement slovaque.
Q - La Slovaquie sattend à être intégrée dans le premier groupe de négociations au Sommet dHelsinki au plus tard. Mais, comme elle, plusieurs pays candidats du deuxième groupe souhaitent également être inclus. La Slovaquie peut-elle compter sur le soutien de la France à Helsinki ?
R - La Slovaquie a absolument vocation à adhérer à lUnion européenne. Elle peut compter sur lentier soutien de la France. Jajouterai que, dune façon générale, les autorités françaises considèrent que lélargissement de lUnion aux pays dEurope centrale et orientale est une exigence historique fondamentale pour notre continent.
Mais pour que la Slovaquie soit assurée dun succès, il faut que les autorités slovaques prennent rapidement les décisions nécessaires pour pérenniser un fonctionnement régulier, stable et démocratique des institutions du pays, amorcer le redressement de la situation économique, assurer plus de transparence en matière de privatisations et de restructurations, et enfin progresser dans la reprise et lapplication de lacquis communautaire. Le rapport qui sera établi par la Commission en vue du Conseil européen dHelsinki jouera un rôle très important dans ce contexte.
Q - A loccasion de votre rencontre avec le ministre slovaque des Affaires étrangères, M. Kukan, au début de cette année, vous avez assuré que Paris soutiendrait activement la Slovaquie dans ses efforts pour accélérer son intégration à lUnion européenne. De quelle manière pourrait concrètement se traduire de soutien, dici à la fin de lannée ?
R - La France est disposée à aider concrètement la Slovaquie à préparer son intégration à lUnion européenne dans les meilleurs délais. Cette aide sexprime par une orientation renforcée de notre coopération technique bilatérale vers la préparation de la Slovaquie à ladhésion, et en particulier la formation des fonctionnaires slovaques. Nous sommes particulièrement intéressés à mettre en place des jumelages institutionnels dans le cadre du programme Phare. Nous nous félicitons davoir été dores et déjà retenus pour quatre projets dimportance majeure : fonds structurels, Schengen, contrôle financier et PAC.
Q - Dans les débats, long et intensifs, sur lAgenda 2000, des divergences importantes opposent la France et lAllemagne au sujet de la Politique agricole commune (PAC). Dans quelle mesure de débat peut-il avoir une influence sur lélargissement de lUnion européenne à lEst ?
R - Il ny a pas, dans lUnion, de politique plus intégrée que la Politique agricole commune. Quand on songe aux différences géographiques et humaines qui existent entre chacun des Etats membres de lUnion européenne dans le domaine agricole, on mesure la performance que représentent 40 années de Politique agricole commune. Quoi de plus normal, dans un tel contexte, que la négociation dune réforme de la Politique agricole commune suscite des débats souvent difficiles entre les Etats membres ? Je veux dire en tout cas que la France souhaite le maintien du modèle agricole européen, qui repose sur des prix rémunérateurs pour les exploitants et sur la multifonctionnalité de leurs activités : production, mais aussi maintien des territoires ruraux, préservation de lenvironnement... Ces objectifs sont certes contestés par certains de nos partenaires, qui professent une vision de la Politique agricole commune où les prix seraient le seul outil régulateur des marchés. Cest entre eux et nous que se tient en réalité le débat ; débat qui, ainsi que vous le suggérez, est dune importance capitale pour les futurs adhérents à lUnion européenne. Il me paraît essentiel que la Slovaquie, comme ses voisins, puisse partager lobjectif dune agriculture diversifiée et vivante. Il y va évidemment du maintien de la Politique agricole commune, mais aussi du bon déroulement de la reprise de lacquis dans votre pays. Pour notre part, nous sommes résolus à faire en sorte que la négociation à Quinze trouve une issue le plus rapidement possible, afin que le processus délargissement ne soit pas retardé.
Q - En Slovaquie, on comprend bien que les réformes intérieures de lUnion européenne conditionnent lélargissement. En même temps, on craint que la réduction du budget de lUnion européenne lors du prochain programme financier ne menace les aides aux pays candidats.
R - Cette crainte est totalement infondée. Dune part, lobjectif, partagé par une majorité dEtats membres, de stabilisation du budget de lUnion -et non de sa réduction, quaucun Etat membre ne cherche à atteindre- au cours de la période des nouvelles perspectives financières, soit 2000-2006, ne concerne que les dépenses à Quinze, hors prise en compte donc des dépenses qui seront programmées pour lélargissement, cest-à-dire au bénéfice des futurs nouveaux Etats membres. Dautre part, il est maintenant acquis que laide « pré-adhésion » de lUnion aux pays candidats doublera, pour dépasser 3 Md Euros par an au cours de cette même période, cependant que deux nouveaux instruments daide, lun agricole et rural, lautre structurel, seront créés à côté du programme Phare.
Q - Les pays associés, comme la Slovaquie, demandent à lUnion européenne de définir un calendrier sagissant de lélargissement. Je me souviens de vos déclarations selon lesquelles il est plus important, dabord, de se concentrer plutôt sur les problèmes réels de lUnion.
R - Le processus délargissement est aujourdhui lancé. La première tâche pour lUnion, je dirai même son devoir vis-à-vis des Etats candidats, nest pas, selon moi, de définir un calendrier, forcément virtuel, pour cet élargissement, mais de bien se préparer activement à ce dernier, pour quil intervienne aussi rapidement que possible. A cet égard, la France est fermement résolue à ce que le processus délargissement ne souffre daucun retard dû à des causes extérieures : tel est bien lobjectif du calendrier défini par les Quinze lors du Conseil européen de Cardiff, en juin de lan dernier, pour la conduite des réformes internes préalables à lélargissement. Les actuels Etats candidats doivent pouvoir adhérer à une Union en état de marche, qui fonctionne bien, qui conduise des politiques efficaces et qui puisse prendre des décisions effectives...
Sagissant de la question du calendrier de lélargissement, il est clair que le réalisme doit prévaloir au regard des besoins, en matière de préparation, des Etats candidats eux-mêmes. Il ne faut en effet pas sous-estimer limportance du travail de préparation à ladhésion que ceux-ci ont encore à accomplir. Tous les Etats membres sen tiennent ainsi, sagissant de la date de lélargissement, à leur position constante, selon laquelle celle-ci dépendra des progrès des Etats candidats en termes de capacité à remplir les obligations liées à lappartenance à lUnion. Que chaque Etat candidat se fixe une date-objectif pour son adhésion est utile en termes de mobilisation interne : mais un débat à ce sujet au sein de lUnion serait, en revanche, prématuré aujourdhui. En tout état de cause, lUnion européenne sera, quant à elle, prête `dans les temps : en ce sens, elle aura fait sa part du travail.
Q - Est-il envisageable que le premier pays dEurope centrale devienne membre de lUnion européenne en 2002 ? Quelle date estimez-vous réaliste pour la première intégration ?
R - En réponse à vos deux questions, je dirai que tout est envisageable, mais quil est difficile de prédire ce qui est réaliste... Encore une fois, sagissant de la date du premier élargissement, tout dépendra de la capacité des candidats à assumer les obligations liées au statut dEtat membre à part entière. Je note dailleurs quà ce stade, parmi les Etats candidats déjà entrés en négociations, seule la Hongrie sest fixée officiellement pour objectif dêtre prête à adhérer à lUnion au 1er janvier 2002, les cinq autres candidats retenant la date-objectif du 1er janvier 2003. Ces objectifs sont ambitieux, et nous ne pouvons que souhaiter aux pays candidats de pouvoir les atteindre./.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 avril 1999)