Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, à l'occasion de la dissolution de l'association des Français libres, Paris le 17 juin 2000.

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Circonstance : Dissolution de l'association des Français libres à Paris le 17 juin 2000

Texte intégral

Vous qui êtes ici aujourd'hui une dernière fois rassemblés, au titre de votre prestigieuse association des Français Libres, vous êtes les représentants authentiques de cette poignée de volontaires qui, en rejoignant le Général de Gaulle, ont permis à la France de ne pas quitter le combat, de prendre part à la victoire finale, et donc de siéger à la table des vainqueurs et retrouver son rang.
Vous vous êtes battus avec ou sans uniforme en vous référant à la Croix de Lorraine. C'est la légitime fierté de votre vie et pour exprimer à nouveau la reconnaissance de la nation, demain, le 18 juin 2000, date hautement symbolique, est décrété " Journée de la France Libre ".
Par cette cérémonie militaire exceptionnelle, c'est un hommage solennel qui vous est rendu, vous qui avez refusé la défaite. Demain, un musée retracera vos combats.
Vos faits d'armes sont un exemple pour la jeunesse. Les combattants de Cub-Cub, Bir Hakeim, El Alamein, le commando Kieffer, les marins du Narval, du Rubis, du Surcouf, du Léopard, de l'Aconit, de la Combattante, les aviateurs d'abord isolés dans les " squadrons " britanniques puis regroupés dans les escadrilles de chasse et de bombardement Alsace, Ile-de-France, Bretagne, Lorraine, Normandie-Niémen, les parachutistes du " Spécial Air Service ", les clandestins et leurs premiers martyrs, tous ont, par leur héroïsme et leur sacrifice montré que la France n'avait pas accepté la défaite et se battait toujours sur tous les fronts.
Les tombes de vos camarades ont jalonné le parcours de toutes les grandes offensives alliées en Afrique et en Europe, mais aussi les clairières où l'occupant fusillait les combattants de l'ombre.
Cette formidable épopée, unique dans l'histoire de notre pays, a été la vôtre. Pour y participer, vous avez affronté tous les dangers et les plus grands risques. Vous avez été généreux, volontaires et patriotes : vous pouvez être fiers d'avoir été de ceux qui ont permis à la France de ne pas quitter les champs de bataille avant la victoire.
Dans un geste plein de dignité et de force, vous avez choisi de dissoudre votre association, plutôt que de la voir s'étioler faute de force humaine. Le souvenir de vos actions et le rayonnement des valeurs que vous portez se poursuivront sous d'autres formes. Au moment de cet au revoir, le Gouvernement s'incline devant votre courage et s'engage à veiller au renouveau des aspirations démocratiques et humanistes que vous avez illustrées.

(Seul le prononcé fait foi
(source http://www.defense.gouv.fr, le 21 juin 2000)