Texte intégral
Françoise Laborde : Avec D. Versini, nous allons parler du plan "urgence hivernale" que vous avez présenté en Conseil des ministres hier, et qui consiste évidemment, comme son nom l'indique, à faire face aux difficultés de l'hiver. D'un mot d'abord, quel est le nombre des SDF en France et quel est leur profil ? Est-ce qu'il a évolué ?
(Réponse) Dominique Versini : Oui, le profil des sans-abris a beaucoup évolué sur dix ans. Autrefois, il y avait particulièrement des personnes à la rue très désocialisées, ceux qu'on appelle les clochards. Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a un rajeunissement des personnes qui vivent à la rue, beaucoup de jeunes en rupture familiale, de jeunes en galère, beaucoup de femmes victimes de violences conjugales - et c'est là qu'on voit ce phénomène nouveau, en tout cas visible aujourd'hui -, et des familles avec des enfants, notamment parmi les familles de demandeurs d'asiles venus ces quatre dernières années en France de façon importante pour tenter d'avoir le statut de réfugié politique, que d'ailleurs très peu d'entre eux auront.
Question : Ces enfants qui vivent avec leurs parents dans la rue, vous les estimez à combien à peu près ?
(Réponse) Dominique Versini : Aucun enfant ne vit à la rue, ils sont mis à l'abri par l'Etat dans des centres ou dans des chambres d'hôtel. Il y a environ 15.000 familles avec des enfants qui sont demandeuses d'asiles et donc prises en charge dans des centres adaptés.
Question : Et ces familles viennent d'où ? Du Sud ? De l'Est ?
(Réponse) Dominique Versini : De deux continents d'origine : beaucoup d'Afrique et beaucoup des pays de l'Est. Mais ce sont des gens qui fuient la misère et seulement 12-15 % d'entre eux auront le statut de réfugié politique, ce qui est une véritable question, qui a d'ailleurs entraîné la réforme du droit d'asile.
Question : Il y avait eu rapatriement, dans certains cas, de familles en Roumanie. On se rappelle l'opération qui avait été menée pour démanteler les camps de réfugiés qui s'étaient spontanément formés aux portes de Paris...
(Réponse) Dominique Versini : Là, il ne s'agissait pas de demandeurs d'asiles, il s'agissait de familles de Rom qui étaient venues en France. Dans le monde entier, on voit des flux de population qui tentent d'aller des pays les plus pauvres aux pays les plus riches évidemment. Je crois que c'est un phénomène, et c'est un phénomène qui concerne d'ailleurs l'ensemble des pays européens.
Question : Ce plan "urgence hivernale" a trois niveaux d'alerte. Premier niveau : vigilance, mobilisation. C'est déjà en place ?
(Réponse) Dominique Versini : Oui, l'idée d'abord, c'est que tous ceux qui le souhaitent puissent être mis à l'abri et notamment pendant l'hiver. Vigilance, c'est le plan qui est actuellement en place ; ce sont 90.000 places, 3.000 places nouvelles que nous avons ouvertes depuis le 1er novembre dans des centres d'hébergement d'urgence. Ensuite, nous avons une possibilité de renforcer ce plan en passant à un niveau 2, le plan "Grand froid", lorsque les températures avoisinent -5°C, sachant que ce n'est pas rigide - c'est une appréciation qui est faite par les préfets. Et là, nous pouvons encore mobiliser 3.500 places supplémentaires. Et au cas où la température vraiment s'aggraverait et avoisinerait les -10°C, nous rentrons dans le niveau "Froid extrême" ; ce sont les plans de sécurité civile que les préfets mettent en place et où les préfets seront amenés à mobiliser des sites, des gymnases, ceci en lien avec les maires et les conseils généraux. Donc une mobilisation à tous les niveaux.
Question : Parlons des choses qui fâchent un peu : sachant qu'au moment de la canicule, l'ensemble des autorités du pays ont été particulièrement inopérantes, est-ce qu'aujourd'hui vous considérez que tous les éléments sont à disposition pour qu'effectivement, on puisse faire face au grand froid ? Et est-ce que tous les préfets ont effectivement suffisamment de moyens pour déclencher le plan ?
(Réponse) Dominique Versini : L'hiver dernier, on avait mis un plan hivernal qui était déjà conséquent. Et là, depuis cet été, avec mon équipe et avec les préfets, nous préparons un plan qui est extrêmement important : le Premier ministre m'a accordé 145 millions d'euros de crédits complémentaires, ce qui a permis à la fois de renforcer les associations qui, pour le compte de l'Etat, gèrent ces centres d'hébergement pour les sans-abris ; d'ouvrir des places hivernales et d'ouvrir aussi des maisons-relais qui sont des petites maisons qui, elles, ont plus comme objectif d'amener des gens vers une réinsertion sociale. Donc effectivement, un plan renforcé avec des moyens complémentaires, et l'anticipation de toutes les hypothèses possibles.
Question : Puisque vous parlez des associations, une question : Les Restaurants du coeur se sont beaucoup émus du fait que certains des avantages fiscaux liés aux dons faits aux associations caritatives, étaient désormais élargis à l'ensemble des associations, y compris le club sportif de hockey sur gazon... Est-ce que vous comprenez leur préoccupation ? Est-ce qu'ils ont des raisons de s'inquiéter de voir diminuer les dons qui les font vivre ?
(Réponse) Dominique Versini : L'idée de cette réforme, c'était [...] de favoriser la vie associative et donc de permettre à l'ensemble des associations de pouvoir bénéficier de dons. Les Restos du coeur ne sont absolument pas pénalisés, puisqu'ils conservent le même taux de déduction. Simplement, c'est plutôt un esprit d'équité et de justice pour l'ensemble des associations qui oeuvrent en France.
Question : Revenons à votre secteur. Le 115, qui est le numéro d'urgence, va être renforcé de façon à ce qu'il y ait tout le temps quelqu'un qui décroche...
(Réponse) Dominique Versini : Le 115 est un numéro accessible dans l'ensemble du territoire et qui est gratuit. Il est un peu victime de son succès et tant mieux d'ailleurs. Plus il fait froid, plus nous donnons l'alerte et plus les gens appellent - nos concitoyens. Et je mets en place une campagne de vigilance citoyenne, afin que chacun d'entre nous, passant dans la rue, voyant une personne à terre, puisse avoir ce réflexe d'alerte, d'appeler le 115 pour dire qu'il y a une personne à tel endroit.
Question : Et aussitôt, il y a quelqu'un qui intervient ? Le Samu social, les pompiers ?
(Réponse) Dominique Versini : Le 115 est souvent géré par le Samu social ou les Samus sociaux. Dans tous les départements, il y a un standard, qui envoie à ce moment-là les secours appropriés ou qui donnent les renseignements, si c'est dans la journée, pour indiquer une adresse, un lieu d'accueil, à la personne à la rue.
Question : Parmi les projets du Gouvernement, il y a l'évolution du RMI, qui devrait devenir RMA, c'est-à-dire Revenu minimum d'activité, pour ceux qui touchent le RMI depuis plus de deux ans et qui n'ont pas du tout effectué de réinsertion sociale. Est-ce que vous pensez qu'effectivement, les gens qui sont dans la rue depuis plus de deux ans, peuvent avoir une activité de réinsertion sociale ?
(Réponse) Dominique Versini : Je l'espère, d'autant que, à la rue, il y a des personnes souvent assez jeunes. 30 % des gens à la rue ont entre 18 et 30 ans, et donc il me paraît souhaitable pour ceux-là que l'on envisage une insertion professionnelle. Je n'imagine pas qu'on envisage uniquement un assistanat tout au long de leur vie. Donc le RMA a pour objectif, face à l'échec du RMI - on voit bien que des gens ont le RMI depuis dix ans -, il a pour but de permettre à quelqu'un de trouver un emploi dans une entreprise, le chef d'entreprise n'ayant à payer que le différentiel entre le RMI et le salaire, ce qui permet à la personne, pendant dix-huit mois, de faire ses preuves, d'avoir un salaire entier. Et cela permet à un chef d'entreprise de donner une chance à quelqu'un de faire ses preuves. Et c'est dans cet esprit que F. Fillon a proposé cet outil supplémentaire d'insertion, qui me paraît une chance de plus.
Question : Qu'est-ce que vous répondez à la gauche, qui dit que c'est une façon d'exploiter la misère du monde et que ce n'est pas bien de faire cela ?
(Réponse) Dominique Versini : Face à l'échec du RMI, la gauche n'a fait aucune proposition. Donc nous tentons de proposer le RMA, des contrats-jeunes pour les jeunes peu qualifiés, le CIVIS pour les jeunes qui ont un projet humanitaire. Je crois que ce qu'il faut, c'est donner toutes les chances au maximum de gens de trouver un emploi, ce qui est la réinsertion.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 novembre 2003)
(Réponse) Dominique Versini : Oui, le profil des sans-abris a beaucoup évolué sur dix ans. Autrefois, il y avait particulièrement des personnes à la rue très désocialisées, ceux qu'on appelle les clochards. Aujourd'hui, on s'aperçoit qu'il y a un rajeunissement des personnes qui vivent à la rue, beaucoup de jeunes en rupture familiale, de jeunes en galère, beaucoup de femmes victimes de violences conjugales - et c'est là qu'on voit ce phénomène nouveau, en tout cas visible aujourd'hui -, et des familles avec des enfants, notamment parmi les familles de demandeurs d'asiles venus ces quatre dernières années en France de façon importante pour tenter d'avoir le statut de réfugié politique, que d'ailleurs très peu d'entre eux auront.
Question : Ces enfants qui vivent avec leurs parents dans la rue, vous les estimez à combien à peu près ?
(Réponse) Dominique Versini : Aucun enfant ne vit à la rue, ils sont mis à l'abri par l'Etat dans des centres ou dans des chambres d'hôtel. Il y a environ 15.000 familles avec des enfants qui sont demandeuses d'asiles et donc prises en charge dans des centres adaptés.
Question : Et ces familles viennent d'où ? Du Sud ? De l'Est ?
(Réponse) Dominique Versini : De deux continents d'origine : beaucoup d'Afrique et beaucoup des pays de l'Est. Mais ce sont des gens qui fuient la misère et seulement 12-15 % d'entre eux auront le statut de réfugié politique, ce qui est une véritable question, qui a d'ailleurs entraîné la réforme du droit d'asile.
Question : Il y avait eu rapatriement, dans certains cas, de familles en Roumanie. On se rappelle l'opération qui avait été menée pour démanteler les camps de réfugiés qui s'étaient spontanément formés aux portes de Paris...
(Réponse) Dominique Versini : Là, il ne s'agissait pas de demandeurs d'asiles, il s'agissait de familles de Rom qui étaient venues en France. Dans le monde entier, on voit des flux de population qui tentent d'aller des pays les plus pauvres aux pays les plus riches évidemment. Je crois que c'est un phénomène, et c'est un phénomène qui concerne d'ailleurs l'ensemble des pays européens.
Question : Ce plan "urgence hivernale" a trois niveaux d'alerte. Premier niveau : vigilance, mobilisation. C'est déjà en place ?
(Réponse) Dominique Versini : Oui, l'idée d'abord, c'est que tous ceux qui le souhaitent puissent être mis à l'abri et notamment pendant l'hiver. Vigilance, c'est le plan qui est actuellement en place ; ce sont 90.000 places, 3.000 places nouvelles que nous avons ouvertes depuis le 1er novembre dans des centres d'hébergement d'urgence. Ensuite, nous avons une possibilité de renforcer ce plan en passant à un niveau 2, le plan "Grand froid", lorsque les températures avoisinent -5°C, sachant que ce n'est pas rigide - c'est une appréciation qui est faite par les préfets. Et là, nous pouvons encore mobiliser 3.500 places supplémentaires. Et au cas où la température vraiment s'aggraverait et avoisinerait les -10°C, nous rentrons dans le niveau "Froid extrême" ; ce sont les plans de sécurité civile que les préfets mettent en place et où les préfets seront amenés à mobiliser des sites, des gymnases, ceci en lien avec les maires et les conseils généraux. Donc une mobilisation à tous les niveaux.
Question : Parlons des choses qui fâchent un peu : sachant qu'au moment de la canicule, l'ensemble des autorités du pays ont été particulièrement inopérantes, est-ce qu'aujourd'hui vous considérez que tous les éléments sont à disposition pour qu'effectivement, on puisse faire face au grand froid ? Et est-ce que tous les préfets ont effectivement suffisamment de moyens pour déclencher le plan ?
(Réponse) Dominique Versini : L'hiver dernier, on avait mis un plan hivernal qui était déjà conséquent. Et là, depuis cet été, avec mon équipe et avec les préfets, nous préparons un plan qui est extrêmement important : le Premier ministre m'a accordé 145 millions d'euros de crédits complémentaires, ce qui a permis à la fois de renforcer les associations qui, pour le compte de l'Etat, gèrent ces centres d'hébergement pour les sans-abris ; d'ouvrir des places hivernales et d'ouvrir aussi des maisons-relais qui sont des petites maisons qui, elles, ont plus comme objectif d'amener des gens vers une réinsertion sociale. Donc effectivement, un plan renforcé avec des moyens complémentaires, et l'anticipation de toutes les hypothèses possibles.
Question : Puisque vous parlez des associations, une question : Les Restaurants du coeur se sont beaucoup émus du fait que certains des avantages fiscaux liés aux dons faits aux associations caritatives, étaient désormais élargis à l'ensemble des associations, y compris le club sportif de hockey sur gazon... Est-ce que vous comprenez leur préoccupation ? Est-ce qu'ils ont des raisons de s'inquiéter de voir diminuer les dons qui les font vivre ?
(Réponse) Dominique Versini : L'idée de cette réforme, c'était [...] de favoriser la vie associative et donc de permettre à l'ensemble des associations de pouvoir bénéficier de dons. Les Restos du coeur ne sont absolument pas pénalisés, puisqu'ils conservent le même taux de déduction. Simplement, c'est plutôt un esprit d'équité et de justice pour l'ensemble des associations qui oeuvrent en France.
Question : Revenons à votre secteur. Le 115, qui est le numéro d'urgence, va être renforcé de façon à ce qu'il y ait tout le temps quelqu'un qui décroche...
(Réponse) Dominique Versini : Le 115 est un numéro accessible dans l'ensemble du territoire et qui est gratuit. Il est un peu victime de son succès et tant mieux d'ailleurs. Plus il fait froid, plus nous donnons l'alerte et plus les gens appellent - nos concitoyens. Et je mets en place une campagne de vigilance citoyenne, afin que chacun d'entre nous, passant dans la rue, voyant une personne à terre, puisse avoir ce réflexe d'alerte, d'appeler le 115 pour dire qu'il y a une personne à tel endroit.
Question : Et aussitôt, il y a quelqu'un qui intervient ? Le Samu social, les pompiers ?
(Réponse) Dominique Versini : Le 115 est souvent géré par le Samu social ou les Samus sociaux. Dans tous les départements, il y a un standard, qui envoie à ce moment-là les secours appropriés ou qui donnent les renseignements, si c'est dans la journée, pour indiquer une adresse, un lieu d'accueil, à la personne à la rue.
Question : Parmi les projets du Gouvernement, il y a l'évolution du RMI, qui devrait devenir RMA, c'est-à-dire Revenu minimum d'activité, pour ceux qui touchent le RMI depuis plus de deux ans et qui n'ont pas du tout effectué de réinsertion sociale. Est-ce que vous pensez qu'effectivement, les gens qui sont dans la rue depuis plus de deux ans, peuvent avoir une activité de réinsertion sociale ?
(Réponse) Dominique Versini : Je l'espère, d'autant que, à la rue, il y a des personnes souvent assez jeunes. 30 % des gens à la rue ont entre 18 et 30 ans, et donc il me paraît souhaitable pour ceux-là que l'on envisage une insertion professionnelle. Je n'imagine pas qu'on envisage uniquement un assistanat tout au long de leur vie. Donc le RMA a pour objectif, face à l'échec du RMI - on voit bien que des gens ont le RMI depuis dix ans -, il a pour but de permettre à quelqu'un de trouver un emploi dans une entreprise, le chef d'entreprise n'ayant à payer que le différentiel entre le RMI et le salaire, ce qui permet à la personne, pendant dix-huit mois, de faire ses preuves, d'avoir un salaire entier. Et cela permet à un chef d'entreprise de donner une chance à quelqu'un de faire ses preuves. Et c'est dans cet esprit que F. Fillon a proposé cet outil supplémentaire d'insertion, qui me paraît une chance de plus.
Question : Qu'est-ce que vous répondez à la gauche, qui dit que c'est une façon d'exploiter la misère du monde et que ce n'est pas bien de faire cela ?
(Réponse) Dominique Versini : Face à l'échec du RMI, la gauche n'a fait aucune proposition. Donc nous tentons de proposer le RMA, des contrats-jeunes pour les jeunes peu qualifiés, le CIVIS pour les jeunes qui ont un projet humanitaire. Je crois que ce qu'il faut, c'est donner toutes les chances au maximum de gens de trouver un emploi, ce qui est la réinsertion.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 novembre 2003)