Déclaration de M. François d'Aubert, ministre délégué à la recherche, sur les projets de recherche retenus dans le cadre du Plan cancer, notamment leur mode de sélection, Orsay le 22 juillet 2004.

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Circonstance : Visite du Centre de protonthérapie d'Orsay, le 22 juillet 2004

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président de l'Institut Curie,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Monsieur le Président, en fixant il y a deux ans comme priorité de votre quinquennat la lutte contre le cancer, vous avez redonné espoir et confiance aux malades qui en souffrent, aux familles éprouvées par la maladie ou la perte de leurs proches, aux chercheurs français, aussi, qui ont vu là un encouragement exceptionnel à leurs efforts de recherche.
Pour agir avec rapidité et avec efficacité, pour tenir compte des impératifs qu'impose la recherche multiforme sur le cancer, il fallait sortir des structures et des schémas existants, en inventer de nouveaux.
Sous votre impulsion, cette démarche a été initiée dès 2002 et surtout en 2003 par le lancement du Plan Cancer. La première grande étape de ce plan a été la structuration de sept "cancéropôles", structure unique en France, interface entre les patients, les médecins, les chercheurs. Cette structure suscite les plus vifs espoirs pour la recherche contre le cancer, le traitement et l'accompagnement des patients, et préfigure peut-être le mode de fonctionnement de l'hôpital ou des centres de recherche de demain.
La seconde grande étape est celle qui nous réunit aujourd'hui. Il s'agit des 32 appels à propositions qui ont été retenus. Il fallait donner, et il faudra donner demain, aux meilleures équipes de recherche qui luttent contre le cancer des moyens, les moyens de réaliser leurs projets. Parce que la recherche sur le cancer est à la frontière de la biologie médicale et de la physique, et que les synergies scientifiques et médicales sont nombreuses, ces projets portent tout autant sur l'imagerie médicale et la radiothérapie, que sur le fonctionnement de la cellule et sur le génome. Parce que ce fléau concerne au premier chef des femmes et des hommes, certains projets de recherche retenus portent aussi sur l'accompagnement des malades.
A ce titre, la recherche sur le cancer illustre parfaitement que les sciences du vivant ne peuvent plus être cantonnées à la seule composante biologique. Les projets de recherche les plus compétitifs font appel à la physique d'abord, mais aussi à la chimie, pour développer de nouvelles molécules thérapeutiques, à l'informatique, pour le traitement des images et les algorithmes de suivi des mouvements. La recherche médicale moderne, même dans sa phase clinique, se doit donc d'être intrinsèquement pluridisciplinaire et je crois que nous ne pouvions choisir pour l'illustrer un meilleur endroit que le Centre de Protonthérapie d'Orsay. La protonthérapie est d'abord une réalité clinique, qui permet de traiter chaque année des centaines de patients et de sauver de nombreuses vies dans notre pays. Mais la protonthérapie est aussi un domaine toujours très actif de recherche et d'innovation médicale.
Le plan Cancer représente aussi un exemple pour la Recherche française parce que le mode de sélection des projets est triplement innovant.
Tout d'abord la nécessité, avant de soumettre un projet, d'une concertation entre les acteurs régionaux et d'une pré-sélection interne aux cancéropôles a permis aux propositions d'atteindre un très bon niveau d'ensemble. Je tiens en conséquence, à mon tour, à féliciter tous les chercheurs qui ont été candidats, même ceux dont les projets n'ont pas été retenus.
Ensuite, de nombreux scientifiques ont participé à l'évaluation des projets, et cela en toute transparence. Parmi les 27 membres du conseil scientifique un tiers venait de l'étranger. A ce titre aussi, en ce qui concerne l'évaluation, le fonctionnement des cancéropôles est sans aucun doute un exemple à suivre pour la recherche française.
Cet important travail d'évaluation avait un enjeu majeur. Les financements alloués à l'issue de cet appel à propositions, près de 18 millions d'euros au total, sont les plus élevés jamais distribués lors d'une action de ce type. Les scientifiques et les responsables des ministères ont su résister à la tentation du saupoudrage. Ce sont en moyenne 550.000 euros qui ont été affectés à chaque projet, généralement sur 3 ans. Il est souhaitable, enfin, que ce mode de financement, sur projets, puisse être amplifié et généralisé à d'autres domaines de recherche. Même si cet accent sur le financement de projets ne signifie cependant pas qu'il faille renier l'intérêt du financement des structures de recherche, car elles assurent la continuité des compétences et la pérennité du tissu de soutien disciplinaire, sans lesquels un projet de recherche compétitif ne peut être conduit.
Je laisse maintenant à François Amalric et Dominique Maraninchi le soin de brosser le tableau détaillé des résultats de l'appel à propositions.
Je voudrais pour conclure rendre hommage à la qualité du travail de notre communauté scientifique et médicale, à la fois pour préparer les projets et pour les évaluer. Cet appel à propositions n'est qu'une étape et je souhaite vivement que nous puissions dès 2005 amplifier l'effort consenti et financer de nouveaux projets au sein de l'Institut national du cancer.
J'ai la conviction que cet effort national doit permettre à court et moyen terme de faire reculer cette maladie comme, aussi, permettre aux personnes malades de mieux vivre avec le cancer.

(Source http://www.recherche.gouv.fr, le 23 juillet 2004)