Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF, à "Paris-Match" le 30 décembre 2004, sur les perspectives de l'UDF jusqu'en 2007.

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Média : Paris Match

Texte intégral

Q - Comment la bataille pour le referendum s'annonce-t-elle ?
R - Ce sera très difficile. Certains pensent que ce referendum est gagné d'avance. Ils ont imaginé que le vote interne au P.S., associé à l'UMP, suffisait pour garantir la victoire. Je n'en crois rien. Le non de la gauche sera très fort, et le non de la droite aussi. A gauche, on voit l'Europe comme le porteur du libéralisme honni. Et, à droite, l'affaire de l'adhésion de la Turquie, traitée de manière imprudente et sans égard pour l'opinion, crée beaucoup de trouble. Il en résulte une crainte d'une Europe sans frontières, c'est-à-dire sans identité. Le troisième gisement du non est le malaise social très important.
Q - Quels sont vos objectifs en politique intérieure ?
R - Ce qui me frappe, c'est la prise de distance très grande d'une majorité de l'opinion vis-à-vis du discours politique. Les gouvernants s'y prêtent en multipliant les promesses, les annonces sur le thème : " la croissance est de retour, le chômage va baisser de 10 %, nous avons retrouvé l'équilibre, la France, sa vigueur économique " Tout cela évidemment n'est fait que de paroles verbales. Le défi principal est de trouver - je ne dis pas de retrouver - une crédibilité du discours politique en disant la vérité, y compris lorsqu'elle est difficile. Un autre défi est de trouver un projet social qui donne aux français le sentiment qu'ils peuvent s'en sortir.
Q - Les rapports avec l'UMP seront-ils moins tendus ?
R - Les relations personnelles seront bonnes. Mais la seule question est la différence des approches et des projets. Et c'est sur ce terrain que les Français nous attendent. Ils se fichent éperdument de savoir si on se tape sur l'épaule quand on se rencontre. Ce qu'ils veulent, c'est que nous soyons responsables et que nous leur présentions des projets entre lesquels ils puissent choisir pour leur avenir. Ils ne veulent pas que les querelles remplacent les idées.
Q - La présidentielle de 2007 sera-t-elle présente ?
R - Oui. Le quinquennat impose un rythme différent de la vie politique et, forcément, sa seconde partie oblige à ouvrir les yeux fixés sur les grandes échéances qui permettent une alternance. Pour autant, il ne faut pas oublier l'actualité.
Q - Un éventuel remaniement reposera la question de la participation de l'UDF au gouvernement
R - Cette question a été largement traitée et tranchée. La participation au gouvernement imposerait un accord sur son changement profond de politique. On voit bien toutes les impasses, que nous avions prévues, de la politique suivie actuellement. Je ne crois pas qu'à dix-huit mois d'une grande échéance on puisse avoir un changement. S'il y en avait un, nous examinerions la situation. Mais pour moi c'est peu probable.
Q - Votre priorité absolue pour 2005 ?
R - Le problème le plus important pour moi, c'est que les Français n'arrivent pas à s'en sortir, pour beaucoup d'entre eux, même en travaillant. Les fins de mois sont difficiles, même pour les salaires moyens. C'est cela qui exige une réponse.
(Source http://www.udf.org, le 4 janvier 2005)