Texte intégral
Les Rencontres parlementaires " Paix et Défense " deviennent, au fil des années, une référence en matière de réflexion sur les questions de défense.
C'est pour moi un grand plaisir d'être parmi vous pour conclure cette 12ème édition.
Le sujet que vous avez choisi de traiter cette année - quelles " nouvelles réponses " pour faire face aux " nouvelles menaces "? - est bien sûr au premier rang des priorités du ministère de la Défense.
La France, comme l'ensemble de ses partenaires européens et alliés, doit aujourd'hui faire face à des menaces particulièrement complexes et diffuses : le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, la multiplication des crises régionales.
Elles pèsent autant sur la stabilité internationale et sur la sécurité des populations.
Au quotidien, dans les situations les plus diverses, sur tous les continents, les hommes et les moyens de la Défense nationale sont mobilisés pour prévenir et contrer ces risques :
- Dans le cadre des dispositifs prévus par les plans Vigipirate, Biotox ou Piratox et des missions de la gendarmerie nationale, nos forces armées protègent la population et les intérêts nationaux.
- Plus loin de nos frontières, nous luttons contre le terrorisme par l'engagement de nos forces spéciales en Afghanistan et notre participation à la force navale TF 150 dans l'Océan Indien.
- A l'extérieur du territoire, les forces françaises sont engagées sur de nombreux théâtres de crises régionales : en Côte d'Ivoire, en Afghanistan, dans les Balkans.
- Le raz-de-marée du 26 décembre dans l'Océan Indien est d'autre part venu confirmer que l'ampleur et la gravité croissantes des crises humanitaires nécessitent des réponses que seules les forces armées sont en mesure d'apporter.
Cette implication permanente de nos armées est la partie la plus visible de l'action de la France au service de sa sécurité nationale et de la stabilité internationale.
Mais notre réponse aux défis du moment va bien au-delà du seul engagement militaire : elle combine des préoccupations stratégiques, économiques, sociales, diplomatiques.
Les menaces actuelles exigent une réponse forte, globale et surtout durable.
Nous la concrétisons en conjuguant des moyens renforcés et une coopération politique relancée.
DES MOYENS RENFORCES
Une réponse efficace passe par des forces bien équipées. Cela suppose du matériel moderne, mais aussi une véritable politique industrielle et de recherche.
Des équipements à la pointe de la technologie
Depuis quelques années, la Défense est redevenue une priorité nationale.
Grâce à la loi de programmation 2003-2008 et à son application rigoureuse, avec le soutien constant du Président de la République, nos forces armées sont de mieux en mieux préparées aux exigences du contexte stratégique.
Demain, toutes nos armées seront notamment dotées des nouveaux Rafale, des hélicoptères NH90, du Tigre, de nouveaux bâtiments de projection et de commandement, des systèmes Félin.
La semaine dernière, deux programmes majeurs pour la Marine ont franchi des jalons importants et déterminants, confirmant la volonté du gouvernement de mener à leur terme les programmes inscrits à la LPM.
- Le gouvernement a décidé de retenir un mode de financement budgétaire pour les frégates multimissions. Cette décision ouvre la voie à la conclusion d'un contrat, comme prévu, à l'été 2005.
- J'ai également lancé la phase de conception du deuxième porte-avions qui marque la fin des travaux préparatoires sur ce programme et autorise les services du ministère de la Défense et les industriels à commencer les travaux de définition détaillée du porte-avions.
Pour faire face au risque majeur que constitue la prolifération des armes de destruction massive, nous poursuivons également la modernisation de la dissuasion nucléaire avec la mise en place du M51.
Combinée à une politique de non-prolifération et de lutte contre la prolifération, la dissuasion garantit qu'en des circonstances extrêmes, la France peut compter sur ses propres forces pour assurer la défense de ses intérêts.
Une stratégie industrielle de long terme
Il importe que l'Etat prépare le long terme : il faut d'abord véritablement favoriser, à l'échelle européenne, le développement d'une industrie de défense forte.
A cette fin, nos industries doivent être à la hauteur des enjeux, capables de nouer des partenariats multinationaux.
C'est pour préparer ces évolutions que nous avons redressé GIAT Industries.
C'est aussi dans cette perspective que nous avons réformé DCN et que j'ai décidé l'ouverture de son capital.
L'Agence européenne de défense accompagnera le renforcement de notre industrie.
Nous veillons à ce que son programme de travail soit ambitieux et tourné vers nos priorités capacitaires, au premier rang desquelles le secteur de la recherche et des technologies.
Nous devons également connaître les risques de dépendances de notre industrie, particulièrement dans les secteurs sensibles.
Ces risques peuvent conditionner notre capacité à disposer de matériels stratégiques, à exporter, voire à mener les programmes innovants du futur.
J'entends que la Défense joue un rôle actif et éminent dans la politique gouvernementale d'intelligence économique, et j'ai proposé la création d'une structure pour repérer les entreprises sensibles et identifier leurs besoins.
Préparer le long terme c'est enfin mener une politique ambitieuse de recherche et de technologie.
Nous préparons aujourd'hui les équipements futurs, susceptibles de renforcer notre autonomie stratégique, notre capacité d'appréciation indépendante des situations.
A cette fin, j'ai fixé des orientations en matière d'études amont, insistant sur les démonstrateurs européens.
L'une de nos tâches prioritaires à l'avenir doit être la définition d'une politique spatiale de défense ambitieuse. Nous souhaitons la faire partager à nos partenaires européens, à la fois gouvernementaux et industriels.
Les réponses aux défis de sécurité ne peuvent évidemment résulter d'une politique seulement militaire, ni seulement nationale.
C'est pourquoi nous oeuvrons systématiquement pour renforcer le dialogue et la coopération multilatérale, particulièrement dans le cadre européen.
UNE COOPERATION POLITIQUE RELANCEE
Ces dernières années, la France a résolument fait le pari d'une Europe forte, en mesure d'apporter ses réponses propres aux défis actuels, ce qui ne l'empêche pas de s'engager de manière complémentaire auprès d'autres partenaires.
Une vision ambitieuse de l'Europe
En matière de défense, l'Union européenne, sous la forte impulsion de la France, multiplie les engagements opérationnels et les initiatives concrètes.
Depuis décembre dernier, elle assume pour la première fois la responsabilité globale d'un pays, la Bosnie. En relève de l'OTAN, elle montre sa capacité à gérer une opération d'envergure.
Nous entendons que l'Union puisse continuer à assumer pleinement ses responsabilités, en disposant de moyens de gestion de crise de plus en plus souples et de plus en plus rapides.
C'est l'objectif visé par la Force de gendarmerie européenne et les groupements tactiques.
La FGE sera opérationnelle sous peu et complètera la gamme des instruments de gestion de crises.
Les premiers groupements européens sont déjà disponibles : ce sont des unités interarmes de 1500 hommes, entraînées pour des missions de combat, rapidement déployables dans un rayon d'action considérable.
D'autres outils de la PESD, notamment la mise en place d'une cellule civile-militaire et d'un centre d'opérations autonome, renforceront également l'impact et la visibilité de notre action dès cette année.
Des partenariats rénovés
Nous poursuivons un engagement de premier plan dans l'Alliance atlantique, dans une approche de complémentarité.
Le développement de l'Europe de la défense n'est pas concurrent de l'action de l'OTAN. Chacun a une réponse spécifique à apporter aux menaces actuelles.
Notre approche des relations entre ces deux organisations n'est pas idéologique.
Dans deux semaines, j'accueillerai à Nice, pour la première fois depuis des décennies, une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance atlantique.
Cet événement, ainsi que l'implication constante et soutenue de la France - et des Européens - dans les opérations et les structures de l'OTAN marquent bien les liens étroits entre l'Union européenne et l'Alliance atlantique.
Ces relations, je les envisage complémentaires, décomplexées, transparentes.
Parce que le dialogue et la concertation est la première des réponses aux risques actuels, nous lançons aussi de nouveaux partenariats.
C'est dans cet esprit que j'ai voulu regrouper les pays de la Méditerranée occidentale autour d'une initiative de sécurité et de défense.
Nous nous sommes accordés sur un plan annuel incluant des actions de coopération rapidement réalisables.
Nous voulons ainsi permettre à nos forces armées de mieux travailler ensemble, notamment dans les domaines de la surveillance maritime, de la protection civile et de la surveillance aérienne.
Face à une menace globale, la France apporte une réponse globale, déployant des moyens autant militaires que politiques et économiques.
Cette action ne peut se faire en solitaire.
Face aux " nouvelles menaces ", nous voulons donner à l'Europe les moyens d'une politique ambitieuse.
Avec la montée en puissance d'Etats comme la Chine, l'Inde, le Brésil, la réaffirmation des ambitions de la Russie, les Européens ont un rôle majeur à jouer.
Ils ont une responsabilité grandissante dans les grands équilibres mondiaux, dans la stabilisation de ce monde multipolaire, dans un esprit de partenariat avec les Etats-Unis.
La France poursuivra une action déterminée dans ce sens, en faveur d'une Europe capable d'assumer cette responsabilité.
C'est là, j'en suis persuadée, que nous trouverons les " nouvelles réponses ".
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 25 janvier 2005)
C'est pour moi un grand plaisir d'être parmi vous pour conclure cette 12ème édition.
Le sujet que vous avez choisi de traiter cette année - quelles " nouvelles réponses " pour faire face aux " nouvelles menaces "? - est bien sûr au premier rang des priorités du ministère de la Défense.
La France, comme l'ensemble de ses partenaires européens et alliés, doit aujourd'hui faire face à des menaces particulièrement complexes et diffuses : le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, la multiplication des crises régionales.
Elles pèsent autant sur la stabilité internationale et sur la sécurité des populations.
Au quotidien, dans les situations les plus diverses, sur tous les continents, les hommes et les moyens de la Défense nationale sont mobilisés pour prévenir et contrer ces risques :
- Dans le cadre des dispositifs prévus par les plans Vigipirate, Biotox ou Piratox et des missions de la gendarmerie nationale, nos forces armées protègent la population et les intérêts nationaux.
- Plus loin de nos frontières, nous luttons contre le terrorisme par l'engagement de nos forces spéciales en Afghanistan et notre participation à la force navale TF 150 dans l'Océan Indien.
- A l'extérieur du territoire, les forces françaises sont engagées sur de nombreux théâtres de crises régionales : en Côte d'Ivoire, en Afghanistan, dans les Balkans.
- Le raz-de-marée du 26 décembre dans l'Océan Indien est d'autre part venu confirmer que l'ampleur et la gravité croissantes des crises humanitaires nécessitent des réponses que seules les forces armées sont en mesure d'apporter.
Cette implication permanente de nos armées est la partie la plus visible de l'action de la France au service de sa sécurité nationale et de la stabilité internationale.
Mais notre réponse aux défis du moment va bien au-delà du seul engagement militaire : elle combine des préoccupations stratégiques, économiques, sociales, diplomatiques.
Les menaces actuelles exigent une réponse forte, globale et surtout durable.
Nous la concrétisons en conjuguant des moyens renforcés et une coopération politique relancée.
DES MOYENS RENFORCES
Une réponse efficace passe par des forces bien équipées. Cela suppose du matériel moderne, mais aussi une véritable politique industrielle et de recherche.
Des équipements à la pointe de la technologie
Depuis quelques années, la Défense est redevenue une priorité nationale.
Grâce à la loi de programmation 2003-2008 et à son application rigoureuse, avec le soutien constant du Président de la République, nos forces armées sont de mieux en mieux préparées aux exigences du contexte stratégique.
Demain, toutes nos armées seront notamment dotées des nouveaux Rafale, des hélicoptères NH90, du Tigre, de nouveaux bâtiments de projection et de commandement, des systèmes Félin.
La semaine dernière, deux programmes majeurs pour la Marine ont franchi des jalons importants et déterminants, confirmant la volonté du gouvernement de mener à leur terme les programmes inscrits à la LPM.
- Le gouvernement a décidé de retenir un mode de financement budgétaire pour les frégates multimissions. Cette décision ouvre la voie à la conclusion d'un contrat, comme prévu, à l'été 2005.
- J'ai également lancé la phase de conception du deuxième porte-avions qui marque la fin des travaux préparatoires sur ce programme et autorise les services du ministère de la Défense et les industriels à commencer les travaux de définition détaillée du porte-avions.
Pour faire face au risque majeur que constitue la prolifération des armes de destruction massive, nous poursuivons également la modernisation de la dissuasion nucléaire avec la mise en place du M51.
Combinée à une politique de non-prolifération et de lutte contre la prolifération, la dissuasion garantit qu'en des circonstances extrêmes, la France peut compter sur ses propres forces pour assurer la défense de ses intérêts.
Une stratégie industrielle de long terme
Il importe que l'Etat prépare le long terme : il faut d'abord véritablement favoriser, à l'échelle européenne, le développement d'une industrie de défense forte.
A cette fin, nos industries doivent être à la hauteur des enjeux, capables de nouer des partenariats multinationaux.
C'est pour préparer ces évolutions que nous avons redressé GIAT Industries.
C'est aussi dans cette perspective que nous avons réformé DCN et que j'ai décidé l'ouverture de son capital.
L'Agence européenne de défense accompagnera le renforcement de notre industrie.
Nous veillons à ce que son programme de travail soit ambitieux et tourné vers nos priorités capacitaires, au premier rang desquelles le secteur de la recherche et des technologies.
Nous devons également connaître les risques de dépendances de notre industrie, particulièrement dans les secteurs sensibles.
Ces risques peuvent conditionner notre capacité à disposer de matériels stratégiques, à exporter, voire à mener les programmes innovants du futur.
J'entends que la Défense joue un rôle actif et éminent dans la politique gouvernementale d'intelligence économique, et j'ai proposé la création d'une structure pour repérer les entreprises sensibles et identifier leurs besoins.
Préparer le long terme c'est enfin mener une politique ambitieuse de recherche et de technologie.
Nous préparons aujourd'hui les équipements futurs, susceptibles de renforcer notre autonomie stratégique, notre capacité d'appréciation indépendante des situations.
A cette fin, j'ai fixé des orientations en matière d'études amont, insistant sur les démonstrateurs européens.
L'une de nos tâches prioritaires à l'avenir doit être la définition d'une politique spatiale de défense ambitieuse. Nous souhaitons la faire partager à nos partenaires européens, à la fois gouvernementaux et industriels.
Les réponses aux défis de sécurité ne peuvent évidemment résulter d'une politique seulement militaire, ni seulement nationale.
C'est pourquoi nous oeuvrons systématiquement pour renforcer le dialogue et la coopération multilatérale, particulièrement dans le cadre européen.
UNE COOPERATION POLITIQUE RELANCEE
Ces dernières années, la France a résolument fait le pari d'une Europe forte, en mesure d'apporter ses réponses propres aux défis actuels, ce qui ne l'empêche pas de s'engager de manière complémentaire auprès d'autres partenaires.
Une vision ambitieuse de l'Europe
En matière de défense, l'Union européenne, sous la forte impulsion de la France, multiplie les engagements opérationnels et les initiatives concrètes.
Depuis décembre dernier, elle assume pour la première fois la responsabilité globale d'un pays, la Bosnie. En relève de l'OTAN, elle montre sa capacité à gérer une opération d'envergure.
Nous entendons que l'Union puisse continuer à assumer pleinement ses responsabilités, en disposant de moyens de gestion de crise de plus en plus souples et de plus en plus rapides.
C'est l'objectif visé par la Force de gendarmerie européenne et les groupements tactiques.
La FGE sera opérationnelle sous peu et complètera la gamme des instruments de gestion de crises.
Les premiers groupements européens sont déjà disponibles : ce sont des unités interarmes de 1500 hommes, entraînées pour des missions de combat, rapidement déployables dans un rayon d'action considérable.
D'autres outils de la PESD, notamment la mise en place d'une cellule civile-militaire et d'un centre d'opérations autonome, renforceront également l'impact et la visibilité de notre action dès cette année.
Des partenariats rénovés
Nous poursuivons un engagement de premier plan dans l'Alliance atlantique, dans une approche de complémentarité.
Le développement de l'Europe de la défense n'est pas concurrent de l'action de l'OTAN. Chacun a une réponse spécifique à apporter aux menaces actuelles.
Notre approche des relations entre ces deux organisations n'est pas idéologique.
Dans deux semaines, j'accueillerai à Nice, pour la première fois depuis des décennies, une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance atlantique.
Cet événement, ainsi que l'implication constante et soutenue de la France - et des Européens - dans les opérations et les structures de l'OTAN marquent bien les liens étroits entre l'Union européenne et l'Alliance atlantique.
Ces relations, je les envisage complémentaires, décomplexées, transparentes.
Parce que le dialogue et la concertation est la première des réponses aux risques actuels, nous lançons aussi de nouveaux partenariats.
C'est dans cet esprit que j'ai voulu regrouper les pays de la Méditerranée occidentale autour d'une initiative de sécurité et de défense.
Nous nous sommes accordés sur un plan annuel incluant des actions de coopération rapidement réalisables.
Nous voulons ainsi permettre à nos forces armées de mieux travailler ensemble, notamment dans les domaines de la surveillance maritime, de la protection civile et de la surveillance aérienne.
Face à une menace globale, la France apporte une réponse globale, déployant des moyens autant militaires que politiques et économiques.
Cette action ne peut se faire en solitaire.
Face aux " nouvelles menaces ", nous voulons donner à l'Europe les moyens d'une politique ambitieuse.
Avec la montée en puissance d'Etats comme la Chine, l'Inde, le Brésil, la réaffirmation des ambitions de la Russie, les Européens ont un rôle majeur à jouer.
Ils ont une responsabilité grandissante dans les grands équilibres mondiaux, dans la stabilisation de ce monde multipolaire, dans un esprit de partenariat avec les Etats-Unis.
La France poursuivra une action déterminée dans ce sens, en faveur d'une Europe capable d'assumer cette responsabilité.
C'est là, j'en suis persuadée, que nous trouverons les " nouvelles réponses ".
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 25 janvier 2005)