Texte intégral
Q - Les membres du parti socialiste ont voté en faveur du référendum pour la Constitution européenne. Est-ce que vous voyez un autre obstacle pour la ratification de la Constitution en France?
R - Le vote des adhérents du parti socialiste en faveur de la Constitution européenne a été une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe. Il a démontré aussi bien le caractère fédérateur du projet européen que le sens des responsabilités des adhérents du parti socialiste.
Pour autant, si ce vote est positif pour l'issue du référendum, il ne doit pas conduire à une démobilisation. Il reste beaucoup à faire pour informer les Français, qui ne connaissent pas très bien le contenu de la Constitution européenne. Dans les mois qui viennent, le gouvernement va diffuser de l'information sous différentes formes sur le projet de Traité, susciter des débats partout en France. Je vais bien sûr m'impliquer personnellement dans ce travail d'explication.
Q - Quel sera le développement si un petit pays membre comme la République tchèque refuse ce traité par référendum ?
R. Le cas s'est déjà produit dans le passé. Dans une telle hypothèse, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union auraient à se saisir du problème.
Mais c'est une hypothèse que je me refuse à envisager, en République tchèque comme en France. Je pense sincèrement que les électeurs comprendront que ce traité est un pas dans la bonne direction et qu'il est bon pour nos deux pays.
Q - Les partisans tchèques de la Constitution menacent que l'Union européenne pourrait exclure le pays qui n'accepterait pas ce document. Est-ce qu'il y a une raison de le craindre ?
R - La question ne se pose pas dans ces termes. Personne ne souhaite exclure aucun Etat membre et ce serait d'ailleurs très compliqué. Mais il est vrai que le rejet du projet de traité aurait nécessairement des conséquences pour la place et l'influence en Europe du ou des pays qui diraient non. C'est vrai pour la République tchèque comme pour la France.
Q - Soutenez-vous l'idée d'organiser des referendums pour ratifier la Constitution ? Ou préféreriez-vous la ratification parlementaire parce que le texte est plutôt un traité technique ?
R - Je peux vous répondre du point de vue français. Depuis le général de Gaulle, il est de tradition que les Français soient directement consultés sur les traités et les grandes décisions engageant durablement l'avenir du pays. En 1992, le traité de Maastricht avait ainsi été soumis à référendum. La Constitution européenne fait clairement partie de ces textes fondamentaux pour l'avenir de l'Europe et de la France, sur lesquels il est naturel que les Français aient à se prononcer.
Q - L'Union européenne a décidé au mois de décembre dernier d'entamer des négociations avec la Turquie à partir de l'automne 2005. N'avez-vous pas peur que ce grand pays empêche l'intégration européenne et que l'Union se transforme en une vaste zone de libre-échange ?
R - Il est vrai que l'Union européenne a décidé d'engager des négociations avec la Turquie, mais l'adhésion de ce pays n'est pas une question d'actualité. Les négociations seront longues et la Turquie devra faire la preuve qu'elle remplit tous les critères européens.
L'intérêt de l'Europe est d'avoir, sur son flanc sud, une Turquie stable et démocratique qui joue un rôle positif dans l'évolution de la région et soit un modèle pour ses voisins. Loin d'être diminué, je pense que le poids de l'Europe dans le monde serait renforcé par une Turquie qui partagerait nos valeurs communes.
Q - Les médias français discutent de la perte d'influence de la France en Europe. Avez-vous quelques recettes pour diminuer ces tendances ?
R - L'Europe à 25 ne fonctionne plus comme l'Europe de 1957, et c'est bien normal. Cela signifie que notre façon de travailler doit changer. Nous devons dialoguer avec tous les pays de l'Union, sans arrogance et en étant attentifs à leurs positions. C'est pourquoi je me rends très régulièrement chez nos partenaires de l'Union, comme ici en République tchèque. Je suis très heureuse d'avoir des entretiens avec Cyril Svoboda et Vladimir Müller.
Q - Un autre sujet important est la question de l'immigration. Est-ce que vous êtes d'accord avec les quotas et la discrimination positive proposés par M. Sarkozy ?
R - Il y a actuellement, en France comme dans tous les pays européens, une discussion très intense sur les questions d'immigration. Il est important que nous ayons une politique européenne commune sur ces questions. Le traité constitutionnel nous le permettra. Les quotas ne constituent que l'un des aspects. Il n'y a pas, sur ce sujet, de tabou, mais nous avons en France des valeurs républicaines que nous devons respecter.
Q - Vous étiez depuis longtemps connue plutôt par votre travail scientifique. Pourquoi avez vous quitté la science et vous êtes-vous orientée vers l'intégration
européenne ?
R - J'ai en effet une formation scientifique et j'ai eu la chance d'être astronaute. Dans ces activités, j'ai pu mesurer tout ce que la coopération européenne apportait. L'Agence spatiale européenne est un exemple très réussi de cette coopération.
Q - En 2001, vous avez eu la possibilité de voir la Terre de l'espace. Quelles chances voyez-vous pour la recherche spatiale en Europe dans les années à venir ?
R - La politique spatiale, grâce au traité constitutionnel, deviendra une compétence de l'Union. L'Europe a déjà connu des succès formidables : Mars-Express, le lanceur Ariane, les satellites météo et d'observation. Elle est au premier rang des lanceurs commerciaux et est présente dans tous les secteurs clés.
La recherche, dans l'espace comme dans les autres domaines, est une force pour l'avenir de l'Union. Il faut développer la société de la connaissance en Europe et rattraper le retard que nous pouvons encore connaître par rapport aux Etats-Unis. La France a décidé d'augmenter ses dépenses de recherche de 2 milliards d'euros par an
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 janvier 2005)
R - Le vote des adhérents du parti socialiste en faveur de la Constitution européenne a été une bonne nouvelle pour la France et pour l'Europe. Il a démontré aussi bien le caractère fédérateur du projet européen que le sens des responsabilités des adhérents du parti socialiste.
Pour autant, si ce vote est positif pour l'issue du référendum, il ne doit pas conduire à une démobilisation. Il reste beaucoup à faire pour informer les Français, qui ne connaissent pas très bien le contenu de la Constitution européenne. Dans les mois qui viennent, le gouvernement va diffuser de l'information sous différentes formes sur le projet de Traité, susciter des débats partout en France. Je vais bien sûr m'impliquer personnellement dans ce travail d'explication.
Q - Quel sera le développement si un petit pays membre comme la République tchèque refuse ce traité par référendum ?
R. Le cas s'est déjà produit dans le passé. Dans une telle hypothèse, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union auraient à se saisir du problème.
Mais c'est une hypothèse que je me refuse à envisager, en République tchèque comme en France. Je pense sincèrement que les électeurs comprendront que ce traité est un pas dans la bonne direction et qu'il est bon pour nos deux pays.
Q - Les partisans tchèques de la Constitution menacent que l'Union européenne pourrait exclure le pays qui n'accepterait pas ce document. Est-ce qu'il y a une raison de le craindre ?
R - La question ne se pose pas dans ces termes. Personne ne souhaite exclure aucun Etat membre et ce serait d'ailleurs très compliqué. Mais il est vrai que le rejet du projet de traité aurait nécessairement des conséquences pour la place et l'influence en Europe du ou des pays qui diraient non. C'est vrai pour la République tchèque comme pour la France.
Q - Soutenez-vous l'idée d'organiser des referendums pour ratifier la Constitution ? Ou préféreriez-vous la ratification parlementaire parce que le texte est plutôt un traité technique ?
R - Je peux vous répondre du point de vue français. Depuis le général de Gaulle, il est de tradition que les Français soient directement consultés sur les traités et les grandes décisions engageant durablement l'avenir du pays. En 1992, le traité de Maastricht avait ainsi été soumis à référendum. La Constitution européenne fait clairement partie de ces textes fondamentaux pour l'avenir de l'Europe et de la France, sur lesquels il est naturel que les Français aient à se prononcer.
Q - L'Union européenne a décidé au mois de décembre dernier d'entamer des négociations avec la Turquie à partir de l'automne 2005. N'avez-vous pas peur que ce grand pays empêche l'intégration européenne et que l'Union se transforme en une vaste zone de libre-échange ?
R - Il est vrai que l'Union européenne a décidé d'engager des négociations avec la Turquie, mais l'adhésion de ce pays n'est pas une question d'actualité. Les négociations seront longues et la Turquie devra faire la preuve qu'elle remplit tous les critères européens.
L'intérêt de l'Europe est d'avoir, sur son flanc sud, une Turquie stable et démocratique qui joue un rôle positif dans l'évolution de la région et soit un modèle pour ses voisins. Loin d'être diminué, je pense que le poids de l'Europe dans le monde serait renforcé par une Turquie qui partagerait nos valeurs communes.
Q - Les médias français discutent de la perte d'influence de la France en Europe. Avez-vous quelques recettes pour diminuer ces tendances ?
R - L'Europe à 25 ne fonctionne plus comme l'Europe de 1957, et c'est bien normal. Cela signifie que notre façon de travailler doit changer. Nous devons dialoguer avec tous les pays de l'Union, sans arrogance et en étant attentifs à leurs positions. C'est pourquoi je me rends très régulièrement chez nos partenaires de l'Union, comme ici en République tchèque. Je suis très heureuse d'avoir des entretiens avec Cyril Svoboda et Vladimir Müller.
Q - Un autre sujet important est la question de l'immigration. Est-ce que vous êtes d'accord avec les quotas et la discrimination positive proposés par M. Sarkozy ?
R - Il y a actuellement, en France comme dans tous les pays européens, une discussion très intense sur les questions d'immigration. Il est important que nous ayons une politique européenne commune sur ces questions. Le traité constitutionnel nous le permettra. Les quotas ne constituent que l'un des aspects. Il n'y a pas, sur ce sujet, de tabou, mais nous avons en France des valeurs républicaines que nous devons respecter.
Q - Vous étiez depuis longtemps connue plutôt par votre travail scientifique. Pourquoi avez vous quitté la science et vous êtes-vous orientée vers l'intégration
européenne ?
R - J'ai en effet une formation scientifique et j'ai eu la chance d'être astronaute. Dans ces activités, j'ai pu mesurer tout ce que la coopération européenne apportait. L'Agence spatiale européenne est un exemple très réussi de cette coopération.
Q - En 2001, vous avez eu la possibilité de voir la Terre de l'espace. Quelles chances voyez-vous pour la recherche spatiale en Europe dans les années à venir ?
R - La politique spatiale, grâce au traité constitutionnel, deviendra une compétence de l'Union. L'Europe a déjà connu des succès formidables : Mars-Express, le lanceur Ariane, les satellites météo et d'observation. Elle est au premier rang des lanceurs commerciaux et est présente dans tous les secteurs clés.
La recherche, dans l'espace comme dans les autres domaines, est une force pour l'avenir de l'Union. Il faut développer la société de la connaissance en Europe et rattraper le retard que nous pouvons encore connaître par rapport aux Etats-Unis. La France a décidé d'augmenter ses dépenses de recherche de 2 milliards d'euros par an
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 janvier 2005)