Déclaration de Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale, sur la place de l'aide alimentaire dans la lutte contre l'exclusion, Herblay (Val d'Oise) le 3 mars 2000.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Inauguration d'une épicerie sociale à Herblay (Val d'Oise) le 3 mars 2000

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Maire, Monsieur le Conseiller Général,
Mesdames, Messieurs,
Depuis le milieu des années 80, un très vaste courant de solidarité s'est développé dans la société française pour venir en aide à tous ceux que la crise économique et les mutations de notre temps ont plongé dans la précarité. Nous nous sommes efforcés, sous l'impulsion de Martine Aubry, face aux dispositifs ambitieux mis en place par la loi de lutte contre les exclusions d'amplifier cet élan.
Dans le domaine de l'aide alimentaire, celui-ci s'est particulièrement manifesté avec la création des Restaurants du Cur, du réseau des Banques Alimentaires et de beaucoup d'autres actions associatives.
Parmi ceux-là, nombreux sont ceux qui ont cherché à ce que l'aide apportée ne soit pas stigmatisante, qu'elle restaure et respecte la dignité de ceux qui y recourent.
Comment organiser l'action pour qu'au-delà de l'aide immédiate, elle permette aux personnes de reprendre pied dans la société et de regagner leur autonomie ?
Chacun a tenté de renouveler son approche initiale pour aller au-delà de la simple distribution.
Les associations ont souhaité intervenir plus largement dans les différents domaines de l'insertion.
Bien entendu, il ne s'agit pas d'opposer dans ce domaine une forme d'aide immédiate et inconditionnelle à une autre forme d'aide plus exigeante : il faut que toute personne qui a un besoin d'aide en urgence, que ce soit pour manger, pour être logée ou pour accéder à un droit, continue d'être accueillie et secourue immédiatement. C'est pourquoi toutes les formes d'aide sont les bienvenues. Aucune bonne volonté ne doit être découragée. Toute forme de distribution de l'aide alimentaire continue d'être légitime et nécessaire.
Mais il est du devoir de l'Etat et des collectivités territoriales d'encourager les formes d'aide davantage orientées vers l'insertion.
La formule de l'épicerie sociale apparaît de ce point de vue particulièrement intéressante.
En participant financièrement à l'achat des produits, même de façon très limitée, la personne aidée redevient cliente et consommatrice.
Une relation d'échange se substitue ainsi à une relation de dépendance.
Dans l'épicerie sociale, la diversité des produits, leur présentation, les conseils prodigués sont autant de façons de prendre en considération les acheteurs. Des activités conviviales peuvent être développées : repas pris ensemble, groupes de parole, organisation de fêtes, ...
Toutes ces actions concourent à l'insertion sociale de personnes souvent très isolées. Cette forme d'action sociale contribue à la renaissance d'une vie de quartier et permet la re-création du lien social.
En outre, l'épicerie sociale concourent à l'insertion sociale de personnes souvent très isolées. Cette forme d'action sociale contribue à la renaissance d'une vie de quartier et engendre de nouvelles formes de liens sociaux.
J'ai bien noté, Monsieur le Maire, que ce projet d'épicerie sociale a permis de fédérer les énergies entre les bénévoles, qui sont traditionnellement très nombreux à se mobiliser dans le domaine de l'aide alimentaire et les travailleurs sociaux, et je m'en réjouis.
Votre projet est le fruit d'une démarche collective associant depuis une dizaine d'années différents partenaires au sein du collectif Herblay-Social. C'est donc le produit de la forte tradition associative qui existe à Herblay.
L'aménagement de cet espace que je découvre avec vous aujourd'hui, a été réalisé dans le cadre d'un chantier d'insertion. Les quatre personnes qui ont réalisé ce travail d'aménagement, l'ont fait dans le cadre d'un Contrat Emploi Solidarité : elles méritent ici d'être chaleureusement félicitées.
L'Etat, le conseil général, la ville, le CCAS, la CAF, la sécurité sociale, tous ont su faire cause commune avec les associations pour réaliser ce projet.
Je sais aussi que d'autres bonnes volontés se sont manifestées ces dernières semaines, à mesure que l'opération se concrétisait. Je pense particulièrement aux entreprises et aux commerces qui se sont engagés à faire régulièrement des dons à l'épicerie sociale.
Cette mobilisation est un exemple de citoyenneté pour tous les Herblaisiens.
Je remercie vivement tous ceux qui ont rendu possible cette manifestation concrète de solidarité, à commencer par vous-même, Monsieur le Maire, et tous les habitants d'Herblay qui y ont déjà pris part.
Je souhaite bonne chance à votre épicerie qui, j'en suis sûre, inspirera d'autres initiatives dans notre département.


(source http://www.social.gouv.fr, le 6 juin 2000)