Texte intégral
Q- Voilà une semaine sociale qui s'ouvre et qui risque, par l'addition des diverses manifestations, de représenter un danger pour le Gouvernement. Est-ce que vous la considérez comme un incident de parcours ou comme un risque d'accident social ?
R- De toute façon, c'est une semaine sociale qui est importante et que, bien entendu, on va tous suivre avec énormément d'attention, puisque quand un certain nombre de nos compatriotes descendent dans la rue, font grève, ils expriment un certain nombre de choses et il est tout à fait normal que l'on écoute ce message avec attention.
Q- Vous parlez "d'écouter avec attention". Prenons par exemple les fonctionnaires, qui vont défiler jeudi prochain. Le Premier ministre a dit à la fois comprendre leur inquiétude et, dans le même temps, le ministre de la Fonction publique leur promet de ne pas payer leurs jours de grève. Est-ce de bonne méthode ?
R- Ce sont deux choses différentes naturellement...
Q- C'est le bâton et la carotte ?
R- Non, dans un cas, il s'agit de poursuivre évidemment le dialogue, et de l'autre, bien entendu, de rappeler que la loi s'applique en toute circonstance. Mais le fait que vous preniez un exemple, celui des fonctionnaires, est une bonne opportunité de rappeler à chacun que dans cette semaine dite "sociale", il y a d'abord de très différentes catégories de revendications - il n'y a pas forcément des choses en commun entre la manifestation des internes, celle des postiers, celle des cheminots ou celle des fonctionnaires - et puis, d'autre part, de rappeler que derrière les banderoles, il y a des formations syndicales qui n'ont pas toutes les mêmes positions sur les différents sujets. On le voit bien, par exemple, sur le sujet des 35 heures. On le voit aussi sur la fonction publique.
Q- Vous espérez donc que la diversité ou les différences entre ces mouvements vont vous permettre de passer à travers les gouttes ?
R- Non, mais en tout cas, c'est une occasion de rappeler que chaque message doit être entendu. Celui de ceux qui font grève naturellement - et pour chacun des sujets que je viens d'évoquer, il a des interrogations mais il y a aussi des réponses - ; et puis il y a aussi des gens qui ne manifestent pas, ce que l'on appelle la "majorité silencieuse", [pour qui] il peut être légitime de souhaiter travailler plus pour gagner plus, si elle souhaite, ou qu'il y ait par exemple un service garanti dans les transports en commun. Ce sont autant de sujets qui sont respectables tout autant.
Q- Ca, ce sont les messages que vous allez écouter. Quels sont les messages du Gouvernement ? D'abord, message aux fonctionnaires, puisque vous êtes le ministre du Budget : vous dites qu'il n'y aura pas un centime de plus ?
R- Ah non, ce n'est pas ça que l'on dit, dites donc ! Là, vous allez un peu vite en besogne ! Je rappelle quand même qu'a été prévue, à la suite d'un dialogue très soutenu avec l'ensemble des formations syndicales, la revalorisation de l'équivalent d'un point sur l'ensemble de l'année, 0,5 d'abord en février, puis à nouveau 0,5 en novembre, premièrement. Deuxièmement, rappelez aussi que compte tenu des contraintes budgétaires qui sont les nôtres, compte tenu aussi du fait que l'on a constaté qu'il y avait quand même une progression très régulière du pouvoir d'achat ces dernières années, malgré les difficultés budgétaires, il y a un coup de pouce particulier pour les fonctionnaires les plus modestes, ceux qui sont au niveau du Smic et ceux qui sont dans ce que l'on appelle en "plafond de grade". Cela veut donc dire que derrière tout cela, un, une revalorisation pour l'ensemble des fonctionnaires, qui est certes modérée mais c'est la situation financière qui l'exige, pour l'ensemble des Français ; et puis d'autre part, un accent particulier sur ceux qui sont les plus modestes.
Q- Messages aux cheminots maintenant : si mercredi, la France est paralysée, leur dites-vous que dès lors, ils ne pourront éviter une loi sur le service minimum ?
R- D'abord, je voudrais dire qu'en ce qui concerne ce sujet, on a beaucoup avancé. Et je crois qu'il ne faut pas balayer cela d'un revers de main. Notamment, on a avancé par le dialogue, parce que la méthode qui a été proposée par le Gouvernement, comme d'ailleurs sur tous les sujets, c'est que quand on peut dialoguer, c'est mieux que de le faire par la contrainte, il faut mieux convaincre. Et de ce point de vue, l'accord qui a été passé avec la SNCF, il y a quelques semaines, est une démonstration assez remarquable de ce que l'on peut faire quand on veut justement faire des dispositifs préventifs par rapport à la grève dans les services publics. Et cela a vocation - c'est en tout cas ce que je souhaite - à faire bien sûr une tâche d'huile positive sur l'ensemble des services publics.
Q- Donc pas de loi sur le service minimum ?
R- Tant que l'on peut avancer par le dialogue et par la négociation, c'est mieux. La meilleure preuve est ce qui s'est passé à la SNCF, il y a quelques semaines, à travers la signature de cet accord. Donc les choses vont plutôt dans le bon sens. Ce qui n'empêche pas effectivement que l'on doit entendre les messages et aussi répondre à ces messages, ce que nous avons fait jusqu'à présent.
Q- Message aux postiers enfin : on dit dans les allées du Gouvernement, et on reproche beaucoup à la précédente direction de La Poste, pour les 35 heures, d'avoir embauché entre 20.000 et 30.000 salariés supplémentaires. Vous dites qu'il va falloir dégraisser La Poste, qu'il faut l'accepter ?
R- D'abord, je crois que c'est encore un des effets pervers des 35 heures. On a fait croire, avec les 35 heures, que l'on créait de l'emploi. En réalité, les grandes entreprises, et notamment publiques, ont, dans un premier temps, fait un zèle qui, finalement, doit être payé a posteriori. Et on le voit aujourd'hui. Quel est le problème de La Poste aujourd'hui ? C'est d'abord l'enjeu de sa modernisation. Comment faire pour que le service public soit assuré sur tout le territoire, alors même que les méthodes changent et que les pratiques changent. Eh bien, c'est à cela que doit s'atteler la direction de La Poste et cela doit se passer par des exemples très concrets. Je l'ai vécu à Meaux : nous avons eu un problème de restructuration, qui s'est traduit par finalement une convention avec les élus et donc l'assurance d'un service public maintenu. Cette modernisation doit se faire sur tout le territoire.
Q- Avez-vous peur que la manifestation du 5 février coagule à la fois le public, le privé et l'ensemble des revendications, avec pour banderoles les 35 heures, mais beaucoup d'autres revendications ?
R- Je ne le souhaite pas...
Q- Autrement dit, est-ce que vous redoutez "1995" ?
R- Personne n'est dans cette configuration, à l'heure où je vous parle. Mais c'est surtout que les temps ont changé. Nous le voyons bien : dix ans après, je crois que les mentalités ont évolué. Chacun prend bien conscience que si un certain nombre de décisions de réforme et de modernisation ne sont pas prises aujourd'hui, alors c'est le service public qui en sera la première victime. Et donc les usagers. On le voit bien, par exemple, à travers les 35 heures, où de très nombreuses enquêtes d'opinion montrent que les gens veulent, pour beaucoup d'entre eux, pouvoir travailler plus pour gagner plus, dans un avenir qui est toujours un peu incertain pour chacun d'entre nous. Quant à la modernisation du service public, il y aussi la majorité silencieuse, qui est tout à fait légitime à espérer un service public de qualité et qui a bien conscience que cela exige des modernisations. Donc on y travaille ensemble. La seule chose, c'est que c'est toujours mieux de le faire en dialoguant qu'en s'invectivant.
Q- Faut-il croire à la baisse des impôts qu'a promis le chef de l'Etat pour 2006 et 2007 ? Je vous pose la question parce que vous êtes responsable du budget : comment allez-vous faire ?
R- On va tout simplement le faire selon la ligne qui a été fixée par le président de la République...
Q- Mais comment réduire les impôts, réduire les déficits, avoir des dépenses supplémentaires avec les grands projets ?
R- L'idée est assez simple : il n'est pas question de baisser les impôts en les finançant par plus de déficits. Il est question de le faire, naturellement, en le gageant par des économies. Mais je voudrais rappeler que la baisse de l'impôt...
Q- Il faut beaucoup d'économies, surtout si la croissance n'est pas au rendez-vous !
R- ... Mais dites-moi, depuis 2002, nous avons eu très peu de croissance et, pour autant, nous avons fait une baisse des impôts considérable, qui a été d'ailleurs un élément majeur pour soutenir la consommation, pour soutenir l'investissement et pour soutenir les exportations. Moyennant quoi, on a aujourd'hui un taux de croissance qui est au-dessus de la moyenne de la zone euro.
Q- Pouvez-vous nous donner des proportions pour 2006 et 2007 ?
R- Non, pour une raison simple : nous sommes le 17 janvier. Jamais on a autant parlé de budget à une période aussi prématurée de l'année. Cela veut dire qu'avec H. Gaymard, on est en train de mettre en place une politique de finances publiques beaucoup plus en avance que d'habitude, plutôt que de la décider dans l'urgence. Mais nous reparlerons à chaque étape de ce que nous ferons. La seule chose que je peux vous dire, c'est que l'engagement de la baisse des impôts est un élément majeur de soutien à la politique économique, pour aller chercher la croissance avec les dents, dixième après dixième, parce que cela ne tombera pas du ciel. Et c'est à cela que l'on travaille.
Q- Problème social, problème économique, problème politique aussi avec votre ami... N. Sarkozy, qui, décidément, même quand il est président de l'UMP, continue à vous donner du fil à retordre. Ce matin, dans Le Figaro, il réitère ses choix sur les primaires, la Turquie, la réduction des déficits...
R- ... La baisse des déficits financée par les économies, mais ça, je pense que l'on est tous d'accord. Qui peut penser les choses autrement ? Depuis deux ans et demi, c'est que nous avons fait.
Q- N. Sarkozy exagère ?
R- Sur quoi ?
Q- Quand il est en contradiction avec vos propositions, à la fois sur les primaires, sur la Turquie, sur les impôts...
R- Sur les impôts, nous sommes exactement sur cette ligne, personne n'imagine de financer les baisses d'impôts sur du déficit supplémentaire...
Q- Qu'est-ce que vous lui dites ? Que ça va continuer ?
R- De ce point de vue, vous comprenez que je n'ai pas de conseil à donner à qui que ce soit, ce ne serait pas du tout ma posture. Je crois que cette année 2005 a une particularité : c'est qu'elle se fait dans un cadre, c'est que nous avons un rendez-vous européen absolument majeur. D'ailleurs, tout ce que l'on fait depuis deux ans et demi, c'est pour que la France soit arrimée à l'Europe. Et effectivement, de ce point de vue, il y a un rendez-vous majeur qui est celui du "oui" à la Constitution européenne.
Q- Et de votre point de vue, faire voter les militants de l'UMP, une nouvelle fois, alors qu'ils l'ont déjà fait sur la Turquie, cela vous semble-t-il opportun ?
R- Moi, j'ai pensé que "non" et j'ai eu l'occasion de le dire. Mais si je l'ai dit, c'est pour une raison simple. C'est que je crois qu'aujourd'hui, on doit conjuguer tous les talents pour une seule chose : gagner le référendum vers le "oui". Et cela veut dire tout simplement qu'il faut veiller à ce que l'on puisse donner à chacun l'esprit le plus clair possible, à éviter les amalgames avec des sujets qui n'ont pas de rapport avec la Constitution européenne. Il faut que les Français puissent voter en transparence, en en sérénité et en connaissance de cause. Notre pire ennemi finalement, c'est la désinformation sur l'Europe.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 janvier 2005)
R- De toute façon, c'est une semaine sociale qui est importante et que, bien entendu, on va tous suivre avec énormément d'attention, puisque quand un certain nombre de nos compatriotes descendent dans la rue, font grève, ils expriment un certain nombre de choses et il est tout à fait normal que l'on écoute ce message avec attention.
Q- Vous parlez "d'écouter avec attention". Prenons par exemple les fonctionnaires, qui vont défiler jeudi prochain. Le Premier ministre a dit à la fois comprendre leur inquiétude et, dans le même temps, le ministre de la Fonction publique leur promet de ne pas payer leurs jours de grève. Est-ce de bonne méthode ?
R- Ce sont deux choses différentes naturellement...
Q- C'est le bâton et la carotte ?
R- Non, dans un cas, il s'agit de poursuivre évidemment le dialogue, et de l'autre, bien entendu, de rappeler que la loi s'applique en toute circonstance. Mais le fait que vous preniez un exemple, celui des fonctionnaires, est une bonne opportunité de rappeler à chacun que dans cette semaine dite "sociale", il y a d'abord de très différentes catégories de revendications - il n'y a pas forcément des choses en commun entre la manifestation des internes, celle des postiers, celle des cheminots ou celle des fonctionnaires - et puis, d'autre part, de rappeler que derrière les banderoles, il y a des formations syndicales qui n'ont pas toutes les mêmes positions sur les différents sujets. On le voit bien, par exemple, sur le sujet des 35 heures. On le voit aussi sur la fonction publique.
Q- Vous espérez donc que la diversité ou les différences entre ces mouvements vont vous permettre de passer à travers les gouttes ?
R- Non, mais en tout cas, c'est une occasion de rappeler que chaque message doit être entendu. Celui de ceux qui font grève naturellement - et pour chacun des sujets que je viens d'évoquer, il a des interrogations mais il y a aussi des réponses - ; et puis il y a aussi des gens qui ne manifestent pas, ce que l'on appelle la "majorité silencieuse", [pour qui] il peut être légitime de souhaiter travailler plus pour gagner plus, si elle souhaite, ou qu'il y ait par exemple un service garanti dans les transports en commun. Ce sont autant de sujets qui sont respectables tout autant.
Q- Ca, ce sont les messages que vous allez écouter. Quels sont les messages du Gouvernement ? D'abord, message aux fonctionnaires, puisque vous êtes le ministre du Budget : vous dites qu'il n'y aura pas un centime de plus ?
R- Ah non, ce n'est pas ça que l'on dit, dites donc ! Là, vous allez un peu vite en besogne ! Je rappelle quand même qu'a été prévue, à la suite d'un dialogue très soutenu avec l'ensemble des formations syndicales, la revalorisation de l'équivalent d'un point sur l'ensemble de l'année, 0,5 d'abord en février, puis à nouveau 0,5 en novembre, premièrement. Deuxièmement, rappelez aussi que compte tenu des contraintes budgétaires qui sont les nôtres, compte tenu aussi du fait que l'on a constaté qu'il y avait quand même une progression très régulière du pouvoir d'achat ces dernières années, malgré les difficultés budgétaires, il y a un coup de pouce particulier pour les fonctionnaires les plus modestes, ceux qui sont au niveau du Smic et ceux qui sont dans ce que l'on appelle en "plafond de grade". Cela veut donc dire que derrière tout cela, un, une revalorisation pour l'ensemble des fonctionnaires, qui est certes modérée mais c'est la situation financière qui l'exige, pour l'ensemble des Français ; et puis d'autre part, un accent particulier sur ceux qui sont les plus modestes.
Q- Messages aux cheminots maintenant : si mercredi, la France est paralysée, leur dites-vous que dès lors, ils ne pourront éviter une loi sur le service minimum ?
R- D'abord, je voudrais dire qu'en ce qui concerne ce sujet, on a beaucoup avancé. Et je crois qu'il ne faut pas balayer cela d'un revers de main. Notamment, on a avancé par le dialogue, parce que la méthode qui a été proposée par le Gouvernement, comme d'ailleurs sur tous les sujets, c'est que quand on peut dialoguer, c'est mieux que de le faire par la contrainte, il faut mieux convaincre. Et de ce point de vue, l'accord qui a été passé avec la SNCF, il y a quelques semaines, est une démonstration assez remarquable de ce que l'on peut faire quand on veut justement faire des dispositifs préventifs par rapport à la grève dans les services publics. Et cela a vocation - c'est en tout cas ce que je souhaite - à faire bien sûr une tâche d'huile positive sur l'ensemble des services publics.
Q- Donc pas de loi sur le service minimum ?
R- Tant que l'on peut avancer par le dialogue et par la négociation, c'est mieux. La meilleure preuve est ce qui s'est passé à la SNCF, il y a quelques semaines, à travers la signature de cet accord. Donc les choses vont plutôt dans le bon sens. Ce qui n'empêche pas effectivement que l'on doit entendre les messages et aussi répondre à ces messages, ce que nous avons fait jusqu'à présent.
Q- Message aux postiers enfin : on dit dans les allées du Gouvernement, et on reproche beaucoup à la précédente direction de La Poste, pour les 35 heures, d'avoir embauché entre 20.000 et 30.000 salariés supplémentaires. Vous dites qu'il va falloir dégraisser La Poste, qu'il faut l'accepter ?
R- D'abord, je crois que c'est encore un des effets pervers des 35 heures. On a fait croire, avec les 35 heures, que l'on créait de l'emploi. En réalité, les grandes entreprises, et notamment publiques, ont, dans un premier temps, fait un zèle qui, finalement, doit être payé a posteriori. Et on le voit aujourd'hui. Quel est le problème de La Poste aujourd'hui ? C'est d'abord l'enjeu de sa modernisation. Comment faire pour que le service public soit assuré sur tout le territoire, alors même que les méthodes changent et que les pratiques changent. Eh bien, c'est à cela que doit s'atteler la direction de La Poste et cela doit se passer par des exemples très concrets. Je l'ai vécu à Meaux : nous avons eu un problème de restructuration, qui s'est traduit par finalement une convention avec les élus et donc l'assurance d'un service public maintenu. Cette modernisation doit se faire sur tout le territoire.
Q- Avez-vous peur que la manifestation du 5 février coagule à la fois le public, le privé et l'ensemble des revendications, avec pour banderoles les 35 heures, mais beaucoup d'autres revendications ?
R- Je ne le souhaite pas...
Q- Autrement dit, est-ce que vous redoutez "1995" ?
R- Personne n'est dans cette configuration, à l'heure où je vous parle. Mais c'est surtout que les temps ont changé. Nous le voyons bien : dix ans après, je crois que les mentalités ont évolué. Chacun prend bien conscience que si un certain nombre de décisions de réforme et de modernisation ne sont pas prises aujourd'hui, alors c'est le service public qui en sera la première victime. Et donc les usagers. On le voit bien, par exemple, à travers les 35 heures, où de très nombreuses enquêtes d'opinion montrent que les gens veulent, pour beaucoup d'entre eux, pouvoir travailler plus pour gagner plus, dans un avenir qui est toujours un peu incertain pour chacun d'entre nous. Quant à la modernisation du service public, il y aussi la majorité silencieuse, qui est tout à fait légitime à espérer un service public de qualité et qui a bien conscience que cela exige des modernisations. Donc on y travaille ensemble. La seule chose, c'est que c'est toujours mieux de le faire en dialoguant qu'en s'invectivant.
Q- Faut-il croire à la baisse des impôts qu'a promis le chef de l'Etat pour 2006 et 2007 ? Je vous pose la question parce que vous êtes responsable du budget : comment allez-vous faire ?
R- On va tout simplement le faire selon la ligne qui a été fixée par le président de la République...
Q- Mais comment réduire les impôts, réduire les déficits, avoir des dépenses supplémentaires avec les grands projets ?
R- L'idée est assez simple : il n'est pas question de baisser les impôts en les finançant par plus de déficits. Il est question de le faire, naturellement, en le gageant par des économies. Mais je voudrais rappeler que la baisse de l'impôt...
Q- Il faut beaucoup d'économies, surtout si la croissance n'est pas au rendez-vous !
R- ... Mais dites-moi, depuis 2002, nous avons eu très peu de croissance et, pour autant, nous avons fait une baisse des impôts considérable, qui a été d'ailleurs un élément majeur pour soutenir la consommation, pour soutenir l'investissement et pour soutenir les exportations. Moyennant quoi, on a aujourd'hui un taux de croissance qui est au-dessus de la moyenne de la zone euro.
Q- Pouvez-vous nous donner des proportions pour 2006 et 2007 ?
R- Non, pour une raison simple : nous sommes le 17 janvier. Jamais on a autant parlé de budget à une période aussi prématurée de l'année. Cela veut dire qu'avec H. Gaymard, on est en train de mettre en place une politique de finances publiques beaucoup plus en avance que d'habitude, plutôt que de la décider dans l'urgence. Mais nous reparlerons à chaque étape de ce que nous ferons. La seule chose que je peux vous dire, c'est que l'engagement de la baisse des impôts est un élément majeur de soutien à la politique économique, pour aller chercher la croissance avec les dents, dixième après dixième, parce que cela ne tombera pas du ciel. Et c'est à cela que l'on travaille.
Q- Problème social, problème économique, problème politique aussi avec votre ami... N. Sarkozy, qui, décidément, même quand il est président de l'UMP, continue à vous donner du fil à retordre. Ce matin, dans Le Figaro, il réitère ses choix sur les primaires, la Turquie, la réduction des déficits...
R- ... La baisse des déficits financée par les économies, mais ça, je pense que l'on est tous d'accord. Qui peut penser les choses autrement ? Depuis deux ans et demi, c'est que nous avons fait.
Q- N. Sarkozy exagère ?
R- Sur quoi ?
Q- Quand il est en contradiction avec vos propositions, à la fois sur les primaires, sur la Turquie, sur les impôts...
R- Sur les impôts, nous sommes exactement sur cette ligne, personne n'imagine de financer les baisses d'impôts sur du déficit supplémentaire...
Q- Qu'est-ce que vous lui dites ? Que ça va continuer ?
R- De ce point de vue, vous comprenez que je n'ai pas de conseil à donner à qui que ce soit, ce ne serait pas du tout ma posture. Je crois que cette année 2005 a une particularité : c'est qu'elle se fait dans un cadre, c'est que nous avons un rendez-vous européen absolument majeur. D'ailleurs, tout ce que l'on fait depuis deux ans et demi, c'est pour que la France soit arrimée à l'Europe. Et effectivement, de ce point de vue, il y a un rendez-vous majeur qui est celui du "oui" à la Constitution européenne.
Q- Et de votre point de vue, faire voter les militants de l'UMP, une nouvelle fois, alors qu'ils l'ont déjà fait sur la Turquie, cela vous semble-t-il opportun ?
R- Moi, j'ai pensé que "non" et j'ai eu l'occasion de le dire. Mais si je l'ai dit, c'est pour une raison simple. C'est que je crois qu'aujourd'hui, on doit conjuguer tous les talents pour une seule chose : gagner le référendum vers le "oui". Et cela veut dire tout simplement qu'il faut veiller à ce que l'on puisse donner à chacun l'esprit le plus clair possible, à éviter les amalgames avec des sujets qui n'ont pas de rapport avec la Constitution européenne. Il faut que les Français puissent voter en transparence, en en sérénité et en connaissance de cause. Notre pire ennemi finalement, c'est la désinformation sur l'Europe.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 janvier 2005)