Texte intégral
Monsieur le député-maire de Saint-Raphaël,
Monsieur l'attaché de défense de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique en France,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Je m'adresserai tout d'abord à l'ensemble des anciens combattants venus aujourd'hui si nombreux, et souvent de si loin, pour célébrer ce temps fort de leur passé, de notre histoire. Je suis à la fois fière et honorée que le Président de la République et le Premier ministre m'aient demandé de présider cette cérémonie dont le sens profond est chargé d'émotion.
Tous mes déplacements comme ministre de l'Outre-Mer, dans nos départements et collectivités commencent par un temps de recueillement au monument aux morts. Ce n'est pas dans un souci de protocole, mais pour célébrer la mémoire de ceux qui, souvent sans connaître au préalable la France métropolitaine, ont quitté leurs foyers pour libérer la Patrie et sauver la liberté.
Cette cérémonie, il nous faut la replacer ce matin dans le contexte historique d'événements désormais lointains mais qui doivent demeurer présents dans nos mémoires et dans nos curs.
350 000 hommes dont 260 000 français participent à l'opération " Anvil-Dragoon ", cette seconde vague libératrice lancée sur les côtes de France après le débarquement du 6 juin 1944, en Normandie.
Varoise d'adoption, je sais que des lieux enchanteurs comme celui où nous nous trouvons aujourd'hui, mais aussi Cavalaire, Saint-Tropez ou Hyères, ont été, le 15 août 1944, le théâtre d'actes héroïques. En attendant la délivrance, les populations civiles ont intensément souffert, évacuées vers l'intérieur dans des conditions précaires ou écrasées sous les bombardements, particulièrement à Marseille ou Toulon.
Sur ces côtes provençales aussi, la résistance intérieure a fourni aux armées alliées un appui inappréciable aux prix de cruels sacrifices.
Ici même, au Dramont, c'est la 36ème division d'infanterie américaine qui débarque et livre de durs combats pour libérer Saint-Raphaël et Fréjus. Le monument érigé sur cette esplanade rappelle que la 36ème a poursuivi les combats jusqu'en Autriche et à la victoire finale.
A cette opération qui associe les forces de nos alliés, l'armée française apporte une contribution déterminante. Au Dramont même, débarque les 15 et 16 août la 1ère division blindée partie intégrante de l'armée d'Afrique, cette 1ère armée qui se couvrira de gloire sous les ordres du général de Lattre de Tassigny.
Cette présence française assure la place de notre pays au rang des vainqueurs. Elle est le fruit de la résistance et de la volonté.
Après l'effondrement des armées de la République, en juin 1940, c'est autour du général de Gaulle que se dresse la résistance, symbole de l'honneur. Ses compagnons de la 1ère heure refusent d'accepter la défaite. Et c'est outre-mer, que la France libre trouve sa légitimité.
Ce qui unit les premiers Français libres, c'est le refus d'abdiquer. Les ralliements au général de Gaulle, depuis le Pacifique ou le Tchad jusqu'aux Antilles et les combats légendaires de Koufra, Mourzouk, Bir-Hakeim ou du Fezzan, fondent cette nouvelle épopée.
Les premiers soldats à répondre à l'appel du général de Gaulle y écrivent une page de gloire : aviateurs, marins, légionnaires, troupes du Pacifique ou d'Afrique équatoriale évadés de France ou volontaires féminines. Les hommes du général Leclerc ou de Knig et les marins des corvettes des forces navales françaises libres entrent dans la légende.
A la suite du débarquement au Maroc et en Algérie, ils sont rejoints par les divisions de l'armée d'Afrique, chasseurs, zouaves, spahis, tirailleurs, goumiers et tabors. Les combats de Tunisie, l'engagement du corps expéditionnaire français en Italie, sous le commandement du général Juin, avec les victoires éclatantes de Cassino et du Belvédère, la libération du premier département métropolitain, la Corse, sont autant de faits glorieux.
Ce renouveau est venu de ce que l'on appelait alors l'Empire français. L'occupation par l'ennemi de ces territoires aurait pu mettre en péril la cause alliée. La présence de sous-marins nazis à Douala, Dakar ou Casablanca aurait fait peser une menace intolérable sur la route du Cap. Au contraire, les points d'appui stratégiques offerts aux Alliés en Afrique ont pour les démocraties une influence décisive sur la conduite de la bataille.
En Afrique également, la France combattante trouve ses deux capitales de guerre successives, Brazzaville puis Alger. D'ailleurs, la station de radio de Brazzaville demeure longtemps le seul poste français par lequel la France libre s'exprime et entretient la ferveur patriotique.
De même que la résistance intérieure, la France libre développe dans les territoires qui lui sont ralliés, un esprit, une âme.
En dépit des diversités d'origines, de cultures, de langues et de croyances, en dépit des négligences, des incohérences, des erreurs, voire même des injustices de l'ancienne politique coloniale, la France combattante exalte ce qu'il y a de plus profond, une histoire, une conception de l'homme et de la vie, un humanisme qui animent populations et combattants. Leur sacrifice personnel bâtit la richesse collective que constitue l'idéal républicain.
Les populations d'outre-mer apportent alors le témoignage suprême de leur appartenance consciente à cet idéal en venant défendre la République au péril de leur vie, comme cela avait déjà été le cas en 1914-18.
Il y a quelques mois lors d'un déplacement officiel à Verdun, je me suis rendue à la nécropole de Douaumont honorer la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la France et plus particulièrement nos compatriotes d'outre-mer tombés en 1916. J'avais alors noté que parmi les blasons des villes ayant contribué à l'édification de l'ossuaire se trouve celui de Dakar. Et parmi les tombes, on lit toutes les populations d'outre-mer.
Après juin 1940, l'engagement des populations d'outre-mer a, peut-être, plus de mérite encore puisqu'alors la France apparaît non plus avec son appareil de puissance et de richesse mais seulement avec son âme incarnée dans le général de Gaulle et la Résistance.
Que soient tout particulièrement honorés ceux qui, en dépit des désastres, alors que la France était abattue et sans force, gardèrent confiance. L'élan qui les a conduit se poursuit dans les solidarités d'aujourd'hui.
Le général de Gaulle avait, dès ces années, pressenti les évolutions inéluctables. Réunie début 1944, la conférence de Brazzaville prend en compte la dette de gratitude envers les populations des territoires ralliés qui contribuent à l'effort militaire. Elle met sur pied un programme de recommandation tendant à leur donner une personnalité politique et économique distincte : assemblées représentatives, décentralisation administrative, élection des députés, développement économique, politique sociale, éducation
Apparus outre-mer en ces temps troublés, de nouveaux organismes se consacrent au développement, telle la Caisse centrale de la France libre, aujourd'hui l'Agence française de développement (AFD) ou encore à la recherche scientifique, d'ailleurs encouragée par la résistance intérieure, tel l'ORSTOM, devenu l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
Brazzaville et ses suites ouvrent de nouvelles perspectives aux relations entre la France et l'Afrique francophone. Celles-ci trouvent ainsi une part de leurs racines dans l'envol magnifique des troupes qui portèrent la liberté du Lac Tchad, aux côtes provençales et jusqu'au Rhin et au Danube.
Qu'il soit enfin permis au ministre de l'Outre-Mer de rappeler l'effort accompli par les originaires de nos actuels départements et collectivités d'outre-mer pour la libération du territoire national. C'est que l'attachement qui unit ces terres à la Nation française est ancien, solide, confiant, loyal et constructeur. Il s'est forgé sur les bancs de l'école, dans les valeurs républicaines et dans les liens du sang. Le 15 août 1945, les unités dans lesquelles étaient engagés les originaires d'outre-mer appartenaient pour l'essentiel à la 1ère division française libre (1ère DFL), débarquée à la Croix-Valmer :
le Bataillon du Pacifique, composé de Tahitiens, de Calédoniens et de Wallisiens s'est illustré à Hyères ;
le Bataillon de Marche des Antilles a été parmi les premières unités débarquées à Cavalaire ;
les Saint-Pierrais et Miquelonnais incorporés dans le Génie ont été engagés dès Cogolin ;
d'autres, des Guyanais, des Réunionnais, ont participé aux opérations au sein de diverses unités (DCA, fusiliers marins, équipages de la Marine Nationale ).
Ces hommes prennent avec la 1ère DFL une part active à la libération de Toulon, de Marseille puis du reste de la France.
Ma présence à ces cérémonies contribue à l'hommage rendu aux anciens combattants de la France d'outre-mer. Le souvenir de l'engagement de nos compatriotes d'outre-mer pour la libération de la France est en effet un élément essentiel du lien affectif qui unit leurs départements et collectivités à la Patrie.
J'ai d'ailleurs décidé de prolonger l'action de mémoire entreprise par un hommage à Félix Éboué, haut-fonctionnaire né en Guyane, français libre de la première heure, gouverneur-général de l'AEF, condamné à mort par le régime de Vichy et décédé en mai 1944, épuisé par son engagement total dans la lutte pour la liberté. Je souhaite donner un retentissement tout particulier à cet événement de nature à nous rassembler tous dans un sentiment de fierté de notre histoire autour d'un personnage éminent de la République dont les cendres reposent au Panthéon. Ainsi que l'écrivait le général de Gaulle, " cet homme d'intelligence, de cur, ce Noir ardemment français, ce philosophe humaniste répugnait de tout son être à la soumission de la France et au triomphe du racisme nazi (). Félix Éboué, grand Français, grand Africain, est mort à force de servir. Mais voici qu'il est entré dans le génie même de la France ".
Les hommes de la trampe d'Éboué, les compagnons de la France libre, les soldats de la France combattante se sont engagés pour la défense d'une culture large, généreuse qui élève les consciences, exalte le sentiment de dignité humaine, qui ignore les préjugés.
Aujourd'hui, dans la paix, il nous appartient de maintenir le souvenir de ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté. Devant ce monument, souvenons-nous des mots de l'écrivain Roland Dorgelès : " nos morts ne mourront pas aussi longtemps que nous penserons à eux ". C'est là le sens profond de cette cérémonie qui nous unit dans un sentiment de gratitude et de fraternité.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 16 août 2004)
Monsieur l'attaché de défense de l'Ambassade des Etats-Unis d'Amérique en France,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Je m'adresserai tout d'abord à l'ensemble des anciens combattants venus aujourd'hui si nombreux, et souvent de si loin, pour célébrer ce temps fort de leur passé, de notre histoire. Je suis à la fois fière et honorée que le Président de la République et le Premier ministre m'aient demandé de présider cette cérémonie dont le sens profond est chargé d'émotion.
Tous mes déplacements comme ministre de l'Outre-Mer, dans nos départements et collectivités commencent par un temps de recueillement au monument aux morts. Ce n'est pas dans un souci de protocole, mais pour célébrer la mémoire de ceux qui, souvent sans connaître au préalable la France métropolitaine, ont quitté leurs foyers pour libérer la Patrie et sauver la liberté.
Cette cérémonie, il nous faut la replacer ce matin dans le contexte historique d'événements désormais lointains mais qui doivent demeurer présents dans nos mémoires et dans nos curs.
350 000 hommes dont 260 000 français participent à l'opération " Anvil-Dragoon ", cette seconde vague libératrice lancée sur les côtes de France après le débarquement du 6 juin 1944, en Normandie.
Varoise d'adoption, je sais que des lieux enchanteurs comme celui où nous nous trouvons aujourd'hui, mais aussi Cavalaire, Saint-Tropez ou Hyères, ont été, le 15 août 1944, le théâtre d'actes héroïques. En attendant la délivrance, les populations civiles ont intensément souffert, évacuées vers l'intérieur dans des conditions précaires ou écrasées sous les bombardements, particulièrement à Marseille ou Toulon.
Sur ces côtes provençales aussi, la résistance intérieure a fourni aux armées alliées un appui inappréciable aux prix de cruels sacrifices.
Ici même, au Dramont, c'est la 36ème division d'infanterie américaine qui débarque et livre de durs combats pour libérer Saint-Raphaël et Fréjus. Le monument érigé sur cette esplanade rappelle que la 36ème a poursuivi les combats jusqu'en Autriche et à la victoire finale.
A cette opération qui associe les forces de nos alliés, l'armée française apporte une contribution déterminante. Au Dramont même, débarque les 15 et 16 août la 1ère division blindée partie intégrante de l'armée d'Afrique, cette 1ère armée qui se couvrira de gloire sous les ordres du général de Lattre de Tassigny.
Cette présence française assure la place de notre pays au rang des vainqueurs. Elle est le fruit de la résistance et de la volonté.
Après l'effondrement des armées de la République, en juin 1940, c'est autour du général de Gaulle que se dresse la résistance, symbole de l'honneur. Ses compagnons de la 1ère heure refusent d'accepter la défaite. Et c'est outre-mer, que la France libre trouve sa légitimité.
Ce qui unit les premiers Français libres, c'est le refus d'abdiquer. Les ralliements au général de Gaulle, depuis le Pacifique ou le Tchad jusqu'aux Antilles et les combats légendaires de Koufra, Mourzouk, Bir-Hakeim ou du Fezzan, fondent cette nouvelle épopée.
Les premiers soldats à répondre à l'appel du général de Gaulle y écrivent une page de gloire : aviateurs, marins, légionnaires, troupes du Pacifique ou d'Afrique équatoriale évadés de France ou volontaires féminines. Les hommes du général Leclerc ou de Knig et les marins des corvettes des forces navales françaises libres entrent dans la légende.
A la suite du débarquement au Maroc et en Algérie, ils sont rejoints par les divisions de l'armée d'Afrique, chasseurs, zouaves, spahis, tirailleurs, goumiers et tabors. Les combats de Tunisie, l'engagement du corps expéditionnaire français en Italie, sous le commandement du général Juin, avec les victoires éclatantes de Cassino et du Belvédère, la libération du premier département métropolitain, la Corse, sont autant de faits glorieux.
Ce renouveau est venu de ce que l'on appelait alors l'Empire français. L'occupation par l'ennemi de ces territoires aurait pu mettre en péril la cause alliée. La présence de sous-marins nazis à Douala, Dakar ou Casablanca aurait fait peser une menace intolérable sur la route du Cap. Au contraire, les points d'appui stratégiques offerts aux Alliés en Afrique ont pour les démocraties une influence décisive sur la conduite de la bataille.
En Afrique également, la France combattante trouve ses deux capitales de guerre successives, Brazzaville puis Alger. D'ailleurs, la station de radio de Brazzaville demeure longtemps le seul poste français par lequel la France libre s'exprime et entretient la ferveur patriotique.
De même que la résistance intérieure, la France libre développe dans les territoires qui lui sont ralliés, un esprit, une âme.
En dépit des diversités d'origines, de cultures, de langues et de croyances, en dépit des négligences, des incohérences, des erreurs, voire même des injustices de l'ancienne politique coloniale, la France combattante exalte ce qu'il y a de plus profond, une histoire, une conception de l'homme et de la vie, un humanisme qui animent populations et combattants. Leur sacrifice personnel bâtit la richesse collective que constitue l'idéal républicain.
Les populations d'outre-mer apportent alors le témoignage suprême de leur appartenance consciente à cet idéal en venant défendre la République au péril de leur vie, comme cela avait déjà été le cas en 1914-18.
Il y a quelques mois lors d'un déplacement officiel à Verdun, je me suis rendue à la nécropole de Douaumont honorer la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie pour la France et plus particulièrement nos compatriotes d'outre-mer tombés en 1916. J'avais alors noté que parmi les blasons des villes ayant contribué à l'édification de l'ossuaire se trouve celui de Dakar. Et parmi les tombes, on lit toutes les populations d'outre-mer.
Après juin 1940, l'engagement des populations d'outre-mer a, peut-être, plus de mérite encore puisqu'alors la France apparaît non plus avec son appareil de puissance et de richesse mais seulement avec son âme incarnée dans le général de Gaulle et la Résistance.
Que soient tout particulièrement honorés ceux qui, en dépit des désastres, alors que la France était abattue et sans force, gardèrent confiance. L'élan qui les a conduit se poursuit dans les solidarités d'aujourd'hui.
Le général de Gaulle avait, dès ces années, pressenti les évolutions inéluctables. Réunie début 1944, la conférence de Brazzaville prend en compte la dette de gratitude envers les populations des territoires ralliés qui contribuent à l'effort militaire. Elle met sur pied un programme de recommandation tendant à leur donner une personnalité politique et économique distincte : assemblées représentatives, décentralisation administrative, élection des députés, développement économique, politique sociale, éducation
Apparus outre-mer en ces temps troublés, de nouveaux organismes se consacrent au développement, telle la Caisse centrale de la France libre, aujourd'hui l'Agence française de développement (AFD) ou encore à la recherche scientifique, d'ailleurs encouragée par la résistance intérieure, tel l'ORSTOM, devenu l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
Brazzaville et ses suites ouvrent de nouvelles perspectives aux relations entre la France et l'Afrique francophone. Celles-ci trouvent ainsi une part de leurs racines dans l'envol magnifique des troupes qui portèrent la liberté du Lac Tchad, aux côtes provençales et jusqu'au Rhin et au Danube.
Qu'il soit enfin permis au ministre de l'Outre-Mer de rappeler l'effort accompli par les originaires de nos actuels départements et collectivités d'outre-mer pour la libération du territoire national. C'est que l'attachement qui unit ces terres à la Nation française est ancien, solide, confiant, loyal et constructeur. Il s'est forgé sur les bancs de l'école, dans les valeurs républicaines et dans les liens du sang. Le 15 août 1945, les unités dans lesquelles étaient engagés les originaires d'outre-mer appartenaient pour l'essentiel à la 1ère division française libre (1ère DFL), débarquée à la Croix-Valmer :
le Bataillon du Pacifique, composé de Tahitiens, de Calédoniens et de Wallisiens s'est illustré à Hyères ;
le Bataillon de Marche des Antilles a été parmi les premières unités débarquées à Cavalaire ;
les Saint-Pierrais et Miquelonnais incorporés dans le Génie ont été engagés dès Cogolin ;
d'autres, des Guyanais, des Réunionnais, ont participé aux opérations au sein de diverses unités (DCA, fusiliers marins, équipages de la Marine Nationale ).
Ces hommes prennent avec la 1ère DFL une part active à la libération de Toulon, de Marseille puis du reste de la France.
Ma présence à ces cérémonies contribue à l'hommage rendu aux anciens combattants de la France d'outre-mer. Le souvenir de l'engagement de nos compatriotes d'outre-mer pour la libération de la France est en effet un élément essentiel du lien affectif qui unit leurs départements et collectivités à la Patrie.
J'ai d'ailleurs décidé de prolonger l'action de mémoire entreprise par un hommage à Félix Éboué, haut-fonctionnaire né en Guyane, français libre de la première heure, gouverneur-général de l'AEF, condamné à mort par le régime de Vichy et décédé en mai 1944, épuisé par son engagement total dans la lutte pour la liberté. Je souhaite donner un retentissement tout particulier à cet événement de nature à nous rassembler tous dans un sentiment de fierté de notre histoire autour d'un personnage éminent de la République dont les cendres reposent au Panthéon. Ainsi que l'écrivait le général de Gaulle, " cet homme d'intelligence, de cur, ce Noir ardemment français, ce philosophe humaniste répugnait de tout son être à la soumission de la France et au triomphe du racisme nazi (). Félix Éboué, grand Français, grand Africain, est mort à force de servir. Mais voici qu'il est entré dans le génie même de la France ".
Les hommes de la trampe d'Éboué, les compagnons de la France libre, les soldats de la France combattante se sont engagés pour la défense d'une culture large, généreuse qui élève les consciences, exalte le sentiment de dignité humaine, qui ignore les préjugés.
Aujourd'hui, dans la paix, il nous appartient de maintenir le souvenir de ceux qui se sont sacrifiés pour la liberté. Devant ce monument, souvenons-nous des mots de l'écrivain Roland Dorgelès : " nos morts ne mourront pas aussi longtemps que nous penserons à eux ". C'est là le sens profond de cette cérémonie qui nous unit dans un sentiment de gratitude et de fraternité.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 16 août 2004)