Texte intégral
Q - Qu'attendez-vous d'une telle conférence ?
R - La France attend beaucoup de cette Conférence, c'est la raison pour laquelle le Président Chirac m'a demandé de représenter notre pays ici à Stockholm dans la mesure où nous sommes convaincus de la nécessité d'anticiper davantage sur le déclenchement des massacres, type génocides, et également de faire en sorte que les décisions puissent être prises plus rapidement, lorsque c'est nécessaire, par l'Organisation des Nations unies.
Q - Quels sont les plus grands écueils aujourd'hui dans l'Organisation des Nations unies ?
R - Je crois que l'écueil aujourd'hui, c'est la difficulté pour la communauté internationale de se décider à intervenir lorsqu'elle a le sentiment qu'il y a un dérapage très significatif dans un pays donné. Et ce qui est important aussi de rappeler à l'occasion de cette Conférence, ce sont les progrès que constitue la Cour pénale internationale (CPI), qui est quand même une institution dissuasive puisque, pour la première fois, un tribunal permanent susceptible de juger ceux qui ont provoqué des génocides est en place. Il nous permettra, je pense, de faire peur en quelque sorte, et donc de dissuader. Je crois qu'il est également important que dans chaque pays, il y ait une attitude ferme par rapport au racisme et à l'antisémitisme, au retour d'attitudes racistes. C'est le cas de la France et à cet égard, j'ai donné des instructions très fermes aux procureurs pour qu'ils poursuivent systématiquement toute déclaration ou tout acte raciste ou antisémite. Et enfin, je crois qu'il nous faut aussi être très attentifs à la situation des victimes, c'est un point important. La France avait été très insistante pour que dans le Statut de Rome mettant en place la CPI, il y ait une attention particulière faite aux victimes et une place qui leur soit réservée dans la procédure pénale. Il faut aussi que nous mettions en place des dispositifs efficaces d'indemnisation.
Q - Question sur l'identification des génocides : en théorie, un génocide est avéré quand il est un génocide ?
R - On peut passer insensiblement d'exécutions sommaires et massives au génocide, et ce qui compte, c'est d'arrêter les choses avant même qu'il y ait génocide.
Q - N'en est-on toujours pas, quinze, vingt ans après, à ce problème d'ingérence, devoir ou droit d'ingérence ?
R - Lorsque la communauté internationale intervient dans un pays pour empêcher que soit perpétré un génocide, c'est objectivement une ingérence, mais c'est une ingérence au nom de la défense de l'humanité, et je crois que c'est une forme de progrès de la société. Je pense que nous sommes engagés avec la CPI, comme il y a quelques années avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans un phénomène progressif, sans doute lent, mais je crois indispensable, de mise en place d'éléments de gouvernance mondiale. Je crois beaucoup à la nécessité de mettre en place des éléments de gouvernance mondiale pour faire face à cette globalisation qui, par ailleurs, se développe d'une manière très rapide.
Q - Une dernière question plus spécifique () Pensez-vous que la Shoah est particulière ou y a-t-il des génocides dont la Shoah par exemple pourrait être l'expression ?
R - La Shoah, je pense, est pour nous tous - compte tenu de l'ampleur et du caractère incroyablement provocateur du phénomène, puisqu'il a été revendiqué, organisé sciemment par un pays qui avait eu par ailleurs une tradition démocratique - sur le plan emblématique, le génocide absolu si je puis dire. Donc, c'est pour nous incontestablement, l'élément de dissuasion, de prise de conscience, fondamental.
Merci
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2004)
R - La France attend beaucoup de cette Conférence, c'est la raison pour laquelle le Président Chirac m'a demandé de représenter notre pays ici à Stockholm dans la mesure où nous sommes convaincus de la nécessité d'anticiper davantage sur le déclenchement des massacres, type génocides, et également de faire en sorte que les décisions puissent être prises plus rapidement, lorsque c'est nécessaire, par l'Organisation des Nations unies.
Q - Quels sont les plus grands écueils aujourd'hui dans l'Organisation des Nations unies ?
R - Je crois que l'écueil aujourd'hui, c'est la difficulté pour la communauté internationale de se décider à intervenir lorsqu'elle a le sentiment qu'il y a un dérapage très significatif dans un pays donné. Et ce qui est important aussi de rappeler à l'occasion de cette Conférence, ce sont les progrès que constitue la Cour pénale internationale (CPI), qui est quand même une institution dissuasive puisque, pour la première fois, un tribunal permanent susceptible de juger ceux qui ont provoqué des génocides est en place. Il nous permettra, je pense, de faire peur en quelque sorte, et donc de dissuader. Je crois qu'il est également important que dans chaque pays, il y ait une attitude ferme par rapport au racisme et à l'antisémitisme, au retour d'attitudes racistes. C'est le cas de la France et à cet égard, j'ai donné des instructions très fermes aux procureurs pour qu'ils poursuivent systématiquement toute déclaration ou tout acte raciste ou antisémite. Et enfin, je crois qu'il nous faut aussi être très attentifs à la situation des victimes, c'est un point important. La France avait été très insistante pour que dans le Statut de Rome mettant en place la CPI, il y ait une attention particulière faite aux victimes et une place qui leur soit réservée dans la procédure pénale. Il faut aussi que nous mettions en place des dispositifs efficaces d'indemnisation.
Q - Question sur l'identification des génocides : en théorie, un génocide est avéré quand il est un génocide ?
R - On peut passer insensiblement d'exécutions sommaires et massives au génocide, et ce qui compte, c'est d'arrêter les choses avant même qu'il y ait génocide.
Q - N'en est-on toujours pas, quinze, vingt ans après, à ce problème d'ingérence, devoir ou droit d'ingérence ?
R - Lorsque la communauté internationale intervient dans un pays pour empêcher que soit perpétré un génocide, c'est objectivement une ingérence, mais c'est une ingérence au nom de la défense de l'humanité, et je crois que c'est une forme de progrès de la société. Je pense que nous sommes engagés avec la CPI, comme il y a quelques années avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dans un phénomène progressif, sans doute lent, mais je crois indispensable, de mise en place d'éléments de gouvernance mondiale. Je crois beaucoup à la nécessité de mettre en place des éléments de gouvernance mondiale pour faire face à cette globalisation qui, par ailleurs, se développe d'une manière très rapide.
Q - Une dernière question plus spécifique () Pensez-vous que la Shoah est particulière ou y a-t-il des génocides dont la Shoah par exemple pourrait être l'expression ?
R - La Shoah, je pense, est pour nous tous - compte tenu de l'ampleur et du caractère incroyablement provocateur du phénomène, puisqu'il a été revendiqué, organisé sciemment par un pays qui avait eu par ailleurs une tradition démocratique - sur le plan emblématique, le génocide absolu si je puis dire. Donc, c'est pour nous incontestablement, l'élément de dissuasion, de prise de conscience, fondamental.
Merci
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 janvier 2004)