Interview de M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur, dans "Les Echos" le 14 janvier 2004, sur le danger que peut représenter à long terme, à l'exportation, le niveau de l'euro pour les entreprises françaises et surtout les PME.

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Le niveau de l'euro inquiète Jean-Pierre Raffarin. En décembre, vous n'y voyiez pas de danger. Qu'est-ce qui a changé ?
Les perspectives conjoncturelles sont bonnes, la croissance française s'accélère et la prévision de progression du commerce mondial est de 6,5 % après une année de quasi-stagnation. Si l'on excepte les résultats de novembre, depuis mai les exportations françaises ont recommencé à croître. Mais cela a un prix. Les entreprises souffrent de la hausse de l'euro, et notamment les PME, moins habituées à se couvrir contre les risques de changes. Elles sont obligées de diminuer fortement leurs marges pour maintenir leurs prix et pour rester dans la course. Et elles ressentent plus durement la concurrence, en particulier des entreprises étrangères de la zone dollar, y compris sur le marché européen. Il est évident que cette situation ne peut pas durer éternellement. Le Premier ministre, comme auparavant les ministres des Finances de la zone euro, et les analystes de la Banque centrale européenne commencent à s'inquiéter.
Quel diagnostic portez-vous sur le commerce extérieur de l'ensemble de l'année 2003 ?
Après un premier semestre atypique, les exportations françaises ont progressé de 6,3 % au second semestre, en dépit du fléchissement de novembre. L'excédent commercial de l'année s'élèvera à environ 3 milliards d'euros. Nous avons été pénalisés en 2003 par notre positionnement géographique. Nous sommes moins présents que nos partenaires européens dans les zones en forte croissance. Nos entrepreneurs hésitent encore à exporter dans les zones lointaines, comme en Asie ou même dans les pays de l'élargissement qui se développent très rapidement. Nous devons rattraper notre retard, mais j'ai confiance. Nos exportations vers la Chine ont par exemple fortement augmenté en 2003, ainsi que vers les pays européens qui feront leur entrée dans l'Union en mai prochain.
Comment comptez-vous changer les mentalités des exportateurs ?
Nous devons aider les entreprises à aller sur ces marchés. En mai 2003, nous avons dressé une liste de 25 pays prioritaires, sur lesquels nous devons renforcer notre présence. Cinq plans d'action commerciale ont été adoptés en 2003 : les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Brésil et la Thaïlande. En 2004, nous en ferons dix supplémentaires et les compléterons par des actions de soutien en faveur de certains secteurs économiques.
Propos recueillis par Claude FOUQUET
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 janvier 2004)