Texte intégral
P. Manière-.Il a déjà été par deux fois l'invité du matin de BFM, c'est pourquoi je vous fais grâce d'un portrait complet, qu'il suffit de rappeler que ce brun aux yeux bleus de 39 ans, travailleur et volubile est énarque, marié et père de deux enfants, qu'il est un fidèle d'A . Juppé et de J. Chirac, qu'il est à la fois secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, porte-parole du Gouvernement et surtout, je dirais, tête de liste UMP pour les prochaines élections régionales en Ile-de-France. J.-F. Copé, bonjour.
- "Bonjour."
Q- Alors on va bien sûr parler des régionales, du climat au sein de la droite à l'approche de cette échéance importante. Mais avant, je voudrais vous interroger sur deux sujets nationaux, vous le comprendrez, en raison de l'actualité. D'abord F. Mer a clairement laisser entendre samedi que la CSG augmenterait sans doute, vous confirmez ?
R- "Non, absolument pas. Je redis à nouveau ce qui est la démarche du Premier ministre et du Gouvernement. Nous engageons maintenant une réforme vraiment de structure pour essayer de préserver et moderniser notre système d'Assurance maladie. Il n'est en rien question d'augmenter les prélèvements, il est question de faire les réformes qui s'imposent en profondeur et non pas de faire une réforme de conjoncture comme celle qui pourrait consister à augmenter tel ou tel impôt."
Q- Mais il y a des gens qui disent : une fois que la réforme sera faite, on pourrait solder le passé, c'est un peu ce que laissait entendre F. Mer, en augmentant la CSG disons pour apurer le déficit cumulé, ça c'est à exclure ?
R- "C'est d'autant plus à exclure que l'objectif de la réforme telle qu'elle est travaillée actuellement, en discussion avec les experts, les partenaires sociaux, c'est plutôt l'idée de dire que les réponses que nous apporterons in fine, ensemble, sont des réponses qui doivent permettre justement de ne pas avoir recours à une augmentation de prélèvements."
Q- J.-F. Copé, la reprise économique on l'attendait pour 2004. Elle a l'air un peu compromise quand même. Le chômage repart à la hausse, le dollar est très bas et les industriels disent que ça contrarie leurs plans, on peut espérer une bonne année 2004 encore ?
R- "Ah oui, je crois qu'il faut vraiment être très optimiste là-dessus. Si je le dis, c'est parce que je vois bien la batterie d'indicateurs économiques encourageants. Vous savez, il y a des choses qui méritent d'être regardées de près, je sais bien qu'en France on a un peu tendance à regarder toujours le verre à moitié vide, mais enfin après tout quand on y regarde de près, d'abord en ce qui concerne la croissance, on avait choisi une hypothèse de croissance assez prudente, 1,7, il semblerait aujourd'hui que ce soit un plancher plutôt qu'un plafond pour l'année 2004. Regardez le moral des acteurs économiques, et notamment le moral des industriels qui ne cesse de monter depuis juillet dernier, et on a atteint en janvier de cette année le plus haut niveau depuis mai 2001. Et enfin on voit que pour ce qui concerne le moral des PME, même chose, il s'améliore de manière très significative. Quant à la consommation, elle se maintient à un niveau tout à fait convenable dans une période encore d'incertitudes. Tout ça ce sont des indicateurs qui, si on y ajoute le nombre important de créations d'entreprises, laisse à penser que maintenant, vraiment, on est rentré dans une année 2004 très encourageante sur le plan économique."
Q- Mais la hausse du chômage, J.-F. Copé, c'est quand même ça qui intéresse les gens.
R- "Bien sûr, vous avez raison, c'est pour ça que vous ne me voyez pas crier victoire. Oui, il y a eu un mois qui était moins bon, le mois précédent en revanche était un peu meilleur. Le sentiment qui est le nôtre, et qui converge avec toutes les analyses que nous entendons ici et là, et les indicateurs qui viennent de partout, c'est plutôt qu'on va vers le meilleur. Donc il faut continuer de se battre. Nous en tout cas, nos réformes elles vont dans le même sens : baisse des prélèvements obligatoires, réformes de structures. L'idée c'est de préparer l'économie française au rendez-vous de la croissance."
Q- J.-F. Copé, A . Juppé a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis, plus dix ans d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêts. C'est évidemment une peine très dure pour un homme politique, mais compte tenu du déroulement du procès ce n'est pas complètement surprenant, ce qui l'est plus c'est qu'il fait appel et qu'il n'a pas encore annoncé qu'il se retirait de la vie publique alors qu'il avait dit auparavant que s'il était condamné à une peine dite infamante, c'est-à-dire précisément cette future inéligibilité, il se retirerait de la vie publique, qu'est-ce que vous pensez de ce revirement ?
R- "Non, je crois que ça ne doit pas être interprété ainsi. Vous savez, nous sommes dans un Etat de droit et il est tout à fait légitime et normal que chacun en conscience fasse appel, s'il le juge nécessaire, c'est ce qu'a fait A . Juppé. Et donc, il appartiendra à la Cour d'appel de reprendre l'ensemble de ce dossier et de se prononcer."
Q- Juste une indication, est-ce que ce sera A . Juppé qui présidera à partir de demain les commissions d'investiture de l'UMP, J.-F. Copé ?
R- "Là-dessus, je ne peux pas me prononcer à sa place, vous savez qu'il se prononcera demain sur cette question. La seule chose que je veux dire, c'est que vous savez, moi je fais partie d'une génération qui est entrée en politique par admiration pour naturellement J. Chirac, mais aussi A . Juppé par rapport à ce qu'il incarne, pour ma génération en terme de dimension personnelle, d'homme d'Etat, d'intégrité, d'exigences dans l'action, de courage, de courage politique. Tout ça c'est au cur de mon engagement, et toutes ces qualités je crois que l'UMP en a besoin et la France en a besoin."
Q- J.-F. Copé, les juges pensent qu'ils ont été écoutés, espionnés, que leur bureau a été visité, qu'on a exercé des pressions sur eux. C'était qui et pourquoi ?
R- "D'abord, moi je voudrais dire là-dessus que vous avez entendu la déclaration du Président de la République, comme celle du Premier ministre. Le Président de la République a très clairement indiqué que toute la lumière devait être faite sur cette affaire et que si ces faits devaient être avérés, il fallait qu'ils soient mis en lumière et, le cas échéant, donner lieu à poursuites, naturellement. D'où l'arsenal, à la fois d'un côté une information judiciaire à l'initiative du garde des Sceaux, une mission administrative d'enquête, indépendante, confiée aux plus hautes personnalités administratives de l'Etat, et puis enfin une mission d'information parlementaire. La seule chose moi qui m'a un peu surpris, mais je dis ça comme ça, c'est qu'on ait appris cela seulement aujourd'hui et que personne ne se soit exprimé sur ce sujet avant, car j'imagine que sur ces faits, il y avait sans doute des éléments avant même le prononcé du jugement. C'est la seule chose qui m'a un peu surpris. Mais pour le reste, sachez-le, le Président de la République a été très clair là-dessus et la détermination du Gouvernement est totale à faire en sorte que tous les éléments de cette affaire fassent l'objet désormais d'une enquête approfondie et, le cas échéant, de sanctions."
Q- Alors, on parle de la région Ile-de-France. Vous ne faites plus la course en tête, J.-F. Copé, même pas en tête à droite, puisqu'un sondage récent vous met derrière A. Santini. Vous avez dit que c'était sympa d'être le challenger, enfin tout de même ce n'est pas très confortable d'être derrière Huchon, est le candidat de la gauche unie, et puis derrière Santini qui est votre concurrent à droite.
R- "Non, je vais vous dire, je ne dis rien de tout ça parce qu'en réalité une campagne électorale, ça se fait surtout pas en regardant les sondages, sinon il faut tout de suite s'arrêter, il n'y a même plus besoin d'organiser les élections. Moi, je ne regarde pas les sondages ni d'ailleurs quand ils sont difficiles, ni quand ils sont bons, pour une raison simple : ce qui compte, c'est une dynamique de campagne."
Q- Mais vous pensez toujours gagner quand même ?
R- "Mais bien sûr. Ecoutez, moi j'ai confiance parce que qu'est-ce qui se passe depuis cinq ou six mois ? J'ai battu la campagne dans les huit départements d'Ile-de-France et je vois à travers tout cela de quoi bâtir un projet formidable pour la région. On va enfin imaginer une région qui soit à la fois juste pour tous, et ambitieuse, dans lequel on fixe clairement comme objectif une région qui soit la première en Europe pour l'accueil des entreprises, pour la création d'emplois, pour la recherche scientifique, pour l'innovation, pour le rayonnement culturel, autant de sujets sur lesquels jusqu'à présent nous avons une région présidée par un notable anonyme. Et moi je pense que demain ça doit être une personnalité qui soit capable d'être à l'heure au rendez-vous et de rattraper le temps perdu. Et tout ça, ça exige effectivement une politique de sécurité, de logements, de transports, vous savez que dans ce domaine, j'ai fait une proposition..."
Q- Alors justement, là ils montent tous les tarifs de carte orange à 45 euros, quelle que soit la zone, c'est une très forte baisse pour les grands banlieusards, même une petite baisse pour les Parisiens au passage. Mais vous ne dites pas comment vous la financez et J.-P. Huchon déclarait hier au Journal du Dimanche que c'était une démagogie, c'est le mot qu'il a utilisé parce que je cite : " Ces propositions ne sont pas réalisables sans une très forte hausse de la fiscalité ". Alors, si vous voulez augmenter les impôts, dites-le J.-F. Copé, c'est ça le programme ?
R- "Non, bien entendu, l'objectif c'est de le faire sans aucune augmentation d'impôt. Non mais le président sortant socialiste, il passe absolument son temps à parler de moi, donc ça c'est son droit le plus strict et généralement en mal ce qui est inutile. La réalité est beaucoup plus simple, cette mesure va être autofinancée de deux manières : d'une part, parce que ça va contribuer très massivement à baisser la fraude - parce qu'un taux plus bas et des renforcements des contrôles, ça va baisser la fraude de moitié pour environ 100 millions à peu près d'euros pour une mesure qui coûte au total 300 - et puis le reste, ça sera par l'augmentation du trafic voyageurs, de l'ordre de 15 %. Nous avons étudié ça avec des experts de la RATP et de la SNCF. Un dernier point là-dessus, c'est que tout cela n'a de sens que si dans le même temps nous modernisons notre service des transports. D'où un programme d'investissement massif pour refaire par exemple la ligne du RER B, qui est dans un état lamentable, pour faire des travaux beaucoup plus confortables et puis pour s'occuper aussi de mettre en place un service minimum."
Q- Deux - trois questions express pour terminer J.-F. Copé. Que faites-vous en quittant le studio de BFM dans un instant ?
R- "Eh bien je vais rencontrer un chef d'entreprise remarquable de ce qu'on a appelé " la nouvelle économie " et qui rebondit de manière assez extraordinaire. Je regarde très attentivement comment développer dans notre région parisienne l'attractivité de notre territoire avec des entreprises modernes qui créent de l'emploi."
Q- Question perso, votre tentation de Venise à vous, si vous deviez un jour arrêter la politique, vous iriez où ? Une plage brésilienne, un cloître en Toscane, un stage de formation du sumo au Japon ?
R- "Ecoutez, ô rien de tout cela. Je suis un fana de musique, mes tentations de Venise à moi sont très brèves et consistent essentiellement à jouer de la musique ou aller de temps en temps dans les bars où l'on joue du jazz, de la bossa. Chacun ses passions, celle-là c'est la mienne."
Q- Dernière question : votre pronostic pour la croissance en France en 2004, J.-F. Copé ?
R- "Ecoutez, moi je reste sur l'hypothèse que nous avons formulé pour bâtir notre budget 1,7%. Elle est réputée être un plancher, soyons, et nous le sommes très optimistes parce que je crois que maintenant, on va dans le bon sens que le plan économique."
(Source : premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 février 2004)
- "Bonjour."
Q- Alors on va bien sûr parler des régionales, du climat au sein de la droite à l'approche de cette échéance importante. Mais avant, je voudrais vous interroger sur deux sujets nationaux, vous le comprendrez, en raison de l'actualité. D'abord F. Mer a clairement laisser entendre samedi que la CSG augmenterait sans doute, vous confirmez ?
R- "Non, absolument pas. Je redis à nouveau ce qui est la démarche du Premier ministre et du Gouvernement. Nous engageons maintenant une réforme vraiment de structure pour essayer de préserver et moderniser notre système d'Assurance maladie. Il n'est en rien question d'augmenter les prélèvements, il est question de faire les réformes qui s'imposent en profondeur et non pas de faire une réforme de conjoncture comme celle qui pourrait consister à augmenter tel ou tel impôt."
Q- Mais il y a des gens qui disent : une fois que la réforme sera faite, on pourrait solder le passé, c'est un peu ce que laissait entendre F. Mer, en augmentant la CSG disons pour apurer le déficit cumulé, ça c'est à exclure ?
R- "C'est d'autant plus à exclure que l'objectif de la réforme telle qu'elle est travaillée actuellement, en discussion avec les experts, les partenaires sociaux, c'est plutôt l'idée de dire que les réponses que nous apporterons in fine, ensemble, sont des réponses qui doivent permettre justement de ne pas avoir recours à une augmentation de prélèvements."
Q- J.-F. Copé, la reprise économique on l'attendait pour 2004. Elle a l'air un peu compromise quand même. Le chômage repart à la hausse, le dollar est très bas et les industriels disent que ça contrarie leurs plans, on peut espérer une bonne année 2004 encore ?
R- "Ah oui, je crois qu'il faut vraiment être très optimiste là-dessus. Si je le dis, c'est parce que je vois bien la batterie d'indicateurs économiques encourageants. Vous savez, il y a des choses qui méritent d'être regardées de près, je sais bien qu'en France on a un peu tendance à regarder toujours le verre à moitié vide, mais enfin après tout quand on y regarde de près, d'abord en ce qui concerne la croissance, on avait choisi une hypothèse de croissance assez prudente, 1,7, il semblerait aujourd'hui que ce soit un plancher plutôt qu'un plafond pour l'année 2004. Regardez le moral des acteurs économiques, et notamment le moral des industriels qui ne cesse de monter depuis juillet dernier, et on a atteint en janvier de cette année le plus haut niveau depuis mai 2001. Et enfin on voit que pour ce qui concerne le moral des PME, même chose, il s'améliore de manière très significative. Quant à la consommation, elle se maintient à un niveau tout à fait convenable dans une période encore d'incertitudes. Tout ça ce sont des indicateurs qui, si on y ajoute le nombre important de créations d'entreprises, laisse à penser que maintenant, vraiment, on est rentré dans une année 2004 très encourageante sur le plan économique."
Q- Mais la hausse du chômage, J.-F. Copé, c'est quand même ça qui intéresse les gens.
R- "Bien sûr, vous avez raison, c'est pour ça que vous ne me voyez pas crier victoire. Oui, il y a eu un mois qui était moins bon, le mois précédent en revanche était un peu meilleur. Le sentiment qui est le nôtre, et qui converge avec toutes les analyses que nous entendons ici et là, et les indicateurs qui viennent de partout, c'est plutôt qu'on va vers le meilleur. Donc il faut continuer de se battre. Nous en tout cas, nos réformes elles vont dans le même sens : baisse des prélèvements obligatoires, réformes de structures. L'idée c'est de préparer l'économie française au rendez-vous de la croissance."
Q- J.-F. Copé, A . Juppé a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis, plus dix ans d'inéligibilité pour prise illégale d'intérêts. C'est évidemment une peine très dure pour un homme politique, mais compte tenu du déroulement du procès ce n'est pas complètement surprenant, ce qui l'est plus c'est qu'il fait appel et qu'il n'a pas encore annoncé qu'il se retirait de la vie publique alors qu'il avait dit auparavant que s'il était condamné à une peine dite infamante, c'est-à-dire précisément cette future inéligibilité, il se retirerait de la vie publique, qu'est-ce que vous pensez de ce revirement ?
R- "Non, je crois que ça ne doit pas être interprété ainsi. Vous savez, nous sommes dans un Etat de droit et il est tout à fait légitime et normal que chacun en conscience fasse appel, s'il le juge nécessaire, c'est ce qu'a fait A . Juppé. Et donc, il appartiendra à la Cour d'appel de reprendre l'ensemble de ce dossier et de se prononcer."
Q- Juste une indication, est-ce que ce sera A . Juppé qui présidera à partir de demain les commissions d'investiture de l'UMP, J.-F. Copé ?
R- "Là-dessus, je ne peux pas me prononcer à sa place, vous savez qu'il se prononcera demain sur cette question. La seule chose que je veux dire, c'est que vous savez, moi je fais partie d'une génération qui est entrée en politique par admiration pour naturellement J. Chirac, mais aussi A . Juppé par rapport à ce qu'il incarne, pour ma génération en terme de dimension personnelle, d'homme d'Etat, d'intégrité, d'exigences dans l'action, de courage, de courage politique. Tout ça c'est au cur de mon engagement, et toutes ces qualités je crois que l'UMP en a besoin et la France en a besoin."
Q- J.-F. Copé, les juges pensent qu'ils ont été écoutés, espionnés, que leur bureau a été visité, qu'on a exercé des pressions sur eux. C'était qui et pourquoi ?
R- "D'abord, moi je voudrais dire là-dessus que vous avez entendu la déclaration du Président de la République, comme celle du Premier ministre. Le Président de la République a très clairement indiqué que toute la lumière devait être faite sur cette affaire et que si ces faits devaient être avérés, il fallait qu'ils soient mis en lumière et, le cas échéant, donner lieu à poursuites, naturellement. D'où l'arsenal, à la fois d'un côté une information judiciaire à l'initiative du garde des Sceaux, une mission administrative d'enquête, indépendante, confiée aux plus hautes personnalités administratives de l'Etat, et puis enfin une mission d'information parlementaire. La seule chose moi qui m'a un peu surpris, mais je dis ça comme ça, c'est qu'on ait appris cela seulement aujourd'hui et que personne ne se soit exprimé sur ce sujet avant, car j'imagine que sur ces faits, il y avait sans doute des éléments avant même le prononcé du jugement. C'est la seule chose qui m'a un peu surpris. Mais pour le reste, sachez-le, le Président de la République a été très clair là-dessus et la détermination du Gouvernement est totale à faire en sorte que tous les éléments de cette affaire fassent l'objet désormais d'une enquête approfondie et, le cas échéant, de sanctions."
Q- Alors, on parle de la région Ile-de-France. Vous ne faites plus la course en tête, J.-F. Copé, même pas en tête à droite, puisqu'un sondage récent vous met derrière A. Santini. Vous avez dit que c'était sympa d'être le challenger, enfin tout de même ce n'est pas très confortable d'être derrière Huchon, est le candidat de la gauche unie, et puis derrière Santini qui est votre concurrent à droite.
R- "Non, je vais vous dire, je ne dis rien de tout ça parce qu'en réalité une campagne électorale, ça se fait surtout pas en regardant les sondages, sinon il faut tout de suite s'arrêter, il n'y a même plus besoin d'organiser les élections. Moi, je ne regarde pas les sondages ni d'ailleurs quand ils sont difficiles, ni quand ils sont bons, pour une raison simple : ce qui compte, c'est une dynamique de campagne."
Q- Mais vous pensez toujours gagner quand même ?
R- "Mais bien sûr. Ecoutez, moi j'ai confiance parce que qu'est-ce qui se passe depuis cinq ou six mois ? J'ai battu la campagne dans les huit départements d'Ile-de-France et je vois à travers tout cela de quoi bâtir un projet formidable pour la région. On va enfin imaginer une région qui soit à la fois juste pour tous, et ambitieuse, dans lequel on fixe clairement comme objectif une région qui soit la première en Europe pour l'accueil des entreprises, pour la création d'emplois, pour la recherche scientifique, pour l'innovation, pour le rayonnement culturel, autant de sujets sur lesquels jusqu'à présent nous avons une région présidée par un notable anonyme. Et moi je pense que demain ça doit être une personnalité qui soit capable d'être à l'heure au rendez-vous et de rattraper le temps perdu. Et tout ça, ça exige effectivement une politique de sécurité, de logements, de transports, vous savez que dans ce domaine, j'ai fait une proposition..."
Q- Alors justement, là ils montent tous les tarifs de carte orange à 45 euros, quelle que soit la zone, c'est une très forte baisse pour les grands banlieusards, même une petite baisse pour les Parisiens au passage. Mais vous ne dites pas comment vous la financez et J.-P. Huchon déclarait hier au Journal du Dimanche que c'était une démagogie, c'est le mot qu'il a utilisé parce que je cite : " Ces propositions ne sont pas réalisables sans une très forte hausse de la fiscalité ". Alors, si vous voulez augmenter les impôts, dites-le J.-F. Copé, c'est ça le programme ?
R- "Non, bien entendu, l'objectif c'est de le faire sans aucune augmentation d'impôt. Non mais le président sortant socialiste, il passe absolument son temps à parler de moi, donc ça c'est son droit le plus strict et généralement en mal ce qui est inutile. La réalité est beaucoup plus simple, cette mesure va être autofinancée de deux manières : d'une part, parce que ça va contribuer très massivement à baisser la fraude - parce qu'un taux plus bas et des renforcements des contrôles, ça va baisser la fraude de moitié pour environ 100 millions à peu près d'euros pour une mesure qui coûte au total 300 - et puis le reste, ça sera par l'augmentation du trafic voyageurs, de l'ordre de 15 %. Nous avons étudié ça avec des experts de la RATP et de la SNCF. Un dernier point là-dessus, c'est que tout cela n'a de sens que si dans le même temps nous modernisons notre service des transports. D'où un programme d'investissement massif pour refaire par exemple la ligne du RER B, qui est dans un état lamentable, pour faire des travaux beaucoup plus confortables et puis pour s'occuper aussi de mettre en place un service minimum."
Q- Deux - trois questions express pour terminer J.-F. Copé. Que faites-vous en quittant le studio de BFM dans un instant ?
R- "Eh bien je vais rencontrer un chef d'entreprise remarquable de ce qu'on a appelé " la nouvelle économie " et qui rebondit de manière assez extraordinaire. Je regarde très attentivement comment développer dans notre région parisienne l'attractivité de notre territoire avec des entreprises modernes qui créent de l'emploi."
Q- Question perso, votre tentation de Venise à vous, si vous deviez un jour arrêter la politique, vous iriez où ? Une plage brésilienne, un cloître en Toscane, un stage de formation du sumo au Japon ?
R- "Ecoutez, ô rien de tout cela. Je suis un fana de musique, mes tentations de Venise à moi sont très brèves et consistent essentiellement à jouer de la musique ou aller de temps en temps dans les bars où l'on joue du jazz, de la bossa. Chacun ses passions, celle-là c'est la mienne."
Q- Dernière question : votre pronostic pour la croissance en France en 2004, J.-F. Copé ?
R- "Ecoutez, moi je reste sur l'hypothèse que nous avons formulé pour bâtir notre budget 1,7%. Elle est réputée être un plancher, soyons, et nous le sommes très optimistes parce que je crois que maintenant, on va dans le bon sens que le plan économique."
(Source : premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 2 février 2004)