Texte intégral
Monsieur le ministre,
Monsieur le Général,
Mesdames et messieurs,
Comme vous venez de le dire, Général, depuis bientôt trois ans, nous nous côtoyons quasi quotidiennement. Nous partageons des moments forts, des moments de satisfaction, des moments de tristesse voire de douleur.
C'est cette fréquentation régulière qui fait qu'aujourd'hui, les vux que j'adresse à chacune et à chacun d'entre vous sont des voeux très personnels, très sincères, et je dirai aussi, très affectueux.
Des voeux de santé, parce que vous exercez tous, les militaires mais également les civils au service de la défense, un métier difficile, rigoureux, exigeant et donc la première des choses, est que vous soyez en pleine forme.
Des voeux de réussite professionnelle, parce que c'est un élément de la motivation en même temps qu'une reconnaissance de vos efforts quotidiens.
J'ajouterai des voeux de bonheur dans votre famille et dans vos amitiés parce que le fait d'être bien, d'être heureux, c'est également ce qui permet d'être davantage à l'écoute des autres, d'avoir plus de sensibilité pour ce qui se passe autour de soi et d'être plus pleinement un homme et une femme au milieu de ceux qui rencontrent parfois des difficultés.
Nous n'oublions jamais, en effet, la mission de notre ministère : servir la France.
Mais notre mission, c'est aussi de servir les hommes et les femmes qui ont besoin de notre aide dans ce monde. Cette dimension fait qu'en un début d'année comme celui que nous connaissons, nous ne saurions en aucun cas oublier celles et ceux qui, dans leur engagement au service de cette noble mission, ont donné leur vie ou une partie de leur intégrité physique. Personne ici n'oubliera nos neuf soldats tués à Bouaké et auxquels la République a rendu un ultime hommage le 10 novembre dernier. Nous n'oublierons pas non plus ceux qui ont payé de leur vie sur d'autres théâtres, voire même dans notre pays, leur engagement. Je voudrais assurer les familles et les proches de ces militaires de la reconnaissance et du soutien de toute la communauté nationale.
Et puisque l'occasion de se pencher sur ce qui s'est passé au cours des mois et des semaines passées se présente, je voudrais également saluer l'action qui a été tout à fait déterminante de nos militaires dans l'actualité de ces dernières semaines. Je ne saurais d'abord manquer de saluer une nouvelle fois, le travail remarquable accompli par la DGSE pour obtenir les conditions de la libération de nos deux compatriotes qui étaient retenus en otages en Irak. Là aussi, le professionnalisme, le courage et la volonté des personnels de la défense se sont illustrés de façon exemplaire.
Et je voudrais également saluer ceux qui ont répondu à l'appel pour faire face aux terribles conséquences du raz-de-marée en Asie du sud-est, les militaires mais également les civils. 168 militaires sont d'ores et déjà à pied d'oeuvre avec un détachement d'intervention de la Sécurité civile, une unité d'identification de la gendarmerie et des moyens aériens de transport et de recherche en mer. La Jeanne d'Arc et le Georges Leygues sont en route pour l'Indonésie, avec un bloc opératoire, seize médecins, sept hélicoptères, des moyens du Génie, des médicaments et des capacités de production d'eau potable, ce qui semble être un des besoins les plus urgents. J'ai aussi décidé de renforcer l'aéromobilité sur zone en envoyant dès le début de la semaine prochaine, cinq hélicoptères Puma supplémentaires et d'accroître les moyens navals par l'envoi à destination des Maldives et du Sri Lanka du Duplex, actuellement en mer d'Oman, et lui-même doté d'hélicoptères. Enfin, et parce qu'il faut aussi penser sur le long terme, car les crises ne sont jamais uniquement ponctuelles, une équipe d'évaluation sera sur place dès la fin de cette semaine pour nous permettre de juger plus précisément des besoins complémentaires en hôpital de campagne ou en moyens du Génie, besoins que nous pourrons alors prendre en compte à brefs délais.
Au total, ce sera près d'un millier de militaires français qui seront ainsi engagés dans cette opération Beryx de secours aux victimes du raz-de-marée.
Cette année encore, et nous le constatons chaque jour, la Défense, renforcée par les moyens supplémentaires que vous mentionnez a, sans conteste, occupé une place considérable, tant dans la vie quotidienne des Français que dans l'actualité internationale et européenne.
Je sais aujourd'hui que la défense est en mesure de jouer un rôle plus important encore et j'entends que nous jouions ce rôle plus important.
A ce titre, mon ambition est de montrer la faculté exemplaire de notre ministère à répondre aux grandes préoccupations actuelles et futures qui sont celles de la nation mais également celles du monde.
Notre outil de défense doit permettre à la France de faire entendre sa voix et d'agir partout dans le monde à n'importe quel moment, seule parfois, le plus souvent dans le cadre d'institutions telles que l'Union européenne, l'OTAN et toujours au service des Nations Unies.
La France est en mesure de faire partie des trois nations-phares capables de développer de telles capacités pour préserver la stabilité internationale, pour défendre nos intérêts et nos valeurs.
Pour relever ce défi, nous devrons, au cours de l'année qui vient et dans le prolongement de ce que nous avons fait au cours de ces derniers mois, répondre à une triple exigence.
Nous devrons disposer au niveau national, des moyens matériels suffisants et adaptés. Nous devrons valoriser les moyens humains militaires et civils du ministère de la défense. Nous devrons consolider la coopération avec nos partenaires européens et avec nos alliés. Les moyens matériels suffisants et adaptés doivent nous permettre d'évaluer les situations d'une façon autonome, puis d'intervenir sur des théâtres d'opérations de plus en plus variés et complexes.
Pour les capacités d'appréciation stratégique autonomes, il est évident qu'au premier rang des défis de demain, figure la maîtrise de l'espace. Elle devient une pièce toujours plus centrale des outils de défense moderne. Nous l'avons vu notamment lors des derniers conflits, en particulier au Kosovo et en Irak. C'est par le développement du secteur spatial que nos forces de défense disposeront de moyens renforcés, innovants et indépendants en matière de renseignement stratégique et de télécommunications.
Le lancement réussi d'Hélios II en décembre dernier est un premier signe fort et encourageant de notre détermination à relever ce défi d'avenir. La France doit dès maintenant, non seulement préparer la succession d'Hélios II mais également définir une véritable politique spatiale de défense ambitieuse. Bien entendu, nous devrons faire partager cette conviction et cette ambition à nos partenaires européens car nous ne pouvons agir seuls. C'est l'une des tâches prioritaires que je nous assigne pour 2005.
Parallèlement, il faut que nous ayons également des équipements d'avenir qui nous permettent de répondre à tous les défis. Grâce à la loi de programmation 2003-2008 et surtout à son application rigoureuse, grâce au soutien constant du président de la République, nous sommes de mieux en mieux préparés aux exigences du contexte stratégique.
Demain, toutes nos armées seront notamment dotées des nouveaux Rafale, des hélicoptères NH90, du Tigre, de nouveaux bâtiments de projection et de commandement, de frégates multimissions et des systèmes Félin.
Notre priorité doit être d'éviter les retards en matière de livraison dans ce domaine.
Je pense que nous pouvons également aller encore plus loin. La disponibilité opérationnelle doit pouvoir être encore améliorée même si des efforts ont déjà été faits ; même si toujours davantage d'argent y est consacré, il est évident que nous avons encore des marges de progression. N'oublions jamais que c'est aujourd'hui que nous donnons à la défense les moyens dont elle aura besoin et dont elle disposera dans les quinze ans à venir. Cela doit notamment se préparer grâce à une politique ambitieuse de recherche et de technologie.
Dans cette perspective de développement de nos futures capacités, j'ai donc lancé depuis l'année dernière une politique de démonstrateur. Elle doit être développée et amplifiée. Répondre aux défis actuels et futurs de la défense, cela passe avant toute chose par la reconnaissance et l'encouragement des hommes et des femmes qui mettent leur détermination, leurs compétences et leurs motivations au service de la défense.
Il convient donc de valoriser les moyens humains - civils et militaires - de la défense.
Hier, vous avez relevé le défi de la professionnalisation des armées.
Ce n'était pas acquis d'avance.
Le président de la République le disait hier [lors des voeux aux armées, ndlr].
Aujourd'hui, il convient de consolider cette vaste réforme et j'entends que chacun travaille ensemble avec les autres pour créer les meilleures conditions de la construction de la défense de demain.
Pour accompagner et pour encourager cela, j'ai pris de nouveaux engagements pour le personnel civil de la défense, notamment celui de repenser complètement l'organisation et la conduite du dialogue social au sein du ministère, avec notamment l'élaboration conjointe d'une charte.
A l'avenir, il faudra aussi mieux intégrer les équipes avec une meilleure synergie des civils et des militaires.
Dans ce domaine, il reste encore du chemin à parcourir.
Il faudra aussi mieux prendre en compte la dimension individuelle et personnelle dans la gestion des ressources humaines du ministère. C'est la raison pour laquelle cette gestion doit être déconcentrée au plus près des hommes et des femmes pour permettre une adaptation plus rapide aux besoins. La déconcentration pour la déconcentration, cela n'a pas de sens. C'est d'une déconcentration pour améliorer, pour rapprocher, pour accélérer, pour mieux comprendre les attentes et les besoins, dont nous avons besoin.
Pour les militaires, le nouveau statut général est en passe d'être adopté par le Parlement. Il réaffirme les spécificités de l'état militaire et il prend parallèlement en compte, les profonds bouleversements que le métier militaire a subi au cours de ces trente dernières années ainsi que les évolutions de la société.
Je veillerai à ce que les textes réglementaires d'application du nouveau statut ne traînent pas et que ce nouveau statut puisse intégralement s'appliquer dès l'année 2005. Parce que votre place dans la société a également beaucoup changé. Le statut comporte en effet certains assouplissements qu'il convient de mettre en place rapidement.
Pour les réserves qui sont un complément indispensable de la professionnalisation des armées, il nous faudra également achever le travail de fond engagé depuis 1996. Les réserves sont indispensables à notre défense et, de ce point de vue, leur cadre d'emploi doit être revu. Ce sera l'objet du présent projet de loi. Mais j'ai aussi une ambition supplémentaire car je pense que les réserves peuvent être également un moyen de prolonger, d'amplifier l'impact de l'action des armées sur le terrain.
L'avenir d'une défense forte repose également sur son organisation.
La LOLF a, je le sais, créé beaucoup d'interrogations, d'inquiétudes et de perplexité également. 2005 sera l'année du grand chantier de la LOLF. Je sais que vous avez compris qu'elle peut aussi être pour nous une grande chance, et compte tenu des efforts qui ont déjà été faits dans ce ministère, c'est une occasion pour relayer nos préoccupations et un certain nombre de nos besoins.
Je suis persuadée aujourd'hui que s'agissant de la gestion, votre travail permettra d'atteindre le niveau de qualité que vous atteignez aujourd'hui en matière opérationnelle.
Le président de la République a également parlé de la nécessité de doter les armées d'une organisation centrale encore plus performante en réformant le décret fixant les attributions des chefs d'état-major. J'entends bien évidemment relayer cette réforme et je compte sur vous tous pour aboutir aux objectifs fixés par le chef des armées au cours de cette année. Je sais pouvoir compter sur l'engagement de tous, pour que dans le domaine de la gestion des ressources humaines et financières, dans celui de la préparation de l'avenir comme dans le domaine opérationnel, notre outil de défense soit à la hauteur des enjeux et de la confiance que lui accordent les Français.
L'action de notre défense est d'autant plus importante et efficace qu'elle s'inscrit dans des partenariats, particulièrement dans le cadre européen qui a effectivement considérablement progressé. Consolider la coopération sera une de nos ambitions et une de nos actions au cours de l'année 2005.
2005 sera en effet l'année de la Constitution européenne qui comporte un certain nombre d'avancées majeures pour l'Europe de la défense. Et même si nous avons un peu anticipé dans ce domaine, là aussi, la Défense a été à la tête des actions.
Ce qui a été fait au plan européen au cours de ces derniers mois est, en quelque sorte, la préfiguration de ce qui est inscrit dans la Constitution européenne. Nous n'aurons donc pas de bouleversement majeur dans notre pratique, mais un confortement juridique des décisions et des actions que nous avons menées au cours de cette année.
Nous mettrons ainsi plus facilement et très rapidement en oeuvre des décisions prises en 2004.
La force européenne de gendarmerie pourra envisager un engagement sur un théâtre d'opération dès 2005. Lorsque l'on voit la situation de crise que connait bon nombre de pays, nous pouvons nous dire que nous n'aurons sans doute que le choix de cette première opération.
Les groupements tactiques seront mis en place au premier semestre avec un premier créneau d'astreinte assuré par la Grande-Bretagne et la France. Là aussi, il est probable que 2005 sera également une année où nous verrons pour la première fois les groupements tactiques en oeuvre.
L'Union européenne ne sera pas le cadre exclusif de notre action et pour élargir nos partenariats, j'ai lancé au mois de décembre dernier, une initiative de sécurité et de défense en Méditerranée occidentale. Elle permettra à nos forces armées de mieux travailler ensemble avec des actions rapidement réalisables autour de quelques thèmes d'intérêt commun. C'est une ouverture qui nous est permise aujourd'hui parce que grâce à l'action de tous, nous sommes en mesure de jouer ce rôle d'entraînement à l'égard de nos partenaires européens mais également à l'égard d'autres partenaires.
Plus personne ne conteste aujourd'hui que ces initiatives soient complémentaires de celles de l'OTAN et le fait que se tienne dans quelques jours, la première réunion des ministres de la défense de l'OTAN en France (à Nice) - depuis plus de vingt ans, aucune réunion n'a eu lieu en France - c'est aussi une manifestation très concrète de ce que nous disons depuis maintenant des mois sur cette complémentarité et sur notre implication dans l'OTAN.
Car notre implication est une forte implication.
Nous le voyons aujourd'hui sur les différents théâtres d'opérations ; que ce soit au Kosovo ou en Afghanistan, ce sont des généraux français qui sont aujourd'hui à la tête des différentes forces.
Ceci devra également s'accompagner d'une véritable politique industrielle de défense à l'échelle européenne. Car l'Europe doit être en mesure de faire face aux concurrences internationales qui sont aujourd'hui en train de se développer, et qui se développeront plus encore les dix prochaines années, notamment en Asie, mais pas simplement en Asie. Si nous voulons garder cette industrie de défense à la fois nécessaire à notre souveraineté mais également utile pour nos activités et pour notre emploi, il faudra que nous soyons en mesure de le faire. Ceci passe par une industrie à la hauteur des enjeux, une industrie compétitive, imaginative, innovante et capable de nouer des partenariats multinationaux. C'est une opportunité que doit impérativement saisir l'industrie de défense et c'est bien la raison pour laquelle au cours de ces derniers mois, j'ai mené différentes opérations tendant à aider un certain nombre de nos entreprises à être compétitives, je pense à DCN, je pense à GIAT, mais également en encourageant les entreprises à se rapprocher au niveau européen. Aujourd'hui EADS existe. Nous devons encourager un même mouvement dans le domaine naval comme nous devons le faire dans le domaine terrestre.
Tout ceci peut paraître bien austère en début d'année. Je crois au contraire que c'est la manifestation d'une ambition. Une ambition que nous partageons tous parce que ce ministère est parfaitement capable de faire face à ses défis, parce que chacune et chacun d'entre vous porte en lui la volonté d'agir pour permettre à la France de tenir totalement, et dans tous les domaines, son rang au plan mondial.
Je sais qu'ensemble, nous relèverons tous les défis et que nous ferons face aux éventuelles difficultés.
Redresser, renforcer, rénover.
La Défense est aujourd'hui en mesure de s'ouvrir de plus en plus sur l'extérieur.
Je voudrais dire aussi qu'au plan national, elle apporte à la nation bien plus que les compétences opérationnelles de ses armées.
Ses efforts de modernisation administrative et son rôle dans la dynamique économique dans la cohésion sociale du pays sont autant d'atouts qui donnent toute légitimité pour lui permettre de rayonner encore davantage dans d'autres sphères de la société.
C'est un modèle d'idéal, un modèle d'ambition pour la France dont je suis persuadée que notre société tout entière, et notamment les jeunes, ont besoin aujourd'hui. Parce qu'elle est exemplaire au sens propre du terme, la Défense doit savoir le montrer, et j'insiste, pour que la communication soit davantage au coeur de nos préoccupations.
Vous faites, mesdames et messieurs, des choses formidables : apprenez à le faire savoir à l'extérieur, non pas pour votre gloriole personnelle mais parce qu'il s'agit de répondre à un besoin et à une nécessité des Françaises et des Français.
Montrez-leur que quand on veut, on peut.
Montrez-leur qu'avoir un idéal, ce n'est pas quelque chose de ringard.
C'est au contraire ce qui permet aux hommes et aux femmes de se dépasser eux-mêmes. Aujourd'hui, je pense mieux connaître la Défense.
Connaître la Défense, c'est réaliser que dans la vie quotidienne, elle a la capacité d'être une référence pour les jeunes Françaises et pour les jeunes Français.
En vous renouvelant mes voeux personnels d'épanouissement, de bonheur, de santé pour chacune et chacun d'entre vous, j'ajoute également des voeux pour qu'au cours de cette année 2005, la Défense soit susceptible de faire partager ses idéaux à l'ensemble de nos concitoyens et de donner demain à la France une place au premier rang dans le monde.
Je vous remercie.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 10 janvier 2005)
Monsieur le Général,
Mesdames et messieurs,
Comme vous venez de le dire, Général, depuis bientôt trois ans, nous nous côtoyons quasi quotidiennement. Nous partageons des moments forts, des moments de satisfaction, des moments de tristesse voire de douleur.
C'est cette fréquentation régulière qui fait qu'aujourd'hui, les vux que j'adresse à chacune et à chacun d'entre vous sont des voeux très personnels, très sincères, et je dirai aussi, très affectueux.
Des voeux de santé, parce que vous exercez tous, les militaires mais également les civils au service de la défense, un métier difficile, rigoureux, exigeant et donc la première des choses, est que vous soyez en pleine forme.
Des voeux de réussite professionnelle, parce que c'est un élément de la motivation en même temps qu'une reconnaissance de vos efforts quotidiens.
J'ajouterai des voeux de bonheur dans votre famille et dans vos amitiés parce que le fait d'être bien, d'être heureux, c'est également ce qui permet d'être davantage à l'écoute des autres, d'avoir plus de sensibilité pour ce qui se passe autour de soi et d'être plus pleinement un homme et une femme au milieu de ceux qui rencontrent parfois des difficultés.
Nous n'oublions jamais, en effet, la mission de notre ministère : servir la France.
Mais notre mission, c'est aussi de servir les hommes et les femmes qui ont besoin de notre aide dans ce monde. Cette dimension fait qu'en un début d'année comme celui que nous connaissons, nous ne saurions en aucun cas oublier celles et ceux qui, dans leur engagement au service de cette noble mission, ont donné leur vie ou une partie de leur intégrité physique. Personne ici n'oubliera nos neuf soldats tués à Bouaké et auxquels la République a rendu un ultime hommage le 10 novembre dernier. Nous n'oublierons pas non plus ceux qui ont payé de leur vie sur d'autres théâtres, voire même dans notre pays, leur engagement. Je voudrais assurer les familles et les proches de ces militaires de la reconnaissance et du soutien de toute la communauté nationale.
Et puisque l'occasion de se pencher sur ce qui s'est passé au cours des mois et des semaines passées se présente, je voudrais également saluer l'action qui a été tout à fait déterminante de nos militaires dans l'actualité de ces dernières semaines. Je ne saurais d'abord manquer de saluer une nouvelle fois, le travail remarquable accompli par la DGSE pour obtenir les conditions de la libération de nos deux compatriotes qui étaient retenus en otages en Irak. Là aussi, le professionnalisme, le courage et la volonté des personnels de la défense se sont illustrés de façon exemplaire.
Et je voudrais également saluer ceux qui ont répondu à l'appel pour faire face aux terribles conséquences du raz-de-marée en Asie du sud-est, les militaires mais également les civils. 168 militaires sont d'ores et déjà à pied d'oeuvre avec un détachement d'intervention de la Sécurité civile, une unité d'identification de la gendarmerie et des moyens aériens de transport et de recherche en mer. La Jeanne d'Arc et le Georges Leygues sont en route pour l'Indonésie, avec un bloc opératoire, seize médecins, sept hélicoptères, des moyens du Génie, des médicaments et des capacités de production d'eau potable, ce qui semble être un des besoins les plus urgents. J'ai aussi décidé de renforcer l'aéromobilité sur zone en envoyant dès le début de la semaine prochaine, cinq hélicoptères Puma supplémentaires et d'accroître les moyens navals par l'envoi à destination des Maldives et du Sri Lanka du Duplex, actuellement en mer d'Oman, et lui-même doté d'hélicoptères. Enfin, et parce qu'il faut aussi penser sur le long terme, car les crises ne sont jamais uniquement ponctuelles, une équipe d'évaluation sera sur place dès la fin de cette semaine pour nous permettre de juger plus précisément des besoins complémentaires en hôpital de campagne ou en moyens du Génie, besoins que nous pourrons alors prendre en compte à brefs délais.
Au total, ce sera près d'un millier de militaires français qui seront ainsi engagés dans cette opération Beryx de secours aux victimes du raz-de-marée.
Cette année encore, et nous le constatons chaque jour, la Défense, renforcée par les moyens supplémentaires que vous mentionnez a, sans conteste, occupé une place considérable, tant dans la vie quotidienne des Français que dans l'actualité internationale et européenne.
Je sais aujourd'hui que la défense est en mesure de jouer un rôle plus important encore et j'entends que nous jouions ce rôle plus important.
A ce titre, mon ambition est de montrer la faculté exemplaire de notre ministère à répondre aux grandes préoccupations actuelles et futures qui sont celles de la nation mais également celles du monde.
Notre outil de défense doit permettre à la France de faire entendre sa voix et d'agir partout dans le monde à n'importe quel moment, seule parfois, le plus souvent dans le cadre d'institutions telles que l'Union européenne, l'OTAN et toujours au service des Nations Unies.
La France est en mesure de faire partie des trois nations-phares capables de développer de telles capacités pour préserver la stabilité internationale, pour défendre nos intérêts et nos valeurs.
Pour relever ce défi, nous devrons, au cours de l'année qui vient et dans le prolongement de ce que nous avons fait au cours de ces derniers mois, répondre à une triple exigence.
Nous devrons disposer au niveau national, des moyens matériels suffisants et adaptés. Nous devrons valoriser les moyens humains militaires et civils du ministère de la défense. Nous devrons consolider la coopération avec nos partenaires européens et avec nos alliés. Les moyens matériels suffisants et adaptés doivent nous permettre d'évaluer les situations d'une façon autonome, puis d'intervenir sur des théâtres d'opérations de plus en plus variés et complexes.
Pour les capacités d'appréciation stratégique autonomes, il est évident qu'au premier rang des défis de demain, figure la maîtrise de l'espace. Elle devient une pièce toujours plus centrale des outils de défense moderne. Nous l'avons vu notamment lors des derniers conflits, en particulier au Kosovo et en Irak. C'est par le développement du secteur spatial que nos forces de défense disposeront de moyens renforcés, innovants et indépendants en matière de renseignement stratégique et de télécommunications.
Le lancement réussi d'Hélios II en décembre dernier est un premier signe fort et encourageant de notre détermination à relever ce défi d'avenir. La France doit dès maintenant, non seulement préparer la succession d'Hélios II mais également définir une véritable politique spatiale de défense ambitieuse. Bien entendu, nous devrons faire partager cette conviction et cette ambition à nos partenaires européens car nous ne pouvons agir seuls. C'est l'une des tâches prioritaires que je nous assigne pour 2005.
Parallèlement, il faut que nous ayons également des équipements d'avenir qui nous permettent de répondre à tous les défis. Grâce à la loi de programmation 2003-2008 et surtout à son application rigoureuse, grâce au soutien constant du président de la République, nous sommes de mieux en mieux préparés aux exigences du contexte stratégique.
Demain, toutes nos armées seront notamment dotées des nouveaux Rafale, des hélicoptères NH90, du Tigre, de nouveaux bâtiments de projection et de commandement, de frégates multimissions et des systèmes Félin.
Notre priorité doit être d'éviter les retards en matière de livraison dans ce domaine.
Je pense que nous pouvons également aller encore plus loin. La disponibilité opérationnelle doit pouvoir être encore améliorée même si des efforts ont déjà été faits ; même si toujours davantage d'argent y est consacré, il est évident que nous avons encore des marges de progression. N'oublions jamais que c'est aujourd'hui que nous donnons à la défense les moyens dont elle aura besoin et dont elle disposera dans les quinze ans à venir. Cela doit notamment se préparer grâce à une politique ambitieuse de recherche et de technologie.
Dans cette perspective de développement de nos futures capacités, j'ai donc lancé depuis l'année dernière une politique de démonstrateur. Elle doit être développée et amplifiée. Répondre aux défis actuels et futurs de la défense, cela passe avant toute chose par la reconnaissance et l'encouragement des hommes et des femmes qui mettent leur détermination, leurs compétences et leurs motivations au service de la défense.
Il convient donc de valoriser les moyens humains - civils et militaires - de la défense.
Hier, vous avez relevé le défi de la professionnalisation des armées.
Ce n'était pas acquis d'avance.
Le président de la République le disait hier [lors des voeux aux armées, ndlr].
Aujourd'hui, il convient de consolider cette vaste réforme et j'entends que chacun travaille ensemble avec les autres pour créer les meilleures conditions de la construction de la défense de demain.
Pour accompagner et pour encourager cela, j'ai pris de nouveaux engagements pour le personnel civil de la défense, notamment celui de repenser complètement l'organisation et la conduite du dialogue social au sein du ministère, avec notamment l'élaboration conjointe d'une charte.
A l'avenir, il faudra aussi mieux intégrer les équipes avec une meilleure synergie des civils et des militaires.
Dans ce domaine, il reste encore du chemin à parcourir.
Il faudra aussi mieux prendre en compte la dimension individuelle et personnelle dans la gestion des ressources humaines du ministère. C'est la raison pour laquelle cette gestion doit être déconcentrée au plus près des hommes et des femmes pour permettre une adaptation plus rapide aux besoins. La déconcentration pour la déconcentration, cela n'a pas de sens. C'est d'une déconcentration pour améliorer, pour rapprocher, pour accélérer, pour mieux comprendre les attentes et les besoins, dont nous avons besoin.
Pour les militaires, le nouveau statut général est en passe d'être adopté par le Parlement. Il réaffirme les spécificités de l'état militaire et il prend parallèlement en compte, les profonds bouleversements que le métier militaire a subi au cours de ces trente dernières années ainsi que les évolutions de la société.
Je veillerai à ce que les textes réglementaires d'application du nouveau statut ne traînent pas et que ce nouveau statut puisse intégralement s'appliquer dès l'année 2005. Parce que votre place dans la société a également beaucoup changé. Le statut comporte en effet certains assouplissements qu'il convient de mettre en place rapidement.
Pour les réserves qui sont un complément indispensable de la professionnalisation des armées, il nous faudra également achever le travail de fond engagé depuis 1996. Les réserves sont indispensables à notre défense et, de ce point de vue, leur cadre d'emploi doit être revu. Ce sera l'objet du présent projet de loi. Mais j'ai aussi une ambition supplémentaire car je pense que les réserves peuvent être également un moyen de prolonger, d'amplifier l'impact de l'action des armées sur le terrain.
L'avenir d'une défense forte repose également sur son organisation.
La LOLF a, je le sais, créé beaucoup d'interrogations, d'inquiétudes et de perplexité également. 2005 sera l'année du grand chantier de la LOLF. Je sais que vous avez compris qu'elle peut aussi être pour nous une grande chance, et compte tenu des efforts qui ont déjà été faits dans ce ministère, c'est une occasion pour relayer nos préoccupations et un certain nombre de nos besoins.
Je suis persuadée aujourd'hui que s'agissant de la gestion, votre travail permettra d'atteindre le niveau de qualité que vous atteignez aujourd'hui en matière opérationnelle.
Le président de la République a également parlé de la nécessité de doter les armées d'une organisation centrale encore plus performante en réformant le décret fixant les attributions des chefs d'état-major. J'entends bien évidemment relayer cette réforme et je compte sur vous tous pour aboutir aux objectifs fixés par le chef des armées au cours de cette année. Je sais pouvoir compter sur l'engagement de tous, pour que dans le domaine de la gestion des ressources humaines et financières, dans celui de la préparation de l'avenir comme dans le domaine opérationnel, notre outil de défense soit à la hauteur des enjeux et de la confiance que lui accordent les Français.
L'action de notre défense est d'autant plus importante et efficace qu'elle s'inscrit dans des partenariats, particulièrement dans le cadre européen qui a effectivement considérablement progressé. Consolider la coopération sera une de nos ambitions et une de nos actions au cours de l'année 2005.
2005 sera en effet l'année de la Constitution européenne qui comporte un certain nombre d'avancées majeures pour l'Europe de la défense. Et même si nous avons un peu anticipé dans ce domaine, là aussi, la Défense a été à la tête des actions.
Ce qui a été fait au plan européen au cours de ces derniers mois est, en quelque sorte, la préfiguration de ce qui est inscrit dans la Constitution européenne. Nous n'aurons donc pas de bouleversement majeur dans notre pratique, mais un confortement juridique des décisions et des actions que nous avons menées au cours de cette année.
Nous mettrons ainsi plus facilement et très rapidement en oeuvre des décisions prises en 2004.
La force européenne de gendarmerie pourra envisager un engagement sur un théâtre d'opération dès 2005. Lorsque l'on voit la situation de crise que connait bon nombre de pays, nous pouvons nous dire que nous n'aurons sans doute que le choix de cette première opération.
Les groupements tactiques seront mis en place au premier semestre avec un premier créneau d'astreinte assuré par la Grande-Bretagne et la France. Là aussi, il est probable que 2005 sera également une année où nous verrons pour la première fois les groupements tactiques en oeuvre.
L'Union européenne ne sera pas le cadre exclusif de notre action et pour élargir nos partenariats, j'ai lancé au mois de décembre dernier, une initiative de sécurité et de défense en Méditerranée occidentale. Elle permettra à nos forces armées de mieux travailler ensemble avec des actions rapidement réalisables autour de quelques thèmes d'intérêt commun. C'est une ouverture qui nous est permise aujourd'hui parce que grâce à l'action de tous, nous sommes en mesure de jouer ce rôle d'entraînement à l'égard de nos partenaires européens mais également à l'égard d'autres partenaires.
Plus personne ne conteste aujourd'hui que ces initiatives soient complémentaires de celles de l'OTAN et le fait que se tienne dans quelques jours, la première réunion des ministres de la défense de l'OTAN en France (à Nice) - depuis plus de vingt ans, aucune réunion n'a eu lieu en France - c'est aussi une manifestation très concrète de ce que nous disons depuis maintenant des mois sur cette complémentarité et sur notre implication dans l'OTAN.
Car notre implication est une forte implication.
Nous le voyons aujourd'hui sur les différents théâtres d'opérations ; que ce soit au Kosovo ou en Afghanistan, ce sont des généraux français qui sont aujourd'hui à la tête des différentes forces.
Ceci devra également s'accompagner d'une véritable politique industrielle de défense à l'échelle européenne. Car l'Europe doit être en mesure de faire face aux concurrences internationales qui sont aujourd'hui en train de se développer, et qui se développeront plus encore les dix prochaines années, notamment en Asie, mais pas simplement en Asie. Si nous voulons garder cette industrie de défense à la fois nécessaire à notre souveraineté mais également utile pour nos activités et pour notre emploi, il faudra que nous soyons en mesure de le faire. Ceci passe par une industrie à la hauteur des enjeux, une industrie compétitive, imaginative, innovante et capable de nouer des partenariats multinationaux. C'est une opportunité que doit impérativement saisir l'industrie de défense et c'est bien la raison pour laquelle au cours de ces derniers mois, j'ai mené différentes opérations tendant à aider un certain nombre de nos entreprises à être compétitives, je pense à DCN, je pense à GIAT, mais également en encourageant les entreprises à se rapprocher au niveau européen. Aujourd'hui EADS existe. Nous devons encourager un même mouvement dans le domaine naval comme nous devons le faire dans le domaine terrestre.
Tout ceci peut paraître bien austère en début d'année. Je crois au contraire que c'est la manifestation d'une ambition. Une ambition que nous partageons tous parce que ce ministère est parfaitement capable de faire face à ses défis, parce que chacune et chacun d'entre vous porte en lui la volonté d'agir pour permettre à la France de tenir totalement, et dans tous les domaines, son rang au plan mondial.
Je sais qu'ensemble, nous relèverons tous les défis et que nous ferons face aux éventuelles difficultés.
Redresser, renforcer, rénover.
La Défense est aujourd'hui en mesure de s'ouvrir de plus en plus sur l'extérieur.
Je voudrais dire aussi qu'au plan national, elle apporte à la nation bien plus que les compétences opérationnelles de ses armées.
Ses efforts de modernisation administrative et son rôle dans la dynamique économique dans la cohésion sociale du pays sont autant d'atouts qui donnent toute légitimité pour lui permettre de rayonner encore davantage dans d'autres sphères de la société.
C'est un modèle d'idéal, un modèle d'ambition pour la France dont je suis persuadée que notre société tout entière, et notamment les jeunes, ont besoin aujourd'hui. Parce qu'elle est exemplaire au sens propre du terme, la Défense doit savoir le montrer, et j'insiste, pour que la communication soit davantage au coeur de nos préoccupations.
Vous faites, mesdames et messieurs, des choses formidables : apprenez à le faire savoir à l'extérieur, non pas pour votre gloriole personnelle mais parce qu'il s'agit de répondre à un besoin et à une nécessité des Françaises et des Français.
Montrez-leur que quand on veut, on peut.
Montrez-leur qu'avoir un idéal, ce n'est pas quelque chose de ringard.
C'est au contraire ce qui permet aux hommes et aux femmes de se dépasser eux-mêmes. Aujourd'hui, je pense mieux connaître la Défense.
Connaître la Défense, c'est réaliser que dans la vie quotidienne, elle a la capacité d'être une référence pour les jeunes Françaises et pour les jeunes Français.
En vous renouvelant mes voeux personnels d'épanouissement, de bonheur, de santé pour chacune et chacun d'entre vous, j'ajoute également des voeux pour qu'au cours de cette année 2005, la Défense soit susceptible de faire partager ses idéaux à l'ensemble de nos concitoyens et de donner demain à la France une place au premier rang dans le monde.
Je vous remercie.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 10 janvier 2005)