Texte intégral
[...]
Q- En quoi une VIème République changerait-elle la vie quotidienne
des Français ?
R- D'abord, vous savez, il est très important que les citoyens se reconnaissent dans des décisions très importantes qui sont prises en leur nom. Pour cela, pour favoriser l'adhésion - l'adhésion à l'impôt, l'adhésion à la décision du Conseil général du coin, au Conseil régional ou la décision judiciaire - , il est normal que les citoyens aient un droit de regard, qu'ils participent d'une manière ou d'une autre à cette prise de décision. C'est déjà considérable. Nous sommes dans un système archaïque, autoritaire qui organise l'irresponsabilité : c'est-à-dire que celui qui prend la décision ne rend jamais de comptes. Après, on se retrouve avec la moitié du corps électoral qui soit vote aux extrêmes, soit décide de faire la grève du vote.
Q- Dans une VIème République, ce serait bien différent ?
R- Je pense qu'il faut réintroduire, réinstaller le citoyen au coeur de la décision politique.
Q- Comment ?
R- D'abord, nous avons de grands exemples, dans les démocraties parlementaires européennes, à côté de nous, qui sont beaucoup plus anciennes que la nôtre et beaucoup plus achevées et modernes, qui organisent le contrôle parlementaire sur l'argent public, que les décisions publiques. Par exemple, il est incroyable que dans l'affaire de la Côte d'Ivoire, il n'y ait pas eu immédiatement des explications précises du Gouvernement. Il a fallu qu'on lise pensant deux ou trois jours, nous parlementaires, la presse, pour comprendre ce qui se passait. Pendant que nos électeurs nous interrogeaient, parce que beaucoup d'entre eux ont de la famille en Côte d'Ivoire, suivent ce pays - c'est un pays qui a une histoire commune avec la France -, nous étions incapables de leur répondre. On leur disait de lire le journal, qu'on aura peut-être les informations, "nous surveillons, nous vous tenons au courant" !
Q- Le Parlement n'a pas été suffisamment informé ?
R- Lorsqu'il y des opération à l'extérieur - Kosovo, Bosnie ou toute autre intervention ; les électeurs, les citoyens, par l'intermédiaire de leur représentants, ne sont pas informés. Je prends cet exemple, mais s'agissant du budget de l'Etat c'est exactement le même problème, s'agissant des grandes décisions législatives c'est exactement le même problème. Ce ne sont plus les parlementaires qui font la loi, ce sont les administrations qui font voter leurs lois à coup de pied dans les fesses des parlementaires qui sont, en quelque sorte caporalisés quand ils sont dans la majorité et infantilisés quand ils sont dans l'opposition.
Q- Puisque l'on parle de la Côte d'Ivoire, est-il supportable d'entendre H. Emmanuelli et C. Josselin soutenir encore L. Gbagbo ?
R- Chacun a sa position, elle est respectable. Je considère que la position prise par le président de la République, consistant à faire preuve de fermeté à l'égard de ces avions affrétés...
Q- A t- iI eu raison de détruire l'aviation de Gbagbo ?
R- Il a eu raison de répondre à l'agression dont les soldats français ont été l'objet et les victimes, par une mesure qui a été approuvée par l'ONU. Je rappelle quand même que nous ne sommes pas là en tant que Français, nous sommes là avec un casque bleu. Nous avons un mandat international. Et il est aussi inacceptable qu'un Milosevic prenne en otage une force d'interposition de l'ONU, que des soldats ayant le casque bleu soient tués. Après, on discutera de l'erreur ou pas, mais les éléments semblent démontrer que la décision a été prise en toute connaissance de cause.
Q- Mais en avez-vous parlé avec H. Emmanuelli ?
R- Nous en parlons entre nous, les uns et les autres. Chacun regarde finalement à sa manière les choses. Moi, je vous donne mon opinion. Ce que je vous dis, c'est que nous avons de ce point de vue-là à reconsidérer nos relations avec l'Afrique. La France n'est pas seule là bas, il y a des Etats africains qui ont envoyé des troupes, comme le Sénégal. Le président sénégalais a expliqué qu'il est exactement sur la même position que la nôtre, car il tient la position de l'ONU. Après, qu'il y ait un échec de la diplomatie française, que les accords de Marcoussis qui ont été un peu bricolés dans des conditions difficiles, certes, je suis d'accord pour reconnaître que monsieur Chirac n'a pas été, de point de vue là, à un succès diplomatique, mais on n'a pas une obligation de résultat dans ce genre de difficulté.
Q- Est-ce que les socialistes se sont suffisamment démarqués du président
ivoirien ?
R- Je pense d'abord - vous avez entendu les déclaration de F. Hollande - qu'il y a un courant de pensée dans le PS qui a bien le désir de remettre à plat l'ensemble de nos relations historiques avec des pays africains, de manière à ce que nous construisions un autre type de relation avec ce qui été notre passé colonial.
Q- Le Gouvernement s'apprête à prendre une mesure pour aider les personnes âgées qui touchent le minimum vieillesse. Vous savez qu'il y a eu un peu d'argent perçu sur la TVA sur la hausse du pétrole, 150 millions d'euros. Le Gouvernement dit qu'avec la TIPP, il a perdu 800.000 millions d'euros. Dans tous les cas, on va aider les personnes âgées qui touchent le minimum vieillesse : un chèque de 50 euros va leur être envoyé ; qu'en pensez vous ?
R- C'est une mesure ponctuelle, c'est la charité. C'est-à-dire qu'on n'organise pas un dispositif de solidarité, on dit, "parce que j'ai un peu d'argent, je vous en redistribue". Très bien d'ailleurs, sauf que je voudrais revenir à des choix politique profonds de ce Gouvernement. Je crois que c'était il y a deux ans, dans une loi de Finances, il y avait dans le même document un demi-milliard d'euros qui faisait l'objet d'une exonération de type de l'impôt sur la fortune, en moins pour les plus aisés, les plus riches dans notre pays. Et dans le même document, il y avait un demi-milliard d'euros en plus à charge pour les familles qui étaient assujettis au ticket modérateur, en vigueur sur l'allocation aux personnes dépendantes, c'est-à-dire aux personnes généralement âgées qui sont à charge des familles. C'est-à-dire que finalement, on prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches, ce sont des transferts dans l'autre sens. Tout cela n'a donc pas de sens et c'est une goutte d'eau par rapport aux transferts en faveur des plus aisés qui ont été accomplis par la politique gouvernementale constante depuis deux ans et demi.
Q- Est-ce que J. Chirac devrait changer de Premier ministre ?
R- Monsieur Chirac est dans le système de la Vème République, c'est-à-dire
que les écoutilles sont fermées, il est enfermé dans son phare d'Ouessant. La société bouge, se déchaîne même, c'est la mer, la société française. Et vous avez un homme immobile au milieu de son phare qui n'entend rien. Il y a eu quatre élections qui ont été gagnées : les sénatoriales, les européennes, les cantonales, les régionales, et cela n'a rien changé et cela ne changera pas.
Q- Doit-il changer de Premier ministre, selon vous ?
R- Je pense que la question de l'homme n'est pas en cause. Je pense que c'est l'orientation politique qui est essentielle ; elle le sera encore plus le temps passant. Nous sommes dans une sorte d'alignement sur des standards internationaux de la mondialisation libérale. On nous demande de diminuer notre protection sociale, de diminuer un certain nombre de constructions qui sont issues d'ailleurs de la Résistance, du général de Gaulle, allié à l'ensemble des forces politiques de l'époque. La Sécurité sociale, c'est cela. Ces remises en question n'ont jamais été délibérées, il n'y a pas de mandat de monsieur Chirac pour cela !
(Source http://www.nouveau-ps.net le 28 janvier 2005)
Q- En quoi une VIème République changerait-elle la vie quotidienne
des Français ?
R- D'abord, vous savez, il est très important que les citoyens se reconnaissent dans des décisions très importantes qui sont prises en leur nom. Pour cela, pour favoriser l'adhésion - l'adhésion à l'impôt, l'adhésion à la décision du Conseil général du coin, au Conseil régional ou la décision judiciaire - , il est normal que les citoyens aient un droit de regard, qu'ils participent d'une manière ou d'une autre à cette prise de décision. C'est déjà considérable. Nous sommes dans un système archaïque, autoritaire qui organise l'irresponsabilité : c'est-à-dire que celui qui prend la décision ne rend jamais de comptes. Après, on se retrouve avec la moitié du corps électoral qui soit vote aux extrêmes, soit décide de faire la grève du vote.
Q- Dans une VIème République, ce serait bien différent ?
R- Je pense qu'il faut réintroduire, réinstaller le citoyen au coeur de la décision politique.
Q- Comment ?
R- D'abord, nous avons de grands exemples, dans les démocraties parlementaires européennes, à côté de nous, qui sont beaucoup plus anciennes que la nôtre et beaucoup plus achevées et modernes, qui organisent le contrôle parlementaire sur l'argent public, que les décisions publiques. Par exemple, il est incroyable que dans l'affaire de la Côte d'Ivoire, il n'y ait pas eu immédiatement des explications précises du Gouvernement. Il a fallu qu'on lise pensant deux ou trois jours, nous parlementaires, la presse, pour comprendre ce qui se passait. Pendant que nos électeurs nous interrogeaient, parce que beaucoup d'entre eux ont de la famille en Côte d'Ivoire, suivent ce pays - c'est un pays qui a une histoire commune avec la France -, nous étions incapables de leur répondre. On leur disait de lire le journal, qu'on aura peut-être les informations, "nous surveillons, nous vous tenons au courant" !
Q- Le Parlement n'a pas été suffisamment informé ?
R- Lorsqu'il y des opération à l'extérieur - Kosovo, Bosnie ou toute autre intervention ; les électeurs, les citoyens, par l'intermédiaire de leur représentants, ne sont pas informés. Je prends cet exemple, mais s'agissant du budget de l'Etat c'est exactement le même problème, s'agissant des grandes décisions législatives c'est exactement le même problème. Ce ne sont plus les parlementaires qui font la loi, ce sont les administrations qui font voter leurs lois à coup de pied dans les fesses des parlementaires qui sont, en quelque sorte caporalisés quand ils sont dans la majorité et infantilisés quand ils sont dans l'opposition.
Q- Puisque l'on parle de la Côte d'Ivoire, est-il supportable d'entendre H. Emmanuelli et C. Josselin soutenir encore L. Gbagbo ?
R- Chacun a sa position, elle est respectable. Je considère que la position prise par le président de la République, consistant à faire preuve de fermeté à l'égard de ces avions affrétés...
Q- A t- iI eu raison de détruire l'aviation de Gbagbo ?
R- Il a eu raison de répondre à l'agression dont les soldats français ont été l'objet et les victimes, par une mesure qui a été approuvée par l'ONU. Je rappelle quand même que nous ne sommes pas là en tant que Français, nous sommes là avec un casque bleu. Nous avons un mandat international. Et il est aussi inacceptable qu'un Milosevic prenne en otage une force d'interposition de l'ONU, que des soldats ayant le casque bleu soient tués. Après, on discutera de l'erreur ou pas, mais les éléments semblent démontrer que la décision a été prise en toute connaissance de cause.
Q- Mais en avez-vous parlé avec H. Emmanuelli ?
R- Nous en parlons entre nous, les uns et les autres. Chacun regarde finalement à sa manière les choses. Moi, je vous donne mon opinion. Ce que je vous dis, c'est que nous avons de ce point de vue-là à reconsidérer nos relations avec l'Afrique. La France n'est pas seule là bas, il y a des Etats africains qui ont envoyé des troupes, comme le Sénégal. Le président sénégalais a expliqué qu'il est exactement sur la même position que la nôtre, car il tient la position de l'ONU. Après, qu'il y ait un échec de la diplomatie française, que les accords de Marcoussis qui ont été un peu bricolés dans des conditions difficiles, certes, je suis d'accord pour reconnaître que monsieur Chirac n'a pas été, de point de vue là, à un succès diplomatique, mais on n'a pas une obligation de résultat dans ce genre de difficulté.
Q- Est-ce que les socialistes se sont suffisamment démarqués du président
ivoirien ?
R- Je pense d'abord - vous avez entendu les déclaration de F. Hollande - qu'il y a un courant de pensée dans le PS qui a bien le désir de remettre à plat l'ensemble de nos relations historiques avec des pays africains, de manière à ce que nous construisions un autre type de relation avec ce qui été notre passé colonial.
Q- Le Gouvernement s'apprête à prendre une mesure pour aider les personnes âgées qui touchent le minimum vieillesse. Vous savez qu'il y a eu un peu d'argent perçu sur la TVA sur la hausse du pétrole, 150 millions d'euros. Le Gouvernement dit qu'avec la TIPP, il a perdu 800.000 millions d'euros. Dans tous les cas, on va aider les personnes âgées qui touchent le minimum vieillesse : un chèque de 50 euros va leur être envoyé ; qu'en pensez vous ?
R- C'est une mesure ponctuelle, c'est la charité. C'est-à-dire qu'on n'organise pas un dispositif de solidarité, on dit, "parce que j'ai un peu d'argent, je vous en redistribue". Très bien d'ailleurs, sauf que je voudrais revenir à des choix politique profonds de ce Gouvernement. Je crois que c'était il y a deux ans, dans une loi de Finances, il y avait dans le même document un demi-milliard d'euros qui faisait l'objet d'une exonération de type de l'impôt sur la fortune, en moins pour les plus aisés, les plus riches dans notre pays. Et dans le même document, il y avait un demi-milliard d'euros en plus à charge pour les familles qui étaient assujettis au ticket modérateur, en vigueur sur l'allocation aux personnes dépendantes, c'est-à-dire aux personnes généralement âgées qui sont à charge des familles. C'est-à-dire que finalement, on prend aux plus pauvres pour donner aux plus riches, ce sont des transferts dans l'autre sens. Tout cela n'a donc pas de sens et c'est une goutte d'eau par rapport aux transferts en faveur des plus aisés qui ont été accomplis par la politique gouvernementale constante depuis deux ans et demi.
Q- Est-ce que J. Chirac devrait changer de Premier ministre ?
R- Monsieur Chirac est dans le système de la Vème République, c'est-à-dire
que les écoutilles sont fermées, il est enfermé dans son phare d'Ouessant. La société bouge, se déchaîne même, c'est la mer, la société française. Et vous avez un homme immobile au milieu de son phare qui n'entend rien. Il y a eu quatre élections qui ont été gagnées : les sénatoriales, les européennes, les cantonales, les régionales, et cela n'a rien changé et cela ne changera pas.
Q- Doit-il changer de Premier ministre, selon vous ?
R- Je pense que la question de l'homme n'est pas en cause. Je pense que c'est l'orientation politique qui est essentielle ; elle le sera encore plus le temps passant. Nous sommes dans une sorte d'alignement sur des standards internationaux de la mondialisation libérale. On nous demande de diminuer notre protection sociale, de diminuer un certain nombre de constructions qui sont issues d'ailleurs de la Résistance, du général de Gaulle, allié à l'ensemble des forces politiques de l'époque. La Sécurité sociale, c'est cela. Ces remises en question n'ont jamais été délibérées, il n'y a pas de mandat de monsieur Chirac pour cela !
(Source http://www.nouveau-ps.net le 28 janvier 2005)