Texte intégral
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Madame et Messieurs les Députés,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais tout d'abord vous dire la joie et la fierté que je ressens à accueillir la deuxième conférence des Présidents d'Assemblées parlementaires de la Méditerranée occidentale, après la première réunion tenue en 2003, en Libye.
C'est pour le Sénat aujourd'hui, comme pour l'Assemblée nationale hier, un grand honneur que d'être les premiers à accueillir notre cénacle sur la rive nord de la Méditerranée.
Si je mets de côté la réunion de tous les Sénats du monde, que j'avais organisée, ici même, en mars 2000, c'est la première fois que nous réunissons autant de Présidents d'Assemblées parlementaires venant d'horizons si variés. Je me réjouis donc tout particulièrement que vous ayez répondu si nombreux à notre invitation.
Avant de présenter le thème retenu pour notre réunion de travail de ce matin, je souhaiterais dire quelques mots sur la Méditerranée occidentale et sur nos efforts pour la promouvoir.
Quatorze ans après le lancement du Dialogue dit " 5 + 5 " et presque dix ans après la mise en place du processus euro-méditerranéen, plus large, il me semble plus que jamais nécessaire de poursuivre dans la voie que nous avons tracée ensemble.
Je veux parler de la voie du dialogue informel et sans tabous, de nature à rapprocher les deux rives de la Méditerranée, cette " mare nostrum " dont nous sommes tous enfants.
Je crois en effet que notre dialogue est encore plus utile et profitable dans un monde chaque jour plus tourmenté, où l'instabilité le dispute à l'insécurité.
Je crois aussi qu'après le récent élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux Etats membres -qui devraient bientôt faire d'autres émules-, il est plus que jamais souhaitable d'affirmer et d'afficher la priorité méditerranéenne.
Au coeur du monde, notre Méditerranée, si chargée d'histoire et de promesses, doit donner l'exemple de l'unité sans céder à l'uniformité.
Nous devons être solidaires car la géographie -qui, décidément, commande tout- comme l'histoire nous y invitent, et plus, nous y poussent.
Messieurs les Présidents,
Cette solidarité entre les deux rives de notre mer doit aussi commencer par une solidarité au sein de nos deux rives.
Grâce à l'Union européenne, qui s'est faite lentement mais sûrement, l'Europe est aujourd'hui en paix et s'attache à promouvoir cette valeur fondamentale, ce bien premier de l'Homme, ce but ultime de tout responsable politique.
Sur la rive sud, disons-le simplement, il y a encore beaucoup à faire. Sans nous ingérer, ni vouloir à tout prix exporter notre modèle, nous appelons sincèrement de nos vux l'émergence d'un Maghreb uni et économiquement intégré, comme diraient les experts.
C'est justement l'un des mérites de ce genre de réunions que de faire se rencontrer des pays qui, bien que voisins, ne se parlent pas toujours si facilement...
Mais il me faut maintenant en venir au thème que nous avons retenu pour notre réunion de travail.
Ce thème est volontairement concret voire terre-à-terre, loin de la géopolitique chère à nos Chefs d'Etat et à nos ministres. En effet, si la diplomatie parlementaire, pour laquelle je n'ai cessé de militer depuis que je suis Président du Sénat, ne se désintéresse pas de la grande politique, elle veille aussi à ne pas concurrencer la diplomatie traditionnelle.
Inutile en effet de risquer, au mieux, la répétition, au pire, la contradiction.
Avec la coopération décentralisée et la coopération interparlementaire, aucun risque ! Nous sommes dans le concret, et, surtout, dans notre rôle de représentants de nos peuples.
Avant de voir comment ces deux types de coopération peuvent s'articuler, je voudrais vous les présenter rapidement car ce qui est évident pour certains d'entre nous ne l'est pas toujours pour d'autres.
La coopération décentralisée, tout d'abord, peut se définir comme la coopération établie entre les collectivités locales de pays différents. Cette coopération concerne toutes les catégories de collectivités locales. En France, par exemple, nos régions, nos départements et nos communes ont ainsi de plus en plus souvent des relations avec leurs homologues d'autres pays.
Cette coopération s'est développée ces dernières années car elle permet de répondre directement et simplement à des besoins pratiques, exprimés au plus près du terrain. En un mot, c'est une coopération avant tout humaine, plus accessible parfois aux populations que la coopération d'Etat à Etat, toujours nécessaire mais pas toujours suffisante, et, en tout cas, plus distante.
Et c'est une coopération, qui, à l'instar de la diplomatie parlementaire, est complémentaire et non concurrente de la coopération entre Etats, surtout à un moment où l'Etat est contraint à la rigueur budgétaire...
Quant à la coopération interparlementaire, c'est la coopération établie entre deux assemblées parlementaires de pays différents. Le Sénat de la République française, par exemple, a développé, depuis une dizaine d'années, des relations régulières et parfois institutionnalisées, avec des assemblées parlementaires étrangères, que ces assemblées appartiennent à un régime bicaméral ou non.
Cette coopération interparlementaire a évidemment accompagné la mondialisation à l'oeuvre depuis les années 90 et n'a aucune raison de s'arrêter. Au contraire ! Et nous, parlementaires, pouvons nous en réjouir.
La coopération interparlementaire s'intéresse à tous les domaines de la vie parlementaire mais peut aussi dépasser ce champ.
Ce qui m'amène aux liens entre la coopération interparlementaire et la coopération décentralisée. L'idée est simple : la coopération interparlementaire doit pouvoir faciliter la coopération décentralisée. Les assemblées parlementaires de deux pays jouent alors un rôle d'interface et favorisent le rapprochement entre leurs collectivités locales.
Par exemple, le Sénat français, assemblée parlementaire à part entière mais aussi représentant des collectivités locales, s'attache de plus en plus à promouvoir les coopérations entre collectivités locales françaises et étrangères. Notre Service des Relations internationales et notre Service des Collectivités territoriales y veillent ensemble et se coordonnent régulièrement à cet effet sous la houlette de mon Cabinet.
Je ne vais pas ici me lancer dans une litanie de nos actions dans ce domaine, mais retenez seulement que nous avons veillé à ce qu'elles se développent tous azimuts et sur tous les continents.
S'agissant de nos dix pays, la coopération décentralisée y est, dans l'ensemble, soutenue, avec, évidemment des différences selon les pays.
On dénombre ainsi 38 coopérations entre régions françaises et régions appartenant aux neuf pays du Dialogue " 5 + 5 ". Pour les départements, ce nombre passe à 50 et s'élève même à plus de 1 000 s'agissant des communes (il est vrai que nous en avons 36 500...).
Bien sûr, cette coopération décentralisée est en France, à tout le moins pour le moment, plus importante avec nos voisins européens qu'avec les pays du Maghreb. Mais je souhaiterais justement qu'un plus grand accent soit mis sur les coopérations décentralisées avec les pays du Maghreb. Cette réunion devrait y contribuer, en vous convaincant de l'intérêt de ces projets.
Messieurs les Présidents,
Avant d'entendre vos suggestions ou vos questions sur ce sujet, je voudrais redire tout le prix qu'attache la France au dialogue entre les pays de la Méditerranée occidentale.
Ce dialogue, parce qu'il est informel et parce qu'il nous permet de mieux nous connaître, dans un climat de confiance et d'amitié, doit empêcher que ne se creuse un fossé entre le Nord et le Sud, l'Islam et la Chrétienté C'est un fossé où certains aimeraient bien nous conduire mais que nous devons, ensemble, veiller à éviter.
Si nous tombons dans le piège, que certains nous tendent, du conflit entre l'Orient et l'Occident, nous courons à notre perte.
Cela ne veut pas dire que nous devons transiger avec nos valeurs. Cela veut dire que nous devons nous entendre entre responsables modérés pour garantir la tolérance dans la sécurité. Vaste entreprise mais je suis sûr que ce type de réunion, même modestement, y contribue directement.
Messieurs les Présidents,
Je vais maintenant vous laisser la parole. Je propose que l'on commence par un tour de table, en partant de ma droite, avec 5 minutes maximum par intervenant, afin de laisser du temps à un dialogue.
A la fin de notre réunion, les photographes et les journalistes nous rejoindront, pour un point de presse rapide, ici même. Après quoi, je vous inviterai à signer notre Livre d'Or, à côté de notre salle de réunion.
Puis nous ferons une photo de famille, dehors si le temps le permet, dedans sinon.
Enfin, nous aurons gagné le droit d'aller déjeuner, dans ma résidence, à quelques pas d'ici.
Voilà ! Ces précisions rappelées, vous avez la parole !
(Source http://www.senat.fr, le 13 décembre 2004)
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Madame et Messieurs les Députés,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais tout d'abord vous dire la joie et la fierté que je ressens à accueillir la deuxième conférence des Présidents d'Assemblées parlementaires de la Méditerranée occidentale, après la première réunion tenue en 2003, en Libye.
C'est pour le Sénat aujourd'hui, comme pour l'Assemblée nationale hier, un grand honneur que d'être les premiers à accueillir notre cénacle sur la rive nord de la Méditerranée.
Si je mets de côté la réunion de tous les Sénats du monde, que j'avais organisée, ici même, en mars 2000, c'est la première fois que nous réunissons autant de Présidents d'Assemblées parlementaires venant d'horizons si variés. Je me réjouis donc tout particulièrement que vous ayez répondu si nombreux à notre invitation.
Avant de présenter le thème retenu pour notre réunion de travail de ce matin, je souhaiterais dire quelques mots sur la Méditerranée occidentale et sur nos efforts pour la promouvoir.
Quatorze ans après le lancement du Dialogue dit " 5 + 5 " et presque dix ans après la mise en place du processus euro-méditerranéen, plus large, il me semble plus que jamais nécessaire de poursuivre dans la voie que nous avons tracée ensemble.
Je veux parler de la voie du dialogue informel et sans tabous, de nature à rapprocher les deux rives de la Méditerranée, cette " mare nostrum " dont nous sommes tous enfants.
Je crois en effet que notre dialogue est encore plus utile et profitable dans un monde chaque jour plus tourmenté, où l'instabilité le dispute à l'insécurité.
Je crois aussi qu'après le récent élargissement de l'Union européenne à dix nouveaux Etats membres -qui devraient bientôt faire d'autres émules-, il est plus que jamais souhaitable d'affirmer et d'afficher la priorité méditerranéenne.
Au coeur du monde, notre Méditerranée, si chargée d'histoire et de promesses, doit donner l'exemple de l'unité sans céder à l'uniformité.
Nous devons être solidaires car la géographie -qui, décidément, commande tout- comme l'histoire nous y invitent, et plus, nous y poussent.
Messieurs les Présidents,
Cette solidarité entre les deux rives de notre mer doit aussi commencer par une solidarité au sein de nos deux rives.
Grâce à l'Union européenne, qui s'est faite lentement mais sûrement, l'Europe est aujourd'hui en paix et s'attache à promouvoir cette valeur fondamentale, ce bien premier de l'Homme, ce but ultime de tout responsable politique.
Sur la rive sud, disons-le simplement, il y a encore beaucoup à faire. Sans nous ingérer, ni vouloir à tout prix exporter notre modèle, nous appelons sincèrement de nos vux l'émergence d'un Maghreb uni et économiquement intégré, comme diraient les experts.
C'est justement l'un des mérites de ce genre de réunions que de faire se rencontrer des pays qui, bien que voisins, ne se parlent pas toujours si facilement...
Mais il me faut maintenant en venir au thème que nous avons retenu pour notre réunion de travail.
Ce thème est volontairement concret voire terre-à-terre, loin de la géopolitique chère à nos Chefs d'Etat et à nos ministres. En effet, si la diplomatie parlementaire, pour laquelle je n'ai cessé de militer depuis que je suis Président du Sénat, ne se désintéresse pas de la grande politique, elle veille aussi à ne pas concurrencer la diplomatie traditionnelle.
Inutile en effet de risquer, au mieux, la répétition, au pire, la contradiction.
Avec la coopération décentralisée et la coopération interparlementaire, aucun risque ! Nous sommes dans le concret, et, surtout, dans notre rôle de représentants de nos peuples.
Avant de voir comment ces deux types de coopération peuvent s'articuler, je voudrais vous les présenter rapidement car ce qui est évident pour certains d'entre nous ne l'est pas toujours pour d'autres.
La coopération décentralisée, tout d'abord, peut se définir comme la coopération établie entre les collectivités locales de pays différents. Cette coopération concerne toutes les catégories de collectivités locales. En France, par exemple, nos régions, nos départements et nos communes ont ainsi de plus en plus souvent des relations avec leurs homologues d'autres pays.
Cette coopération s'est développée ces dernières années car elle permet de répondre directement et simplement à des besoins pratiques, exprimés au plus près du terrain. En un mot, c'est une coopération avant tout humaine, plus accessible parfois aux populations que la coopération d'Etat à Etat, toujours nécessaire mais pas toujours suffisante, et, en tout cas, plus distante.
Et c'est une coopération, qui, à l'instar de la diplomatie parlementaire, est complémentaire et non concurrente de la coopération entre Etats, surtout à un moment où l'Etat est contraint à la rigueur budgétaire...
Quant à la coopération interparlementaire, c'est la coopération établie entre deux assemblées parlementaires de pays différents. Le Sénat de la République française, par exemple, a développé, depuis une dizaine d'années, des relations régulières et parfois institutionnalisées, avec des assemblées parlementaires étrangères, que ces assemblées appartiennent à un régime bicaméral ou non.
Cette coopération interparlementaire a évidemment accompagné la mondialisation à l'oeuvre depuis les années 90 et n'a aucune raison de s'arrêter. Au contraire ! Et nous, parlementaires, pouvons nous en réjouir.
La coopération interparlementaire s'intéresse à tous les domaines de la vie parlementaire mais peut aussi dépasser ce champ.
Ce qui m'amène aux liens entre la coopération interparlementaire et la coopération décentralisée. L'idée est simple : la coopération interparlementaire doit pouvoir faciliter la coopération décentralisée. Les assemblées parlementaires de deux pays jouent alors un rôle d'interface et favorisent le rapprochement entre leurs collectivités locales.
Par exemple, le Sénat français, assemblée parlementaire à part entière mais aussi représentant des collectivités locales, s'attache de plus en plus à promouvoir les coopérations entre collectivités locales françaises et étrangères. Notre Service des Relations internationales et notre Service des Collectivités territoriales y veillent ensemble et se coordonnent régulièrement à cet effet sous la houlette de mon Cabinet.
Je ne vais pas ici me lancer dans une litanie de nos actions dans ce domaine, mais retenez seulement que nous avons veillé à ce qu'elles se développent tous azimuts et sur tous les continents.
S'agissant de nos dix pays, la coopération décentralisée y est, dans l'ensemble, soutenue, avec, évidemment des différences selon les pays.
On dénombre ainsi 38 coopérations entre régions françaises et régions appartenant aux neuf pays du Dialogue " 5 + 5 ". Pour les départements, ce nombre passe à 50 et s'élève même à plus de 1 000 s'agissant des communes (il est vrai que nous en avons 36 500...).
Bien sûr, cette coopération décentralisée est en France, à tout le moins pour le moment, plus importante avec nos voisins européens qu'avec les pays du Maghreb. Mais je souhaiterais justement qu'un plus grand accent soit mis sur les coopérations décentralisées avec les pays du Maghreb. Cette réunion devrait y contribuer, en vous convaincant de l'intérêt de ces projets.
Messieurs les Présidents,
Avant d'entendre vos suggestions ou vos questions sur ce sujet, je voudrais redire tout le prix qu'attache la France au dialogue entre les pays de la Méditerranée occidentale.
Ce dialogue, parce qu'il est informel et parce qu'il nous permet de mieux nous connaître, dans un climat de confiance et d'amitié, doit empêcher que ne se creuse un fossé entre le Nord et le Sud, l'Islam et la Chrétienté C'est un fossé où certains aimeraient bien nous conduire mais que nous devons, ensemble, veiller à éviter.
Si nous tombons dans le piège, que certains nous tendent, du conflit entre l'Orient et l'Occident, nous courons à notre perte.
Cela ne veut pas dire que nous devons transiger avec nos valeurs. Cela veut dire que nous devons nous entendre entre responsables modérés pour garantir la tolérance dans la sécurité. Vaste entreprise mais je suis sûr que ce type de réunion, même modestement, y contribue directement.
Messieurs les Présidents,
Je vais maintenant vous laisser la parole. Je propose que l'on commence par un tour de table, en partant de ma droite, avec 5 minutes maximum par intervenant, afin de laisser du temps à un dialogue.
A la fin de notre réunion, les photographes et les journalistes nous rejoindront, pour un point de presse rapide, ici même. Après quoi, je vous inviterai à signer notre Livre d'Or, à côté de notre salle de réunion.
Puis nous ferons une photo de famille, dehors si le temps le permet, dedans sinon.
Enfin, nous aurons gagné le droit d'aller déjeuner, dans ma résidence, à quelques pas d'ici.
Voilà ! Ces précisions rappelées, vous avez la parole !
(Source http://www.senat.fr, le 13 décembre 2004)