Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Tout d'abord, je tiens à vous remercier d'être venus très nombreux à cette réunion. Je sais, pour avoir été moi-même à la tête d'une PME, que les journées d'un chef d'entreprise sont bien remplies.
Si j'ai souhaité vous rencontrer aujourd'hui, à Lyon, c'est aussi parce que je pense que les réalités du terrain ne peuvent s'apprécier entre les murs d'un ministère parisien mais qu'elles se mesurent au contact des acteurs locaux ; je suis un élu rural, de l'Indre, et j'en suis particulièrement convaincu. C'est pourquoi j'ai initié une série de rencontres dans les régions, dont la première se déroule donc en Rhône-Alpes.
J'ajoute que ma mission, telle que je la conçois, est également de favoriser le rassemblement des entreprises et de leurs partenaires. Aujourd'hui, dans cette salle, toutes les filières sont représentées, tous les domaines d'activité de l'agroalimentaire sont présents, et leurs partenaires privilégiés, banques, investisseurs, administrations, ont également répondu à l'appel, ce dont je les remercie sincèrement. Mon souhait est que cette réunion soit utile à chacun d'entre nous, à vous comme à moi, au travers d'un dialogue direct et sincère.
Comme vous le savez, je travaille donc, depuis ma nomination, à l'élaboration d'un Partenariat National pour le développement de l'industrie agroalimentaire.
Il s'inscrit totalement dans la démarche d'ensemble initiée par le Gouvernement en faveur du dynamisme de nos territoires, en faveur du monde agricole et rural.
L'avenir de notre agriculture et du monde rural doit, en effet, être considéré de manière globale : nous avons à raisonner " de la fourche à la fourchette ", " du champ à l'assiette ". Parallèlement aux actions menées pour conforter l'amont de l'agriculture française, pour structurer les filières, parallèlement aux mesures décidées lors des CIADT de septembre et décembre 2003 puis septembre 2004, aux outils du projet de loi relatif au développement des territoires ruraux, aux débats préalables à l'élaboration de la future grande loi agricole, le Partenariat National nous permet d'agir sur l'aval de l'agriculture. Nous lui ouvrons ainsi des perspectives plus larges, plus ambitieuses, et nous traçons plus clairement cette " nouvelle frontière " qu'il nous faut atteindre.
Au travers de ce plan d'action, il s'agit pour nous de conforter le secteur agroalimentaire, qui joue un rôle de première importance dans l'économie de notre pays.
L'enjeu est, en effet, de taille pour notre économie. Les industries agroalimentaires sont la première industrie nationale en termes de chiffre d'affaires et le 2ème employeur français, avec plus de 420 000 salariés. Au fil des années, elles ont augmenté avec régularité leurs effectifs, quelle que soit la conjoncture (+7,7 % de 1998 à 2002). Elles permettent à la France d'être le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires et fournissent un solde positif de 8,6 milliards d'euros (en 2003).
Les industries agroalimentaires jouent, en outre, un rôle essentiel dans le dynamisme du monde rural : les quelque 10 000 entreprises du secteur, dont 80 % sont des PME ou des TPE, maillent nos territoires et assurent 70 % des débouchés de l'agriculture française.
Et ce qui est vrai au niveau national l'est également au niveau régional : en Rhône Alpes, ce sont plus de 650 entreprises agroalimentaires (de plus de 10 salariés) qui fournissent près de 30 000 emplois. Environ 1 entreprise agroalimentaire sur 10, environ 1 emploi sur 10 se trouvent en Rhône Alpes.
1. Nous devons aider les entreprises agroalimentaires à relever des défis importants
Vous le savez tous, notre industrie agroalimentaire est, cependant, confrontée à des défis qu'elle doit relever pour conforter sa réussite, face à une concurrence internationale toujours plus vive.
Les très nombreuses petites et moyennes entreprises - bien présentes dans cette salle - constituent un vivier remarquable de talents et d'initiatives qui font la force du secteur. Mais la dispersion et la taille des industries agroalimentaires expliquent aussi certaines faiblesses.
Ainsi, beaucoup d'entreprises souffrent d'un déficit de fonds propres et certaines peinent à dégager des marges suffisantes. Ces moyens restreints expliquent en partie l'effort insuffisant d'investissement du secteur dans la recherche : le taux de valeur ajoutée consacré par l'industrie agroalimentaire à la recherche-développement est de 1,3 %, contre une moyenne de 6,5 % dans les autres secteurs manufacturiers.
On constate, en parallèle, un certain manque d'intérêt des investisseurs pour ce secteur, malgré son potentiel indéniable, ses réussites et ses débouchés : ils hésitent à s'y engager, par crainte de risques sanitaires et de réglementations jugées très contraignantes.
Enfin, en termes d'emplois, les jeunes aussi se détournent des métiers de l'agroalimentaire, en dépit de la variété et des capacités d'embauche du secteur.
Ce bref panorama que je viens d'esquisser est le fruit des travaux que nous avons engagés depuis juillet dernier ; c'est aussi le fruit de nombreuses discussions avec des chefs d'entreprises, lors de mes déplacements sur le terrain (35 déplacements d'une journée) ou des réunions de travail sur le Partenariat National à Paris.
J'ai, sur cette base, dégagé six axes pour ce plan d'action en faveur de l'agroalimentaire, qui doivent répondre, de manière opérationnelle, à vos attentes.
Six groupes de travail ont ainsi été constitués en juin, qui avaient pour mission de :
- favoriser le développement économique des entreprises et leur financement ;
- affirmer la dynamique des entreprises à l'international ;
- encourager la recherche, le développement et l'innovation ;
- adapter et simplifier les normes et réglementations ;
- mieux répondre aux attentes de la société ;
- développer l'emploi, en valorisant les métiers de l'agroalimentaire.
Mon objectif est clair : construire, ensemble, une action ambitieuse, concrète et durable pour notre industrie agroalimentaire, afin de remédier aux fragilités du secteur, de conforter son développement et d'être plus offensifs sur les marchés de demain.
L'ambition de ce plan d'action est forte et s'inscrit pleinement dans la priorité pour l'emploi du gouvernement : nous voulons donner les moyens au secteur agroalimentaire français d'atteindre 500 000 salariés d'ici dix ans, contre 420 000 aujourd'hui. C'est ambitieux, mais pas irréaliste, si l'on observe les taux de croissance du secteur ces dernières années. Je sais ainsi qu'en 2003, 300 emplois ont encore été créés dans l'agroalimentaire dans votre région. J'en suis d'autant plus convaincu lorsque je vois votre capacité de mobilisation, cette volonté des industriels de l'agroalimentaire d'avancer ensemble : votre présence aujourd'hui en est une nouvelle illustration.
2. Pour atteindre cet objectif, j'ai voulu une méthode d'action partenariale et un calendrier dynamique
Je tiens à vous le dire avec force : rien ne peut se faire, rien ne doit se faire sans vous.
C'est pourquoi j'ai mis en place une méthode fondée sur la concertation, afin qu'au-delà de l'impulsion donnée par le gouvernement, la profession se mobilise fortement. Les travaux sont conduits, depuis plusieurs mois, en étroite association avec les entreprises, avec vous tous, et les filières professionnelles. Certains d'entre vous ont déjà participé aux réunions des groupes de travail, nous vous avons largement sollicités et votre contribution a été, sachez-le, aussi utile qu'appréciée.
Sur la base de ces premiers travaux, j'ai pu annoncer, dès le Salon International de l'Alimentation, en octobre dernier, six premières mesures concrètes pour les entreprises.
Cette première réunion, à Lyon, marque le début d'une deuxième phase, sur le terrain, pour aller plus loin, ensemble, dans la réflexion. Je tiens à passer au filtre de votre expérience toutes les propositions, celles que j'ai annoncées le 17 octobre comme celles que nous envisageons, les uns et les autres. Je souhaite que ce soit un dialogue, que vous vous exprimiez très librement, que nous puissions partager, sans brider notre imagination, sans tabou, sans langue de bois, toute idée qui semblerait intéressante à approfondir.
L'ensemble de ces réunions en régions, que je vais animer jusqu'en février prochain, me permettra de franchir une nouvelle étape, au cours du premier trimestre, où je présenterai d'autres propositions concrètes. Car, vous l'avez compris, je privilégie une méthode d'action qui consiste à bâtir, avec les entreprises, des mesures concrètes que j'annonce au fur et à mesure de leur élaboration : et c'est bien ainsi que vous pouvez juger réellement de l'avancée de nos travaux et de leur aboutissement.
Un dernier rendez-vous marquera donc la finalisation du Partenariat National, en juin 2005, avec un ensemble de mesures concrètes, ciblées et efficaces, pour les entreprises.
3. Six mesures ont déjà été présentées, lors du Sial.
Je vous les rappelle.
- Un outil pour l'emploi, afin d'attirer les jeunes vers les métiers de l'agroalimentaire :
Les entreprises du secteur ont du mal à recruter et à conserver leurs salariés, en raison, notamment, d'un déficit d'image et de la méconnaissance du secteur par les jeunes. C'est pourquoi une campagne de communication va être lancée en 2005, en partenariat avec les professionnels, pour une durée de trois ans et pour un montant envisagé de 3 millions d'euros.
- Un outil financier, pour favoriser le développement économique et l'innovation des entreprises :
Nous mettons en place, en partenariat avec le nouvel ensemble BDPME/SOFARIS/ANVAR, deux prêts participatifs dédiés aux PME et aux TPE de l'agroalimentaire. Un montant de 1 million d'euros a été engagé pour mettre en place, en test sur une ou deux régions, environ 10 millions d'euros de financements à des conditions privilégiées pour les PME de la région-test.
A cet égard, je vous annonce que nous avons signé vendredi, avec la BDPME, un protocole concrétisant la mise en place de l'un de ces prêts : le prêt participatif de développement. L'objectif est en effet de pouvoir les proposer en région test dès le premier trimestre 2005.
Ce sont des prêts destinés aux PME, avec une priorité pour les très petites entreprises ; Ils s'adressent à celles qui souhaitent développer une production " de niche ", ancrée dans les terroirs, dans une logique de production élaborée à forte valeur ajoutée et d'aménagement du territoire.
Leur intérêt réside dans le fait qu'il s'agit de prêts sans garantie ni caution du chef d'entreprise. Ils sont octroyés sur sept ans et à différé de remboursement de deux ans.
Comme je l'ai dit au SIAL, j'envisage de tester cet outil dans une région : pourquoi pas Rhône Alpes si les acteurs locaux, entreprises, collectivités, manifestent leur intérêt pour cette expérimentation ?
Les prêts seront ensuite étendus à toute la France si les résultats se révèlent probants, dans la région retenue pour le test.
- Un outil pratique, pour accompagner les industries agroalimentaires à l'export :
Un " kit pour l'export et la promotion agroalimentaires " a été annoncé, en liaison avec le ministre délégué au Commerce Extérieur. Il s'agit d'une prestation complète et personnalisée d'accompagnement aux entreprises agroalimentaires pour leurs projets d'exportation, à toutes les étapes importantes, qui sera réalisée par les organismes qui composent le dispositif national d'appui à l'exportation, Ubifrance et Sopexa. Un partenaire unique sera mis en place en région pour suivre l'entreprise. Le tarif de cette prestation très complète sera, je l'ai expressément voulu, attractif afin que le facteur " prix " ne soit plus dissuasif pour les petites entreprises.
Je sais que la région Rhône Alpes est encore peu exportatrice, hormis pour les boissons, alors qu'elle dispose d'une situation géographique favorable et de produits de qualité. J'espère que ce " kit " constituera une première réponse.
J'ai annoncé trois autres mesures :
- Un diagnostic de l'impact de l'accumulation des normes sur la compétitivité des entreprises ;
- la création d'un Baromètre de l'alimentation, véritable outil d'expertise pour anticiper les nouvelles attentes des consommateurs ;
- la réactivation du Conseil supérieur des exportations agroalimentaires, instance de concertation nécessaire pour les entreprises.
4. J'entends proposer une autre série de mesures au premier trimestre 2005 :
Il s'agira d'abord de renforcer les capacités d'innovation et de recherche/ développement des entreprises. Le travail est déjà bien avancé avec l'ANVAR et avec le ministère de la Recherche.
Il s'agira également de clarifier et simplifier les normes et réglementations qui pèsent sur les entreprises : les résultats de l'étude que j'ai demandée sur les référentiels privés devraient, je l'espère, être alors connus.
Il nous faudra également avoir avancé sur les questions d'emploi, sous plusieurs angles :
·* adapter l'offre de formation, notamment dans l'enseignement agricole, afin de mieux répondre à leurs besoins
·* favoriser les passerelles entre les filières pour fluidifier l'emploi
·* avancer sur les conditions de travail, avec des mesures simples pour aider les entreprises sur ce point susceptible de contribuer à faciliter l'embauche.
5. Et nous aurons travaillé sur le sujet qui nous occupe plus particulièrement aujourd'hui : les outils financiers de développement des entreprises
Notre action, dans ce domaine, doit répondre à trois objectifs :
* Favoriser l'émergence de leaders
Dans le classement des 100 premiers groupes, seules cinq entreprises françaises sont présentes et la première d'entre elles se situe au 14ème rang.
Pourtant, les grands groupes jouent un rôle déterminant dans la santé des filières, en les structurant, en pesant face à la grande distribution, en s'imposant sur les marchés internationaux.
Il faut encourager l'émergence d'entreprises leaders dans leur domaine, références d'excellence, d'abord nationale, puis internationale. Les coopératives, en particulier, ont toute leur place. Cet effort de réorganisation profitera à toutes les entreprises, y compris les plus petites, en redonnant du souffle aux filières et en restaurant leur attractivité vis à vis des investisseurs.
* Soutenir les PME
Les PME représentent 40 % de l'emploi du secteur ; elles créent des emplois ; elles maillent nos territoires ; mais ce sont elles qui souffrent le plus actuellement.
Il faut les aider, par des outils financiers ciblés et adaptés, aux différents stades de leur développement. La majorité des entreprises est familiale ; le problème de leur transmission commence à se poser et se posera avec davantage encore d'acuité ces prochaines années. Il leur faut aussi des outils adaptés.
* Aller vers plus de valeur ajoutée et vers des produits élaborés
Les entreprises de première transformation (de conditionnement simple) présentent un couple rentabilité/risque et un taux de retour sur investissement qui correspondent rarement aux exigences des investisseurs.
Pour améliorer les perspectives de bénéfices, le secteur agroalimentaire a une carte à jouer : la fabrication d'un pourcentage plus élevé de produits élaborés. Ceci va d'ailleurs dans le sens des attentes du consommateur, permet de se démarquer de la production internationale et d'améliorer les perspectives de rentabilité.
Face à ces trois défis d'une importance capitale :
- J'ai engagé une série de réunions avec les banques, les investisseurs, pour faciliter le montage de projets de fonds d'investissements, en les sensibilisant aux réalités et aux besoins des industries agroalimentaires.
Sont concernés tous les acteurs financiers, fonds d'investissements, banques, régions, auxquels nous devons mieux faire connaître les besoins financiers des entreprises du secteur.
Elles ont en réalité de beaux atouts à faire valoir : le secteur est propice à l'innovation (8 produits agroalimentaires sur 10 que nous trouverons dans 10 ans ne sont pas encore connus), ses débouchés sont moins risqués, son taux de sinistralité bas.
De leur côté, les chefs d'entreprises doivent se mobiliser pour porter des projets et s'engager dans des partenariats financiers ambitieux, condition du développement de leurs entreprises.
- Je renforce l'information des entreprises : j'ai souhaité que soit mise en ligne, sur le site web du ministère, une présentation des aides auxquelles le secteur agroalimentaire est éligible ;
Les entreprises, surtout les plus petites d'entre elles, ont souvent des difficultés à s'informer sur les aides auxquelles elles ont droit, dans le foisonnement des dispositifs nationaux et régionaux. Elles trouvent désormais, sur notre site web, une présentation du bilan réalisé dans le cadre du Partenariat.
Il me semble également que nous devons travailler pour que les aides nationales et les aides régionales s'articulent harmonieusement et se complètent utilement.
- J'engage, comme vous l'avez noté, une action commune avec le nouvel ensemble BDMPE/SOFARIS/ANVAR.
Les efforts du ministère en matière industrielle [notamment POA - prime d'orientation agricole] sont importants et doivent être poursuivis. Cependant, sans remettre en cause ces outils, nous devons faire preuve d'inventivité et d'une plus grande ambition pour notre secteur.
La BDPME, la SOFARIS et l'ANVAR sont pour vous des partenaires privilégiés. Le passage d'une entreprise par leurs dispositifs donne à son projet un gage de crédibilité, qui lui permet d'intéresser plus aisément les financiers privés.
C'est pourquoi nous travaillons avec l'ANVAR, la BDPME et SOFARIS au lancement d'une initiative sectorielle, tout à fait nouvelle dans le secteur agroalimentaire, qui se concrétise déjà par le lancement des deux outils de prêts participatifs que j'ai annoncés au SIAL.
C'est naturellement un début. Nous envisageons déjà d'autres mesures :
- une adaptation des modalités de garanties SOFARIS pour mieux prendre en compte les réalités des industries agroalimentaires ;
- un partenariat spécifique avec l'ANVAR pour ses aides à l'innovation, avec une révision de la définition de l'innovation afin de prendre en compte celles qui sont importantes pour les industries agroalimentaires, comme celles relatives au packaging ou encore à la formulation.
En conclusion
La mise en uvre du Partenariat, en juin 2005, s'inscrit ainsi pleinement dans la démarche de confiance dans l'avenir de l'agriculture et du monde rural, engagée par le Gouvernement. Production agricole, transformation agroalimentaire, développement des territoires sont intimement liés et doivent réussir ensemble le pari de l'avenir. Je compte sur vous, concrètement.
C'est pourquoi je vous propose maintenant une discussion, en deux temps :
·- sur le Partenariat de manière globale, son objectif, sa méthode, ses axes de travail, ses premières pistes
·- ensuite plus spécifiquement sur le thème de la journée : les outils financiers de développement des entreprises.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 22 décembre 2004)
Tout d'abord, je tiens à vous remercier d'être venus très nombreux à cette réunion. Je sais, pour avoir été moi-même à la tête d'une PME, que les journées d'un chef d'entreprise sont bien remplies.
Si j'ai souhaité vous rencontrer aujourd'hui, à Lyon, c'est aussi parce que je pense que les réalités du terrain ne peuvent s'apprécier entre les murs d'un ministère parisien mais qu'elles se mesurent au contact des acteurs locaux ; je suis un élu rural, de l'Indre, et j'en suis particulièrement convaincu. C'est pourquoi j'ai initié une série de rencontres dans les régions, dont la première se déroule donc en Rhône-Alpes.
J'ajoute que ma mission, telle que je la conçois, est également de favoriser le rassemblement des entreprises et de leurs partenaires. Aujourd'hui, dans cette salle, toutes les filières sont représentées, tous les domaines d'activité de l'agroalimentaire sont présents, et leurs partenaires privilégiés, banques, investisseurs, administrations, ont également répondu à l'appel, ce dont je les remercie sincèrement. Mon souhait est que cette réunion soit utile à chacun d'entre nous, à vous comme à moi, au travers d'un dialogue direct et sincère.
Comme vous le savez, je travaille donc, depuis ma nomination, à l'élaboration d'un Partenariat National pour le développement de l'industrie agroalimentaire.
Il s'inscrit totalement dans la démarche d'ensemble initiée par le Gouvernement en faveur du dynamisme de nos territoires, en faveur du monde agricole et rural.
L'avenir de notre agriculture et du monde rural doit, en effet, être considéré de manière globale : nous avons à raisonner " de la fourche à la fourchette ", " du champ à l'assiette ". Parallèlement aux actions menées pour conforter l'amont de l'agriculture française, pour structurer les filières, parallèlement aux mesures décidées lors des CIADT de septembre et décembre 2003 puis septembre 2004, aux outils du projet de loi relatif au développement des territoires ruraux, aux débats préalables à l'élaboration de la future grande loi agricole, le Partenariat National nous permet d'agir sur l'aval de l'agriculture. Nous lui ouvrons ainsi des perspectives plus larges, plus ambitieuses, et nous traçons plus clairement cette " nouvelle frontière " qu'il nous faut atteindre.
Au travers de ce plan d'action, il s'agit pour nous de conforter le secteur agroalimentaire, qui joue un rôle de première importance dans l'économie de notre pays.
L'enjeu est, en effet, de taille pour notre économie. Les industries agroalimentaires sont la première industrie nationale en termes de chiffre d'affaires et le 2ème employeur français, avec plus de 420 000 salariés. Au fil des années, elles ont augmenté avec régularité leurs effectifs, quelle que soit la conjoncture (+7,7 % de 1998 à 2002). Elles permettent à la France d'être le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires et fournissent un solde positif de 8,6 milliards d'euros (en 2003).
Les industries agroalimentaires jouent, en outre, un rôle essentiel dans le dynamisme du monde rural : les quelque 10 000 entreprises du secteur, dont 80 % sont des PME ou des TPE, maillent nos territoires et assurent 70 % des débouchés de l'agriculture française.
Et ce qui est vrai au niveau national l'est également au niveau régional : en Rhône Alpes, ce sont plus de 650 entreprises agroalimentaires (de plus de 10 salariés) qui fournissent près de 30 000 emplois. Environ 1 entreprise agroalimentaire sur 10, environ 1 emploi sur 10 se trouvent en Rhône Alpes.
1. Nous devons aider les entreprises agroalimentaires à relever des défis importants
Vous le savez tous, notre industrie agroalimentaire est, cependant, confrontée à des défis qu'elle doit relever pour conforter sa réussite, face à une concurrence internationale toujours plus vive.
Les très nombreuses petites et moyennes entreprises - bien présentes dans cette salle - constituent un vivier remarquable de talents et d'initiatives qui font la force du secteur. Mais la dispersion et la taille des industries agroalimentaires expliquent aussi certaines faiblesses.
Ainsi, beaucoup d'entreprises souffrent d'un déficit de fonds propres et certaines peinent à dégager des marges suffisantes. Ces moyens restreints expliquent en partie l'effort insuffisant d'investissement du secteur dans la recherche : le taux de valeur ajoutée consacré par l'industrie agroalimentaire à la recherche-développement est de 1,3 %, contre une moyenne de 6,5 % dans les autres secteurs manufacturiers.
On constate, en parallèle, un certain manque d'intérêt des investisseurs pour ce secteur, malgré son potentiel indéniable, ses réussites et ses débouchés : ils hésitent à s'y engager, par crainte de risques sanitaires et de réglementations jugées très contraignantes.
Enfin, en termes d'emplois, les jeunes aussi se détournent des métiers de l'agroalimentaire, en dépit de la variété et des capacités d'embauche du secteur.
Ce bref panorama que je viens d'esquisser est le fruit des travaux que nous avons engagés depuis juillet dernier ; c'est aussi le fruit de nombreuses discussions avec des chefs d'entreprises, lors de mes déplacements sur le terrain (35 déplacements d'une journée) ou des réunions de travail sur le Partenariat National à Paris.
J'ai, sur cette base, dégagé six axes pour ce plan d'action en faveur de l'agroalimentaire, qui doivent répondre, de manière opérationnelle, à vos attentes.
Six groupes de travail ont ainsi été constitués en juin, qui avaient pour mission de :
- favoriser le développement économique des entreprises et leur financement ;
- affirmer la dynamique des entreprises à l'international ;
- encourager la recherche, le développement et l'innovation ;
- adapter et simplifier les normes et réglementations ;
- mieux répondre aux attentes de la société ;
- développer l'emploi, en valorisant les métiers de l'agroalimentaire.
Mon objectif est clair : construire, ensemble, une action ambitieuse, concrète et durable pour notre industrie agroalimentaire, afin de remédier aux fragilités du secteur, de conforter son développement et d'être plus offensifs sur les marchés de demain.
L'ambition de ce plan d'action est forte et s'inscrit pleinement dans la priorité pour l'emploi du gouvernement : nous voulons donner les moyens au secteur agroalimentaire français d'atteindre 500 000 salariés d'ici dix ans, contre 420 000 aujourd'hui. C'est ambitieux, mais pas irréaliste, si l'on observe les taux de croissance du secteur ces dernières années. Je sais ainsi qu'en 2003, 300 emplois ont encore été créés dans l'agroalimentaire dans votre région. J'en suis d'autant plus convaincu lorsque je vois votre capacité de mobilisation, cette volonté des industriels de l'agroalimentaire d'avancer ensemble : votre présence aujourd'hui en est une nouvelle illustration.
2. Pour atteindre cet objectif, j'ai voulu une méthode d'action partenariale et un calendrier dynamique
Je tiens à vous le dire avec force : rien ne peut se faire, rien ne doit se faire sans vous.
C'est pourquoi j'ai mis en place une méthode fondée sur la concertation, afin qu'au-delà de l'impulsion donnée par le gouvernement, la profession se mobilise fortement. Les travaux sont conduits, depuis plusieurs mois, en étroite association avec les entreprises, avec vous tous, et les filières professionnelles. Certains d'entre vous ont déjà participé aux réunions des groupes de travail, nous vous avons largement sollicités et votre contribution a été, sachez-le, aussi utile qu'appréciée.
Sur la base de ces premiers travaux, j'ai pu annoncer, dès le Salon International de l'Alimentation, en octobre dernier, six premières mesures concrètes pour les entreprises.
Cette première réunion, à Lyon, marque le début d'une deuxième phase, sur le terrain, pour aller plus loin, ensemble, dans la réflexion. Je tiens à passer au filtre de votre expérience toutes les propositions, celles que j'ai annoncées le 17 octobre comme celles que nous envisageons, les uns et les autres. Je souhaite que ce soit un dialogue, que vous vous exprimiez très librement, que nous puissions partager, sans brider notre imagination, sans tabou, sans langue de bois, toute idée qui semblerait intéressante à approfondir.
L'ensemble de ces réunions en régions, que je vais animer jusqu'en février prochain, me permettra de franchir une nouvelle étape, au cours du premier trimestre, où je présenterai d'autres propositions concrètes. Car, vous l'avez compris, je privilégie une méthode d'action qui consiste à bâtir, avec les entreprises, des mesures concrètes que j'annonce au fur et à mesure de leur élaboration : et c'est bien ainsi que vous pouvez juger réellement de l'avancée de nos travaux et de leur aboutissement.
Un dernier rendez-vous marquera donc la finalisation du Partenariat National, en juin 2005, avec un ensemble de mesures concrètes, ciblées et efficaces, pour les entreprises.
3. Six mesures ont déjà été présentées, lors du Sial.
Je vous les rappelle.
- Un outil pour l'emploi, afin d'attirer les jeunes vers les métiers de l'agroalimentaire :
Les entreprises du secteur ont du mal à recruter et à conserver leurs salariés, en raison, notamment, d'un déficit d'image et de la méconnaissance du secteur par les jeunes. C'est pourquoi une campagne de communication va être lancée en 2005, en partenariat avec les professionnels, pour une durée de trois ans et pour un montant envisagé de 3 millions d'euros.
- Un outil financier, pour favoriser le développement économique et l'innovation des entreprises :
Nous mettons en place, en partenariat avec le nouvel ensemble BDPME/SOFARIS/ANVAR, deux prêts participatifs dédiés aux PME et aux TPE de l'agroalimentaire. Un montant de 1 million d'euros a été engagé pour mettre en place, en test sur une ou deux régions, environ 10 millions d'euros de financements à des conditions privilégiées pour les PME de la région-test.
A cet égard, je vous annonce que nous avons signé vendredi, avec la BDPME, un protocole concrétisant la mise en place de l'un de ces prêts : le prêt participatif de développement. L'objectif est en effet de pouvoir les proposer en région test dès le premier trimestre 2005.
Ce sont des prêts destinés aux PME, avec une priorité pour les très petites entreprises ; Ils s'adressent à celles qui souhaitent développer une production " de niche ", ancrée dans les terroirs, dans une logique de production élaborée à forte valeur ajoutée et d'aménagement du territoire.
Leur intérêt réside dans le fait qu'il s'agit de prêts sans garantie ni caution du chef d'entreprise. Ils sont octroyés sur sept ans et à différé de remboursement de deux ans.
Comme je l'ai dit au SIAL, j'envisage de tester cet outil dans une région : pourquoi pas Rhône Alpes si les acteurs locaux, entreprises, collectivités, manifestent leur intérêt pour cette expérimentation ?
Les prêts seront ensuite étendus à toute la France si les résultats se révèlent probants, dans la région retenue pour le test.
- Un outil pratique, pour accompagner les industries agroalimentaires à l'export :
Un " kit pour l'export et la promotion agroalimentaires " a été annoncé, en liaison avec le ministre délégué au Commerce Extérieur. Il s'agit d'une prestation complète et personnalisée d'accompagnement aux entreprises agroalimentaires pour leurs projets d'exportation, à toutes les étapes importantes, qui sera réalisée par les organismes qui composent le dispositif national d'appui à l'exportation, Ubifrance et Sopexa. Un partenaire unique sera mis en place en région pour suivre l'entreprise. Le tarif de cette prestation très complète sera, je l'ai expressément voulu, attractif afin que le facteur " prix " ne soit plus dissuasif pour les petites entreprises.
Je sais que la région Rhône Alpes est encore peu exportatrice, hormis pour les boissons, alors qu'elle dispose d'une situation géographique favorable et de produits de qualité. J'espère que ce " kit " constituera une première réponse.
J'ai annoncé trois autres mesures :
- Un diagnostic de l'impact de l'accumulation des normes sur la compétitivité des entreprises ;
- la création d'un Baromètre de l'alimentation, véritable outil d'expertise pour anticiper les nouvelles attentes des consommateurs ;
- la réactivation du Conseil supérieur des exportations agroalimentaires, instance de concertation nécessaire pour les entreprises.
4. J'entends proposer une autre série de mesures au premier trimestre 2005 :
Il s'agira d'abord de renforcer les capacités d'innovation et de recherche/ développement des entreprises. Le travail est déjà bien avancé avec l'ANVAR et avec le ministère de la Recherche.
Il s'agira également de clarifier et simplifier les normes et réglementations qui pèsent sur les entreprises : les résultats de l'étude que j'ai demandée sur les référentiels privés devraient, je l'espère, être alors connus.
Il nous faudra également avoir avancé sur les questions d'emploi, sous plusieurs angles :
·* adapter l'offre de formation, notamment dans l'enseignement agricole, afin de mieux répondre à leurs besoins
·* favoriser les passerelles entre les filières pour fluidifier l'emploi
·* avancer sur les conditions de travail, avec des mesures simples pour aider les entreprises sur ce point susceptible de contribuer à faciliter l'embauche.
5. Et nous aurons travaillé sur le sujet qui nous occupe plus particulièrement aujourd'hui : les outils financiers de développement des entreprises
Notre action, dans ce domaine, doit répondre à trois objectifs :
* Favoriser l'émergence de leaders
Dans le classement des 100 premiers groupes, seules cinq entreprises françaises sont présentes et la première d'entre elles se situe au 14ème rang.
Pourtant, les grands groupes jouent un rôle déterminant dans la santé des filières, en les structurant, en pesant face à la grande distribution, en s'imposant sur les marchés internationaux.
Il faut encourager l'émergence d'entreprises leaders dans leur domaine, références d'excellence, d'abord nationale, puis internationale. Les coopératives, en particulier, ont toute leur place. Cet effort de réorganisation profitera à toutes les entreprises, y compris les plus petites, en redonnant du souffle aux filières et en restaurant leur attractivité vis à vis des investisseurs.
* Soutenir les PME
Les PME représentent 40 % de l'emploi du secteur ; elles créent des emplois ; elles maillent nos territoires ; mais ce sont elles qui souffrent le plus actuellement.
Il faut les aider, par des outils financiers ciblés et adaptés, aux différents stades de leur développement. La majorité des entreprises est familiale ; le problème de leur transmission commence à se poser et se posera avec davantage encore d'acuité ces prochaines années. Il leur faut aussi des outils adaptés.
* Aller vers plus de valeur ajoutée et vers des produits élaborés
Les entreprises de première transformation (de conditionnement simple) présentent un couple rentabilité/risque et un taux de retour sur investissement qui correspondent rarement aux exigences des investisseurs.
Pour améliorer les perspectives de bénéfices, le secteur agroalimentaire a une carte à jouer : la fabrication d'un pourcentage plus élevé de produits élaborés. Ceci va d'ailleurs dans le sens des attentes du consommateur, permet de se démarquer de la production internationale et d'améliorer les perspectives de rentabilité.
Face à ces trois défis d'une importance capitale :
- J'ai engagé une série de réunions avec les banques, les investisseurs, pour faciliter le montage de projets de fonds d'investissements, en les sensibilisant aux réalités et aux besoins des industries agroalimentaires.
Sont concernés tous les acteurs financiers, fonds d'investissements, banques, régions, auxquels nous devons mieux faire connaître les besoins financiers des entreprises du secteur.
Elles ont en réalité de beaux atouts à faire valoir : le secteur est propice à l'innovation (8 produits agroalimentaires sur 10 que nous trouverons dans 10 ans ne sont pas encore connus), ses débouchés sont moins risqués, son taux de sinistralité bas.
De leur côté, les chefs d'entreprises doivent se mobiliser pour porter des projets et s'engager dans des partenariats financiers ambitieux, condition du développement de leurs entreprises.
- Je renforce l'information des entreprises : j'ai souhaité que soit mise en ligne, sur le site web du ministère, une présentation des aides auxquelles le secteur agroalimentaire est éligible ;
Les entreprises, surtout les plus petites d'entre elles, ont souvent des difficultés à s'informer sur les aides auxquelles elles ont droit, dans le foisonnement des dispositifs nationaux et régionaux. Elles trouvent désormais, sur notre site web, une présentation du bilan réalisé dans le cadre du Partenariat.
Il me semble également que nous devons travailler pour que les aides nationales et les aides régionales s'articulent harmonieusement et se complètent utilement.
- J'engage, comme vous l'avez noté, une action commune avec le nouvel ensemble BDMPE/SOFARIS/ANVAR.
Les efforts du ministère en matière industrielle [notamment POA - prime d'orientation agricole] sont importants et doivent être poursuivis. Cependant, sans remettre en cause ces outils, nous devons faire preuve d'inventivité et d'une plus grande ambition pour notre secteur.
La BDPME, la SOFARIS et l'ANVAR sont pour vous des partenaires privilégiés. Le passage d'une entreprise par leurs dispositifs donne à son projet un gage de crédibilité, qui lui permet d'intéresser plus aisément les financiers privés.
C'est pourquoi nous travaillons avec l'ANVAR, la BDPME et SOFARIS au lancement d'une initiative sectorielle, tout à fait nouvelle dans le secteur agroalimentaire, qui se concrétise déjà par le lancement des deux outils de prêts participatifs que j'ai annoncés au SIAL.
C'est naturellement un début. Nous envisageons déjà d'autres mesures :
- une adaptation des modalités de garanties SOFARIS pour mieux prendre en compte les réalités des industries agroalimentaires ;
- un partenariat spécifique avec l'ANVAR pour ses aides à l'innovation, avec une révision de la définition de l'innovation afin de prendre en compte celles qui sont importantes pour les industries agroalimentaires, comme celles relatives au packaging ou encore à la formulation.
En conclusion
La mise en uvre du Partenariat, en juin 2005, s'inscrit ainsi pleinement dans la démarche de confiance dans l'avenir de l'agriculture et du monde rural, engagée par le Gouvernement. Production agricole, transformation agroalimentaire, développement des territoires sont intimement liés et doivent réussir ensemble le pari de l'avenir. Je compte sur vous, concrètement.
C'est pourquoi je vous propose maintenant une discussion, en deux temps :
·- sur le Partenariat de manière globale, son objectif, sa méthode, ses axes de travail, ses premières pistes
·- ensuite plus spécifiquement sur le thème de la journée : les outils financiers de développement des entreprises.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 22 décembre 2004)