Texte intégral
Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, lors de la Conférence des ministres européens de la santé le 14 avril 2005 :
Monsieur le commissaire, cher Markos,
Monsieur le Président du Conseil, cher Mars,
Madame la directrice de l'ECDC,
Mesdames et messieurs les ministres, chers collègues,
Mesdames et messieurs,
L'Europe de la santé est en marche.
Au cours des dix dernières années, elle a tracé le chemin qui nous permettra, demain, de profiter de la force d'un continent pour changer d'échelle dans notre lutte contre la maladie, la souffrance et la mort.
Hier, des règles européennes ont permis d'améliorer la sécurité des cellules humaines, l'autorisation de mise sur le marché des médicaments, la lutte contre le tabagisme, ou encore de coordonner nos normes et nos règlements.
Ces progrès sont encourageants, mais encore insuffisants.
Demain, nous aurons peut être un nouveau traité constitutionnel pour l'Europe qui nous permettra de donner toute sa puissance politique à notre Union en bâtissant ensemble des grands projets. Nous devons dès aujourd'hui savoir comment nous l'utiliserons. A quoi serviront ces institutions nouvelles et quel bénéfice pourront en retirer les citoyens.
Après des mois de travail pour préparer les propositions dont nous avons débattu pendant deux jours, je mesure tous les progrès qu'une Europe politique à 25 nous permettront de réaliser au service de la santé des citoyens. Si nous savons construire l'Europe, comme nous le propose le traité constitutionnel, nous pourrons relever le défi d'une Europe de la santé.
C'est pour cela que j'avais proposé à mon ami Mars di Bartolomeo, le ministre de la santé et de la protection sociale du Luxembourg, pays qui assure ce semestre la présidence de l'Union, de réunir à Paris les 25 ministres de la santé. Grâce à son engagement dans cette aventure, ensemble, à 25, nous avons décidé de lancer un appel pour mettre l'Europe au service de la santé de ses citoyens.
Cette réunion, baptisée "L'Europe de la santé", sorte de conseil européen informel exceptionnellement délocalisé à Paris pour l'occasion, s'est tenue en présence du commissaire européen Markos Kyprianou, de Marc Danzon, le directeur de l'Organisation Mondiale de la Santé pour l'Europe, et de Madame Suszanna Jakab, la directrice du Centre européen de contrôle des maladies dont l'Union vient de se doter pour assurer la surveillance sanitaire de nos populations.
Pendant cette conférence, nous avons discuté de projets concrets pour construire une politique européenne de lutte contre les pathologies qui affectent le plus nos concitoyens. Car à 25, nous serons plus forts pour construire :
- une Europe qui découvre des thérapies nouvelles,
- une Europe qui partage les bonnes pratiques existantes au bénéfice du plus grand nombre,
- une Europe qui protège des menaces épidémiologiques actuelles ou futures.
Aujourd'hui, seules des initiatives isolées permettent de telles avancées. Demain, si l'Europe se dote d'institutions nouvelles permettant aux ministres et aux parlements nationaux de reprendre leur rôle naturel d'orientation de l'action, de telles propositions seront notre quotidien.
C'est pourquoi, durant ces deux jours, nous nous sommes félicités des avancées proposées par le traité constitutionnel européen dans le champ de la santé. Pour anticiper ces progrès, nous avons décidé d'unir nos volontés politiques et d'engager des actions communes dans la lutte contre :
- le Cancer
- le Sida
- les menaces infectieuses comme la grippe aviaire.
1- Pour une Europe qui partage : créer une alliance contre le cancer
Le cancer, seconde cause de mortalité en Europe, est responsable de 4 décès sur 10 chez les 35-65 ans. En 2004, deux millions de nouveaux cas ont été diagnostiqués. 1,2 millions d'Européens en sont morts. Et ces chiffres devraient rapidement augmenter, compte tenu du vieillissement de la population du continent. Pour répondre à cette préoccupation majeure des citoyens, nous avons décidé de créer une " Alliance contre le Cancer ".
Malgré des acquis significatifs, les défis du cancer restent immenses : défi scientifique pour mieux comprendre l'origine et les mécanismes intimes de cette maladie, défi médical pour mieux la soigner et éviter la souffrance qu'elle entraîne en emportant tant de gens aimés.
Mais le plus grand de tous les défis est certainement politique : jamais un chercheur aussi brillant soit-il, jamais un médecin aussi performant soit-il, aucun pays, aucune nation ne peut imaginer être assez forts pour vaincre seuls cette terrible maladie. Nous devons unir nos efforts, nos intelligences, nos savoirs, nos instruments pour créer une alliance dont la puissance sera bien plus que la simple addition arithmétique de nos forces individuelles !
C'est pourquoi nous avons décidé de créer à 25 une Alliance associant les meilleurs experts de nos pays. Cette Alliance prendra d'abord ses racines dans une mise en réseau de nos référents nationaux sur le cancer. Le Pr. David Khayat, président de l'Institut national du cancer français, a proposé d'accueillir le secrétariat de cette alliance avec le soutien de ses homologues britanniques, espagnols, italiens, et de tous ceux qui indiqueront demain vouloir y prendre part. L'objectif de ce réseau est d'organiser un échange de bonnes pratiques en matière de prévention et de dépistage, ainsi que la mise en place d'un programme d'évaluation des pratiques médicales. Car il n'est plus acceptable que les Européens ne soient pas égaux devant cette maladie faute d'information, de prévention ou de détection des premiers symptômes, dont la mise en uvre peut sauver tant de vies.
Ensuite, l'Europe doit profiter de sa taille pour changer d'échelle dans la connaissance de la maladie et multiplier par 25 sa détermination à en traquer les mécanismes. C'est pourquoi nous avons examiné des pistes que nous aurons l'occasion de préciser dans les prochains conseils qui nous réuniront : une tumorothèque européenne, c'est-à-dire la mise en réseau des banques de tumeurs des Etats-membres pour assurer l'échange des résultats obtenus par l'observation des tumeurs sur les tissus humains. Ou encore un " programme d'identification de biomarqueurs protéomiques " de détection précoce du cancer dans le sang dont nous souhaitons affiner l'organisation et les financements. Le rêve de découvrir précocement un cancer qui se développe dans nos corps, grâce à une simple prise de sang avant même qu'il ne soit visible par nos scanners n'est plus très loin. Il devient même probablement accessible dans un délai raisonnable si, comme pour le Human Genome Project, nous divisons la tache à accomplir et répartissons ce travail entre tous les chercheurs de nos instituts.
2- Pour une Europe qui construit de nouveaux projets : ensemble contre le VIH/ Sida
Aujourd'hui, le développement d'un vaccin contre le sida efficace, sûr et accessible partout dans le Monde est un des principaux défis pour la santé publique : la progression de la pandémie de sida est aujourd'hui hors de contrôle, avec 5 millions de nouvelles infections par an et l'infection à VIH/SIDA se répand dans de nouvelles zones géographiques. Avec la progression actuelle, les experts estiment que 45 millions de nouveaux cas d'infections surviendront en 2010 et 70 millions de personnes en mourront d'ici 2020.
Nous ne pouvons plus différer un effort global décisif pour mettre au point un vaccin contre le sida. En effet l'information, l'éducation, l'accès au préservatif, l'aide aux personnes touchées, la garantie de leurs droits, mais aussi le dépistage et l'accès aux traitements ont fait la preuve de leur efficacité et doivent être développés. Mais nous savons que, même si elles sont indispensables, l'ensemble de ces actions ne seront pas suffisantes pour maîtriser, sinon réduire durablement une telle pandémie.
Seule la mise au point d'un vaccin permettrait de contenir cette pandémie, comme le vaccin a permis d'éradiquer la variole de la surface du globe et la poliomyélite dans de nombreux pays. La recherche vaccinale est orientée aujourd'hui dans deux directions : des vaccins d'efficacité partielle qui permettrait d'atténuer le développement du SIDA chez les personnes touchées et qui pourrait être mis au point dans les cinq à huit prochaines années, des vaccins préventifs qui permettraient de prévenir l'infection et dont aujourd'hui il n'est pas possible pour les chercheurs de prédire les délais de mise au point, mais qui nécessite un effort de recherche décisif.
Le 19 octobre dernier, avec François d'Aubert, le ministre délégué à la recherche, nous avons pris l'initiative de réunir nos collègues ministres de la santé d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suède. Un représentant de la Commission était également présent.
Cette réunion nous a permis de renoncer à la concurrence qui opposait nos programmes de recherche et à nous engager ensemble à créer un réseau européen d'essais cliniques sur le vaccin contre le SIDA.
En effet, alors que plus de 20 candidats vaccinaux sont issus de la recherche européenne, celle-ci souffre d'être fragmentée, pas assez coordonnée et très peu financée en comparaison avec les Etats-Unis. La recherche vaccinale représente près de 40 % des publications mondiales sur le sujet, mais 90 % des premiers essais sur l'homme sont conduites par des équipes américaines. Sur les 800 millions de dollars à ce jour dépensés dans le monde pour la recherche vaccinale contre le VIH, 700 millions sont financés par les Etats-Unis. Après deux jours de débats, nous sommes tous tombés d'accord : Les investissements européens dans ce domaine sont trop faibles.
C'est pourquoi nous avons décidé, conformément à la déclaration commune adoptée à Paris le 19 octobre 2004, d'agir pour mettre en uvre dès cette année un soutien à l'organisation d'un réseau européen d'essai vaccinal.
L'initiative European vaccine trials network (EVTN) répond à l'objectif de faciliter les recherches européennes pour un vaccin contre le VIH/SIDA et en particulier l'évaluation des candidats vaccins aujourd'hui identifiés en Europe.
La valeur ajoutée d'un tel réseau est de mettre en uvre une standardisation des procédures de recherche clinique et des techniques de laboratoires, et d'identifier un réseau de personnes volontaires. Ce projet regroupe les centres européens qui sont les plus engagés aujourd'hui dans une telle recherche (ANRS du Pr. Michel Kazatchkine, EUROVAC, THERAVAC,) en France, en Allemagne, en Espagne, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni. Nous avons donc accepté que ce réseau, qui nous a été présenté par le professeur britannique Jonathan Weber, présente sa candidature à un appel d'offre du 4ème volet du 6ème programme commun de recherche et développement, le 6ème PCRD, à l'automne à l'automne prochain.
3- Pour une Europe qui protège : renforcer notre bouclier sanitaire
L'Organisation mondiale de la santé nous le rappelle désormais chaque mois : la menace de pandémie infectieuse n'est plus virtuelle, elle est réelle. Alors que les récents épisodes du SRAS et de la grippe aviaire ont manifesté la réalité de cette menace à quelques milliers de kilomètres de nos côtes, la coordination européenne est d'autant plus nécessaire que les virus, eux, n'ont pas de frontières. Marc Danzon, directeur de l'Oms Europe, nous a ainsi appelé à renforcer aussi vite que possible notre coordination en la matière. Le professeur italien Dona Greco nous a également rappelé que la surveillance devait se concentrer sur les nouvelles menaces pandémiques.
Pour lutter contre cette menace, il n'existe qu'un seul moyen : coordonner la veille, l'alerte et la réponse aux crises.
La veille et l'alerte ont été communautarisées grâce la mise en place en ce moment même d'un Centre européen de prévention et de contrôle des maladies qui dotera l'Union européenne d'un instrument de veille sanitaire, afin de mieux prévenir la menace de nouveaux virus. A notre invitation, sa directrice, Madame Jakab, est venue pour la première fois dialoguer avec les 25 ministres pour proposer une méthode d'alerte sanitaire européenne.
Conformément au traité constitutionnel, la réponse aux crises, elle, demeure de la responsabilité des Etats membres. Nationale, certes, mais pas isolée. Nous sommes tous convenus de la nécessité de renforcer notre bouclier sanitaire européen :
- Pour cela, nous avons discuté d'une coordination de la réponse aux alertes qui impliquerait qu'à chaque conseil européen de la santé, les responsables de la vieille sanitaire présentent l'état des menaces et que chaque ministre qui le compose y décline la réponse qu'il compte y apporter sur son territoire. Pour qu'ensemble, nous prenions nos responsabilités.
- Nous avons également proposé à la Commission européenne, qui l'a accepté, une coordination des mesures d'isolement qui constituent le premier volet de la réponse aux crises en cas d'alerte avérée. Concrètement, la commission européenne pourrait travailler à un téléphone rouge d'urgence sanitaire, réseau de permanences actualisé reliant les ministres et ministères responsables des mesures d'isolements (défense, sécurité civile, ministère de la santé, douanes, ministères des transports, etc. ). Un exercice de simulation de crise pour tester le réseau sera organisé cet automne par la commission européenne et je souhaite ici remercier le commissaire Kyprianou de ce travail dont nous profiterons tous.
- Enfin, nous avons discuté de la création d'un consortium européen " Vaccin européen pour les menaces futures ", qui réunirait les 25 pour l'identification des menaces les plus aiguës et le lancement de commandes publiques aux industriels pour les inciter à développer les vaccins correspondants. Nous sommes convenus qu'une telle piste méritait d'être examinée plus en détail à l'avenir.
Conclusion
L'Europe politique, c'est l'Europe des projets concrets pour améliorer la vie des citoyens européens. Au quotidien, pour répondre à leurs attentes. Car l'Europe politique que nous souhaitons construire est une Europe au service de ses citoyens. Si elle est animée par la volonté politique de ses gouvernants, L'Europe sera bonne pour notre santé.
La nouvelle architecture institutionnelle, qui rendra plus facile la prise de décisions, la stabilité et la continuité assurées par un Président de l'Union élu pour deux ans et demi permettront également de mettre en uvre sur le long terme, en fonction d'objectifs pluriannuels, de vraies politiques de santé publique.
De plus, alors que dans les débats actuels on parle pour l'essentiel des avancées institutionnelles du projet de Traité constitutionnel, des innovations ont également été apportées dans le domaine des politiques. La santé est l'un des domaines pour lesquels le traité apporte des innovations majeures.
L'Europe politique, vous le voyez, en matière de santé, c'est l'Europe des projets concrets qui changeront la vie des Français au quotidien. Sur le cancer, sur le SIDA, sur les épidémies. La conférence de Paris en a donné la démonstration. C'est pour sortir des polémiques théoriques et le démontrer par les faits que j'ai souhaité organiser cette conférence ministérielle européenne aujourd'hui. Je remercie Mars di Bartolomeo pour l'avoir présidé à mes cotés avec autant de souffle et de volontarisme. Et je remercie mes homologues de l'esprit ouvert et constructif avec lequel ils y ont participé.
L'Europe, quel numéro ? Entendons- nous souvent. Et bien, regardez : en matière de santé, l'Europe, c'est Markos, c'est Mars, ce sont des hommes et des femmes qui souhaitent s'allier pour aller plus vite, plus loin et faire reculer la maladie, la souffrance, et la mort.
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 27 avril 2005)
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Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, lors du forum mondial de la biognose, le 15 avril 2005 :
Monsieur le directeur général de l'UNESCO,
Messieurs les présidents d'instituts scientifiques,
Monsieur le directeur général de WWF international,
Monsieur le président de Sanofi-Aventis, cher Jean-François,
Mesdames et messieurs les scientifiques,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de cette invitation et de cet honneur et privilège que vous m'offrez aujourd'hui ici. Peu de réunion peuvent en effet s'honorer de pouvoir réunir un même jour, comme vous l'avez fait le 12 avril dernier, onze prix nobels afin de célébrer la fin d'une maladie infectieuse terrible la polio, qui a fait des millions de victimes !
Je voudrais donc profiter de cette tribune pour saluer la démarche des instigateurs de cette manifestation, au premier rang desquels bien sûr figure notre ancien premier ministre Raymond Barre, ancien maire de cette ville, à qui je voudrais rendre ici un hommage particulier.
La genèse de cette manifestation est tout à fait visionnaire ! Il est en effet primordial de permettre à différentes communautés de se lier pour le développement des sciences du vivant. Les sciences du vivant sont celles qui permettent de faire reculer la souffrance et la maladie, celles qui améliorent la santé publique, celles qui amènent nos sociétés sur la voie du développement durable. Elles représentent une chance et une priorité pour nos sociétés.
Mais souvent, il existe un décalage entre l'avancée des sciences, leur utilisation et leur acceptation par nos concitoyens. C'est bien sûr le cas des organismes génétiquement modifiés, difficilement acceptés pour les champs de maïs, réclamés par les patients lorsqu'ils permettent l'élaboration de nouveaux traitements contre le cancer ou des maladies orphelines.
La diffusion de ces traitements contribue alors à l'acceptation de la science et de toutes ses avancées dans l'ensemble de notre société.
De ce constat est née l'idée de bio vision afin de permettre aux scientifiques, aux associations de patients, aux organisations non gouvernementales, aux gouvernements et aux industries de santé d'uvrer ensemble pour permettre à la science de rencontrer la société, de la faire progresser. Et si nous sommes aujourd'hui là ensemble :
- Le professeur Federico Mayor, directeur général de l'unesco ;
- le docteur Craig Venter, président fondateur d'une fondation scientifique uvrant dans le séquençage du génome humain ;
- Bruce Alberts, président de l'académie nationale des sciences des Etats-Unis ;
- le docteur Claude Martin, directeur général d'une des plus importantes association de protection de la nature (WWF),
- ainsi que Jean-François (Dehecq), patron du troisième groupe mondial pharmaceutique ;
c'est bien sûr pour uvrer dans cette voie aujourd'hui, chacun comme relais des différents segments de la société.
Cette démarche peut s'illustrer par deux cas concrets pour améliorer la santé publique et l'accès aux soins : la quasi éradication de la poliomyélite dans le monde et les initiatives que je viens de prendre avec mes homologues européens à Paris ces deux derniers jours.
Nous fêtons ici les cinquante ans de la découverte du vaccin contre la polio en même temps que la quasi éradication de cette maladie dans le monde. 50 ans c'est peu et beaucoup à la fois. Quel aurait été ce délai si dès cette découverte, chercheurs, gouvernements, ong et industriels avaient travaillé conjointement à la promotion et à la diffusion de ces traitements de prévention, 30 ans, vingt ans ? C'est à cela que cette manifestation nous invite aujourd'hui à réfléchir.
C'est à cela que nous devons aujourd'hui répondre collectivement.
Et c'est à cela que j'ai travaillé durant deux jours, les 13 et 14 avril avec mes 25 collègues européens, ministres de la santé, invités à Paris afin que les politiques jouent leur rôle afin de mettre en uvre cette vision que ce colloque promeut et défend depuis six ans déjà.
Les 25 ministres de la santé ont acté quelques voies d'actions
Nous avons donc proposé des pistes d'action pour la recherche et la diffusion des traitements contre le cancer, le sida/vih et la lutte contre les maladies infectieuses.
1. La lutte contre le cancer s'organisera par la création de réseaux de nos référents nationaux sur le cancer, ces réseaux nous permettront une meilleure diffusion des savoirs et la coordination à la fois de la recherche et des meilleurs modes de traitement. L'objectif de ce réseau est d'organiser un échange de bonnes pratiques en matière de prévention et de dépistage, ainsi que la mise en place d'un programme d'évaluation des pratiques médicales. Car il n'est pas acceptable de voir des inégalités de soins devant cette maladie faute d'information, de prévention ou de détection des premiers symptômes, dont la mise en uvre peut sauver de nombreuses vies.
La recherche fait aussi partie de la lutte contre la maladie, nous avons acté la création d'une tumorothèque européenne, c'est-à-dire la mise en réseau des banques de tumeurs pour assurer l'échange des résultats obtenus par l'observation des tumeurs sur les tissus humains. Nous mettrons prochainement en place un " programme d'identification de biomarqueurs protéomiques " de détection précoce du cancer dans le sang. Le rêve de découvrir précocement un cancer qui se développe dans nos corps, grâce à une simple prise de sang avant même qu'il ne soit visible par nos scanners n'est plus très loin. Il devient même probablement accessible dans un délai raisonnable si, comme pour le Human Genome Project, nous divisons la tache à accomplir et répartissons ce travail entre tous les chercheurs de nos instituts.
2. La lutte contre le sida. Aujourd'hui, le développement d'un vaccin contre le sida efficace, sûr et accessible partout dans le Monde est un des principaux défis pour la santé publique : la progression de la pandémie de sida est aujourd'hui hors de contrôle, avec 5 millions de nouvelles infections par an et l'infection à VIH/SIDA se répand dans de nouvelles zones géographiques. Avec la progression actuelle, les experts estiment que 45 millions de nouveaux cas d'infections surviendront en 2010 et 70 millions de personnes en mourront d'ici 2020. Il s'agit donc d'un défi à la science en faveur de la santé publique auquel nous devons collectivement répondre. Il s'agit d'un défi que nos communautés se doivent de relever aujourd'hui.
Seule la mise au point d'un vaccin permettrait de contenir cette pandémie, comme le vaccin a permis d'éradiquer la variole de la surface du globe et la poliomyélite dans de nombreux pays. La recherche vaccinale est orientée aujourd'hui dans deux directions : des vaccins d'efficacité partielle qui permettrait d'atténuer le développement du SIDA chez les personnes touchées et qui pourrait être mis au point dans les cinq à huit prochaines années, des vaccins préventifs qui permettraient de prévenir l'infection et dont aujourd'hui il n'est pas possible pour les chercheurs de prédire les délais de mise au point, mais qui nécessite un effort de recherche décisif.
Le 19 octobre dernier, avec François d'Aubert, le ministre délégué à la recherche, nous avons pris l'initiative de réunir nos collègues ministres de la santé d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suède. Un représentant de la Commission était également présent. Nous avons alors souhaité unir les efforts de l'Europe pour la recherche sur ce sujet qui doit être une des priorités de santé publique.
3. La lutte contre les maladies infectieuses. L'Organisation mondiale de la santé nous le rappelle désormais chaque mois : la menace de pandémie infectieuse n'est plus virtuelle, elle est réelle. Alors que les récents épisodes du SRAS et de la grippe aviaire ont manifesté la réalité de cette menace à quelques milliers de kilomètres de nos côtes, la coordination européenne est d'autant plus nécessaire que les virus, eux, n'ont pas de frontières.
Sur ce thème, encore seul un véritable dialogue avec les scientifiques, les associations de patients, les pouvoirs publics, et les industriels nous permettra d'avancer. Produire des vaccins de nouveaux anti-infectieux, que ce soient des antibiotiques ou des antiviraux ait indispensable dans la lutte contre les maladies infectieuses.
Sur ce point, je salue l'initiative de Jean-François Dehecq qui a décidé d'engager le n°3 de la pharmacie mondiale dans la recherche d'anti-infectieux, y compris pour les maladies des pays en développement comme le paludisme et la maladie du sommeil. C'est rappeler avec force que les industries de santé peuvent se comporter en véritable professionnel de santé, partenaire des autorités publiques et responsables pour la santé publique.
Mais produire des vaccins nécessite un réel partenariat avec l'industrie car le jour où la menace apparaîtra, les capacités de production des vaccins devront pouvoir être rapidement mobilisées. Les Etats-Unis en ont fait la cruelle expérience cet hiver, avec la contamination de la moitié des lots de vaccins contre la grippe. Ils n'avaient pas prévu de capacité de production de secours et ont du restreindre la distribution des vaccins aux populations prioritaires.
En conclusion, je voudrais ici affirmer mon rôle de ministre de la santé publique pour contribuer à cette vision commune entre scientifiques, associations de patients, ONG et industriels pour nous conduire vers une économie de la connaissance , vers un développement durable. Ce rôle passe par l'amélioration de l'accès aux soins, la diffusion des nouveaux traitements et l'incitation à la recherche en santé.
Ce sont ces initiatives qui à mon sens permettront aux responsable de santé publique d'exercer et de démontrer une véritable volonté politique pour participer à cette vision des sciences du vivant et à leur diffusion
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 27 avril 2005)
Monsieur le commissaire, cher Markos,
Monsieur le Président du Conseil, cher Mars,
Madame la directrice de l'ECDC,
Mesdames et messieurs les ministres, chers collègues,
Mesdames et messieurs,
L'Europe de la santé est en marche.
Au cours des dix dernières années, elle a tracé le chemin qui nous permettra, demain, de profiter de la force d'un continent pour changer d'échelle dans notre lutte contre la maladie, la souffrance et la mort.
Hier, des règles européennes ont permis d'améliorer la sécurité des cellules humaines, l'autorisation de mise sur le marché des médicaments, la lutte contre le tabagisme, ou encore de coordonner nos normes et nos règlements.
Ces progrès sont encourageants, mais encore insuffisants.
Demain, nous aurons peut être un nouveau traité constitutionnel pour l'Europe qui nous permettra de donner toute sa puissance politique à notre Union en bâtissant ensemble des grands projets. Nous devons dès aujourd'hui savoir comment nous l'utiliserons. A quoi serviront ces institutions nouvelles et quel bénéfice pourront en retirer les citoyens.
Après des mois de travail pour préparer les propositions dont nous avons débattu pendant deux jours, je mesure tous les progrès qu'une Europe politique à 25 nous permettront de réaliser au service de la santé des citoyens. Si nous savons construire l'Europe, comme nous le propose le traité constitutionnel, nous pourrons relever le défi d'une Europe de la santé.
C'est pour cela que j'avais proposé à mon ami Mars di Bartolomeo, le ministre de la santé et de la protection sociale du Luxembourg, pays qui assure ce semestre la présidence de l'Union, de réunir à Paris les 25 ministres de la santé. Grâce à son engagement dans cette aventure, ensemble, à 25, nous avons décidé de lancer un appel pour mettre l'Europe au service de la santé de ses citoyens.
Cette réunion, baptisée "L'Europe de la santé", sorte de conseil européen informel exceptionnellement délocalisé à Paris pour l'occasion, s'est tenue en présence du commissaire européen Markos Kyprianou, de Marc Danzon, le directeur de l'Organisation Mondiale de la Santé pour l'Europe, et de Madame Suszanna Jakab, la directrice du Centre européen de contrôle des maladies dont l'Union vient de se doter pour assurer la surveillance sanitaire de nos populations.
Pendant cette conférence, nous avons discuté de projets concrets pour construire une politique européenne de lutte contre les pathologies qui affectent le plus nos concitoyens. Car à 25, nous serons plus forts pour construire :
- une Europe qui découvre des thérapies nouvelles,
- une Europe qui partage les bonnes pratiques existantes au bénéfice du plus grand nombre,
- une Europe qui protège des menaces épidémiologiques actuelles ou futures.
Aujourd'hui, seules des initiatives isolées permettent de telles avancées. Demain, si l'Europe se dote d'institutions nouvelles permettant aux ministres et aux parlements nationaux de reprendre leur rôle naturel d'orientation de l'action, de telles propositions seront notre quotidien.
C'est pourquoi, durant ces deux jours, nous nous sommes félicités des avancées proposées par le traité constitutionnel européen dans le champ de la santé. Pour anticiper ces progrès, nous avons décidé d'unir nos volontés politiques et d'engager des actions communes dans la lutte contre :
- le Cancer
- le Sida
- les menaces infectieuses comme la grippe aviaire.
1- Pour une Europe qui partage : créer une alliance contre le cancer
Le cancer, seconde cause de mortalité en Europe, est responsable de 4 décès sur 10 chez les 35-65 ans. En 2004, deux millions de nouveaux cas ont été diagnostiqués. 1,2 millions d'Européens en sont morts. Et ces chiffres devraient rapidement augmenter, compte tenu du vieillissement de la population du continent. Pour répondre à cette préoccupation majeure des citoyens, nous avons décidé de créer une " Alliance contre le Cancer ".
Malgré des acquis significatifs, les défis du cancer restent immenses : défi scientifique pour mieux comprendre l'origine et les mécanismes intimes de cette maladie, défi médical pour mieux la soigner et éviter la souffrance qu'elle entraîne en emportant tant de gens aimés.
Mais le plus grand de tous les défis est certainement politique : jamais un chercheur aussi brillant soit-il, jamais un médecin aussi performant soit-il, aucun pays, aucune nation ne peut imaginer être assez forts pour vaincre seuls cette terrible maladie. Nous devons unir nos efforts, nos intelligences, nos savoirs, nos instruments pour créer une alliance dont la puissance sera bien plus que la simple addition arithmétique de nos forces individuelles !
C'est pourquoi nous avons décidé de créer à 25 une Alliance associant les meilleurs experts de nos pays. Cette Alliance prendra d'abord ses racines dans une mise en réseau de nos référents nationaux sur le cancer. Le Pr. David Khayat, président de l'Institut national du cancer français, a proposé d'accueillir le secrétariat de cette alliance avec le soutien de ses homologues britanniques, espagnols, italiens, et de tous ceux qui indiqueront demain vouloir y prendre part. L'objectif de ce réseau est d'organiser un échange de bonnes pratiques en matière de prévention et de dépistage, ainsi que la mise en place d'un programme d'évaluation des pratiques médicales. Car il n'est plus acceptable que les Européens ne soient pas égaux devant cette maladie faute d'information, de prévention ou de détection des premiers symptômes, dont la mise en uvre peut sauver tant de vies.
Ensuite, l'Europe doit profiter de sa taille pour changer d'échelle dans la connaissance de la maladie et multiplier par 25 sa détermination à en traquer les mécanismes. C'est pourquoi nous avons examiné des pistes que nous aurons l'occasion de préciser dans les prochains conseils qui nous réuniront : une tumorothèque européenne, c'est-à-dire la mise en réseau des banques de tumeurs des Etats-membres pour assurer l'échange des résultats obtenus par l'observation des tumeurs sur les tissus humains. Ou encore un " programme d'identification de biomarqueurs protéomiques " de détection précoce du cancer dans le sang dont nous souhaitons affiner l'organisation et les financements. Le rêve de découvrir précocement un cancer qui se développe dans nos corps, grâce à une simple prise de sang avant même qu'il ne soit visible par nos scanners n'est plus très loin. Il devient même probablement accessible dans un délai raisonnable si, comme pour le Human Genome Project, nous divisons la tache à accomplir et répartissons ce travail entre tous les chercheurs de nos instituts.
2- Pour une Europe qui construit de nouveaux projets : ensemble contre le VIH/ Sida
Aujourd'hui, le développement d'un vaccin contre le sida efficace, sûr et accessible partout dans le Monde est un des principaux défis pour la santé publique : la progression de la pandémie de sida est aujourd'hui hors de contrôle, avec 5 millions de nouvelles infections par an et l'infection à VIH/SIDA se répand dans de nouvelles zones géographiques. Avec la progression actuelle, les experts estiment que 45 millions de nouveaux cas d'infections surviendront en 2010 et 70 millions de personnes en mourront d'ici 2020.
Nous ne pouvons plus différer un effort global décisif pour mettre au point un vaccin contre le sida. En effet l'information, l'éducation, l'accès au préservatif, l'aide aux personnes touchées, la garantie de leurs droits, mais aussi le dépistage et l'accès aux traitements ont fait la preuve de leur efficacité et doivent être développés. Mais nous savons que, même si elles sont indispensables, l'ensemble de ces actions ne seront pas suffisantes pour maîtriser, sinon réduire durablement une telle pandémie.
Seule la mise au point d'un vaccin permettrait de contenir cette pandémie, comme le vaccin a permis d'éradiquer la variole de la surface du globe et la poliomyélite dans de nombreux pays. La recherche vaccinale est orientée aujourd'hui dans deux directions : des vaccins d'efficacité partielle qui permettrait d'atténuer le développement du SIDA chez les personnes touchées et qui pourrait être mis au point dans les cinq à huit prochaines années, des vaccins préventifs qui permettraient de prévenir l'infection et dont aujourd'hui il n'est pas possible pour les chercheurs de prédire les délais de mise au point, mais qui nécessite un effort de recherche décisif.
Le 19 octobre dernier, avec François d'Aubert, le ministre délégué à la recherche, nous avons pris l'initiative de réunir nos collègues ministres de la santé d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suède. Un représentant de la Commission était également présent.
Cette réunion nous a permis de renoncer à la concurrence qui opposait nos programmes de recherche et à nous engager ensemble à créer un réseau européen d'essais cliniques sur le vaccin contre le SIDA.
En effet, alors que plus de 20 candidats vaccinaux sont issus de la recherche européenne, celle-ci souffre d'être fragmentée, pas assez coordonnée et très peu financée en comparaison avec les Etats-Unis. La recherche vaccinale représente près de 40 % des publications mondiales sur le sujet, mais 90 % des premiers essais sur l'homme sont conduites par des équipes américaines. Sur les 800 millions de dollars à ce jour dépensés dans le monde pour la recherche vaccinale contre le VIH, 700 millions sont financés par les Etats-Unis. Après deux jours de débats, nous sommes tous tombés d'accord : Les investissements européens dans ce domaine sont trop faibles.
C'est pourquoi nous avons décidé, conformément à la déclaration commune adoptée à Paris le 19 octobre 2004, d'agir pour mettre en uvre dès cette année un soutien à l'organisation d'un réseau européen d'essai vaccinal.
L'initiative European vaccine trials network (EVTN) répond à l'objectif de faciliter les recherches européennes pour un vaccin contre le VIH/SIDA et en particulier l'évaluation des candidats vaccins aujourd'hui identifiés en Europe.
La valeur ajoutée d'un tel réseau est de mettre en uvre une standardisation des procédures de recherche clinique et des techniques de laboratoires, et d'identifier un réseau de personnes volontaires. Ce projet regroupe les centres européens qui sont les plus engagés aujourd'hui dans une telle recherche (ANRS du Pr. Michel Kazatchkine, EUROVAC, THERAVAC,) en France, en Allemagne, en Espagne, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni. Nous avons donc accepté que ce réseau, qui nous a été présenté par le professeur britannique Jonathan Weber, présente sa candidature à un appel d'offre du 4ème volet du 6ème programme commun de recherche et développement, le 6ème PCRD, à l'automne à l'automne prochain.
3- Pour une Europe qui protège : renforcer notre bouclier sanitaire
L'Organisation mondiale de la santé nous le rappelle désormais chaque mois : la menace de pandémie infectieuse n'est plus virtuelle, elle est réelle. Alors que les récents épisodes du SRAS et de la grippe aviaire ont manifesté la réalité de cette menace à quelques milliers de kilomètres de nos côtes, la coordination européenne est d'autant plus nécessaire que les virus, eux, n'ont pas de frontières. Marc Danzon, directeur de l'Oms Europe, nous a ainsi appelé à renforcer aussi vite que possible notre coordination en la matière. Le professeur italien Dona Greco nous a également rappelé que la surveillance devait se concentrer sur les nouvelles menaces pandémiques.
Pour lutter contre cette menace, il n'existe qu'un seul moyen : coordonner la veille, l'alerte et la réponse aux crises.
La veille et l'alerte ont été communautarisées grâce la mise en place en ce moment même d'un Centre européen de prévention et de contrôle des maladies qui dotera l'Union européenne d'un instrument de veille sanitaire, afin de mieux prévenir la menace de nouveaux virus. A notre invitation, sa directrice, Madame Jakab, est venue pour la première fois dialoguer avec les 25 ministres pour proposer une méthode d'alerte sanitaire européenne.
Conformément au traité constitutionnel, la réponse aux crises, elle, demeure de la responsabilité des Etats membres. Nationale, certes, mais pas isolée. Nous sommes tous convenus de la nécessité de renforcer notre bouclier sanitaire européen :
- Pour cela, nous avons discuté d'une coordination de la réponse aux alertes qui impliquerait qu'à chaque conseil européen de la santé, les responsables de la vieille sanitaire présentent l'état des menaces et que chaque ministre qui le compose y décline la réponse qu'il compte y apporter sur son territoire. Pour qu'ensemble, nous prenions nos responsabilités.
- Nous avons également proposé à la Commission européenne, qui l'a accepté, une coordination des mesures d'isolement qui constituent le premier volet de la réponse aux crises en cas d'alerte avérée. Concrètement, la commission européenne pourrait travailler à un téléphone rouge d'urgence sanitaire, réseau de permanences actualisé reliant les ministres et ministères responsables des mesures d'isolements (défense, sécurité civile, ministère de la santé, douanes, ministères des transports, etc. ). Un exercice de simulation de crise pour tester le réseau sera organisé cet automne par la commission européenne et je souhaite ici remercier le commissaire Kyprianou de ce travail dont nous profiterons tous.
- Enfin, nous avons discuté de la création d'un consortium européen " Vaccin européen pour les menaces futures ", qui réunirait les 25 pour l'identification des menaces les plus aiguës et le lancement de commandes publiques aux industriels pour les inciter à développer les vaccins correspondants. Nous sommes convenus qu'une telle piste méritait d'être examinée plus en détail à l'avenir.
Conclusion
L'Europe politique, c'est l'Europe des projets concrets pour améliorer la vie des citoyens européens. Au quotidien, pour répondre à leurs attentes. Car l'Europe politique que nous souhaitons construire est une Europe au service de ses citoyens. Si elle est animée par la volonté politique de ses gouvernants, L'Europe sera bonne pour notre santé.
La nouvelle architecture institutionnelle, qui rendra plus facile la prise de décisions, la stabilité et la continuité assurées par un Président de l'Union élu pour deux ans et demi permettront également de mettre en uvre sur le long terme, en fonction d'objectifs pluriannuels, de vraies politiques de santé publique.
De plus, alors que dans les débats actuels on parle pour l'essentiel des avancées institutionnelles du projet de Traité constitutionnel, des innovations ont également été apportées dans le domaine des politiques. La santé est l'un des domaines pour lesquels le traité apporte des innovations majeures.
L'Europe politique, vous le voyez, en matière de santé, c'est l'Europe des projets concrets qui changeront la vie des Français au quotidien. Sur le cancer, sur le SIDA, sur les épidémies. La conférence de Paris en a donné la démonstration. C'est pour sortir des polémiques théoriques et le démontrer par les faits que j'ai souhaité organiser cette conférence ministérielle européenne aujourd'hui. Je remercie Mars di Bartolomeo pour l'avoir présidé à mes cotés avec autant de souffle et de volontarisme. Et je remercie mes homologues de l'esprit ouvert et constructif avec lequel ils y ont participé.
L'Europe, quel numéro ? Entendons- nous souvent. Et bien, regardez : en matière de santé, l'Europe, c'est Markos, c'est Mars, ce sont des hommes et des femmes qui souhaitent s'allier pour aller plus vite, plus loin et faire reculer la maladie, la souffrance, et la mort.
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 27 avril 2005)
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Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, lors du forum mondial de la biognose, le 15 avril 2005 :
Monsieur le directeur général de l'UNESCO,
Messieurs les présidents d'instituts scientifiques,
Monsieur le directeur général de WWF international,
Monsieur le président de Sanofi-Aventis, cher Jean-François,
Mesdames et messieurs les scientifiques,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de cette invitation et de cet honneur et privilège que vous m'offrez aujourd'hui ici. Peu de réunion peuvent en effet s'honorer de pouvoir réunir un même jour, comme vous l'avez fait le 12 avril dernier, onze prix nobels afin de célébrer la fin d'une maladie infectieuse terrible la polio, qui a fait des millions de victimes !
Je voudrais donc profiter de cette tribune pour saluer la démarche des instigateurs de cette manifestation, au premier rang desquels bien sûr figure notre ancien premier ministre Raymond Barre, ancien maire de cette ville, à qui je voudrais rendre ici un hommage particulier.
La genèse de cette manifestation est tout à fait visionnaire ! Il est en effet primordial de permettre à différentes communautés de se lier pour le développement des sciences du vivant. Les sciences du vivant sont celles qui permettent de faire reculer la souffrance et la maladie, celles qui améliorent la santé publique, celles qui amènent nos sociétés sur la voie du développement durable. Elles représentent une chance et une priorité pour nos sociétés.
Mais souvent, il existe un décalage entre l'avancée des sciences, leur utilisation et leur acceptation par nos concitoyens. C'est bien sûr le cas des organismes génétiquement modifiés, difficilement acceptés pour les champs de maïs, réclamés par les patients lorsqu'ils permettent l'élaboration de nouveaux traitements contre le cancer ou des maladies orphelines.
La diffusion de ces traitements contribue alors à l'acceptation de la science et de toutes ses avancées dans l'ensemble de notre société.
De ce constat est née l'idée de bio vision afin de permettre aux scientifiques, aux associations de patients, aux organisations non gouvernementales, aux gouvernements et aux industries de santé d'uvrer ensemble pour permettre à la science de rencontrer la société, de la faire progresser. Et si nous sommes aujourd'hui là ensemble :
- Le professeur Federico Mayor, directeur général de l'unesco ;
- le docteur Craig Venter, président fondateur d'une fondation scientifique uvrant dans le séquençage du génome humain ;
- Bruce Alberts, président de l'académie nationale des sciences des Etats-Unis ;
- le docteur Claude Martin, directeur général d'une des plus importantes association de protection de la nature (WWF),
- ainsi que Jean-François (Dehecq), patron du troisième groupe mondial pharmaceutique ;
c'est bien sûr pour uvrer dans cette voie aujourd'hui, chacun comme relais des différents segments de la société.
Cette démarche peut s'illustrer par deux cas concrets pour améliorer la santé publique et l'accès aux soins : la quasi éradication de la poliomyélite dans le monde et les initiatives que je viens de prendre avec mes homologues européens à Paris ces deux derniers jours.
Nous fêtons ici les cinquante ans de la découverte du vaccin contre la polio en même temps que la quasi éradication de cette maladie dans le monde. 50 ans c'est peu et beaucoup à la fois. Quel aurait été ce délai si dès cette découverte, chercheurs, gouvernements, ong et industriels avaient travaillé conjointement à la promotion et à la diffusion de ces traitements de prévention, 30 ans, vingt ans ? C'est à cela que cette manifestation nous invite aujourd'hui à réfléchir.
C'est à cela que nous devons aujourd'hui répondre collectivement.
Et c'est à cela que j'ai travaillé durant deux jours, les 13 et 14 avril avec mes 25 collègues européens, ministres de la santé, invités à Paris afin que les politiques jouent leur rôle afin de mettre en uvre cette vision que ce colloque promeut et défend depuis six ans déjà.
Les 25 ministres de la santé ont acté quelques voies d'actions
Nous avons donc proposé des pistes d'action pour la recherche et la diffusion des traitements contre le cancer, le sida/vih et la lutte contre les maladies infectieuses.
1. La lutte contre le cancer s'organisera par la création de réseaux de nos référents nationaux sur le cancer, ces réseaux nous permettront une meilleure diffusion des savoirs et la coordination à la fois de la recherche et des meilleurs modes de traitement. L'objectif de ce réseau est d'organiser un échange de bonnes pratiques en matière de prévention et de dépistage, ainsi que la mise en place d'un programme d'évaluation des pratiques médicales. Car il n'est pas acceptable de voir des inégalités de soins devant cette maladie faute d'information, de prévention ou de détection des premiers symptômes, dont la mise en uvre peut sauver de nombreuses vies.
La recherche fait aussi partie de la lutte contre la maladie, nous avons acté la création d'une tumorothèque européenne, c'est-à-dire la mise en réseau des banques de tumeurs pour assurer l'échange des résultats obtenus par l'observation des tumeurs sur les tissus humains. Nous mettrons prochainement en place un " programme d'identification de biomarqueurs protéomiques " de détection précoce du cancer dans le sang. Le rêve de découvrir précocement un cancer qui se développe dans nos corps, grâce à une simple prise de sang avant même qu'il ne soit visible par nos scanners n'est plus très loin. Il devient même probablement accessible dans un délai raisonnable si, comme pour le Human Genome Project, nous divisons la tache à accomplir et répartissons ce travail entre tous les chercheurs de nos instituts.
2. La lutte contre le sida. Aujourd'hui, le développement d'un vaccin contre le sida efficace, sûr et accessible partout dans le Monde est un des principaux défis pour la santé publique : la progression de la pandémie de sida est aujourd'hui hors de contrôle, avec 5 millions de nouvelles infections par an et l'infection à VIH/SIDA se répand dans de nouvelles zones géographiques. Avec la progression actuelle, les experts estiment que 45 millions de nouveaux cas d'infections surviendront en 2010 et 70 millions de personnes en mourront d'ici 2020. Il s'agit donc d'un défi à la science en faveur de la santé publique auquel nous devons collectivement répondre. Il s'agit d'un défi que nos communautés se doivent de relever aujourd'hui.
Seule la mise au point d'un vaccin permettrait de contenir cette pandémie, comme le vaccin a permis d'éradiquer la variole de la surface du globe et la poliomyélite dans de nombreux pays. La recherche vaccinale est orientée aujourd'hui dans deux directions : des vaccins d'efficacité partielle qui permettrait d'atténuer le développement du SIDA chez les personnes touchées et qui pourrait être mis au point dans les cinq à huit prochaines années, des vaccins préventifs qui permettraient de prévenir l'infection et dont aujourd'hui il n'est pas possible pour les chercheurs de prédire les délais de mise au point, mais qui nécessite un effort de recherche décisif.
Le 19 octobre dernier, avec François d'Aubert, le ministre délégué à la recherche, nous avons pris l'initiative de réunir nos collègues ministres de la santé d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de la Suède. Un représentant de la Commission était également présent. Nous avons alors souhaité unir les efforts de l'Europe pour la recherche sur ce sujet qui doit être une des priorités de santé publique.
3. La lutte contre les maladies infectieuses. L'Organisation mondiale de la santé nous le rappelle désormais chaque mois : la menace de pandémie infectieuse n'est plus virtuelle, elle est réelle. Alors que les récents épisodes du SRAS et de la grippe aviaire ont manifesté la réalité de cette menace à quelques milliers de kilomètres de nos côtes, la coordination européenne est d'autant plus nécessaire que les virus, eux, n'ont pas de frontières.
Sur ce thème, encore seul un véritable dialogue avec les scientifiques, les associations de patients, les pouvoirs publics, et les industriels nous permettra d'avancer. Produire des vaccins de nouveaux anti-infectieux, que ce soient des antibiotiques ou des antiviraux ait indispensable dans la lutte contre les maladies infectieuses.
Sur ce point, je salue l'initiative de Jean-François Dehecq qui a décidé d'engager le n°3 de la pharmacie mondiale dans la recherche d'anti-infectieux, y compris pour les maladies des pays en développement comme le paludisme et la maladie du sommeil. C'est rappeler avec force que les industries de santé peuvent se comporter en véritable professionnel de santé, partenaire des autorités publiques et responsables pour la santé publique.
Mais produire des vaccins nécessite un réel partenariat avec l'industrie car le jour où la menace apparaîtra, les capacités de production des vaccins devront pouvoir être rapidement mobilisées. Les Etats-Unis en ont fait la cruelle expérience cet hiver, avec la contamination de la moitié des lots de vaccins contre la grippe. Ils n'avaient pas prévu de capacité de production de secours et ont du restreindre la distribution des vaccins aux populations prioritaires.
En conclusion, je voudrais ici affirmer mon rôle de ministre de la santé publique pour contribuer à cette vision commune entre scientifiques, associations de patients, ONG et industriels pour nous conduire vers une économie de la connaissance , vers un développement durable. Ce rôle passe par l'amélioration de l'accès aux soins, la diffusion des nouveaux traitements et l'incitation à la recherche en santé.
Ce sont ces initiatives qui à mon sens permettront aux responsable de santé publique d'exercer et de démontrer une véritable volonté politique pour participer à cette vision des sciences du vivant et à leur diffusion
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 27 avril 2005)