Texte intégral
Nathalie Quéruel : Les cadres commencent-ils à s'interroger sur la dimension sociale de leur fonction ?
Jean-Luc Cazettes : Les cadres, et de plus en plus, les cadres supérieurs, stressés et en permanence sous pression, ressentent en tout cas un malaise par rapport à la façon dont les entreprises leur demandent actuellement d'exercer leur activité. Dans les enquêtes d'opinion, près de 40 % d'entre eux disent que cette demande ne correspond pas à leur éthique. Nous sommes régulièrement sollicités par des managers, à des niveaux hiérarchiques élevés, qui se posent effectivement des questions sur la pratique de leur métier. Nous venons donc de créer un Centre d'études managériales pour réfléchir à cette problématique et trouver des solutions : les thèmes discutés abordent aussi bien la responsabilité personnelle de leur mission que la responsabilité sociale ou sociétale vis-à-vis de leurs collaborateurs, des salariés, mais aussi de l'environnement, de l'application de la loi, etc.
NQ : Etre cadre et syndicaliste, serait-ce un frein pour l'évolution de la carrière?
JLC : Il n'y a pas de contre-indication à participer à la vie syndicale de son entreprise. Les patrons respectent les cadres qui ont du tempérament, de la volonté et qui n'ont pas peur de s'opposer. S'ils en font preuve dans une activité syndicale ou de représentation du personnel, il en sera de même avec les clients ou les fournisseurs. Et puis l'image du syndicaliste râleur, patenté qui veut tout remettre en cause n'est plus vraiment d'actualité ! Dans les entreprises, les lignes hiérarchiques ont bougé, et l'information passe beaucoup par des relations sociales : il n'est pas rare qu'un cadre apprenne le développement d'un projet ou les détails d'une restructuration par un collaborateur qui a assisté au comité d'entreprise. Donc se syndiquer, être élu dans les instances du personnel, c'est avoir accès à des informations stratégiques et donc avoir une bonne vision du terrain. Et, dans les grandes sociétés, où les managers opérationnels restent des "anonymes" vis-à-vis de la direction, cela peut être un moyen d'être reconnu et remarqué.
NQ : Qu'est-ce qui permettrait de développer l'activité syndicale des cadres?
JLC : Nous sommes en train de discuter avec Gérard Larcher, ministre délégué aux Relations du travail, du contrat d'engagement social. L'idée est de mettre en place des passerelles entre la vie dans l'entreprise et le monde syndical : le salarié qui effectuerait un ou deux mandats syndicaux serait " détaché ", avec une garantie de retour dans sa société et pourrait faire valider cette " expérience " par la VAE (Validation des acquis de l'expérience). Ce passage pourrait tout à fait être un élément pour booster la carrière d'un cadre. Et régénérerait le dialogue social en faisant venir dans les branches professionnelles ou interprofessionnelles des profils d'excellent niveau.
(Source http://www.cfecgc.org, le 24 février 2005)
Jean-Luc Cazettes : Les cadres, et de plus en plus, les cadres supérieurs, stressés et en permanence sous pression, ressentent en tout cas un malaise par rapport à la façon dont les entreprises leur demandent actuellement d'exercer leur activité. Dans les enquêtes d'opinion, près de 40 % d'entre eux disent que cette demande ne correspond pas à leur éthique. Nous sommes régulièrement sollicités par des managers, à des niveaux hiérarchiques élevés, qui se posent effectivement des questions sur la pratique de leur métier. Nous venons donc de créer un Centre d'études managériales pour réfléchir à cette problématique et trouver des solutions : les thèmes discutés abordent aussi bien la responsabilité personnelle de leur mission que la responsabilité sociale ou sociétale vis-à-vis de leurs collaborateurs, des salariés, mais aussi de l'environnement, de l'application de la loi, etc.
NQ : Etre cadre et syndicaliste, serait-ce un frein pour l'évolution de la carrière?
JLC : Il n'y a pas de contre-indication à participer à la vie syndicale de son entreprise. Les patrons respectent les cadres qui ont du tempérament, de la volonté et qui n'ont pas peur de s'opposer. S'ils en font preuve dans une activité syndicale ou de représentation du personnel, il en sera de même avec les clients ou les fournisseurs. Et puis l'image du syndicaliste râleur, patenté qui veut tout remettre en cause n'est plus vraiment d'actualité ! Dans les entreprises, les lignes hiérarchiques ont bougé, et l'information passe beaucoup par des relations sociales : il n'est pas rare qu'un cadre apprenne le développement d'un projet ou les détails d'une restructuration par un collaborateur qui a assisté au comité d'entreprise. Donc se syndiquer, être élu dans les instances du personnel, c'est avoir accès à des informations stratégiques et donc avoir une bonne vision du terrain. Et, dans les grandes sociétés, où les managers opérationnels restent des "anonymes" vis-à-vis de la direction, cela peut être un moyen d'être reconnu et remarqué.
NQ : Qu'est-ce qui permettrait de développer l'activité syndicale des cadres?
JLC : Nous sommes en train de discuter avec Gérard Larcher, ministre délégué aux Relations du travail, du contrat d'engagement social. L'idée est de mettre en place des passerelles entre la vie dans l'entreprise et le monde syndical : le salarié qui effectuerait un ou deux mandats syndicaux serait " détaché ", avec une garantie de retour dans sa société et pourrait faire valider cette " expérience " par la VAE (Validation des acquis de l'expérience). Ce passage pourrait tout à fait être un élément pour booster la carrière d'un cadre. Et régénérerait le dialogue social en faisant venir dans les branches professionnelles ou interprofessionnelles des profils d'excellent niveau.
(Source http://www.cfecgc.org, le 24 février 2005)