Texte intégral
Travailleuses,
travailleurs,
camarades et amis,
Malgré Raffarin qui a fait un choix typiquement de classe en réservant aux seuls salariés, et non " à tous les Français ", comme le dit mensongèrement la presse, le soin d'être solidaires des personnes âgées et des handicapés, notre pelouse est pleine de ceux qui ont refusé d'une façon ou d'une autre le choix cynique de Raffarin. Et je pense que la résistance à l'arbitraire de Chirac et Raffarin ne se limite pas à ceux qui sont ici.
Cette troisième journée de notre fête est traditionnellement consacrée à l'internationalisme.
Comme tous les ans, nous avons accueilli des organisations venues de différents pays d'Europe, mais aussi d'Afrique et d'Amérique. Nous sommes très heureux de les accueillir et nous sommes fiers de pouvoir leur permettre de s'exprimer dans un cadre fraternel quand bien même nous ne partageons pas ou pas complètement leurs idées.
Notre fête est le plus grand rassemblement d'extrême gauche non seulement ici, en France, mais probablement à l'échelle de l'ensemble de l'Union européenne.
Tous ceux qui viennent à notre fête peuvent ainsi, tout en passant trois jours agréables, faire connaissance avec des militants venus d'ailleurs, discuter des conditions dans lesquelles ils défendent leurs idées dans leurs pays respectifs et débattre de leurs idées elles-mêmes.
Nous qui pensons que le mouvement ouvrier doit être démocratique, accepter et favoriser les débats d'idées dans ses rangs, nous sommes pour ce type de relations fraternelles à l'intérieur de l'extrême gauche également. Que les discussions soient vives, que les idées s'expriment sans contrainte, tant mieux, mais cela ne doit pas empêcher les relations fraternelles !
Nous nous revendiquons du communisme. Et être communiste, c'est être internationaliste. Il ne s'agit pas seulement d'une attitude morale ou d'une simple forme de solidarité. Notre internationalisme découle du fait que le communisme n'est possible que sur la base d'une économie déjà mondialisée par le capitalisme.
Notre courant a toujours rejeté cette déformation imposée au mouvement communiste par le stalinisme et par ses sosies ultérieurs qui étaient le socialisme dans un seul pays. Notre conviction est que les liens économiques, les liens sociaux tissés entre tous les pays, entre toutes les régions du monde, sont tels qu'il n'y a d'avenir particulier pour aucun peuple de cette planète, pas même pour ceux qui vivent dans les pays les plus riches.
Le prolétariat ne pourra vaincre définitivement la bourgeoisie et engager la construction d'un nouveau système économique et social qu'à l'échelle internationale. Et, à bien plus forte raison, c'est seulement à l'échelle du monde que pourra s'établir une société définitivement débarrassée du marché, du profit, de la propriété privée, de l'exploitation et de l'oppression, des crises économiques et des guerres, une société capable de maîtriser sa propre activité pour assurer à chacun selon ses besoins.
Il fut un temps, il y a deux siècles, où la bourgeoisie, malgré sa cruauté et son âpreté au gain, a représenté objectivement le progrès. Elle a été capable de faire avancer l'humanité, les sciences, les techniques et la production de biens matériels. Elle a su, alors, briser les frontières et les barrières féodales qui morcelaient chaque pays, unifier les pays et faire surgir les nations modernes.
Aujourd'hui, le temps des nations est fini. Même dans le cadre du système capitaliste, l'économie se heurte aux barrières nationales, au morcellement qui fait que l'Europe, ce petit continent, cette presqu'île qui prolonge le continent asiatique, est morcelée en 46 Etats.
Même du point de vue de l'économie capitaliste, il n'y a que les grandes unités économiques des pays à l'échelle d'un continent comme les Etats-Unis qui ont aujourd'hui une place au soleil.
Mais la bourgeoisie est devenue une classe sénile, cramponnée à son passé, à ses Etats nationaux, et le capitalisme, un système obsolète, incapable de hisser les conditions de vie de la société humaine à la hauteur des immenses possibilités scientifiques et techniques d'aujourd'hui.
Ce qui s'appelle la " construction européenne " illustre ce que la bourgeoisie a de rétrograde. Alors que le morcellement de l'Europe est un anachronisme depuis, au bas mot, un siècle, il aura fallu deux guerres mondiales et l'avance inexorable prise par les Etats-Unis par rapport aux vieilles nations industrielles d'Europe pour que les bourgeoisies commencent à s'engager dans la construction de l'Europe unifiée. Et cela fait près de cinquante ans qu'elles ont signé le traité de Rome qui a fondé la première version du Marché commun, regroupant six pays. Un demi-siècle après, malgré des élargissements successifs, l'Union européenne est loin de recouvrir l'ensemble de l'Europe.
Cette Union, construite à travers des marchandages où chaque puissance impérialiste a cherché à favoriser ses propres trusts, est aujourd'hui surtout un Marché commun, une arène plus ou moins unifiée sur laquelle les grands groupes industriels et financiers d'Europe peuvent se concurrencer pour la domination sur l'ensemble de l'Europe. C'est une unification bancale, tronquée, adaptée aux intérêts des groupes capitalistes et qui préserve les rapports de domination qui ont caractérisé dans le passé les rapports entre les puissances industrielles de l'Europe occidentale et les pays pauvres du continent.
Les promoteurs du " oui " à la Constitution européenne présent l'Union comme un instrument de paix. Mais il est significatif qu'une des premières expressions de cette Europe politique soit le projet, contenu dans la Constitution européenne, d'une armée européenne ! Cela fera le bonheur des marchands d'armes, de Dassault, Lagardère et de leurs semblables allemands, britanniques et, sans doute au moins autant, américains, car cela obligera même les petits Etats de l'Union à participer aux dépenses militaires, c'est-à-dire aux bénéfices de ces entreprises.
Mais comme instrument de paix, on fait mieux !
L'Union européenne, un instrument de paix ? Mais des troupes de pays européens sont présentes dans bien des guerres aux quatre coins du monde, de l'Irak à l'Afghanistan, sans parler des bases militaires françaises ou britanniques, dispersées dans le monde.
Que, demain, en Côte-d'Ivoire, par exemple, l'armée française soit relayée par une armée européenne ou, plus probablement, que l'armée française soit rebaptisée " armée européenne ", cela ne changera rien à son rôle là-bas : à savoir défendre les intérêts des grands groupes français dans ce pays.
Leur association dans le cadre de l'Union européenne ne change rien au caractère impérialiste des puissances qui dominent l'Europe. Pour ce qui concerne notre propre impérialisme, il continue à dominer dans son ancien empire colonial d'Afrique, à soutenir des dictatures infâmes, à les armer contre leurs propres peuples. Tout cela uniquement pour que les quelques groupes capitalistes, les Bouygues, Bolloré ou Total et quelques centaines de margoulins de moindre envergure, continuent à faire des affaires juteuses dans des pays où la population crève de misère ! Il n'est pas étonnant que, chaque fois que la colère éclate contre une dictature, au Togo en dernier lieu, cela prend nécessairement un caractère hostile à la France. Qui sème le vent finit par récolter la tempête ! Alors, je ne peux que redire : nous n'avons aucune solidarité avec ceux qui exploitent l'Afrique et les troupes françaises doivent être retirées de toutes les bases militaires sur ce continent.
Alors, avec une éventuelle armée européenne, l'Union européenne n'aura fait que permettre aux puissances impérialistes européennes d'entraîner plus facilement les petits pays de l'Europe dans leurs guerres de domination.
Non, leur Europe n'est pas la nôtre ! Leur projet de Constitution n'est pas le nôtre. Car non seulement il ne contient rien pour les travailleurs, mais il ne contient rien non plus pour les peuples : pas moins d'oppression, pas moins de militarisme, pas moins de guerres !
Alors, je dis et je répète : à cette Constitution, nous voterons " non " et nous appelons à voter " non " !
Mais ce référendum pour la Constitution n'est qu'un épiphénomène. Même pour les dirigeants politiques qui l'ont lancé, l'enjeu est limité. Chirac a clairement affirmé que, même si le " non " l'emporte, il n'est pas question qu'il démissionne. Le rejet de la Constitution ne l'obligera même pas à changer de politique, pas plus que ne l'y a obligé la déroute de la droite aux élections régionales et européennes de 2004.
A bien plus forte raison, l'offensive menée par le grand patronat, avec le soutien du gouvernement, contre le monde du travail se poursuivra jusqu'à ce que par leurs luttes les travailleurs y mettent un coup d'arrêt.
Alors, pendant cette campagne électorale comme après, l'essentiel de nos interventions politiques, ce sera de dire et de répéter aux travailleurs que nous ne voulons pas que le chômage et la précarité continuent à augmenter ;
Nous ne voulons pas que le pouvoir d'achat des travailleurs continue à dégringoler ;
Nous ne voulons pas que l'Etat continue à consacrer toujours plus d'argent au grand patronat, quitte à puiser dans les caisses de la Sécurité sociale et dans les budgets qui devraient être consacrés aux services publics, ou encore à obliger les travailleurs sous prétexte de solidarité à de plus en plus de travail non rétribué.
Pour empêcher tout cela, il faut une contre-offensive générale du monde du travail.
Il n'y a plus de secteur de la classe ouvrière qui échappe à la guerre de classe du patronat et du gouvernement envers les travailleurs. Ceux du public et ceux du privé subissent les mêmes attaques. C'est le patronat lui-même, c'est le gouvernement, ce sont leurs coups répétés qui finiront par convaincre tous les travailleurs de ces pays, qu'ils soient du public ou du privé et quelle que soit leur corporation, que notre intérêt est de nous retrouver ensemble sur des objectifs vitaux. Des objectifs comme l'augmentation générale de tous les salaires, la résorption du chômage et de la précarité par l'interdiction des licenciements collectifs et par la répartition du travail entre tous.
Tout en contribuant à la mesure de nos possibilités à préparer les esprits aux futurs combats des travailleurs pour défendre leurs conditions d'existence, nous continuerons à défendre nos idées communistes.
Le Parti dit communiste a abandonné depuis très longtemps la défense de ces idées pour s'intégrer dans la société capitaliste, dans son jeu politique, pour s'intégrer dans les rangs des serviteurs de la bourgeoisie, y compris au niveau le plus élevé, au gouvernement. A infiniment plus forte raison, le Parti dit socialiste n'a plus rien à voir avec les idées qui ont présidé à sa création, pour devenir un des grands partis de la bourgeoisie. Mais ce n'est pas parce que les dirigeants et les appareils de ces partis ont rompu depuis longtemps avec elles que ces idées ne sont pas justes.
Le système capitaliste, l'économie de marché, qui engendre le chômage même dans les pays les plus riches et qui condamne la majorité de l'humanité, celle des pays pauvres, à la misère, à la famine, est un système économique condamné. Il disparaîtra tôt ou tard. Ce n'est pas notre activité militante, ce n'est pas notre propagande qui feront que le mouvement ouvrier se retrouvera de nouveau derrière les idées communistes. C'est le capitalisme lui-même, ses injustices flagrantes, son incapacité à résoudre les problèmes les plus élémentaires de l'humanité, qui pousseront vers les idées communistes ceux qui n'ont rien à gagner mais tout à perdre à ce que ce système se prolonge.
Mais l'existence d'organisations qui défendent clairement ce programme pourra accélérer les choses, les faciliter, éviter que le mécontentement soit canalisé par des forces qui, sous une forme ou sous une autre, veulent encore prolonger l'existence de ce système.
Voilà pourquoi, tout en participant à la vie politique, aux combats petits et grands qui s'y déroulent, nous ne cherchons pas à courir derrière des combinaisons politiques dérisoires.
Voilà pourquoi, tout en nous opposant clairement au gouvernement Chirac-Raffarin, un des plus réactionnaires que le pays ait connus depuis longtemps, nous ne nous faisons pas d'illusion sur la gauche officielle qui, si elle revient au pouvoir, mènera la politique que le grand patronat exigera qu'elle mène. Elle dit ne plus refaire la gauche plurielle mais être " les gauches unies " : mais ce sont des mots, encore des mots !
Voilà pourquoi nous ne participerons jamais à des manuvres politiques petites ou grandes qui contribueraient à tromper les travailleurs en les attachant au char des gens qui veulent les tromper.
Nous faisons nôtre l'affirmation des grands militants des générations aujourd'hui disparues qui savaient ce que communisme, ce que mouvement ouvrier révolutionnaire veulent dire : " seule la vérité est révolutionnaire ".
Si nous cherchons à gagner du crédit parmi ceux que nous considérons comme notre classe sociale, parmi les travailleurs, nous voulons les convaincre sur la base des idées communistes.
Alors, camarades et amis, il vous reste quelques heures pour profiter encore de cette fête. Et, après, nous nous retrouverons dans nos entreprises, dans nos quartiers, pour continuer l'activité militante !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 18 mai 2005)
travailleurs,
camarades et amis,
Malgré Raffarin qui a fait un choix typiquement de classe en réservant aux seuls salariés, et non " à tous les Français ", comme le dit mensongèrement la presse, le soin d'être solidaires des personnes âgées et des handicapés, notre pelouse est pleine de ceux qui ont refusé d'une façon ou d'une autre le choix cynique de Raffarin. Et je pense que la résistance à l'arbitraire de Chirac et Raffarin ne se limite pas à ceux qui sont ici.
Cette troisième journée de notre fête est traditionnellement consacrée à l'internationalisme.
Comme tous les ans, nous avons accueilli des organisations venues de différents pays d'Europe, mais aussi d'Afrique et d'Amérique. Nous sommes très heureux de les accueillir et nous sommes fiers de pouvoir leur permettre de s'exprimer dans un cadre fraternel quand bien même nous ne partageons pas ou pas complètement leurs idées.
Notre fête est le plus grand rassemblement d'extrême gauche non seulement ici, en France, mais probablement à l'échelle de l'ensemble de l'Union européenne.
Tous ceux qui viennent à notre fête peuvent ainsi, tout en passant trois jours agréables, faire connaissance avec des militants venus d'ailleurs, discuter des conditions dans lesquelles ils défendent leurs idées dans leurs pays respectifs et débattre de leurs idées elles-mêmes.
Nous qui pensons que le mouvement ouvrier doit être démocratique, accepter et favoriser les débats d'idées dans ses rangs, nous sommes pour ce type de relations fraternelles à l'intérieur de l'extrême gauche également. Que les discussions soient vives, que les idées s'expriment sans contrainte, tant mieux, mais cela ne doit pas empêcher les relations fraternelles !
Nous nous revendiquons du communisme. Et être communiste, c'est être internationaliste. Il ne s'agit pas seulement d'une attitude morale ou d'une simple forme de solidarité. Notre internationalisme découle du fait que le communisme n'est possible que sur la base d'une économie déjà mondialisée par le capitalisme.
Notre courant a toujours rejeté cette déformation imposée au mouvement communiste par le stalinisme et par ses sosies ultérieurs qui étaient le socialisme dans un seul pays. Notre conviction est que les liens économiques, les liens sociaux tissés entre tous les pays, entre toutes les régions du monde, sont tels qu'il n'y a d'avenir particulier pour aucun peuple de cette planète, pas même pour ceux qui vivent dans les pays les plus riches.
Le prolétariat ne pourra vaincre définitivement la bourgeoisie et engager la construction d'un nouveau système économique et social qu'à l'échelle internationale. Et, à bien plus forte raison, c'est seulement à l'échelle du monde que pourra s'établir une société définitivement débarrassée du marché, du profit, de la propriété privée, de l'exploitation et de l'oppression, des crises économiques et des guerres, une société capable de maîtriser sa propre activité pour assurer à chacun selon ses besoins.
Il fut un temps, il y a deux siècles, où la bourgeoisie, malgré sa cruauté et son âpreté au gain, a représenté objectivement le progrès. Elle a été capable de faire avancer l'humanité, les sciences, les techniques et la production de biens matériels. Elle a su, alors, briser les frontières et les barrières féodales qui morcelaient chaque pays, unifier les pays et faire surgir les nations modernes.
Aujourd'hui, le temps des nations est fini. Même dans le cadre du système capitaliste, l'économie se heurte aux barrières nationales, au morcellement qui fait que l'Europe, ce petit continent, cette presqu'île qui prolonge le continent asiatique, est morcelée en 46 Etats.
Même du point de vue de l'économie capitaliste, il n'y a que les grandes unités économiques des pays à l'échelle d'un continent comme les Etats-Unis qui ont aujourd'hui une place au soleil.
Mais la bourgeoisie est devenue une classe sénile, cramponnée à son passé, à ses Etats nationaux, et le capitalisme, un système obsolète, incapable de hisser les conditions de vie de la société humaine à la hauteur des immenses possibilités scientifiques et techniques d'aujourd'hui.
Ce qui s'appelle la " construction européenne " illustre ce que la bourgeoisie a de rétrograde. Alors que le morcellement de l'Europe est un anachronisme depuis, au bas mot, un siècle, il aura fallu deux guerres mondiales et l'avance inexorable prise par les Etats-Unis par rapport aux vieilles nations industrielles d'Europe pour que les bourgeoisies commencent à s'engager dans la construction de l'Europe unifiée. Et cela fait près de cinquante ans qu'elles ont signé le traité de Rome qui a fondé la première version du Marché commun, regroupant six pays. Un demi-siècle après, malgré des élargissements successifs, l'Union européenne est loin de recouvrir l'ensemble de l'Europe.
Cette Union, construite à travers des marchandages où chaque puissance impérialiste a cherché à favoriser ses propres trusts, est aujourd'hui surtout un Marché commun, une arène plus ou moins unifiée sur laquelle les grands groupes industriels et financiers d'Europe peuvent se concurrencer pour la domination sur l'ensemble de l'Europe. C'est une unification bancale, tronquée, adaptée aux intérêts des groupes capitalistes et qui préserve les rapports de domination qui ont caractérisé dans le passé les rapports entre les puissances industrielles de l'Europe occidentale et les pays pauvres du continent.
Les promoteurs du " oui " à la Constitution européenne présent l'Union comme un instrument de paix. Mais il est significatif qu'une des premières expressions de cette Europe politique soit le projet, contenu dans la Constitution européenne, d'une armée européenne ! Cela fera le bonheur des marchands d'armes, de Dassault, Lagardère et de leurs semblables allemands, britanniques et, sans doute au moins autant, américains, car cela obligera même les petits Etats de l'Union à participer aux dépenses militaires, c'est-à-dire aux bénéfices de ces entreprises.
Mais comme instrument de paix, on fait mieux !
L'Union européenne, un instrument de paix ? Mais des troupes de pays européens sont présentes dans bien des guerres aux quatre coins du monde, de l'Irak à l'Afghanistan, sans parler des bases militaires françaises ou britanniques, dispersées dans le monde.
Que, demain, en Côte-d'Ivoire, par exemple, l'armée française soit relayée par une armée européenne ou, plus probablement, que l'armée française soit rebaptisée " armée européenne ", cela ne changera rien à son rôle là-bas : à savoir défendre les intérêts des grands groupes français dans ce pays.
Leur association dans le cadre de l'Union européenne ne change rien au caractère impérialiste des puissances qui dominent l'Europe. Pour ce qui concerne notre propre impérialisme, il continue à dominer dans son ancien empire colonial d'Afrique, à soutenir des dictatures infâmes, à les armer contre leurs propres peuples. Tout cela uniquement pour que les quelques groupes capitalistes, les Bouygues, Bolloré ou Total et quelques centaines de margoulins de moindre envergure, continuent à faire des affaires juteuses dans des pays où la population crève de misère ! Il n'est pas étonnant que, chaque fois que la colère éclate contre une dictature, au Togo en dernier lieu, cela prend nécessairement un caractère hostile à la France. Qui sème le vent finit par récolter la tempête ! Alors, je ne peux que redire : nous n'avons aucune solidarité avec ceux qui exploitent l'Afrique et les troupes françaises doivent être retirées de toutes les bases militaires sur ce continent.
Alors, avec une éventuelle armée européenne, l'Union européenne n'aura fait que permettre aux puissances impérialistes européennes d'entraîner plus facilement les petits pays de l'Europe dans leurs guerres de domination.
Non, leur Europe n'est pas la nôtre ! Leur projet de Constitution n'est pas le nôtre. Car non seulement il ne contient rien pour les travailleurs, mais il ne contient rien non plus pour les peuples : pas moins d'oppression, pas moins de militarisme, pas moins de guerres !
Alors, je dis et je répète : à cette Constitution, nous voterons " non " et nous appelons à voter " non " !
Mais ce référendum pour la Constitution n'est qu'un épiphénomène. Même pour les dirigeants politiques qui l'ont lancé, l'enjeu est limité. Chirac a clairement affirmé que, même si le " non " l'emporte, il n'est pas question qu'il démissionne. Le rejet de la Constitution ne l'obligera même pas à changer de politique, pas plus que ne l'y a obligé la déroute de la droite aux élections régionales et européennes de 2004.
A bien plus forte raison, l'offensive menée par le grand patronat, avec le soutien du gouvernement, contre le monde du travail se poursuivra jusqu'à ce que par leurs luttes les travailleurs y mettent un coup d'arrêt.
Alors, pendant cette campagne électorale comme après, l'essentiel de nos interventions politiques, ce sera de dire et de répéter aux travailleurs que nous ne voulons pas que le chômage et la précarité continuent à augmenter ;
Nous ne voulons pas que le pouvoir d'achat des travailleurs continue à dégringoler ;
Nous ne voulons pas que l'Etat continue à consacrer toujours plus d'argent au grand patronat, quitte à puiser dans les caisses de la Sécurité sociale et dans les budgets qui devraient être consacrés aux services publics, ou encore à obliger les travailleurs sous prétexte de solidarité à de plus en plus de travail non rétribué.
Pour empêcher tout cela, il faut une contre-offensive générale du monde du travail.
Il n'y a plus de secteur de la classe ouvrière qui échappe à la guerre de classe du patronat et du gouvernement envers les travailleurs. Ceux du public et ceux du privé subissent les mêmes attaques. C'est le patronat lui-même, c'est le gouvernement, ce sont leurs coups répétés qui finiront par convaincre tous les travailleurs de ces pays, qu'ils soient du public ou du privé et quelle que soit leur corporation, que notre intérêt est de nous retrouver ensemble sur des objectifs vitaux. Des objectifs comme l'augmentation générale de tous les salaires, la résorption du chômage et de la précarité par l'interdiction des licenciements collectifs et par la répartition du travail entre tous.
Tout en contribuant à la mesure de nos possibilités à préparer les esprits aux futurs combats des travailleurs pour défendre leurs conditions d'existence, nous continuerons à défendre nos idées communistes.
Le Parti dit communiste a abandonné depuis très longtemps la défense de ces idées pour s'intégrer dans la société capitaliste, dans son jeu politique, pour s'intégrer dans les rangs des serviteurs de la bourgeoisie, y compris au niveau le plus élevé, au gouvernement. A infiniment plus forte raison, le Parti dit socialiste n'a plus rien à voir avec les idées qui ont présidé à sa création, pour devenir un des grands partis de la bourgeoisie. Mais ce n'est pas parce que les dirigeants et les appareils de ces partis ont rompu depuis longtemps avec elles que ces idées ne sont pas justes.
Le système capitaliste, l'économie de marché, qui engendre le chômage même dans les pays les plus riches et qui condamne la majorité de l'humanité, celle des pays pauvres, à la misère, à la famine, est un système économique condamné. Il disparaîtra tôt ou tard. Ce n'est pas notre activité militante, ce n'est pas notre propagande qui feront que le mouvement ouvrier se retrouvera de nouveau derrière les idées communistes. C'est le capitalisme lui-même, ses injustices flagrantes, son incapacité à résoudre les problèmes les plus élémentaires de l'humanité, qui pousseront vers les idées communistes ceux qui n'ont rien à gagner mais tout à perdre à ce que ce système se prolonge.
Mais l'existence d'organisations qui défendent clairement ce programme pourra accélérer les choses, les faciliter, éviter que le mécontentement soit canalisé par des forces qui, sous une forme ou sous une autre, veulent encore prolonger l'existence de ce système.
Voilà pourquoi, tout en participant à la vie politique, aux combats petits et grands qui s'y déroulent, nous ne cherchons pas à courir derrière des combinaisons politiques dérisoires.
Voilà pourquoi, tout en nous opposant clairement au gouvernement Chirac-Raffarin, un des plus réactionnaires que le pays ait connus depuis longtemps, nous ne nous faisons pas d'illusion sur la gauche officielle qui, si elle revient au pouvoir, mènera la politique que le grand patronat exigera qu'elle mène. Elle dit ne plus refaire la gauche plurielle mais être " les gauches unies " : mais ce sont des mots, encore des mots !
Voilà pourquoi nous ne participerons jamais à des manuvres politiques petites ou grandes qui contribueraient à tromper les travailleurs en les attachant au char des gens qui veulent les tromper.
Nous faisons nôtre l'affirmation des grands militants des générations aujourd'hui disparues qui savaient ce que communisme, ce que mouvement ouvrier révolutionnaire veulent dire : " seule la vérité est révolutionnaire ".
Si nous cherchons à gagner du crédit parmi ceux que nous considérons comme notre classe sociale, parmi les travailleurs, nous voulons les convaincre sur la base des idées communistes.
Alors, camarades et amis, il vous reste quelques heures pour profiter encore de cette fête. Et, après, nous nous retrouverons dans nos entreprises, dans nos quartiers, pour continuer l'activité militante !
(Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 18 mai 2005)