Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, sur la modernisation du système de santé à Mayotte, à Chirongui le 3 mars 2005.

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Circonstance : Déplacement à Mayotte du 2 au 5 mars 2005 : inauguration de la maternité de M'Ramoudzou le 3

Texte intégral

Monsieur le maire,
Monsieur le député,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le directeur,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureuse de vous retrouver ici à Chirongui, à l'endroit même où j'avais posé lors d'un précédent déplacement la première pierre de cet établissement que nous inaugurons ensemble aujourd'hui. C'est donc pour moi l'occasion de relever avec satisfaction la concrétisation des engagements pris en faveur de la population mahoraise.
La réalisation de cette maternité fait partie du plan ambitieux de restructuration initiée en 2003 par le Centre Hospitalier de Mayotte. Ce programme comprend :
- la modernisation de services inadaptés et non conformes aux normes d'hygiène ;
- la rénovation des dispensaires actuels ;
- et la construction de trois maternités rurales : Kahani au centre, Dzoumogné au nord et donc Chirongui au sud.

Ces maternités seront amenées à regrouper les sept maternités actuelles et comme elles seront adossées à des dispensaires de référence, il s'agira en fait de mettre en place des petits hôpitaux dans chaque zone, et à terme de parfaire un véritable maillage sanitaire sur l'ensemble du territoire.
Ces investissements importants s'élèvent à 57 millions d'euros, dont 45 sont pris en compte dans le plan " hôpital 2007 " voulu par le Gouvernement.
L'ouverture de la maternité de Chirongui et la réorganisation initiée pour une meilleure qualité de prise en charge et une couverture médicale et paramédicale améliorée a nécessité la création de près de 50 postes supplémentaires.
Le dispensaire de Chirongui - dont le personnel, comme pour tous les dispensaires, a été intégré désormais au personnel hospitalier - est aujourd'hui ouvert 24 heures sur 24, avec une présence médicale effective sur le site de 7h00 à 22h00, et la possibilité de joindre en permanence, en dehors de ces heures, le médecin d'astreinte.
De même, la pharmacie de Chirongui devient référente pour toute la zone sud, avec la présence de préparateurs en pharmacie dans une logique de sécurisation et de qualification du circuit du médicament. Jusqu'à présent, la dispensation des médicaments était effectuée par des personnels non qualifiés, ce qui pouvait conduire à des distributions de médicaments inadéquates voire abusives. La nouvelle organisation permettra donc, par le regroupement progressif des lieux de dispensation et le recrutement de professionnels du médicament (pharmaciens et préparateurs), de sécuriser la distribution, et d'éviter ainsi les mauvaises prescriptions et les dépenses inutiles.
Ce pôle santé qui vient ainsi d'être créé à Chirongui a été l'occasion pour les équipes médicales et soignantes de travailler ensemble à une nouvelle organisation du travail qui soit fondée sur une définition plus conforme aux textes des missions de chaque catégorie d'agent. C'est ainsi que deux sages-femmes sont désormais présentes en permanence au lieu d'une antérieurement, et un urgentiste est également disponible en continu. La qualité de la prise en charge des accouchements se trouve donc sensiblement améliorée. Cette réorganisation permet notamment de mettre fin au tri infirmier, fort justement critiqué. Je rappelle d'ailleurs qu'il doit être totalement mis fin à cette pratique à Mayotte au plus tard le 31 décembre prochain, et tous les moyens seront mis en oeuvre pour tenir cette échéance.
Cette profonde réorganisation du secteur public doit bien évidemment se concevoir en parfaite cohérence avec le développement du secteur privé, qu'il s'agisse de l'installation des médecins libéraux ou de celle des pharmacies libérales dont Mayotte a besoin et qui verront, grâce à la mise en place de l'assurance maladie, leur mode de rémunération assuré par une réelle prise en charge des dépenses des assurés.
Je rappelle au sujet de la mise en place de l'assurance maladie, que l'ordonnance du 12 juillet 2004 a supprimé la gratuité des soins pour les étrangers en situation irrégulière ; le dépôt d'une provision financière au centre hospitalier de Mayotte sera désormais obligatoire pour pouvoir bénéficier de soins. Cette disposition nouvelle, nécessaire pour préserver le système de soins à Mayotte, va prendre effet à compter du 1er avril prochain. Elle sera accompagnée d'un dispositif de surveillance épidémiologique et d'un renforcement de la coopération médicale avec les Comores.
Au total, Mesdames et Messieurs, l'ouverture de la maternité de Chirongui s'inscrit donc dans un processus plus large de profonde mutation du système de soins de Mayotte.
Cette évolution marque un saut qualitatif majeur dans l'organisation et la professionnalisation des structures et des personnels, et donc dans le service rendu à la population.
L'effort de l'État en faveur de Mayotte est en effet sans précédent puisque pour la seule année 2004, le budget du Centre Hospitalier a augmenté de plus de 45 %, passant de 50 à 73 millions d'euros.
Beaucoup reste à faire, j'en suis consciente, et je comprends les impatiences des professionnels et des usagers qui aimeraient des progrès encore plus grands. Soyez assurés que je reste à l'écoute de vos préoccupations avec le souci permanent de faire accepter des changements souvent rapides qui doivent être expliqués, compris et perçus comme des gages de qualité. Nous le voyons bien, s'agissant de la réorganisation autour de Chirongui, où un progrès énorme est associé à un changement profond des organisations et des habitudes, il faut répondre aux questions légitimes de la population, et faire d'importants efforts de communication.
Toutes ces évolutions sont évidemment nécessaires. Plus encore, toutes vont dans le bon sens, celui d'une amélioration progressive des conditions de prise en charge médicale des Mahorais. Mais parce que ces changements modifient les habitudes établies, il importe que cette nouvelle organisation soit bien comprise par la population.
C'est donc sur cet indispensable effort d'explication que je souhaite conclure : chaque Mahorais doit être pleinement conscient des efforts entrepris pour l'amélioration de son bien-être quotidien, et de la détermination de l'État à accompagner ce processus de modernisation. Car cette modernisation médicale est aussi l'une des illustrations de l'ancrage de Mayotte dans la République, auquel je sais les Mahorais plus que jamais attentifs.
Je vous remercie.
(Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 4 mars 2005)