Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir pour cette réception assez singulière, même exceptionnelle, Mesdames et Messieurs, que nous avons eu l'idée avec mes collègues Mme Nelly Olin, ministre déléguée à l'Intégration, à l'Egalité des chances et à la Lutte contre l'exclusion, qui est ici à mes côtés, M. Xavier Darcos, ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, et mon épouse Isabelle. Je dois excuser M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, qui est à l'étranger, comme c'est normal d'ailleurs.
Je voulais vous souhaiter très chaleureusement et très simplement la bienvenue au Quai d'Orsay, pour cette réception où je vais exprimer, au nom du gouvernement, et en mon nom personnel, un certain nombre de remerciements. Dans ces lieux que vous ne connaissez peut-être pas tous et que je suis heureux que vous puissiez découvrir, qui sont en effet chargés d'histoire. Je veux rappeler que d'ailleurs ce ministère des Affaires étrangères que j'ai l'honneur d'animer est le seul bâtiment construit à Paris pour être le ministère des Affaires étrangères dans les années 1840, 1850. Il s'est passé dans ces salons, qui sont faits pour travailler, pour recevoir, beaucoup d'événements importants ou historiques. J'ai d'ailleurs, comme je suis intéressé par l'histoire - je crois important de se souvenir pour construire l'avenir -, fait mettre un peu partout des photographies. Ici, c'est la signature du traité de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), sur la défense européenne. Et dans la pièce d'à côté, je vous invite à regarder une belle photo, une grande photo, celle de M. Robert Schuman alors ministre des Affaires étrangères en 1950 et de M. Jean Monnet, assis à côté, devant cette cheminée, qui est toujours là, cette photo a été prise le 9 mai 1950 lorsque le ministre des Affaires étrangères eu cette idée incroyable et formidable de proposer l'intégration européenne à six pays, à l'époque pour la Communauté du Charbon et de l'Acier.
Monsieur le Préfet Sappin,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Représentants des forces armées,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'associations,
tout simplement et sans trop de protocole, chers Amis,
Je suis donc heureux de vous accueillir avec mes collègues et de vous dire ce témoignage de gratitude au nom de l'Etat pour votre rôle dans les deux crises ou les deux situations exceptionnelles que nous avons vécues, il y a quelques jours, quelques semaines, celles de la Côte d'Ivoire, et l'accueil, l'hospitalisation puis le décès de Yasser Arafat. Je voulais donc, au nom du président de la République, du Premier ministre, qui m'ont demandé de vous le dire, vous exprimer ce témoignage de gratitude.
S'agissant de l'accueil du président Arafat, une situation vraiment exceptionnelle, avec les agents de l'Elysée, du ministère de la Défense, de l'Hôpital Percy, de notre propre ministère et d'autres, nous avons tous encore vécu une très forte pression pendant ces quelques jours, une pression internationale, une pression politique, une pression médiatique. Et nous avons dû, dans cette crise, dans ces circonstances, conjuguer nos compétences médicales, juridiques, diplomatiques, concilier des exigences qui étaient quelques fois difficiles à conjuguer : le secret médical, la nécessité d'informer pourtant, les relations avec tous nos interlocuteurs étrangers.
Cela était un travail quotidien, de jour et de nuit, dans une atmosphère elle aussi exceptionnelle, au point que certains d'entre vous ont acquis, par la force médiatique, une notoriété très rapide. Une action conduite de manière exemplaire à l'occasion de laquelle les administrations, dans toutes leurs diversités, ont fait la preuve qu'elles pouvaient, qu'elles devaient, qu'elles savaient coopérer, s'entraider et unir leurs compétences. Et je voulais donc, s'agissant de celles et de ceux qui étaient engagés dans cet accueil, dans cette situation, leur dire ma gratitude.
Je voudrais de la même manière, dans le même esprit, dire quelques mots de cette crise ivoirienne, exceptionnelle pour d'autres raisons, mais exceptionnelle aussi par sa violence, par sa durée, par ses conséquences en Côte d'Ivoire et bien au-delà, dans un pays pourtant ami, avec lequel nous avons depuis très longtemps des liens étroits, une culture, une langue partagées. La communauté française avait déjà été victime de graves problèmes. Nous nous souvenons d'une première évacuation en octobre 2002, des Français de Bouaké, et de Korhogo, et de violences au printemps 2003. A partir de cette matinée du 6 novembre, dont je me souviens précisément, c'est une épreuve d'une toute autre dimension que nous avons subie, avec la mort brutale, injuste de 9 de nos soldats, qui ont été tués alors même qu'ils exerçaient une mission de paix pour la stabilité de ce pays, avec le saccage de tous nos établissements scolaires, le pillage de multiples résidences, d'entreprises, des violences physiques et au total la peur.
8.000 de nos compatriotes ont été contraints de quitter ce pays et, pour beaucoup, cela représente l'ensemble de leur vie, leur mémoire, leur avenir aussi basculant dans un autre sens, une blessure qui ne cicatrisera pas pour beaucoup d'entre eux. 5.400 de nos compatriotes, dont 1.560 enfants ont été alors rapatriés, ici, dans la mère patrie, si je puis dire, à travers 14 vols réquisitionnés par le ministère des Affaires étrangères. Les pensées que je veux exprimer au-delà de ces murs vont d'abord vers ces hommes, ces femmes, ces enfants, leur détresse, nous pensons à leur réinsertion. Le gouvernement a décidé d'étendre, en leur faveur, une loi ancienne, celle du 26 décembre 1961, concernant les Français rapatriés et tout récemment le Parlement a bien voulu voter un premier crédit de 5 millions d'euros pour financer cette réinsertion.
Mais avant de parler de réinsertion, je veux redire quelques mots de cette mobilisation réellement exceptionnelle à laquelle vous avez participé. Puisque cette crise a d'abord été la preuve, une leçon, de la cohésion interministérielle et de la solidarité. Pour l'accueil à l'aéroport de Roissy, le Centre opérationnel et gestion interministérielle des crises (COGIC) a pris le relais de la cellule de la crise du ministère des Affaires étrangères pour coordonner le dispositif d'accueil sous l'autorité exemplaire du préfet Michel Sappin que je remercie et que j'ai tenu, au nom du ministère des Affaires étrangères, à distinguer à travers cette médaille d'honneur, cette décoration du ministère des Affaires étrangères.
Tous, avec le préfet, vous tous, Mesdames et Messieurs, vous étiez au terminal T3, volontaires, disponibles. Je veux dire que j'ai été très touché de la présence quotidienne des sénateurs représentants les Français établis hors de France, des Conseillers, membres de l'Assemblée des Français de l'étranger, du personnel des préfectures, notamment de celle de la Seine-Saint-Denis, des services sociaux et du SAMU, de tous ces bénévoles que vous représentez, qui n'ont pas pu tous venir aujourd'hui : de la Croix Rouge, du Secours Catholique, du Comité d'entraide aux Français rapatriés, de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), et des rectorats qui ont été attentifs. Je les ai vus ensemble avec des fonctionnaires de police, du personnel de l'aéroport de Paris pour traiter des situations difficiles, des élèves mais aussi des enseignants rapatriés de Côte d'Ivoire. Au total une présence rassurante et il y avait beaucoup de raisons pour rassurer ces hommes, ces femmes et ces enfants qui arrivaient parfois en short, en pull, en polo, dans le froid, une présence efficace, attentionnée des services de l'Etat, des bénévoles et des associations.
Grâce à vous, Mesdames et Messieurs, c'est ce que je voulais vous dire collectivement et individuellement, nos compatriotes ont pu trouver cette attention. Il est utile de temps en temps de donner des preuves que les mots qui sont sur les frontons de nos mairies : liberté, égalité, fraternité, en tout cas que l'un de ces mots a un sens, a des preuves. Vous avez donné, les uns et les autres, à ces Français dans la détresse une preuve de fraternité, mais aussi des vêtements dont ils avaient besoin, des soins, une aide d'urgence, un conseil dans leur démarche, parfois une chambre d'hôtel, un hébergement dans un centre d'accueil. Vous avez fait donc votre devoir sans doute mais davantage que votre devoir, vous l'avez fait avec du coeur, avec du dévouement, avec de l'humanité et de la générosité. Voilà, je dis souvent qu'à la tête de la diplomatie française, mon souci est de donner à cette action extérieure de la France, au-delà de son métier traditionnel qui est l'action politique extérieure, une dimension plus citoyenne et plus humaine. C'était le thème principal de mon discours aux ambassadeurs de France à l'occasion de notre première rencontre au mois d'août. Et bien vous nous aidez, vous nous avez aidés parce qu'il le fallait, mais aussi parce que vous l'avez voulu, à donner cette dimension humaine, fraternelle, citoyenne à notre action extérieure, en particulier lorsqu'il s'est agi d'accueillir tous ces Français.
Et pour ce ministère que j'ai l'honneur d'animer, je voulais dire un mot plus précis au directeur et à toute son équipe de la direction des Français de l'étranger et des étrangers en France, à l'équipe de la cellule de crise, des 350 agents qui y ont participé avec réactivité, avec disponibilité, avec beaucoup d'efficacité, de dévouement, jour et nuit, ainsi qu'aux autres services du Département, la direction d'Afrique et de l'Océan indien, la direction des Ressources humaines, la direction des Affaires financières, le Chiffre, le garage, la direction de la Communication et de l'Information, je n'oublierai pas non plus nos cabinets et le tien, chère Nelly, ainsi que celui de Renaud Muselier. Il m'est arrivé plusieurs fois d'aller saluer ces équipes à la cellule de crise avec mon épouse. J'ai pu vraiment mesurer cet effort collectif et ce sens de l'engagement qui, Mesdames et Messieurs, au-delà des agents de ce ministère, et avec eux, vous honorent tous. Je voudrais également remercier les 17 agents du ministère qui sont partis avec 117 médecins, volontaires de la Croix Rouge et du SAMU pour assurer l'accompagnement de nos compatriotes dans les avions, pour constituer, pour la première fois et dans l'urgence, une antenne consulaire au sein du BIMA, lorsque notre consulat était assiégé par les manifestations. Au total, puisqu'il faut bien dire que tout cela a coûté de l'argent, et de l'argent public, ce sont 4 900 000 euros, presque 5 millions d'euros que ce ministère a consacré à l'affrètement des avions, à la fourniture de médicaments, de produits de première nécessité en particulier.
Fraternité partout, à Paris, je viens de le dire, à Abidjan aussi, notre ambassade, ses équipes, le consulat général, les forces armées françaises, le 43ème BIMA, qui a accueilli plus de 4.000 de nos compatriotes et qui les a sécurisé, les éléments de Licorne sécurisant eux aussi les points vitaux d'Abidjan au premier rang desquels l'aéroport, afin d'assurer la sécurité et le départ de nos ressortissants, le régiment du train, mis en place aux côtés du consulat, du centre de regroupement et d'évacuation du BIMA. Enfin, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et ambassadrices, il y a eu une mobilisation diplomatique et consulaire en Afrique et en Europe. J'ai eu l'occasion de saluer à Bruxelles, et remercier nos amis et partenaires de l'Union européenne notamment puisqu'il s'est agi de prendre en charge, bien sûr nos compatriotes, mais aussi d'autres citoyens notamment européens et d'assurer, par des vols affrétés par la France mais aussi par d'autres vols affrétés par d'autres pays, les secours et les rapatriements. Cela a été le cas avec l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas - et je veux dire un mot particulier de la présidence néerlandaise -, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse. Pardonnez-moi si j'oublie l'un de ces pays, mais tous ont été exemplaires dans cette union qui n'est donc pas seulement un mot politique mais aussi une réalité humaine, qui est aujourd'hui la réalité de ce continent européen.
Voilà, je voudrais conclure en remerciant les entreprises Aéroport de Paris, les compagnies aériennes, Air France en particulier et tout son personnel, nos fournisseurs, qui ont apporté des réponses rapides, immédiates aux appels de la cellule de crise, qui ont démontré un sens aigu de leur responsabilité, de leur réactivité, qu'ils étaient de véritables partenaires face à l'urgence. Il y aura, s'agissant de ces deux situations exceptionnelles et notamment de cette crise ivoirienne, à évaluer, comme j'essaie de le faire rapidement devant vous, à tirer des leçons, qui sont de bonnes leçons pour l'avenir, parce que malheureusement le monde est ainsi fait, il explose un peu partout autour de nous, sauf en Europe d'ailleurs, et il y aura d'autres crises, d'autres difficultés. C'est une belle leçon que nous pouvons tirer et vous avez, Mesdames et Messieurs, dans vos différentes responsabilités, à quelque échelon, ou à quelque place que vous vous situiez, quel qu'ait été votre rôle dans cette chaîne de solidarité, de fraternité, vous avez donné, les uns et les autres, je voulais vous le dire de tout coeur, une belle image de notre pays. Vous avez fait honneur à la France. Merci de votre attention.
Je vous souhaite une bonne fin d'année, de bonnes fêtes de Noël !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 2004)
Je suis heureux de vous accueillir pour cette réception assez singulière, même exceptionnelle, Mesdames et Messieurs, que nous avons eu l'idée avec mes collègues Mme Nelly Olin, ministre déléguée à l'Intégration, à l'Egalité des chances et à la Lutte contre l'exclusion, qui est ici à mes côtés, M. Xavier Darcos, ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, et mon épouse Isabelle. Je dois excuser M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, qui est à l'étranger, comme c'est normal d'ailleurs.
Je voulais vous souhaiter très chaleureusement et très simplement la bienvenue au Quai d'Orsay, pour cette réception où je vais exprimer, au nom du gouvernement, et en mon nom personnel, un certain nombre de remerciements. Dans ces lieux que vous ne connaissez peut-être pas tous et que je suis heureux que vous puissiez découvrir, qui sont en effet chargés d'histoire. Je veux rappeler que d'ailleurs ce ministère des Affaires étrangères que j'ai l'honneur d'animer est le seul bâtiment construit à Paris pour être le ministère des Affaires étrangères dans les années 1840, 1850. Il s'est passé dans ces salons, qui sont faits pour travailler, pour recevoir, beaucoup d'événements importants ou historiques. J'ai d'ailleurs, comme je suis intéressé par l'histoire - je crois important de se souvenir pour construire l'avenir -, fait mettre un peu partout des photographies. Ici, c'est la signature du traité de l'Union de l'Europe occidentale (UEO), sur la défense européenne. Et dans la pièce d'à côté, je vous invite à regarder une belle photo, une grande photo, celle de M. Robert Schuman alors ministre des Affaires étrangères en 1950 et de M. Jean Monnet, assis à côté, devant cette cheminée, qui est toujours là, cette photo a été prise le 9 mai 1950 lorsque le ministre des Affaires étrangères eu cette idée incroyable et formidable de proposer l'intégration européenne à six pays, à l'époque pour la Communauté du Charbon et de l'Acier.
Monsieur le Préfet Sappin,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Représentants des forces armées,
Mesdames et Messieurs les Présidents d'associations,
tout simplement et sans trop de protocole, chers Amis,
Je suis donc heureux de vous accueillir avec mes collègues et de vous dire ce témoignage de gratitude au nom de l'Etat pour votre rôle dans les deux crises ou les deux situations exceptionnelles que nous avons vécues, il y a quelques jours, quelques semaines, celles de la Côte d'Ivoire, et l'accueil, l'hospitalisation puis le décès de Yasser Arafat. Je voulais donc, au nom du président de la République, du Premier ministre, qui m'ont demandé de vous le dire, vous exprimer ce témoignage de gratitude.
S'agissant de l'accueil du président Arafat, une situation vraiment exceptionnelle, avec les agents de l'Elysée, du ministère de la Défense, de l'Hôpital Percy, de notre propre ministère et d'autres, nous avons tous encore vécu une très forte pression pendant ces quelques jours, une pression internationale, une pression politique, une pression médiatique. Et nous avons dû, dans cette crise, dans ces circonstances, conjuguer nos compétences médicales, juridiques, diplomatiques, concilier des exigences qui étaient quelques fois difficiles à conjuguer : le secret médical, la nécessité d'informer pourtant, les relations avec tous nos interlocuteurs étrangers.
Cela était un travail quotidien, de jour et de nuit, dans une atmosphère elle aussi exceptionnelle, au point que certains d'entre vous ont acquis, par la force médiatique, une notoriété très rapide. Une action conduite de manière exemplaire à l'occasion de laquelle les administrations, dans toutes leurs diversités, ont fait la preuve qu'elles pouvaient, qu'elles devaient, qu'elles savaient coopérer, s'entraider et unir leurs compétences. Et je voulais donc, s'agissant de celles et de ceux qui étaient engagés dans cet accueil, dans cette situation, leur dire ma gratitude.
Je voudrais de la même manière, dans le même esprit, dire quelques mots de cette crise ivoirienne, exceptionnelle pour d'autres raisons, mais exceptionnelle aussi par sa violence, par sa durée, par ses conséquences en Côte d'Ivoire et bien au-delà, dans un pays pourtant ami, avec lequel nous avons depuis très longtemps des liens étroits, une culture, une langue partagées. La communauté française avait déjà été victime de graves problèmes. Nous nous souvenons d'une première évacuation en octobre 2002, des Français de Bouaké, et de Korhogo, et de violences au printemps 2003. A partir de cette matinée du 6 novembre, dont je me souviens précisément, c'est une épreuve d'une toute autre dimension que nous avons subie, avec la mort brutale, injuste de 9 de nos soldats, qui ont été tués alors même qu'ils exerçaient une mission de paix pour la stabilité de ce pays, avec le saccage de tous nos établissements scolaires, le pillage de multiples résidences, d'entreprises, des violences physiques et au total la peur.
8.000 de nos compatriotes ont été contraints de quitter ce pays et, pour beaucoup, cela représente l'ensemble de leur vie, leur mémoire, leur avenir aussi basculant dans un autre sens, une blessure qui ne cicatrisera pas pour beaucoup d'entre eux. 5.400 de nos compatriotes, dont 1.560 enfants ont été alors rapatriés, ici, dans la mère patrie, si je puis dire, à travers 14 vols réquisitionnés par le ministère des Affaires étrangères. Les pensées que je veux exprimer au-delà de ces murs vont d'abord vers ces hommes, ces femmes, ces enfants, leur détresse, nous pensons à leur réinsertion. Le gouvernement a décidé d'étendre, en leur faveur, une loi ancienne, celle du 26 décembre 1961, concernant les Français rapatriés et tout récemment le Parlement a bien voulu voter un premier crédit de 5 millions d'euros pour financer cette réinsertion.
Mais avant de parler de réinsertion, je veux redire quelques mots de cette mobilisation réellement exceptionnelle à laquelle vous avez participé. Puisque cette crise a d'abord été la preuve, une leçon, de la cohésion interministérielle et de la solidarité. Pour l'accueil à l'aéroport de Roissy, le Centre opérationnel et gestion interministérielle des crises (COGIC) a pris le relais de la cellule de la crise du ministère des Affaires étrangères pour coordonner le dispositif d'accueil sous l'autorité exemplaire du préfet Michel Sappin que je remercie et que j'ai tenu, au nom du ministère des Affaires étrangères, à distinguer à travers cette médaille d'honneur, cette décoration du ministère des Affaires étrangères.
Tous, avec le préfet, vous tous, Mesdames et Messieurs, vous étiez au terminal T3, volontaires, disponibles. Je veux dire que j'ai été très touché de la présence quotidienne des sénateurs représentants les Français établis hors de France, des Conseillers, membres de l'Assemblée des Français de l'étranger, du personnel des préfectures, notamment de celle de la Seine-Saint-Denis, des services sociaux et du SAMU, de tous ces bénévoles que vous représentez, qui n'ont pas pu tous venir aujourd'hui : de la Croix Rouge, du Secours Catholique, du Comité d'entraide aux Français rapatriés, de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), et des rectorats qui ont été attentifs. Je les ai vus ensemble avec des fonctionnaires de police, du personnel de l'aéroport de Paris pour traiter des situations difficiles, des élèves mais aussi des enseignants rapatriés de Côte d'Ivoire. Au total une présence rassurante et il y avait beaucoup de raisons pour rassurer ces hommes, ces femmes et ces enfants qui arrivaient parfois en short, en pull, en polo, dans le froid, une présence efficace, attentionnée des services de l'Etat, des bénévoles et des associations.
Grâce à vous, Mesdames et Messieurs, c'est ce que je voulais vous dire collectivement et individuellement, nos compatriotes ont pu trouver cette attention. Il est utile de temps en temps de donner des preuves que les mots qui sont sur les frontons de nos mairies : liberté, égalité, fraternité, en tout cas que l'un de ces mots a un sens, a des preuves. Vous avez donné, les uns et les autres, à ces Français dans la détresse une preuve de fraternité, mais aussi des vêtements dont ils avaient besoin, des soins, une aide d'urgence, un conseil dans leur démarche, parfois une chambre d'hôtel, un hébergement dans un centre d'accueil. Vous avez fait donc votre devoir sans doute mais davantage que votre devoir, vous l'avez fait avec du coeur, avec du dévouement, avec de l'humanité et de la générosité. Voilà, je dis souvent qu'à la tête de la diplomatie française, mon souci est de donner à cette action extérieure de la France, au-delà de son métier traditionnel qui est l'action politique extérieure, une dimension plus citoyenne et plus humaine. C'était le thème principal de mon discours aux ambassadeurs de France à l'occasion de notre première rencontre au mois d'août. Et bien vous nous aidez, vous nous avez aidés parce qu'il le fallait, mais aussi parce que vous l'avez voulu, à donner cette dimension humaine, fraternelle, citoyenne à notre action extérieure, en particulier lorsqu'il s'est agi d'accueillir tous ces Français.
Et pour ce ministère que j'ai l'honneur d'animer, je voulais dire un mot plus précis au directeur et à toute son équipe de la direction des Français de l'étranger et des étrangers en France, à l'équipe de la cellule de crise, des 350 agents qui y ont participé avec réactivité, avec disponibilité, avec beaucoup d'efficacité, de dévouement, jour et nuit, ainsi qu'aux autres services du Département, la direction d'Afrique et de l'Océan indien, la direction des Ressources humaines, la direction des Affaires financières, le Chiffre, le garage, la direction de la Communication et de l'Information, je n'oublierai pas non plus nos cabinets et le tien, chère Nelly, ainsi que celui de Renaud Muselier. Il m'est arrivé plusieurs fois d'aller saluer ces équipes à la cellule de crise avec mon épouse. J'ai pu vraiment mesurer cet effort collectif et ce sens de l'engagement qui, Mesdames et Messieurs, au-delà des agents de ce ministère, et avec eux, vous honorent tous. Je voudrais également remercier les 17 agents du ministère qui sont partis avec 117 médecins, volontaires de la Croix Rouge et du SAMU pour assurer l'accompagnement de nos compatriotes dans les avions, pour constituer, pour la première fois et dans l'urgence, une antenne consulaire au sein du BIMA, lorsque notre consulat était assiégé par les manifestations. Au total, puisqu'il faut bien dire que tout cela a coûté de l'argent, et de l'argent public, ce sont 4 900 000 euros, presque 5 millions d'euros que ce ministère a consacré à l'affrètement des avions, à la fourniture de médicaments, de produits de première nécessité en particulier.
Fraternité partout, à Paris, je viens de le dire, à Abidjan aussi, notre ambassade, ses équipes, le consulat général, les forces armées françaises, le 43ème BIMA, qui a accueilli plus de 4.000 de nos compatriotes et qui les a sécurisé, les éléments de Licorne sécurisant eux aussi les points vitaux d'Abidjan au premier rang desquels l'aéroport, afin d'assurer la sécurité et le départ de nos ressortissants, le régiment du train, mis en place aux côtés du consulat, du centre de regroupement et d'évacuation du BIMA. Enfin, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et ambassadrices, il y a eu une mobilisation diplomatique et consulaire en Afrique et en Europe. J'ai eu l'occasion de saluer à Bruxelles, et remercier nos amis et partenaires de l'Union européenne notamment puisqu'il s'est agi de prendre en charge, bien sûr nos compatriotes, mais aussi d'autres citoyens notamment européens et d'assurer, par des vols affrétés par la France mais aussi par d'autres vols affrétés par d'autres pays, les secours et les rapatriements. Cela a été le cas avec l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas - et je veux dire un mot particulier de la présidence néerlandaise -, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse. Pardonnez-moi si j'oublie l'un de ces pays, mais tous ont été exemplaires dans cette union qui n'est donc pas seulement un mot politique mais aussi une réalité humaine, qui est aujourd'hui la réalité de ce continent européen.
Voilà, je voudrais conclure en remerciant les entreprises Aéroport de Paris, les compagnies aériennes, Air France en particulier et tout son personnel, nos fournisseurs, qui ont apporté des réponses rapides, immédiates aux appels de la cellule de crise, qui ont démontré un sens aigu de leur responsabilité, de leur réactivité, qu'ils étaient de véritables partenaires face à l'urgence. Il y aura, s'agissant de ces deux situations exceptionnelles et notamment de cette crise ivoirienne, à évaluer, comme j'essaie de le faire rapidement devant vous, à tirer des leçons, qui sont de bonnes leçons pour l'avenir, parce que malheureusement le monde est ainsi fait, il explose un peu partout autour de nous, sauf en Europe d'ailleurs, et il y aura d'autres crises, d'autres difficultés. C'est une belle leçon que nous pouvons tirer et vous avez, Mesdames et Messieurs, dans vos différentes responsabilités, à quelque échelon, ou à quelque place que vous vous situiez, quel qu'ait été votre rôle dans cette chaîne de solidarité, de fraternité, vous avez donné, les uns et les autres, je voulais vous le dire de tout coeur, une belle image de notre pays. Vous avez fait honneur à la France. Merci de votre attention.
Je vous souhaite une bonne fin d'année, de bonnes fêtes de Noël !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 décembre 2004)