Texte intégral
Madame le Ministre,
Monsieur le Ministre,
Mesdames les Secrétaires générales adjointes,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis à Paris aujourd'hui pour évoquer un phénomène criminel qui, en ce début du XXIe siècle, ne connaît pas de frontières.
Aujourd'hui comme hier, les violences faites aux femmes sont malheureusement universelles.
Aujourd'hui comme hier, ces violences affectent toutes les sociétés, fussent-elles gouvernées selon les normes les plus démocratiques ; elles se manifestent sur les lieux de travail, dans la sphère familiale, et jusque dans les écoles.
Elles ont lieu en temps de paix comme en temps de guerre, où les femmes sont les premières victimes des conflits armés, nettoyages ethniques et autres atrocités qui marquent les premières années de ce siècle.
Et aujourd'hui comme hier, à travers ces violences, c'est l'humain en nous, c'est l'humanité toute entière que l'on nie, que l'on viole et que l'on bafoue.
La France a voulu accueillir cet atelier pour marquer son soutien à l'étude globale sur les violences contre les femmes que préparent les Nations unies. Ce rapport, j'en suis convaincu, fera date.
En cette année où nous préparons la réforme de l'ONU souhaitée par le Secrétaire général, il est important de réaffirmer qu'un des objectifs de la réforme doit être de rehausser encore la place des droits humains dans notre organisation. La France s'associe pleinement à votre démarche, et je m'adresse ici en particulier à Mme Mayanja, secrétaire générale adjointe et conseillère de M. Kofi Annan pour les questions de parité.
Je veux remercier aussi M. Rupel, président en exercice de l'OSCE, qui a voulu que cet événement fasse partie des priorités de la Présidence slovène.
Les violences faites aux femmes frappent toutes les sociétés, et l'Europe, oui l'Europe, ne fait pas exception. En France même - pourquoi le cacher ? - les violences domestiques et familiales demeurent inacceptables.
Je suis citoyen d'un pays où une femme sur dix est victime de violences conjugales. Mais je suis aussi ministre d'un gouvernement qui se bat pour prévenir et combattre de tels actes. Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l'Egalité professionnelle, vous parlera plus en détails de notre plan global de lutte contre les violences faites aux femmes.
Ce combat engage en France toutes les administrations, mais aussi toutes les associations qui mènent un travail essentiel de mobilisation, et auxquelles je veux rendre hommage.
Ce combat engage aussi le ministère des Affaires étrangères, qui mène, à Paris même, une coopération efficace avec le Comité contre l'esclavage moderne.
Face à des actes souvent tus ou niés, l'expérience montre qu'une politique partenariale est nécessaire. Il en va de même à l'échelle internationale, où la France et les autres pays d'immigration ne sauraient résoudre seuls les violences faites aux femmes, en particulier les phénomènes de traite et d'exploitation sexuelle, qui sont étroitement liés à la criminalité organisée.
Voilà pourquoi les Etats, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales doivent apprendre à travailler mieux ensemble. La conférence qui nous réunit aujourd'hui va dans ce sens, et je m'en réjouis.
La France, pour sa part, a uvré afin que les crimes contre les femmes au Soudan, qui se comptent par milliers, soient déférés par le Conseil de sécurité devant la Cour pénale internationale.
Des poursuites ont également été engagées contre un Français de la MONUC, en République démocratique du Congo, auteur présumé de violences sexuelles contre des jeunes filles.
Enfin, la France soutient en Afrique, en partenariat avec les Nations unies, des projets d'assistance aux victimes de la traite, de mariages forcés ou précoces, et d'aide à la réinsertion des enfants dits "enfants soldats", victimes des conflits armés.
Aujourd'hui, l'OSCE se trouve confrontée à de nouveaux défis qui dépassent le cadre de la sécurité militaire : ces défis sont les combats de la démocratie d'aujourd'hui. Voilà pourquoi nous plaçons en tête de nos priorités la lutte contre les violences faites aux femmes, fléau qui frappe partout et que nous devons dénoncer comme tel.
Dans ce combat, nous devons approfondir l'action commune de tous les acteurs concernés : la coopération de l'OSCE et des Nations unies nous apporte crédibilité et efficacité.
La "Plate-forme d'action de Pékin", la Convention pour l'élimination de la discrimination contre les femmes ou CEDAW, qui a été ratifiée par plus de 90% des Etats membres des Nations unies, sont des avancées importantes pour les droits fondamentaux de la personne humaine.
Pour autant, gardons-nous d'un optimiste excessif ou prématuré. Il nous faut continuer à convaincre, y compris les pays qui choisissent de ratifier en assortissant leur signature de réserves excessivement larges.
Et pour convaincre, notre premier objectif doit être d'abord de nous appuyer sur la réalité, sur les faits qui décrivent aujourd'hui ce terrible phénomène.
Dans ce domaine où "nommer et compter" est déjà source de polémique, nous devons être en mesure de présenter des données chiffrées objectives, impartiales, indiscutables, sur les violences faites aux femmes, leurs causes, ainsi que leur coût social.
Notre deuxième objectif doit être de porter l'effort de communication. Il est grand temps d'en finir avec l'indifférence et une certaine loi du silence. Les violences faites aux femmes, mais aussi les "bonnes pratiques" qui existent pour y remédier, doivent être plus largement connues au sein de la communauté internationale.
Notre troisième objectif, c'est la coopération internationale, c'est l'action. Faire savoir, pour peser, influencer, pour agir, pour changer, telle doit être notre logique. Voilà pourquoi je forme le vu que cet atelier se conclue par des recommandations opérationnelles concernant le cadre légal, la prévention notamment à l'école, la formation, la répression, l'assistance aux victimes, l'éducation et la sensibilisation.
Ces recommandations, je ne doute pas que l'Europe s'en saisisse, et la présence parmi nous ce matin de représentants de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe témoigne de ce que nous pouvons accomplir ensemble.
Ainsi, Mme Marie-Josée Jacobs, ministre de la Famille et de l'Intégration du Luxembourg, qui représente la Présidence de l'Union européenne, nous parlera de l'intégration de la lutte contre les violences qui se trouve au cur des politiques européennes.
La Commission, en la personne d'Odile Quintin, directeur général Emploi et Affaires sociales, contribuera également aux débats.
A quelques semaines du référendum sur le traité constitutionnel dans notre pays, j'y vois l'occasion de mettre en lumière l'égalité entre les sexes comme objectif de l'Union - sans oublier le texte sur les violences domestiques qui est annexé au traité.
Enfin, nous attendons beaucoup des représentants de la société civile, de leur regard critique et lucide, et je voudrais remercier Mme Hilary Fisher, qui coordonne la campagne d'Amnesty International "Halte à la violence", d'être venue animer la table ronde sur les conflits armés.
Mesdames et Messieurs,
La gravité des violences perpétrées contre les femmes est un très grand défi pour nos sociétés, qui appelle davantage de solidarité internationale.
Votre présence, aujourd'hui, à Paris, va dans le sens de cette gestion multilatérale que nous appelons de nos vux.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 avril 2005)
Monsieur le Ministre,
Mesdames les Secrétaires générales adjointes,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis à Paris aujourd'hui pour évoquer un phénomène criminel qui, en ce début du XXIe siècle, ne connaît pas de frontières.
Aujourd'hui comme hier, les violences faites aux femmes sont malheureusement universelles.
Aujourd'hui comme hier, ces violences affectent toutes les sociétés, fussent-elles gouvernées selon les normes les plus démocratiques ; elles se manifestent sur les lieux de travail, dans la sphère familiale, et jusque dans les écoles.
Elles ont lieu en temps de paix comme en temps de guerre, où les femmes sont les premières victimes des conflits armés, nettoyages ethniques et autres atrocités qui marquent les premières années de ce siècle.
Et aujourd'hui comme hier, à travers ces violences, c'est l'humain en nous, c'est l'humanité toute entière que l'on nie, que l'on viole et que l'on bafoue.
La France a voulu accueillir cet atelier pour marquer son soutien à l'étude globale sur les violences contre les femmes que préparent les Nations unies. Ce rapport, j'en suis convaincu, fera date.
En cette année où nous préparons la réforme de l'ONU souhaitée par le Secrétaire général, il est important de réaffirmer qu'un des objectifs de la réforme doit être de rehausser encore la place des droits humains dans notre organisation. La France s'associe pleinement à votre démarche, et je m'adresse ici en particulier à Mme Mayanja, secrétaire générale adjointe et conseillère de M. Kofi Annan pour les questions de parité.
Je veux remercier aussi M. Rupel, président en exercice de l'OSCE, qui a voulu que cet événement fasse partie des priorités de la Présidence slovène.
Les violences faites aux femmes frappent toutes les sociétés, et l'Europe, oui l'Europe, ne fait pas exception. En France même - pourquoi le cacher ? - les violences domestiques et familiales demeurent inacceptables.
Je suis citoyen d'un pays où une femme sur dix est victime de violences conjugales. Mais je suis aussi ministre d'un gouvernement qui se bat pour prévenir et combattre de tels actes. Nicole Ameline, ministre de la Parité et de l'Egalité professionnelle, vous parlera plus en détails de notre plan global de lutte contre les violences faites aux femmes.
Ce combat engage en France toutes les administrations, mais aussi toutes les associations qui mènent un travail essentiel de mobilisation, et auxquelles je veux rendre hommage.
Ce combat engage aussi le ministère des Affaires étrangères, qui mène, à Paris même, une coopération efficace avec le Comité contre l'esclavage moderne.
Face à des actes souvent tus ou niés, l'expérience montre qu'une politique partenariale est nécessaire. Il en va de même à l'échelle internationale, où la France et les autres pays d'immigration ne sauraient résoudre seuls les violences faites aux femmes, en particulier les phénomènes de traite et d'exploitation sexuelle, qui sont étroitement liés à la criminalité organisée.
Voilà pourquoi les Etats, les organisations internationales, les organisations non gouvernementales doivent apprendre à travailler mieux ensemble. La conférence qui nous réunit aujourd'hui va dans ce sens, et je m'en réjouis.
La France, pour sa part, a uvré afin que les crimes contre les femmes au Soudan, qui se comptent par milliers, soient déférés par le Conseil de sécurité devant la Cour pénale internationale.
Des poursuites ont également été engagées contre un Français de la MONUC, en République démocratique du Congo, auteur présumé de violences sexuelles contre des jeunes filles.
Enfin, la France soutient en Afrique, en partenariat avec les Nations unies, des projets d'assistance aux victimes de la traite, de mariages forcés ou précoces, et d'aide à la réinsertion des enfants dits "enfants soldats", victimes des conflits armés.
Aujourd'hui, l'OSCE se trouve confrontée à de nouveaux défis qui dépassent le cadre de la sécurité militaire : ces défis sont les combats de la démocratie d'aujourd'hui. Voilà pourquoi nous plaçons en tête de nos priorités la lutte contre les violences faites aux femmes, fléau qui frappe partout et que nous devons dénoncer comme tel.
Dans ce combat, nous devons approfondir l'action commune de tous les acteurs concernés : la coopération de l'OSCE et des Nations unies nous apporte crédibilité et efficacité.
La "Plate-forme d'action de Pékin", la Convention pour l'élimination de la discrimination contre les femmes ou CEDAW, qui a été ratifiée par plus de 90% des Etats membres des Nations unies, sont des avancées importantes pour les droits fondamentaux de la personne humaine.
Pour autant, gardons-nous d'un optimiste excessif ou prématuré. Il nous faut continuer à convaincre, y compris les pays qui choisissent de ratifier en assortissant leur signature de réserves excessivement larges.
Et pour convaincre, notre premier objectif doit être d'abord de nous appuyer sur la réalité, sur les faits qui décrivent aujourd'hui ce terrible phénomène.
Dans ce domaine où "nommer et compter" est déjà source de polémique, nous devons être en mesure de présenter des données chiffrées objectives, impartiales, indiscutables, sur les violences faites aux femmes, leurs causes, ainsi que leur coût social.
Notre deuxième objectif doit être de porter l'effort de communication. Il est grand temps d'en finir avec l'indifférence et une certaine loi du silence. Les violences faites aux femmes, mais aussi les "bonnes pratiques" qui existent pour y remédier, doivent être plus largement connues au sein de la communauté internationale.
Notre troisième objectif, c'est la coopération internationale, c'est l'action. Faire savoir, pour peser, influencer, pour agir, pour changer, telle doit être notre logique. Voilà pourquoi je forme le vu que cet atelier se conclue par des recommandations opérationnelles concernant le cadre légal, la prévention notamment à l'école, la formation, la répression, l'assistance aux victimes, l'éducation et la sensibilisation.
Ces recommandations, je ne doute pas que l'Europe s'en saisisse, et la présence parmi nous ce matin de représentants de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe témoigne de ce que nous pouvons accomplir ensemble.
Ainsi, Mme Marie-Josée Jacobs, ministre de la Famille et de l'Intégration du Luxembourg, qui représente la Présidence de l'Union européenne, nous parlera de l'intégration de la lutte contre les violences qui se trouve au cur des politiques européennes.
La Commission, en la personne d'Odile Quintin, directeur général Emploi et Affaires sociales, contribuera également aux débats.
A quelques semaines du référendum sur le traité constitutionnel dans notre pays, j'y vois l'occasion de mettre en lumière l'égalité entre les sexes comme objectif de l'Union - sans oublier le texte sur les violences domestiques qui est annexé au traité.
Enfin, nous attendons beaucoup des représentants de la société civile, de leur regard critique et lucide, et je voudrais remercier Mme Hilary Fisher, qui coordonne la campagne d'Amnesty International "Halte à la violence", d'être venue animer la table ronde sur les conflits armés.
Mesdames et Messieurs,
La gravité des violences perpétrées contre les femmes est un très grand défi pour nos sociétés, qui appelle davantage de solidarité internationale.
Votre présence, aujourd'hui, à Paris, va dans le sens de cette gestion multilatérale que nous appelons de nos vux.
Je vous remercie.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 avril 2005)