Texte intégral
Le Revenu : En 2004, les entreprises françaises ont réalisé des bénéfices records. Les fruits de cette croissance ont-ils été répartis de manière équitable entre actionnaires et salariés ?
Jean-Luc Cazettes : Les bénéfices réalisés par les entreprises françaises en 2004 sont certes liés à la conjoncture mondiale, mais aussi aux efforts de productivité des salariés. Signalons que la productivité horaire de la France est l'une des plus élevées au monde. Or, nous ne pouvons que constater le déséquilibre grandissant de la part des bénéfices réservée à l'actionnaire par rapport à celle réservée aux salariés. En effet, alors que les profits des grandes entreprises de l'Hexagone ont crû de 30 % (bénéfices nets récurrents), les salaires n'ont, eux, augmenté que de 1,8 %. C'est dérisoire. L'augmentation du niveau des salaires en 2004 était même inférieure à la hausse des prix ! Il faut également noter que les créations d'emplois ont été en baisse dans la plupart des secteurs l'année dernière, à l'exception des constructeurs automobiles qui mènent une politique d'emploi particulièrement dynamique.
LR : Cette répartition des profits s'est-elle faite, selon mus, au détriment de l'investissement ?
JLC : C'est, je pense, le principal sujet d'inquiétude. Car, non seulement les résultats ont été systématiquement affectés aux actionnaires, mais, surtout, ce déséquilibre dans le partage de la valeur ajoutée s'est accompagné d'une baisse de l'investissement. Attentistes, les dirigeants d'entreprise ont préféré accumuler des liquidités plutôt que de mener des projets d'investissements à long terme. Or, cette logique de rentabilité immédiate est également préjudiciable à terme à l'actionnaire, comme aux salariés. Et, cette année, le rythme de l'investissement n'a toujours pas décollé en France.
LR : Réclamez-vous une augmentation salariale ?
JLC : Non, si ce n'est un simple maintien du pouvoir d'achat sur le niveau de l'inflation. Le partage équitable des profits passe surtout par un réaménagement de la politique de participation des salariés. Jusqu'ici, celle-ci reposait sur le résultat fiscal de l'entreprise et non sur les bénéfices comptables réels. Or, le calcul actuel réduit de 18 % le niveau de participation des salariés. En changeant ce calcul, nous pourrions aboutir à une plus juste adéquation entre l'évolution des dividendes et les rémunérations.
(Source http://www.cfecgc.org, le 4 mai 2005)
Jean-Luc Cazettes : Les bénéfices réalisés par les entreprises françaises en 2004 sont certes liés à la conjoncture mondiale, mais aussi aux efforts de productivité des salariés. Signalons que la productivité horaire de la France est l'une des plus élevées au monde. Or, nous ne pouvons que constater le déséquilibre grandissant de la part des bénéfices réservée à l'actionnaire par rapport à celle réservée aux salariés. En effet, alors que les profits des grandes entreprises de l'Hexagone ont crû de 30 % (bénéfices nets récurrents), les salaires n'ont, eux, augmenté que de 1,8 %. C'est dérisoire. L'augmentation du niveau des salaires en 2004 était même inférieure à la hausse des prix ! Il faut également noter que les créations d'emplois ont été en baisse dans la plupart des secteurs l'année dernière, à l'exception des constructeurs automobiles qui mènent une politique d'emploi particulièrement dynamique.
LR : Cette répartition des profits s'est-elle faite, selon mus, au détriment de l'investissement ?
JLC : C'est, je pense, le principal sujet d'inquiétude. Car, non seulement les résultats ont été systématiquement affectés aux actionnaires, mais, surtout, ce déséquilibre dans le partage de la valeur ajoutée s'est accompagné d'une baisse de l'investissement. Attentistes, les dirigeants d'entreprise ont préféré accumuler des liquidités plutôt que de mener des projets d'investissements à long terme. Or, cette logique de rentabilité immédiate est également préjudiciable à terme à l'actionnaire, comme aux salariés. Et, cette année, le rythme de l'investissement n'a toujours pas décollé en France.
LR : Réclamez-vous une augmentation salariale ?
JLC : Non, si ce n'est un simple maintien du pouvoir d'achat sur le niveau de l'inflation. Le partage équitable des profits passe surtout par un réaménagement de la politique de participation des salariés. Jusqu'ici, celle-ci reposait sur le résultat fiscal de l'entreprise et non sur les bénéfices comptables réels. Or, le calcul actuel réduit de 18 % le niveau de participation des salariés. En changeant ce calcul, nous pourrions aboutir à une plus juste adéquation entre l'évolution des dividendes et les rémunérations.
(Source http://www.cfecgc.org, le 4 mai 2005)