Déclaration de M. Christian Poncelet, Président du Sénat, sur l'aide financière du Sénat et des sénateurs pour la reconstruction des pays d'Asie du sud-est, après le raz-de-marée du 26 décembre 2004, Paris le 6 avril 2005.

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Circonstance : Remise du chèque du sénat à la Croix-Rouge française au profit des populations sinistrées d'Asie du sud-est, à Paris le 6 avril 2005

Texte intégral

Monsieur le Président, Cher Jean-François,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureux, mais aussi très ému, de vous accueillir ce soir dans les salons de la Présidence du Sénat pour témoigner de la solidarité du Sénat envers les populations touchées par le dramatique séisme qui a frappé l'Asie du sud-est le 26 décembre dernier.
Chacun conserve à l'esprit les images de cette vague dévastatrice qui a semé la mort sur son effroyable passage, ne laissant derrière elle que destruction, désolation et désespoir.
Face à l'insoutenable, un élan mondial de solidarité, comme on n'en avait encore jamais vu auparavant, s'est spontanément manifesté pour porter secours aux populations sinistrées.
Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, chaque être humain a pris conscience, dans la douleur et l'effroi, de son interdépendance avec l'autre, fut-il à l'autre bout de la planète. Chacun, au plus profond de lui-même, s'est senti concerné, impliqué, interpellé, par le malheur des populations ravagées par le tsunami.
Sans la moindre hésitation, le Sénat s'est joint au concert des bonnes volontés en marche pour tenter d'apporter secours et réconfort aux victimes. Notre Assemblée s'est associée aux trois minutes de silence organisées le 5 janvier : tous, sénateurs, fonctionnaires et assistants, ont tenu à participer à cette cérémonie à la fois grave et pleine d'émotion.
En parfait accord avec MM. les Questeurs que je tiens à remercier, j'ai en outre décidé dès le 4 janvier de dégager une aide exceptionnelle de 200 000 en faveur de la Croix-Rouge Française.
Monsieur le Président, je voudrais vous dire que le choix de la Croix-Rouge Française, pour recueillir le don du Sénat, s'est opéré tout naturellement. L'ancienneté et l'excellence de son savoir-faire, comme de son éthique, sont à nos yeux des garants d'efficacité sur le terrain.
Et ce ne sont pas nos collègues Michel CHARASSE et Adrien GOUTEYRON, Rapporteurs spéciaux de la Commission des Finances, qui me démentiront.
Du 28 janvier au 2 février, ils ont conduit une mission d'évaluation et de contrôle, sur place et sur pièce, de l'organisation de l'aide humanitaire française en Indonésie. Au terme de nombreuses rencontres de représentants civils et militaires français, ils ont pu dresser à cette occasion le constat d'une action tout à fait remarquable de la Croix-Rouge, tout particulièrement dans les domaines de l'assainissement de l'eau et de l'appui médical.
Après l'urgence des premiers secours, l'aide exceptionnelle du Sénat s'inscrit clairement dans une perspective de moyen terme, celle de la reconstruction.
Cette démarche est, à mon sens, d'autant plus importante que le tremblement de terre survenu il y a quelques jours en Indonésie, et dont l'épicentre était, comme pour le tsunami, situé au large de la province de Banda Aceh, rappelle l'extrême fragilité géologique de cette région, enjeu de la tectonique des plaques. La reconstruction doit être conçue en fonction de cette menace permanente.
Une fois passé l'élan spontané de solidarité, les populations et les pays touchés doivent, très vite, envisager l'indispensable phase de reconstruction. Elle est, déjà, largement amorcée mais beaucoup reste à faire.
A quoi servirait de délivrer une aide d'urgence, aux pêcheurs par exemple, si on ne les aidait pas rapidement à reconstruire leurs bateaux afin qu'ils subviennent à nouveau eux-mêmes, dans la dignité et dans le temps, aux besoins de leurs familles ?
Il faut donc maintenant tout mettre en oeuvre pour rebâtir les maisons, les écoles, les hôpitaux, les infrastructures, et favoriser la reprise de l'activité économique, notamment du tourisme qui occupe une place si importante dans les ressources de ces pays.
Comme l'ont noté avec pertinence nos deux Rapporteurs spéciaux en Indonésie, " cette capacité de mobilisation de l'administration et de la population françaises comme de nos partenaires bailleurs, dans l'urgence et sur plusieurs années, pose un vrai défi pédagogique et politique ".
Le Sénat, qui inscrit résolument son action dans la durée, prendra toute sa part dans le nécessaire effort de mobilisation dans les mois, et peut-être même les années, à venir pour relever, avec d'autres, ce défi.
Au-delà de ce témoignage de solidarité institutionnelle, il m'a semblé en outre nécessaire, pour donner tout son sens à notre initiative, de permettre aussi à tous ceux qui le souhaitaient de s'y associer, à titre individuel, en versant leur obole personnelle.
A cette fin, et à titre tout à fait exceptionnel, une urne a été installée dans la Salle des Conférences afin de recueillir les dons des sénateurs, des fonctionnaires et des assistants.
Sans trahir de secret, mais avec le souci de la transparence, je peux indiquer que le montant global des dons déposés au profit de la Croix-Rouge dans cette urne s'est élevé à 26 175 , pour une moyenne des dons d'environ 200 .
Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont ainsi témoigné de leur compassion envers ceux qui n'ont plus rien.
Je me réjouis de cet élan de solidarité qui témoigne de la profonde humanité de notre Assemblée et de ceux qui la servent.
Monsieur le Président de la Croix-Rouge Française, Cher Jean-François, j'ai l'honneur de vous remettre, au nom du Sénat tout entier, et en présence des membres du Bureau, des présidents de groupe et des présidents de commission, ce chèque de 200 000 en témoignage de la solidarité du Sénat envers les populations sinistrées d'Asie du sud-est.
(Source http://www.senat.fr, le 8 avril 2005)