Texte intégral
Merci à vous tous qui avez fait l'effort d'être présents à cette Convention Interrégionale. Merci à nos militants d'Aquitaine, merci aux militants de Poitou-Charentes, merci à nos collègues du Limousin. Merci à tous les collègues qui ont participé aux différents groupes de travail de ce matin et à ceux que l'on a découvert cet après-midi dans les différents reportages.
C'est la CFE-CGC militante, la CFE-CGC de terrain qui s'est exprimée. C'est une CFE-CGC combative et conquérante, une CFE-CGC qui fait du développement syndical un axe de travail prioritaire. Tous les militants qui se sont exprimés devant vous l'ont répété. Le développement, le développement, le développement. Mais pas un développement pour faire du nombre, un développement pour être efficace, pour influer sur le cours des choses, dans nos entreprises, dans nos branches professionnelles ou au niveau national, dans le sens des engagements pris en 1999 et qui ont commencé à porter des résultats. C'est maintenant une CFE-CGC qui compte et sur laquelle on compte. Eh bien ! je voudrais vous conforter dans votre engagement syndical, conforter vos convictions, conforter votre confiance dans la CFECGC et dans ses résultats.
La CFE-CGC n'a jamais été aussi mordante. Elle n'admet plus d'être mise devant le fait accompli. Elle revendique, sans état d'âme, mais sans agressivité. Mais elle revendique sur ses propres objectifs qui ne sont pas toujours ceux de nos concurrents. C'est à ce prix que nous sommes indépendants. Indépendants du pouvoir politique, vous le savez depuis longtemps, indépendants vis-à-vis du patronat, plus personne n'en doute, ce qui n'était pas forcément le cas il y a quelques années, mais aussi indépendants vis-à-vis des autres organisations syndicales.
La CFE-CGC est de plain-pied dans le XXIe Siècle. Elle a abandonné au vent de l'Histoire le syndicalisme des années 50 qui, en son temps, nous a apporté beaucoup de progrès, mais qui est dépassé à l'heure de la mondialisation, d'Internet, du développement durable ou de la responsabilité sociétale des entreprises.
Mais si nos méthodes ont évolué et doivent encore évoluer, nos objectifs n'ont pas changé : construire une société plus humaine, dans laquelle on arrivera enfin à concilier développement économique et progrès social.
Notre rôle c'est d'être porteurs des revendications et des besoins de nos mandants. Si cela coïncide avec les revendications des autres organisations, ne nous privons pas d'une union qui fait la force. Dans le cas contraire, ayons le courage de porter seuls nos projets ou nos propositions.
35 heures
Je prendrais deux exemples récents, l'assouplissement des 35 heures et les rémunérations. Notre baromètre de l'état d'esprit des cadres, avant toute agitation sur le sujet, nous a montré qu'en cas de remise en cause des 35 heures, 80 % des forfaités, qui représentent une grande partie de nos adhérents, souhaitaient une contrepartie financière à toute forme d'augmentation du temps de travail.
Parce que, ne nous illusionnons pas, l'esclavage n'a pas encore totalement disparu dans notre pays, et bon nombre de nos collègues sont amenés à passer par profits et pertes tout ou partie de leurs jours de RTT sans aucune compensation. Il n'est que de voir ce qui se passe dans la grande distribution. Nos collègues sont trop souvent confrontés à une charge de travail qu'ils n'arrivent plus à assumer. Ils se rendent compte qu'ils n'ont plus le temps matériel de faire leur travail. Cela entraîne une pression permanente et une accumulation de stress avec toutes les conséquences psychiques et physiques que cela entraîne. On l'a bien vu, ce matin, le groupe de travail le plus recherché était celui consacré au stress, qu'il a fallu dédoubler. C'est la preuve de l'importance considérable que prend ce phénomène.
La possibilité de se faire rétribuer ces jours perdus, soit par monétarisation immédiate, soit par le biais d'un compte épargne-temps, leur permet au moins de ne pas tout perdre. Surtout lorsque cette possibilité ne peut résulter que d'un accord d'entreprise ou de branche, ce qui laisse la possibilité, dans les entreprises qui ne sont pas soumises à de telles contraintes, de continuer sur les bases actuelles. Eh bien ! cet assouplissement, qui n'enlève rien à personne, puisqu'il y a le verrou de l'accord majoritaire, mais qui permet à chacun de choisir entre temps libre et rémunération, a été combattu par les autres organisations syndicales dans un combat purement idéologique perdu d'avance tant il ne rencontrait pas l'enthousiasme des salariés, bien au contraire. On ne monte pas une mayonnaise si on n'y met pas d'huile. Nous n'avons donc pas participé à cette mobilisation ratée. Puisque l'on parle d'accord majoritaire, je rappelle le combat que nous avons mené, en son temps, contre la scélérate loi Fillon sur le dialogue social. Malgré le refus hautain de François Fillon de tenir compte de nos arguments, prisonnier qu'il était de la CGT à laquelle il faisait les yeux de Chimène, on voit à quel point cette loi était dommageable par le poids exorbitant qu'elle accorde à la CGT.
Salaires
Sur les rémunérations, nous sommes, en revanche, tout à fait en phase, car ce qui se passe est tout bonnement scandaleux. Vous avez été amenés à négocier les salaires ou vous êtes en train de le faire. Vous savez les efforts qu'il vous faut déployer pour grappiller 0,2 ou 0,3 % de plus. Et vous constatez par ailleurs que vos entreprises affichent des résultats à plus 8 %, plus 30 %, plus 70 %. Et non seulement les résultats explosent mais l'essentiel de ces résultats est reversé aux actionnaires sous forme de dividendes ou, d'une façon plus camouflée, par le rachat d'actions. Il n'est pas redistribué aux salariés, mais il n'est pas davantage réinvesti, c'est-à-dire utilisé pour les emplois et les salaires de demain.
Nous nous associons donc à toutes les démarches ou les manifestations sur ce thème avec nos partenaires syndicaux. Mais encore une fois sur la base de nos revendications. Parce que, si on écoute toutes les autres organisations syndicales, il s'agit de revendiquer pour le SMIC, les minima, les bas salaires. Mais le compte n'y est pas. Les techniciens, les agents de maîtrise, les cadres ont, eux aussi, des retards salariaux à compenser, et cela la CFE-CGC est la seule à le prendre en compte.
Pension de réversion
Un développement au service de l'efficacité, au service de la prise en compte de nos objectifs et de la défense de nos intérêts. Ces derniers mois nous avons obtenu le retrait du décret scélérat qui privait les veuves du personnel d'encadrement du bénéfice de leur pension de réversion. Et nous avons été les seuls à découvrir cette vilenie et à mener ce combat.
Licenciement
Nous avons fait retirer le projet de définition du licenciement pour sauvegarder la compétitivité des entreprises qui ouvrait la voie à toutes les dérives parce que c'est quoi un licenciement pour sauvegarder la compétitivité des entreprises ? Là, nous avons été accompagnés par la CGT, comme quoi aucun voisinage ne nous effraye, lorsque c'est pour la bonne cause.
Forfait jours
Nous avons attaqué, devant le Comité de la Charte Sociale européenne, le décret de François Fillon sur l'extension des forfaits jours et l'assimilation des astreintes à des périodes de loisirs, sans aucune contrainte.
Nous avions déjà gagné un recours de ce type contre la décision de Martine Aubry de ne plus soumettre les forfaités à la réglementation française sur la durée quotidienne et hebdomadaire du travail, de 10 heures par jour, ce qui les laissait soumis à la seule réglementation européenne des 11 heures de repos par jour, laissant place à des journées de travail de 13 heures.
Les manuvres politiques ne nous avaient pas permis, à l'époque, de faire appliquer cette décision du Comité de la Charte Sociale. Eh bien ! j'ai le plaisir de vous annoncer que nous venons à nouveau de gagner ce recours et que, cette fois-ci, le gouvernement devra bien rendre les armes parce que les arguments sur le faible nombre de salariés concernés, sous-entendu : on n'a pas besoin de faire respecter les droits fondamentaux des cadres puisqu'ils ne représentent que 5 % des salariés, ne peuvent plus être utilisés quand le décret Fillon élargit considérablement le nombre de " bénéficiaires " de ces largesses.
Rachat des années d'études
Mais la CFE-CGC ne fait pas que contester. Elle propose également des solutions, tellement évidentes qu'il faut plusieurs années aux technocrates de nos ministères pour les comprendre et les appliquer. C'était le cas du rachat des années d'études, pour lequel j'ai largement été brocardé en 1993 lors de la première négociation sur la réforme des retraites et qui, 10 ans après s'est imposé dans les esprits de tout le monde et a tout naturellement été adopté.
Assurance chômage
C'est l'activation des dépenses de l'Assurance chômage, avec l'anticipation et l'employabilité que l'on retrouve dans la loi sur la cohésion sociale.
Cotisation sociale
C'est la cotisation sociale sur la consommation que d'aucuns appellent à tort la TVA sociale. Il y a 15 ans que la CFE-CGC défend cette idée comme un moyen d'assurer les ressources de nos régimes sociaux, débarrassé des fluctuations de l'emploi, et en même temps de lutter contre les délocalisations. Et je m'inscris en faux, avec la plus grande vigueur contre ceux qui prétendent que cette solution est injuste. Aujourd'hui, lorsque nous achetons un produit quelconque, le prix de vente de ce produit comporte son prix de revient plus les marges. Demain, si l'on transfère les charges salariales sur la cotisation sociale, le prix de revient sera abaissé du coût de ces charges et le prix de vente qui intégrera la cotisation sociale restera inchangé.
Ainsi on traitera, en matière sociale, les produits importés comme les produits nationaux, réduisant ainsi l'écart entre les deux. Ainsi, le coût des produits français sera réduit, ils retrouveront une compétitivité sur les marchés internationaux. Et, par ailleurs, un meilleur équilibre s'établira entre industrie de main-d'uvre et industrie purement capitalistique.
En? n ça y est ! Trois commissions du Sénat ont découvert que c'était là la pierre philosophale de la lutte contre les délocalisations. Même Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, avait envisagé de faire réaliser une étude de faisabilité. Alors, c'est évident que tous revendiquent la paternité de cette découverte. Nous ne réclamons pas de droits d'auteurs, nous saurons simplement, le moment venu, rappeler, documents d'époque à l'appui, qui avait compris cela avant les autres.
Participation
Et tout récemment Jean Pierre Raffarin vient de décider de modifier la base de calcul de la participation. Et il reprend intégralement notre proposition de calculer la réserve de participation non plus sur le bénéfice fiscal, dont nous savons tous comment il est largement minoré par nos entreprises, à coup de déficits de filiales, de provisions, de délocalisation des sièges sociaux. Le Premier ministre accepte de calculer la réserve de participation sur le bénéfice comptable qui, lui, n'est pas ou est plus difficilement manipulable. La grosse erreur qui a accompagné cette réforme intelligente est la possibilité de monétarisation immédiate qui détruit les fondements mêmes de la participation telle qu'elle avait été créée, et qui incite les employeurs à faire un tout et à profiter de la participation, qui n'est pas pérenne, pour limiter les augmentations de salaire qui, elles, le sont.
Quelle place pour les hommes et les femmes ?
Mais au-delà de ces victoires, de cette prise en compte de nos idées, de la reconnaissance de la CFE-CGC comme un acteur incontournable de la vie sociale de notre pays, posons-nous un instant la question du monde dans lequel nous vivons et de la place qu'y tiennent les hommes et les femmes des entreprises et des administrations.
Tout ce que nous pouvons observer autour de nous nous inquiète. La progression permanente du modèle néolibéral anglo-saxon, alors même qu'il n'a jamais donné la preuve de son efficacité, nous oblige à réagir. Si le Traité de Maastricht nous oblige à limiter nos déficits publics à 3 % du PIB, tout le monde oublie que la dette cumulée des États-Unis est de 310 % du même PIB. De qui se moque-t-on ? Où est la prétendue supériorité du modèle néolibéral ?
Tous les mensonges, toutes les approximations sont bons pour essayer de passer outre aux réticences du corps social en lui donnant mauvaise conscience. Pour cela, les rapports se succèdent sur le déclin français ou notre perte d'attractivité. Ne vous laissez pas intoxiquer ! Grâce à vous, la France a eu le meilleur taux de croissance de l'Europe des Quinze sur les 10 dernières années. Grâce à vous, la France est le deuxième pays le plus attractif au monde pour les capitaux étrangers. Grâce à vous, la productivité horaire en France est la plus importante du monde. Et, dans presque tous les domaines d'activité, une entreprise française est sur le podium mondial.
Si Ernest-Antoine est masochiste et aime s'auto-flageller en permanence, c'est son problème. Si la plupart de nos parlementaires libéraux en font autant, c'est parce qu'ils ne savent que singer ce que font les autres. Mais la CFE-CGC n'a pas l'intention de se mettre aux abonnés absents. Elle entend participer à tous les débats, à toutes les négociations.
Nous l'avons déjà montré, nous savons nous battre dans nos entreprises, dans les branches professionnelles, mais aussi au niveau national pour défendre nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail. Car c'est à travers eux que nous construisons cette société humaniste qui est la raison de notre engagement. Cette société où les hommes et les femmes comptent plus que les dividendes des actionnaires. Cette société de solidarité qui ne s'enferme pas sur la seule sauvegarde des acquis comme certains essayent de le faire croire, mais qui s'ouvre largement sur l'extérieur. C'est le sens de nos partenariats avec France active pour les opérations d'insertion des exclus. De notre engagement avec le Téléthon pour l'aide aux malades. Du partenariat que nous avons signé avec Max Havelaar pour le commerce équitable. De celui que nous allons prochainement signer avec Amnesty International. De nos actions de plantation d'arbres au Sénégal. Bien sûr, ce n'est pas du syndicalisme tel qu'on le concevait au siècle dernier. Ce n'est pas notre cur de métier, mais nous ne pouvons pas, avec notre cur justement, et avec nos tripes, rester absents de ces domaines. Mais, contrairement à d'autres, nous ne nous contentons pas d'en parler nous agissons, concrètement, sur le terrain.
Dans l'éternel débat de l'uf et de la poule, ce sont les hommes et les femmes qui sont les acteurs de la réussite de nos entreprises. Ce ne sont pas les fonds de pension néerlandais, les fonds d'investissement anglais où les fonds spéculatifs américains qui créent les richesses.
Et je récuse tous les discours sur les bienfaits du néo libéralisme, en bloc et en détail. Je persiste à penser qu'il n'y a pas d'avenir pour une société qui détruit régulièrement son tissu industriel. Non, la France ne peut pas être un pays consacré uniquement au tourisme et aux loisirs. Non, nous n'accepterons jamais la politique du moins-disant social et de la précarité accrue qui, jusqu'à présent passait par la mise en concurrence systématique du salarié de la Ruhr ou du Languedoc avec le paysan du Bangladesh ou de la Chine profonde et qui, maintenant, Bolkestein étant passé par-là, va organiser une concurrence déloyale entre les salariés de l'ex-Europe de l'Est et ceux de nos pays développés. Le coût de cette concurrence a été chiffré par la Commission, il est de 7,2 %. Cela veut dire qu'en moyenne les salariés français vont perdre 7,2 % de pouvoir d'achat et de protection sociale pour répondre au dogme de la concurrence effrénée par la voie du moins-disant social.
Ce néolibéralisme n'a qu'un effet, il enrichit les riches des pays pauvres et il appauvrit les pauvres des pays riches. C'est inacceptable !
Dialogue social
Nous avons un programme chargé de négociations sociales, encore que le gouvernement ait tendance à déposséder les partenaires sociaux de leur pouvoir de négociation. L'Assurance chômage et ses 10 milliards d'euros de déficit, les retraites complémentaires Nous aborderons, comme à l'habitude ces négociations avec pragmatisme, Mais nous n'avons pas, nous, décidé de signer avec le MEDEF, avant tout début de négociation, comme la CFDT, ni de nous opposer systématiquement à tout, comme la CGT. La CFE-CGC rassemble des syndicalistes qui ne sont pas obnubilés par le fait de recevoir un satisfecit du MEDEF, ou par la défense d'idéologies dépassées. La CFE-CGC est composée de gens sérieux qui écoutent leurs collègues, expriment leurs attentes, portent leurs revendications.
C'est ce pour quoi vous vous battez dans vos entreprises et dans vos branches professionnelles. C'est comme cela que vous faites progresser toute la CFE-CGC. C'est comme cela que vous développez vos sections syndicales, plus d'adhérents, plus de résultats électoraux. La CFE-CGC c'est vous qui la faites tous les jours, avec conviction, avec abnégation. Nous ne faisons au niveau national, dans les grandes négociations avec le gouvernement ou le MEDEF, que nous appuyer sur votre travail. Et, avec ce qui se profile, nous allons vous demander encore plus d'efforts, encore plus de mobilisation pour faire aboutir nos revendications. Aucune entreprise, aucun gouvernement ne peut passer outre la CFE-CGC. Je compte sur vous pour nous aider à imposer ce message, car c'est vous qui en détenez la clé.
Tous ensemble nous allons gagner parce que ce n'est pas seulement le bon sens, c'est le sens de l'Histoire. Rien ne se fera sans les catégories moyennes, et en particulier l'encadrement, que seule la CFE-CGC représente dans sa totalité.
Merci à tous de ce que vous avez fait. Merci à tous de ce que vous allez faire. Merci de votre confiance et de votre détermination. Bon courage et au boulot !
(Source http://www.cfecgc.org, le 18 avril 2005)
C'est la CFE-CGC militante, la CFE-CGC de terrain qui s'est exprimée. C'est une CFE-CGC combative et conquérante, une CFE-CGC qui fait du développement syndical un axe de travail prioritaire. Tous les militants qui se sont exprimés devant vous l'ont répété. Le développement, le développement, le développement. Mais pas un développement pour faire du nombre, un développement pour être efficace, pour influer sur le cours des choses, dans nos entreprises, dans nos branches professionnelles ou au niveau national, dans le sens des engagements pris en 1999 et qui ont commencé à porter des résultats. C'est maintenant une CFE-CGC qui compte et sur laquelle on compte. Eh bien ! je voudrais vous conforter dans votre engagement syndical, conforter vos convictions, conforter votre confiance dans la CFECGC et dans ses résultats.
La CFE-CGC n'a jamais été aussi mordante. Elle n'admet plus d'être mise devant le fait accompli. Elle revendique, sans état d'âme, mais sans agressivité. Mais elle revendique sur ses propres objectifs qui ne sont pas toujours ceux de nos concurrents. C'est à ce prix que nous sommes indépendants. Indépendants du pouvoir politique, vous le savez depuis longtemps, indépendants vis-à-vis du patronat, plus personne n'en doute, ce qui n'était pas forcément le cas il y a quelques années, mais aussi indépendants vis-à-vis des autres organisations syndicales.
La CFE-CGC est de plain-pied dans le XXIe Siècle. Elle a abandonné au vent de l'Histoire le syndicalisme des années 50 qui, en son temps, nous a apporté beaucoup de progrès, mais qui est dépassé à l'heure de la mondialisation, d'Internet, du développement durable ou de la responsabilité sociétale des entreprises.
Mais si nos méthodes ont évolué et doivent encore évoluer, nos objectifs n'ont pas changé : construire une société plus humaine, dans laquelle on arrivera enfin à concilier développement économique et progrès social.
Notre rôle c'est d'être porteurs des revendications et des besoins de nos mandants. Si cela coïncide avec les revendications des autres organisations, ne nous privons pas d'une union qui fait la force. Dans le cas contraire, ayons le courage de porter seuls nos projets ou nos propositions.
35 heures
Je prendrais deux exemples récents, l'assouplissement des 35 heures et les rémunérations. Notre baromètre de l'état d'esprit des cadres, avant toute agitation sur le sujet, nous a montré qu'en cas de remise en cause des 35 heures, 80 % des forfaités, qui représentent une grande partie de nos adhérents, souhaitaient une contrepartie financière à toute forme d'augmentation du temps de travail.
Parce que, ne nous illusionnons pas, l'esclavage n'a pas encore totalement disparu dans notre pays, et bon nombre de nos collègues sont amenés à passer par profits et pertes tout ou partie de leurs jours de RTT sans aucune compensation. Il n'est que de voir ce qui se passe dans la grande distribution. Nos collègues sont trop souvent confrontés à une charge de travail qu'ils n'arrivent plus à assumer. Ils se rendent compte qu'ils n'ont plus le temps matériel de faire leur travail. Cela entraîne une pression permanente et une accumulation de stress avec toutes les conséquences psychiques et physiques que cela entraîne. On l'a bien vu, ce matin, le groupe de travail le plus recherché était celui consacré au stress, qu'il a fallu dédoubler. C'est la preuve de l'importance considérable que prend ce phénomène.
La possibilité de se faire rétribuer ces jours perdus, soit par monétarisation immédiate, soit par le biais d'un compte épargne-temps, leur permet au moins de ne pas tout perdre. Surtout lorsque cette possibilité ne peut résulter que d'un accord d'entreprise ou de branche, ce qui laisse la possibilité, dans les entreprises qui ne sont pas soumises à de telles contraintes, de continuer sur les bases actuelles. Eh bien ! cet assouplissement, qui n'enlève rien à personne, puisqu'il y a le verrou de l'accord majoritaire, mais qui permet à chacun de choisir entre temps libre et rémunération, a été combattu par les autres organisations syndicales dans un combat purement idéologique perdu d'avance tant il ne rencontrait pas l'enthousiasme des salariés, bien au contraire. On ne monte pas une mayonnaise si on n'y met pas d'huile. Nous n'avons donc pas participé à cette mobilisation ratée. Puisque l'on parle d'accord majoritaire, je rappelle le combat que nous avons mené, en son temps, contre la scélérate loi Fillon sur le dialogue social. Malgré le refus hautain de François Fillon de tenir compte de nos arguments, prisonnier qu'il était de la CGT à laquelle il faisait les yeux de Chimène, on voit à quel point cette loi était dommageable par le poids exorbitant qu'elle accorde à la CGT.
Salaires
Sur les rémunérations, nous sommes, en revanche, tout à fait en phase, car ce qui se passe est tout bonnement scandaleux. Vous avez été amenés à négocier les salaires ou vous êtes en train de le faire. Vous savez les efforts qu'il vous faut déployer pour grappiller 0,2 ou 0,3 % de plus. Et vous constatez par ailleurs que vos entreprises affichent des résultats à plus 8 %, plus 30 %, plus 70 %. Et non seulement les résultats explosent mais l'essentiel de ces résultats est reversé aux actionnaires sous forme de dividendes ou, d'une façon plus camouflée, par le rachat d'actions. Il n'est pas redistribué aux salariés, mais il n'est pas davantage réinvesti, c'est-à-dire utilisé pour les emplois et les salaires de demain.
Nous nous associons donc à toutes les démarches ou les manifestations sur ce thème avec nos partenaires syndicaux. Mais encore une fois sur la base de nos revendications. Parce que, si on écoute toutes les autres organisations syndicales, il s'agit de revendiquer pour le SMIC, les minima, les bas salaires. Mais le compte n'y est pas. Les techniciens, les agents de maîtrise, les cadres ont, eux aussi, des retards salariaux à compenser, et cela la CFE-CGC est la seule à le prendre en compte.
Pension de réversion
Un développement au service de l'efficacité, au service de la prise en compte de nos objectifs et de la défense de nos intérêts. Ces derniers mois nous avons obtenu le retrait du décret scélérat qui privait les veuves du personnel d'encadrement du bénéfice de leur pension de réversion. Et nous avons été les seuls à découvrir cette vilenie et à mener ce combat.
Licenciement
Nous avons fait retirer le projet de définition du licenciement pour sauvegarder la compétitivité des entreprises qui ouvrait la voie à toutes les dérives parce que c'est quoi un licenciement pour sauvegarder la compétitivité des entreprises ? Là, nous avons été accompagnés par la CGT, comme quoi aucun voisinage ne nous effraye, lorsque c'est pour la bonne cause.
Forfait jours
Nous avons attaqué, devant le Comité de la Charte Sociale européenne, le décret de François Fillon sur l'extension des forfaits jours et l'assimilation des astreintes à des périodes de loisirs, sans aucune contrainte.
Nous avions déjà gagné un recours de ce type contre la décision de Martine Aubry de ne plus soumettre les forfaités à la réglementation française sur la durée quotidienne et hebdomadaire du travail, de 10 heures par jour, ce qui les laissait soumis à la seule réglementation européenne des 11 heures de repos par jour, laissant place à des journées de travail de 13 heures.
Les manuvres politiques ne nous avaient pas permis, à l'époque, de faire appliquer cette décision du Comité de la Charte Sociale. Eh bien ! j'ai le plaisir de vous annoncer que nous venons à nouveau de gagner ce recours et que, cette fois-ci, le gouvernement devra bien rendre les armes parce que les arguments sur le faible nombre de salariés concernés, sous-entendu : on n'a pas besoin de faire respecter les droits fondamentaux des cadres puisqu'ils ne représentent que 5 % des salariés, ne peuvent plus être utilisés quand le décret Fillon élargit considérablement le nombre de " bénéficiaires " de ces largesses.
Rachat des années d'études
Mais la CFE-CGC ne fait pas que contester. Elle propose également des solutions, tellement évidentes qu'il faut plusieurs années aux technocrates de nos ministères pour les comprendre et les appliquer. C'était le cas du rachat des années d'études, pour lequel j'ai largement été brocardé en 1993 lors de la première négociation sur la réforme des retraites et qui, 10 ans après s'est imposé dans les esprits de tout le monde et a tout naturellement été adopté.
Assurance chômage
C'est l'activation des dépenses de l'Assurance chômage, avec l'anticipation et l'employabilité que l'on retrouve dans la loi sur la cohésion sociale.
Cotisation sociale
C'est la cotisation sociale sur la consommation que d'aucuns appellent à tort la TVA sociale. Il y a 15 ans que la CFE-CGC défend cette idée comme un moyen d'assurer les ressources de nos régimes sociaux, débarrassé des fluctuations de l'emploi, et en même temps de lutter contre les délocalisations. Et je m'inscris en faux, avec la plus grande vigueur contre ceux qui prétendent que cette solution est injuste. Aujourd'hui, lorsque nous achetons un produit quelconque, le prix de vente de ce produit comporte son prix de revient plus les marges. Demain, si l'on transfère les charges salariales sur la cotisation sociale, le prix de revient sera abaissé du coût de ces charges et le prix de vente qui intégrera la cotisation sociale restera inchangé.
Ainsi on traitera, en matière sociale, les produits importés comme les produits nationaux, réduisant ainsi l'écart entre les deux. Ainsi, le coût des produits français sera réduit, ils retrouveront une compétitivité sur les marchés internationaux. Et, par ailleurs, un meilleur équilibre s'établira entre industrie de main-d'uvre et industrie purement capitalistique.
En? n ça y est ! Trois commissions du Sénat ont découvert que c'était là la pierre philosophale de la lutte contre les délocalisations. Même Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances, avait envisagé de faire réaliser une étude de faisabilité. Alors, c'est évident que tous revendiquent la paternité de cette découverte. Nous ne réclamons pas de droits d'auteurs, nous saurons simplement, le moment venu, rappeler, documents d'époque à l'appui, qui avait compris cela avant les autres.
Participation
Et tout récemment Jean Pierre Raffarin vient de décider de modifier la base de calcul de la participation. Et il reprend intégralement notre proposition de calculer la réserve de participation non plus sur le bénéfice fiscal, dont nous savons tous comment il est largement minoré par nos entreprises, à coup de déficits de filiales, de provisions, de délocalisation des sièges sociaux. Le Premier ministre accepte de calculer la réserve de participation sur le bénéfice comptable qui, lui, n'est pas ou est plus difficilement manipulable. La grosse erreur qui a accompagné cette réforme intelligente est la possibilité de monétarisation immédiate qui détruit les fondements mêmes de la participation telle qu'elle avait été créée, et qui incite les employeurs à faire un tout et à profiter de la participation, qui n'est pas pérenne, pour limiter les augmentations de salaire qui, elles, le sont.
Quelle place pour les hommes et les femmes ?
Mais au-delà de ces victoires, de cette prise en compte de nos idées, de la reconnaissance de la CFE-CGC comme un acteur incontournable de la vie sociale de notre pays, posons-nous un instant la question du monde dans lequel nous vivons et de la place qu'y tiennent les hommes et les femmes des entreprises et des administrations.
Tout ce que nous pouvons observer autour de nous nous inquiète. La progression permanente du modèle néolibéral anglo-saxon, alors même qu'il n'a jamais donné la preuve de son efficacité, nous oblige à réagir. Si le Traité de Maastricht nous oblige à limiter nos déficits publics à 3 % du PIB, tout le monde oublie que la dette cumulée des États-Unis est de 310 % du même PIB. De qui se moque-t-on ? Où est la prétendue supériorité du modèle néolibéral ?
Tous les mensonges, toutes les approximations sont bons pour essayer de passer outre aux réticences du corps social en lui donnant mauvaise conscience. Pour cela, les rapports se succèdent sur le déclin français ou notre perte d'attractivité. Ne vous laissez pas intoxiquer ! Grâce à vous, la France a eu le meilleur taux de croissance de l'Europe des Quinze sur les 10 dernières années. Grâce à vous, la France est le deuxième pays le plus attractif au monde pour les capitaux étrangers. Grâce à vous, la productivité horaire en France est la plus importante du monde. Et, dans presque tous les domaines d'activité, une entreprise française est sur le podium mondial.
Si Ernest-Antoine est masochiste et aime s'auto-flageller en permanence, c'est son problème. Si la plupart de nos parlementaires libéraux en font autant, c'est parce qu'ils ne savent que singer ce que font les autres. Mais la CFE-CGC n'a pas l'intention de se mettre aux abonnés absents. Elle entend participer à tous les débats, à toutes les négociations.
Nous l'avons déjà montré, nous savons nous battre dans nos entreprises, dans les branches professionnelles, mais aussi au niveau national pour défendre nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail. Car c'est à travers eux que nous construisons cette société humaniste qui est la raison de notre engagement. Cette société où les hommes et les femmes comptent plus que les dividendes des actionnaires. Cette société de solidarité qui ne s'enferme pas sur la seule sauvegarde des acquis comme certains essayent de le faire croire, mais qui s'ouvre largement sur l'extérieur. C'est le sens de nos partenariats avec France active pour les opérations d'insertion des exclus. De notre engagement avec le Téléthon pour l'aide aux malades. Du partenariat que nous avons signé avec Max Havelaar pour le commerce équitable. De celui que nous allons prochainement signer avec Amnesty International. De nos actions de plantation d'arbres au Sénégal. Bien sûr, ce n'est pas du syndicalisme tel qu'on le concevait au siècle dernier. Ce n'est pas notre cur de métier, mais nous ne pouvons pas, avec notre cur justement, et avec nos tripes, rester absents de ces domaines. Mais, contrairement à d'autres, nous ne nous contentons pas d'en parler nous agissons, concrètement, sur le terrain.
Dans l'éternel débat de l'uf et de la poule, ce sont les hommes et les femmes qui sont les acteurs de la réussite de nos entreprises. Ce ne sont pas les fonds de pension néerlandais, les fonds d'investissement anglais où les fonds spéculatifs américains qui créent les richesses.
Et je récuse tous les discours sur les bienfaits du néo libéralisme, en bloc et en détail. Je persiste à penser qu'il n'y a pas d'avenir pour une société qui détruit régulièrement son tissu industriel. Non, la France ne peut pas être un pays consacré uniquement au tourisme et aux loisirs. Non, nous n'accepterons jamais la politique du moins-disant social et de la précarité accrue qui, jusqu'à présent passait par la mise en concurrence systématique du salarié de la Ruhr ou du Languedoc avec le paysan du Bangladesh ou de la Chine profonde et qui, maintenant, Bolkestein étant passé par-là, va organiser une concurrence déloyale entre les salariés de l'ex-Europe de l'Est et ceux de nos pays développés. Le coût de cette concurrence a été chiffré par la Commission, il est de 7,2 %. Cela veut dire qu'en moyenne les salariés français vont perdre 7,2 % de pouvoir d'achat et de protection sociale pour répondre au dogme de la concurrence effrénée par la voie du moins-disant social.
Ce néolibéralisme n'a qu'un effet, il enrichit les riches des pays pauvres et il appauvrit les pauvres des pays riches. C'est inacceptable !
Dialogue social
Nous avons un programme chargé de négociations sociales, encore que le gouvernement ait tendance à déposséder les partenaires sociaux de leur pouvoir de négociation. L'Assurance chômage et ses 10 milliards d'euros de déficit, les retraites complémentaires Nous aborderons, comme à l'habitude ces négociations avec pragmatisme, Mais nous n'avons pas, nous, décidé de signer avec le MEDEF, avant tout début de négociation, comme la CFDT, ni de nous opposer systématiquement à tout, comme la CGT. La CFE-CGC rassemble des syndicalistes qui ne sont pas obnubilés par le fait de recevoir un satisfecit du MEDEF, ou par la défense d'idéologies dépassées. La CFE-CGC est composée de gens sérieux qui écoutent leurs collègues, expriment leurs attentes, portent leurs revendications.
C'est ce pour quoi vous vous battez dans vos entreprises et dans vos branches professionnelles. C'est comme cela que vous faites progresser toute la CFE-CGC. C'est comme cela que vous développez vos sections syndicales, plus d'adhérents, plus de résultats électoraux. La CFE-CGC c'est vous qui la faites tous les jours, avec conviction, avec abnégation. Nous ne faisons au niveau national, dans les grandes négociations avec le gouvernement ou le MEDEF, que nous appuyer sur votre travail. Et, avec ce qui se profile, nous allons vous demander encore plus d'efforts, encore plus de mobilisation pour faire aboutir nos revendications. Aucune entreprise, aucun gouvernement ne peut passer outre la CFE-CGC. Je compte sur vous pour nous aider à imposer ce message, car c'est vous qui en détenez la clé.
Tous ensemble nous allons gagner parce que ce n'est pas seulement le bon sens, c'est le sens de l'Histoire. Rien ne se fera sans les catégories moyennes, et en particulier l'encadrement, que seule la CFE-CGC représente dans sa totalité.
Merci à tous de ce que vous avez fait. Merci à tous de ce que vous allez faire. Merci de votre confiance et de votre détermination. Bon courage et au boulot !
(Source http://www.cfecgc.org, le 18 avril 2005)