Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la sécurité européenne et notamment la volonté d'accord entre la Slovaquie et la Hongrie dans le cadre du Pacte de stabilité, Paris le 19 mars 1995.

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Circonstance : Signature à l'Hôtel Matignon du traité de bon voisinage et de coopération entre la Hongrie et la Slovaquie à Paris le 19 mars 1995 dans le cadre de la conférence de l'OSQCE sur la stabilité en Europe

Texte intégral

Au nom du gouvernement français et au nom de l'Union européenne dont mon pays assume la présidence, je tiens à rendre un hommage solennel à la République de Hongrie et à la République de Slovaquie dont les hauts représentants que vous êtes, ont signé, à l'instant, en l'Hôtel de Matignon, un traité de bon voisinage et de coopération amicale. Ce texte revêt à mes yeux une portée historique :
Il manifeste d'abord de la façon la plus claire la volonté de deux grands Etats d'Europe centrale, la Slovaquie et la Hongrie, de vivre en bon voisinage et dans un esprit de coopération amicale. Telle doit être demain la règle commune qui doit présider aux relations entre les peuples d'Europe, si anciens, si différents mais tellement plus forts lorsqu'ils acceptent ces différences dans un climat de confiance et de coopération.
Cet accord témoigne ensuite du courage politique des dirigeants qui ont réussi à surmonter les anciens clivages et les différences historiques pour affirmer clairement l'inviolabilité des frontières et le respect des personnes appartenant à des minorités. Je mesure la difficulté de la tâche. Je suis convaincu que telle est la condition de la stabilité politique sur notre continent qui seule assurera sa prospérité économique.
Cet accord, qui sera inclus demain avec une centaine d'autres dans le Pacte de stabilité en Europe contribue aussi à la grande entreprise de rapprochement entre l'Union européenne et les pays d'Europe centrale et orientale. L'Union européenne, c'est avant tout une communauté de nations d'un genre nouveau dont tous les membres ont choisi pour règle de leurs relations la réconciliation, le bon voisinage et la coopération. En signant cet accord, la République de Hongrie et la République de Slovaquie montrent qu'elles partagent les mêmes valeurs que les Etats déjà membres.
Comment enfin le Premier ministre de la France ne ressentirait-il pas un immense honneur devant le choix qui a été fait par la Hongrie et la Slovaquie de signer cet accord en France, à Paris, à l'Hôtel Matignon.
C'est bien ici qu'il y a deux ans, le principe du Pacte de stabilité a été lancé à mon initiative et qu'il a reçu le soutien du Président de la République. C'est bien en France que toute une diplomatie s'est mobilisée pour que ce projet devienne européen puis pour qu'il crée entre les peuples d'Europe centrale un climat de confiance propre à favoriser des accords de bon voisinage. C'est bien enfin la France qui, aujourd'hui, présidente de l'Union européenne, est plus que tout autre heureuse que celle-ci ait mis son influence au service de la paix et du bon voisinage et favorise ainsi son élargissement à l'Est.
Bratislava, Budapest, Paris, trois des plus anciennes capitales de l'Europe sont aujourd'hui réunies par des liens d'amitié d'une exceptionnelle qualité. Je souhaite que cette réunion si émouvante, soit le symbole de l'Europe que nous voulons tous construire ensemble.