Texte intégral
Q - En tant que ministre des Affaires étrangères, est-ce que la création d'un véritable poste de ministre des Affaires étrangères européen, avec cette nouvelle Constitution, est quelque chose qui vous tient à coeur ?
R - Evidemment !
Q - La diplomatie européenne sera-t-elle plus forte désormais ?
R - Bien évidemment, elle sera plus forte parce que, sur un certain nombre de sujets, nous parlerons d'une seule voix. Et on ne parlera pas d'une seule voix de manière improvisée. Ce qui nous manque depuis quinze ans - et on l'a vu avec la tragédie de la Yougoslavie, que personne n'avait anticipée, on a été incapable d'empêcher une guerre moyenâgeuse, avec 215.000 morts dans les Balkans, chez nous en Europe ; je ne parle pas de l'autre division, plus récente, en Irak - ce qui nous manque, c'est un endroit où l'on travaille ensemble, où l'on réfléchisse ensemble, où l'on regarde le monde et on analyse les situations ensemble. Et quand il y a une crise, on a plus de chance d'être d'accord. Ce n'est pas automatique, je ne peux pas promettre qu'on sera toujours d'accord sur tout. D'ailleurs, chaque pays garde finalement son droit de veto. Mais on aura un endroit, grâce à ce ministre, où l'on travaillera ensemble à une sorte de culture diplomatique commune.
Q - Est-ce que l'Europe avec une Constitution qui serait adoptée au 1er janvier 2007, serait par exemple plus présente au Proche-Orient ? Israéliens et Palestiniens déplorent tous les deux le manque d'engagement de l'Europe, aujourd'hui, dans le conflit au Proche-Orient.
R - Mais nous sommes engagés au Proche-Orient ! C'est d'ailleurs l'un des rares sujets sur lequel, en raison de l'expérience de nos divisions passées, nous avons aujourd'hui une position et une action communes que mène Javier Solana en notre nom. Et je pense qu'il y a absolument besoin que, de manière claire, nette et déterminée, nous soyons aux côtés de l'Autorité palestinienne qui va préparer ce futur Etat, dont la paix, dont les Palestiniens, aux côtés des Israéliens, ont besoin. Il faut que nous soyons à leurs côtés pour garantir leur sécurité et pour encourager les Israéliens à réussir cette première étape importante du retrait de Gaza. Oui, nous sommes présents ! En rencontrant le président Bush à Washington, il y a quinze jours, j'ai redit ma conviction qu'en tête de l'agenda entre Américains et Européens, se trouve la paix au Proche-Orient. Nous devons aider Israéliens et Palestiniens à faire cette paix et nous donner les moyens d'accompagner cette paix.
Q - Sur le continent africain, une réunion se tient aujourd'hui à Abuja, entre l'opposition et le pouvoir togolais, pour tenter de trouver un accord sur la formation d'un gouvernement. Gouvernement de transition ou gouvernement d'union nationale ? Vous avez eu l'occasion de dire que vous pensiez que l'élection présidentielle togolaise s'était déroulée correctement en avril dernier. Le Parlement européen n'est pas tout à fait sur la même ligne. Quelle est la position de la France, aujourd'hui, sur ce dossier ?
R - Au moment où on m'a interrogé, c'était le lendemain matin de cette élection, je ne me suis pas prononcé sur le résultat que je ne connaissais pas. Je me suis prononcé, à l'époque, sur le déroulement du scrutin. Beaucoup de Togolais étaient allés voter, et je n'ai pas dit autre chose. J'ai même dit, à la virgule près, ce qu'avaient dit la CEDEAO et le président Obasanjo qui mène une médiation très utile et très efficace, ainsi que le Secrétaire général des Nations unies. L'élection a eu lieu. Maintenant, ce que nous souhaitons, derrière l'Union africaine, derrière la CEDEAO, c'est en effet qu'on forme au Togo un gouvernement d'union nationale. C'est cette idée qui est préconisée depuis le début par les dirigeants africains. Et dans cette affaire, je le répète, il n'y a pas eu pendant ce scrutin, et il n'y aura pas plus maintenant d'ingérence française. Nous sommes derrière la CEDEAO et nous aiderons le peuple togolais, qui est un peuple ami, à reconstruire et à construire. Nous le ferons dans le cadre de l'Union africaine, en la soutenant. Et, avec l'Union européenne, nous le ferons avec cette attitude nouvelle, que je vais expliquer dans quelques semaines en Afrique, d'un vrai partenariat, d'une Union européenne qui respecte les Africains et qui veut être partenaire de leur développement.
Q - Est-ce aussi valable pour la Côte d'Ivoire, où la France est engagée sur le terrain
militaire ?
R - Nous sommes engagés dans le cadre des Nations unies, aux côtés de l'Union africaine et seulement dans ce cadre-là, pour rétablir la paix. Nos soldats en Afrique, et en Côte d'Ivoire en particulier, qui font un formidable travail, sont là pour la paix dans le cadre d'une mission des Nations unies. Et en effet, en Côte d'Ivoire, nous sommes derrière, là encore, la médiation africaine, celle qui a été conduite avec beaucoup d'intelligence par le président Thabo Mbeki. Maintenant, les choses sont en ordre. Progressivement, le président Gbagbo a pris la décision juste d'ouvrir l'élection présidentielle. Le désarmement des milices doit commencer. Et nous espérons que la Côte d'Ivoire - c'est un peuple ami et il restera ami - va sortir, par les élections et la démocratie, de la crise où elle était.
Q - Les troupes françaises quitteront la Côte d'Ivoire à l'automne prochain, après le déroulement des élections ?
R - Les troupes françaises sont là dans le cadre, et seulement dans le cadre, d'un mandat et d'une mission des Nations unies
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 2005)
R - Evidemment !
Q - La diplomatie européenne sera-t-elle plus forte désormais ?
R - Bien évidemment, elle sera plus forte parce que, sur un certain nombre de sujets, nous parlerons d'une seule voix. Et on ne parlera pas d'une seule voix de manière improvisée. Ce qui nous manque depuis quinze ans - et on l'a vu avec la tragédie de la Yougoslavie, que personne n'avait anticipée, on a été incapable d'empêcher une guerre moyenâgeuse, avec 215.000 morts dans les Balkans, chez nous en Europe ; je ne parle pas de l'autre division, plus récente, en Irak - ce qui nous manque, c'est un endroit où l'on travaille ensemble, où l'on réfléchisse ensemble, où l'on regarde le monde et on analyse les situations ensemble. Et quand il y a une crise, on a plus de chance d'être d'accord. Ce n'est pas automatique, je ne peux pas promettre qu'on sera toujours d'accord sur tout. D'ailleurs, chaque pays garde finalement son droit de veto. Mais on aura un endroit, grâce à ce ministre, où l'on travaillera ensemble à une sorte de culture diplomatique commune.
Q - Est-ce que l'Europe avec une Constitution qui serait adoptée au 1er janvier 2007, serait par exemple plus présente au Proche-Orient ? Israéliens et Palestiniens déplorent tous les deux le manque d'engagement de l'Europe, aujourd'hui, dans le conflit au Proche-Orient.
R - Mais nous sommes engagés au Proche-Orient ! C'est d'ailleurs l'un des rares sujets sur lequel, en raison de l'expérience de nos divisions passées, nous avons aujourd'hui une position et une action communes que mène Javier Solana en notre nom. Et je pense qu'il y a absolument besoin que, de manière claire, nette et déterminée, nous soyons aux côtés de l'Autorité palestinienne qui va préparer ce futur Etat, dont la paix, dont les Palestiniens, aux côtés des Israéliens, ont besoin. Il faut que nous soyons à leurs côtés pour garantir leur sécurité et pour encourager les Israéliens à réussir cette première étape importante du retrait de Gaza. Oui, nous sommes présents ! En rencontrant le président Bush à Washington, il y a quinze jours, j'ai redit ma conviction qu'en tête de l'agenda entre Américains et Européens, se trouve la paix au Proche-Orient. Nous devons aider Israéliens et Palestiniens à faire cette paix et nous donner les moyens d'accompagner cette paix.
Q - Sur le continent africain, une réunion se tient aujourd'hui à Abuja, entre l'opposition et le pouvoir togolais, pour tenter de trouver un accord sur la formation d'un gouvernement. Gouvernement de transition ou gouvernement d'union nationale ? Vous avez eu l'occasion de dire que vous pensiez que l'élection présidentielle togolaise s'était déroulée correctement en avril dernier. Le Parlement européen n'est pas tout à fait sur la même ligne. Quelle est la position de la France, aujourd'hui, sur ce dossier ?
R - Au moment où on m'a interrogé, c'était le lendemain matin de cette élection, je ne me suis pas prononcé sur le résultat que je ne connaissais pas. Je me suis prononcé, à l'époque, sur le déroulement du scrutin. Beaucoup de Togolais étaient allés voter, et je n'ai pas dit autre chose. J'ai même dit, à la virgule près, ce qu'avaient dit la CEDEAO et le président Obasanjo qui mène une médiation très utile et très efficace, ainsi que le Secrétaire général des Nations unies. L'élection a eu lieu. Maintenant, ce que nous souhaitons, derrière l'Union africaine, derrière la CEDEAO, c'est en effet qu'on forme au Togo un gouvernement d'union nationale. C'est cette idée qui est préconisée depuis le début par les dirigeants africains. Et dans cette affaire, je le répète, il n'y a pas eu pendant ce scrutin, et il n'y aura pas plus maintenant d'ingérence française. Nous sommes derrière la CEDEAO et nous aiderons le peuple togolais, qui est un peuple ami, à reconstruire et à construire. Nous le ferons dans le cadre de l'Union africaine, en la soutenant. Et, avec l'Union européenne, nous le ferons avec cette attitude nouvelle, que je vais expliquer dans quelques semaines en Afrique, d'un vrai partenariat, d'une Union européenne qui respecte les Africains et qui veut être partenaire de leur développement.
Q - Est-ce aussi valable pour la Côte d'Ivoire, où la France est engagée sur le terrain
militaire ?
R - Nous sommes engagés dans le cadre des Nations unies, aux côtés de l'Union africaine et seulement dans ce cadre-là, pour rétablir la paix. Nos soldats en Afrique, et en Côte d'Ivoire en particulier, qui font un formidable travail, sont là pour la paix dans le cadre d'une mission des Nations unies. Et en effet, en Côte d'Ivoire, nous sommes derrière, là encore, la médiation africaine, celle qui a été conduite avec beaucoup d'intelligence par le président Thabo Mbeki. Maintenant, les choses sont en ordre. Progressivement, le président Gbagbo a pris la décision juste d'ouvrir l'élection présidentielle. Le désarmement des milices doit commencer. Et nous espérons que la Côte d'Ivoire - c'est un peuple ami et il restera ami - va sortir, par les élections et la démocratie, de la crise où elle était.
Q - Les troupes françaises quitteront la Côte d'Ivoire à l'automne prochain, après le déroulement des élections ?
R - Les troupes françaises sont là dans le cadre, et seulement dans le cadre, d'un mandat et d'une mission des Nations unies
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mai 2005)