Texte intégral
Vous avez choisi de vous pencher aujourd'hui sur le thème : " Quelle Europe pour la France ? ".
Cette question, la France se l'est posée il y a déjà cinquante ans, lorsque, après des siècles de querelles entre pays européens, après deux conflits mondiaux, les pères fondateurs de l'Europe ont voulu, de façon définitive, garantir sur ce continent la paix et la sécurité.
Cette question, nous nous la sommes posée durant de nombreuses années, pour établir un espace économique commun et cohérent.
Encore aujourd'hui, et peut-être plus que jamais, cette question est d'actualité, au moment où nous voulons créer une véritable Europe politique et où nous sommes amenés à nous prononcer sur une évolution des institutions européennes qui vise à garantir cette dimension politique.
Aujourd'hui, l'Europe est une évidence.
Elle est une source de paix, de stabilité, de prospérité.
Elle est un démultiplicateur de notre influence sur la scène internationale.
Elle est le cadre naturel de notre action.
Cela ne doit pas nous empêcher de continuer à nous demander quelle Europe nous voulons.
Au contraire, c'est un signe de dynamisme, de progrès du projet européen.
La France, qui a été une force d'initiative et d'entraînement considérable dès les premiers pas du projet européen, inscrit cette question au premier rang de ses préoccupations politiques.
A la question " Quelle Europe ? ", elle apporte aujourd'hui une double réponse :
- Parce que l'Europe, c'est d'abord un modèle pour la paix, la France travaille à une Europe ambitieuse dans le domaine de la sécurité et de la défense ;
- Parce que l'Europe a vocation à assumer davantage de responsabilités sur la scène internationale, elle travaille à une Europe qui se constitue en pôle de solidarité et de puissance.
1. La France a une vision ambitieuse de l'Europe de la défense.
Ces dernières années, nous avons résolument fait le pari d'une Europe forte, en mesure d'apporter ses réponses propres aux défis actuels.
Parmi ces défis figure au premier rang celui de la sécurité des Européens, qu'il s'agisse de lutter contre le terrorisme, contre la prolifération des armes de destruction massive ou contre l'instabilité provoqué par les crises régionales (a).
Répondre à ces défis, c'est aussi construire, puis conforter, une industrie de défense européenne compétitive, innovante, autonome, dynamique (b).
a) Parce que la sécurité de nos concitoyens commence au-delà de nos frontières, nous voulons que l'Union européenne soit capable de mener des opérations partout dans le monde
L'opération ARTEMIS menée en 2003 a été une étape importante et fortement symbolique.
Il s'agissait de la première opération militaire de l'Union européenne menée hors d'Europe, et sans avoir recours aux moyens de l'OTAN.
Elle nous a permis de démontrer que les mécanismes de décision politico-militaire et de conduite des opérations de l'UE savaient fonctionner rapidement, avec efficacité et souplesse.
Depuis décembre dernier, l'Europe assume pour la première fois la responsabilité globale d'un pays, la Bosnie.
L'opération Althea montre la capacité de l'UE à gérer une opération d'envergure et à travailler en bonne intelligence avec l'OTAN, dont elle a pris la relève.
Ces opérations ont montré les capacités de l'Europe à gérer des conflits hors de ses frontières.
Elles nous ont également enseigné la nécessité de doter l'Union européenne de nouveaux instruments souples et efficaces, mieux adaptés à la manière dont elle gère les crises.
La France a ainsi été à l'origine de nombreuses initiatives :
- les groupements tactiques de 1500 hommes déployables en 15 jours ;
- La Force de gendarmerie européenne, créée en l'espace de six mois, ce qui prouve bien que si l'on s'en donne les moyens on peut faire avancer rapidement l'Europe.
Ces initiatives se concrétiseront très prochainement et la Constitution viendra leur donner un cadre institutionnel.
Ces outils formeront le bras armé de l'Europe.
Ils lui donneront les moyens de ses ambitions sur la scène internationale.
Parce que la défense européenne affirme de plus en plus son identité spécifique, nous devons aussi poursuivre le développement de capacités militaires propres.
b) Nous voulons pour l'Europe une véritable politique industrielle
De nombreux programmes industriels ont été menés en coopération avec succès, pour beaucoup sous la forte impulsion de la France.
Le programme A400M a démontré ce dont les Européens sont capables, à savoir de s'associer pour combler une lacune à partir d'un besoin opérationnel commun.
Je citerais aussi les programmes Meteor, Tigre, Helios, FREMM, ainsi que les nouveaux démonstrateurs UCAV et Euromale.
Si j'attache une grande importance à l'industrie européenne de défense, c'est aussi parce qu'elle correspond à un secteur économique considérable, reposant sur des entreprises innovantes, des grands groupes mais aussi des PME et des PMI.
Elles sont particulièrement nombreuses et dynamiques en France.
Des centaines de milliers d'emplois dépendent de leurs capacités.
La création de l'Agence européenne de défense leur donne une ambition, une visibilité, des perspectives pour les années à venir, et donc la possibilité d'investir et de créer des emplois.
Cette Agence, qui monte en puissance, sera un instrument clé de la politique européenne d'armement.
Elle nous permettra de mieux identifier les besoins, de favoriser l'interopérabilité des forces, de rapprocher les activités de recherche, de renforcer notre base industrielle de défense.
C'est pourquoi la France la souhaite très impliquée dans le processus de construction des capacités militaires de l'UE.
Le domaine de la défense est exemplaire des progrès rapides et concrets que peuvent accomplir ensemble les Européens.
Il doit nous inspirer pour poursuivre cette grande ambition collective qu'est le projet européen.
2. La France entend faire de l'Europe un grand pôle de puissance et de solidarité.
a) L'Union partage avec ses partenaires la responsabilité de la paix et de la sécurité
L'Europe, forte aujourd'hui de 25 membres, est pleinement consciente de son rôle dans les relations internationales.
Elle affirme sa place, notamment en contribuant davantage à la sécurité.
Dans cette perspective, la France tient à rester très active dans la construction de l'outil de défense européen.
Elle croit aussi que l'OTAN est indispensable quand Européens et Américains veulent travailler ensemble.
C'est pourquoi nous restons un des principaux contributeurs de l'Alliance.
Les progrès de l'Union européenne ne se font ni en concurrence ni en contradiction avec l'OTAN.
Les deux organisations ont toutes deux un rôle à jouer ; elles ont une responsabilité partagée et complémentaire pour préserver la paix et la sécurité dans le monde.
b) Le prochain rendez-vous à ne pas manquer pour une Europe puissante et solidaire : la Constitution
La Constitution viendra conforter les avancées de l'Europe de la Défense, en leur donnant un cadre institutionnel.
Cela nous permettra de garantir leur pérennité.
La Constitution sera synonyme de plus de solidarité entre les Européens pour faire face aux menaces contre leur sécurité, grâce aux clauses de solidarité et de défense mutuelle.
Elle étendra aussi le champ d'action dans lequel l'Union pourra intervenir militairement : lutte contre le terrorisme, désarmement, prévention des conflits.
Avec la Constitution, c'est donc une nouvelle étape, un enracinement, un renforcement de la défense européenne qui nous est proposé.
Les sujets que je viens d'aborder sont autant d'étapes sur le chemin qui nous conduit à l'Europe que nous voulons, une Europe forte, solidaire, capable d'initiative et d'action sur la scène internationale.
L'Europe n'est plus seulement une puissance économique.
Elle devient une puissance politique au service de la paix.
Au vu des crises qui se multiplient partout dans le monde, cela me paraît indispensable, vital.
L'avenir de la France est en Europe.
C'est par elle que notre sécurité sera garantie ; c'est par elle que notre poids politique, économique et culturel dans le monde sera affirmé.
De même, l'avenir de l'Europe passe par la France.
Nous avons toujours joué un rôle de leader dans le projet européen et nous continuerons à le faire.
2005 sera une année majeure dans l'histoire de la construction européenne.
Il nous revient de saisir cette chance sans précédent de traduire nos ambitions pour l'Europe en actions.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 mars 2005)
Cette question, la France se l'est posée il y a déjà cinquante ans, lorsque, après des siècles de querelles entre pays européens, après deux conflits mondiaux, les pères fondateurs de l'Europe ont voulu, de façon définitive, garantir sur ce continent la paix et la sécurité.
Cette question, nous nous la sommes posée durant de nombreuses années, pour établir un espace économique commun et cohérent.
Encore aujourd'hui, et peut-être plus que jamais, cette question est d'actualité, au moment où nous voulons créer une véritable Europe politique et où nous sommes amenés à nous prononcer sur une évolution des institutions européennes qui vise à garantir cette dimension politique.
Aujourd'hui, l'Europe est une évidence.
Elle est une source de paix, de stabilité, de prospérité.
Elle est un démultiplicateur de notre influence sur la scène internationale.
Elle est le cadre naturel de notre action.
Cela ne doit pas nous empêcher de continuer à nous demander quelle Europe nous voulons.
Au contraire, c'est un signe de dynamisme, de progrès du projet européen.
La France, qui a été une force d'initiative et d'entraînement considérable dès les premiers pas du projet européen, inscrit cette question au premier rang de ses préoccupations politiques.
A la question " Quelle Europe ? ", elle apporte aujourd'hui une double réponse :
- Parce que l'Europe, c'est d'abord un modèle pour la paix, la France travaille à une Europe ambitieuse dans le domaine de la sécurité et de la défense ;
- Parce que l'Europe a vocation à assumer davantage de responsabilités sur la scène internationale, elle travaille à une Europe qui se constitue en pôle de solidarité et de puissance.
1. La France a une vision ambitieuse de l'Europe de la défense.
Ces dernières années, nous avons résolument fait le pari d'une Europe forte, en mesure d'apporter ses réponses propres aux défis actuels.
Parmi ces défis figure au premier rang celui de la sécurité des Européens, qu'il s'agisse de lutter contre le terrorisme, contre la prolifération des armes de destruction massive ou contre l'instabilité provoqué par les crises régionales (a).
Répondre à ces défis, c'est aussi construire, puis conforter, une industrie de défense européenne compétitive, innovante, autonome, dynamique (b).
a) Parce que la sécurité de nos concitoyens commence au-delà de nos frontières, nous voulons que l'Union européenne soit capable de mener des opérations partout dans le monde
L'opération ARTEMIS menée en 2003 a été une étape importante et fortement symbolique.
Il s'agissait de la première opération militaire de l'Union européenne menée hors d'Europe, et sans avoir recours aux moyens de l'OTAN.
Elle nous a permis de démontrer que les mécanismes de décision politico-militaire et de conduite des opérations de l'UE savaient fonctionner rapidement, avec efficacité et souplesse.
Depuis décembre dernier, l'Europe assume pour la première fois la responsabilité globale d'un pays, la Bosnie.
L'opération Althea montre la capacité de l'UE à gérer une opération d'envergure et à travailler en bonne intelligence avec l'OTAN, dont elle a pris la relève.
Ces opérations ont montré les capacités de l'Europe à gérer des conflits hors de ses frontières.
Elles nous ont également enseigné la nécessité de doter l'Union européenne de nouveaux instruments souples et efficaces, mieux adaptés à la manière dont elle gère les crises.
La France a ainsi été à l'origine de nombreuses initiatives :
- les groupements tactiques de 1500 hommes déployables en 15 jours ;
- La Force de gendarmerie européenne, créée en l'espace de six mois, ce qui prouve bien que si l'on s'en donne les moyens on peut faire avancer rapidement l'Europe.
Ces initiatives se concrétiseront très prochainement et la Constitution viendra leur donner un cadre institutionnel.
Ces outils formeront le bras armé de l'Europe.
Ils lui donneront les moyens de ses ambitions sur la scène internationale.
Parce que la défense européenne affirme de plus en plus son identité spécifique, nous devons aussi poursuivre le développement de capacités militaires propres.
b) Nous voulons pour l'Europe une véritable politique industrielle
De nombreux programmes industriels ont été menés en coopération avec succès, pour beaucoup sous la forte impulsion de la France.
Le programme A400M a démontré ce dont les Européens sont capables, à savoir de s'associer pour combler une lacune à partir d'un besoin opérationnel commun.
Je citerais aussi les programmes Meteor, Tigre, Helios, FREMM, ainsi que les nouveaux démonstrateurs UCAV et Euromale.
Si j'attache une grande importance à l'industrie européenne de défense, c'est aussi parce qu'elle correspond à un secteur économique considérable, reposant sur des entreprises innovantes, des grands groupes mais aussi des PME et des PMI.
Elles sont particulièrement nombreuses et dynamiques en France.
Des centaines de milliers d'emplois dépendent de leurs capacités.
La création de l'Agence européenne de défense leur donne une ambition, une visibilité, des perspectives pour les années à venir, et donc la possibilité d'investir et de créer des emplois.
Cette Agence, qui monte en puissance, sera un instrument clé de la politique européenne d'armement.
Elle nous permettra de mieux identifier les besoins, de favoriser l'interopérabilité des forces, de rapprocher les activités de recherche, de renforcer notre base industrielle de défense.
C'est pourquoi la France la souhaite très impliquée dans le processus de construction des capacités militaires de l'UE.
Le domaine de la défense est exemplaire des progrès rapides et concrets que peuvent accomplir ensemble les Européens.
Il doit nous inspirer pour poursuivre cette grande ambition collective qu'est le projet européen.
2. La France entend faire de l'Europe un grand pôle de puissance et de solidarité.
a) L'Union partage avec ses partenaires la responsabilité de la paix et de la sécurité
L'Europe, forte aujourd'hui de 25 membres, est pleinement consciente de son rôle dans les relations internationales.
Elle affirme sa place, notamment en contribuant davantage à la sécurité.
Dans cette perspective, la France tient à rester très active dans la construction de l'outil de défense européen.
Elle croit aussi que l'OTAN est indispensable quand Européens et Américains veulent travailler ensemble.
C'est pourquoi nous restons un des principaux contributeurs de l'Alliance.
Les progrès de l'Union européenne ne se font ni en concurrence ni en contradiction avec l'OTAN.
Les deux organisations ont toutes deux un rôle à jouer ; elles ont une responsabilité partagée et complémentaire pour préserver la paix et la sécurité dans le monde.
b) Le prochain rendez-vous à ne pas manquer pour une Europe puissante et solidaire : la Constitution
La Constitution viendra conforter les avancées de l'Europe de la Défense, en leur donnant un cadre institutionnel.
Cela nous permettra de garantir leur pérennité.
La Constitution sera synonyme de plus de solidarité entre les Européens pour faire face aux menaces contre leur sécurité, grâce aux clauses de solidarité et de défense mutuelle.
Elle étendra aussi le champ d'action dans lequel l'Union pourra intervenir militairement : lutte contre le terrorisme, désarmement, prévention des conflits.
Avec la Constitution, c'est donc une nouvelle étape, un enracinement, un renforcement de la défense européenne qui nous est proposé.
Les sujets que je viens d'aborder sont autant d'étapes sur le chemin qui nous conduit à l'Europe que nous voulons, une Europe forte, solidaire, capable d'initiative et d'action sur la scène internationale.
L'Europe n'est plus seulement une puissance économique.
Elle devient une puissance politique au service de la paix.
Au vu des crises qui se multiplient partout dans le monde, cela me paraît indispensable, vital.
L'avenir de la France est en Europe.
C'est par elle que notre sécurité sera garantie ; c'est par elle que notre poids politique, économique et culturel dans le monde sera affirmé.
De même, l'avenir de l'Europe passe par la France.
Nous avons toujours joué un rôle de leader dans le projet européen et nous continuerons à le faire.
2005 sera une année majeure dans l'histoire de la construction européenne.
Il nous revient de saisir cette chance sans précédent de traduire nos ambitions pour l'Europe en actions.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 mars 2005)