Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille, sur le traitement du cancer, notamment l'installation de l'Institut national du cancer et les mesures pour la lutte contre le cancer dans les domaines de la prévention, le dépistage, les soins, l'accompagnement et la recherche, Paris le 24 mai 2005.

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Circonstance : Installation de l'Institut national du cancer à Paris le 24 mai 2005

Texte intégral

Monsieur le Ministre, Cher François
Monsieur le Président, Cher David,
Madame la Directrice Générale, Chère Christine Welty,
Mes chers Confrères,
Mesdames et Messieurs
Souvenez-vous, il y a un an, peu après mon arrivée à ce ministère, je vous ai présenté l'équipe de préfiguration de l'Institut national du Cancer, qui avait pour mission de travailler à sa création.
Nous voici donc - devrais-je dire enfin ? - réunis aujourd'hui pour l'installation de cet institut, et j'en suis très heureux.
Il traduit l'ambition du Président de la République de s'attaquer, pour la première fois au plus haut niveau de l'Etat, à une maladie, qui concerne des millions de nos compatriotes de toute situation sociale ou géographique.
Le Chef de l'Etat nous a montré la voie déjà lors des sommets mondiaux contre le cancer de 1999 et 2000, et le 24 mars 2003, en présentant les principales orientations du plan cancer, dont il a voulu faire l'un des trois chantiers prioritaires de son quinquennat.
Jacques Chirac avait alors insisté sur l'attente des patients qui, au-delà des traitements les plus efficaces, veulent bénéficier de plus d'écoute et d'humanité. Il a ainsi donné à la lutte contre le cancer de grands objectifs, une volonté de mobilisation de tous et un engagement sur les moyens consacrés à cette maladie.
La Mission interministérielle de lutte contre le cancer, dirigée avec talent et dynamisme par Pascale Briand, a élaboré le plan de mobilisation nationale contre le cancer que vous connaissez tous et commencé sa mise en application. Je suis très heureux de sa présence ici aujourd'hui et je la remercie chaleureusement pour le travail accompli, ainsi que tous ceux qui y ont contribué.
Ce plan comporte 70 mesures concrètes devant permettre, d'ici fin 2007, d'améliorer la situation en termes de prévention, de dépistage, de soins, d'accompagnement et de recherche.
Ces mesures sont progressivement déclinées dans toutes les régions de France depuis maintenant deux ans et nous en observons les premiers résultats.
1/ Tout d'abord il existe, pour l'ensemble de nos concitoyens, un net rééquilibrage en faveur de la prévention et du dépistage.
C'est un tournant historique, inscrit dans la loi relative à la politique de santé publique adoptée en août dernier.
Dans le domaine de la prévention - vous le savez - les mesures concernant le tabac, l'alcool et la nutrition montrent leur efficacité et nous pouvons nous réjouir de certaines avancées.
Nous avons enregistré près de deux millions de fumeurs en moins. Le tabac s'est ainsi " dénormalisé " ; il est moins accessible, notamment pour les jeunes ; et l'aide à l'arrêt du tabac s'est amplifiée
La consommation d'alcool continue elle aussi à diminuer.
Par ailleurs, je suis heureux que le " Plan National Nutrition Santé " ait su déclencher une large mobilisation.
Dans le domaine du dépistage :
Les patients ayant une prédisposition génétique, ainsi que leur famille, ont désormais accès aux consultations d'oncogénétique, sur l'ensemble du territoire, dans des conditions comparables de qualité.
En outre, le dépistage individuel du cancer du sein est maintenant organisé dans tous les départements. Nous avons voulu, avec Xavier Bertrand, que cet acte de prévention soit exonéré du forfait de " 1 euro ". Nous avons souhaité instaurer, avec toutes les associations concernées, une journée nationale du dépistage du cancer du sein le 1er octobre.
Enfin, mes services travaillent également à la mise en place du dépistage généralisé du cancer colo-rectal.
2/ En 2005, le plan Cancer donne la priorité à la prise en charge des patients, qu'elle soit médicale ou sociale, et à leur accompagnement dans la vie quotidienne.
30 000 patients ont pu bénéficier du dispositif d'annonce de la maladie dans 58 établissements répartis dans 15 régions. Ce dispositif est en cours de généralisation.
L'hospitalisation et les soins à domicile se développent rapidement : 5 500 places étaient déjà installées en mars 2005, 1 700 devront encore l'être d'ici la fin de l'année. Nous atteindrons donc l'objectif prévu fin 2007 de l'ouverture de 8 000 places d'hospitalisation à domicile.
De plus, les consultations anti-douleurs sont maintenant accessibles dans tous les départements et nous avons atteint l'objectif d'une équipe mobile de soins palliatifs pour 200 000 habitants.
Nous avons mis en place l'organisation régionale des soins de recours dans chacune des régions, ce qui permet un égal accès aux soins innovants et coûteux sur tout le territoire.
3/ Enfin, les patients bénéficient depuis un an - n'est- ce pas, Cher Henri ? - d'une information facilement accessible grâce à la ligne Cancer Info Service, dont nous avons fêté le premier anniversaire le mois dernier. Les patients accèdent aussi plus simplement, et donc plus rapidement, aux soins d'accompagnement pour leur vie quotidienne. Je profite de ce moment pour remercier toutes celles et tous ceux qui apportent chaque jour leur soutien aux personnes malades, qu'ils soient professionnels, comme les nutritionnistes, les psycho-oncologues ou encore les assistants sociaux, ou qu'ils soient bénévoles.
Toutes les mesures déjà effectives que je viens de vous présenter brièvement figurent dans le Plan Cancer. Et l'installation de l'Institut national du Cancer que nous fêtons aujourd'hui en constitue la 70ème !
Cette structure unique permettra de coordonner les actions de lutte contre cette maladie, qui - je le rappelle - touche un homme sur deux, une femme sur trois et provoque 150 000 décès par an.
Dès juillet 2004, un groupement d'intérêt public de préfiguration de cet institut a été mis en place avec pour mission essentielle d'élaborer la convention constitutive de cet organisme, en lien avec les partenaires publics et privés.
Le décret relatif à la création de l'institut a été publié le 3 mai 2005 ; la convention constitutive du groupement d'intérêt public est maintenant signée par l'ensemble des partenaires. L'arrêté approuvant cette convention est en cours de publication.
Soixante-dix millions d'euros ont été affectés à l'Institut national du Cancer en 2005 et 80 millions le seront en 2006, pour atteindre 100 millions en 2007.
Cet effort financier considérable doit permettre à l'Institut de coordonner les actions de recherche, de prévention, de prise en charge médicale et d'accompagnement de la personne atteinte et de son entourage.
Avant de laisser la parole à mon ami, François d'Aubert, pour exposer les actions de recherche menées dans ce domaine, je voudrais préciser ce qui me tient à cur pour l'avenir en tant que ministre de la santé, mais aussi en tant que médecin et patient potentiel.
Tous les moyens pour préserver des vies humaines, et en particulier celles de nos enfants, doivent être mis en uvre rapidement.
Si le système de santé français est l'un des meilleurs au monde pour l'offre de soins, il reste encore hétérogène et perfectible pour la prévention.
L'Institut va poursuivre et accélérer la mise en uvre du Plan cancer et prendre ainsi le relais de la Mission interministérielle de lutte contre le cancer.
David Khayat vous en présentera le calendrier et les modalités.
Je souhaite cependant, Cher David, que l'Institut privilégie particulièrement trois points :
- premièrement, le développement des dépistages organisés et de la prévention. N'oublions jamais que de nombreux cancers sont évitables !
- deuxièmement, l'égal accès à des soins de qualité et à un accompagnement personnalisé. J'ai d'ailleurs signé il y a deux mois la circulaire relative à l'organisation des soins en cancérologie. Ce texte est issu d'une large concertation de tous les acteurs et traduit ma volonté de construire une organisation fondée sur la coordination, l'accompagnement, l'information et l'accès à l'innovation.
- et enfin, si nous pouvons aujourd'hui parler de guérison du cancer - et quel progrès formidable ! -, je souhaite qu'on s'adresse à toutes celles et tous ceux qui sont passés par l'épreuve et en sont sortis, à ces personnes bénéficiant d'une rémission depuis cinq, huit ou dix ans, sans rechute. Il nous appartient de mettre tout en uvre pour ne pas rajouter l'injustice sociale à l'injustice de la maladie. Ces personnes ne sauraient être " pénalisées " d'avoir survécu, en étant privées d'accès aux prêts, aux assurances, à tout ce qui permet de poursuivre et de construire une vie normale.
Je vous remercie.
(Source http://www.sante.gouv.fr, le 25 mai 2005)