Interview de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, à RMC le 5 avril 2005, sur la mise en berne des drapeaux français à l'occasion du décès du pape Jean-Paul II, et sur les raisons de voter en faveur du "oui" au référendum sur le traité constitutionnnel européen.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

[8h33 - Première partie]
QUESTION : [...] On va parler évidemment du référendum, de la Constitution européenne, mais on peut parler d'autres sujets de l'actualité. J'ai une petite surprise, pour commencer, D. de VILLEPIN - ce n'est pas tout à fait une surprise parce que vous connaissez déjà - vous savez déjà ce qu'a fait un jeune musicien qui a choisi de mettre en musique votre discours contre la guerre en Irak, ce fameux discours de l'ONU, c'était il y a deux ans, je crois, deux ans pratiquement jour pour jour...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Février 2003.
QUESTION : Février 2003, oui, pratiquement jour pour jour. Ecoutons un extrait. [Paroles de D. de VILLEPIN mises en musique] : "Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous sommes les gardiens d'une conscience. La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix ".
QUESTION : Le titre de ce morceau : "Un monde meilleur". C'est votre véritable naissance en politique, ce discours ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : C'est un moment très fort, celui où on a la chance de pouvoir défendre et incarner la position d'un pays tout entier et de peuples nombreux à travers la planète, donc c'est... oui, c'est un moment très fort.
QUESTION : Et quand vous découvrez ce morceau de musique, ce discours mis en musique, comment vous réagissez ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Le moins qu'on puisse dire c'est que j'ai été très étonné que l'on puisse imaginer en faire un morceau de musique, mais en même temps touché qu'un jeune ait envie de mettre ces paroles, à la fois, d'ailleurs, une partie du discours et en même temps reprendre la fin des propos de C. POWELL, je trouvais que l'idée était originale.
QUESTION : D. de Villepin, mise en berne des drapeaux à l'occasion du décès de Jean-Paul II, début de polémique en France, les préfets en tenue sont invités à participer aux célébrations dans les églises à la mémoire de Jean-Paul II. Polémique inutile ? Certains défenseurs de la laïcité et de la République disent : "On en fait trop, la République n'a pas à célébrer la mort de Jean-Paul II ?"
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Je ne qualifierai pas cela de polémique. Il y a quelques voix qui puisse se poser, effectivement, la question. La réponse elle est simple : c'est un usage républicain, constant, nous l'avons fait pour tous les Papes, nous l'avons fait sous toutes les Républiques, la IIIème, la IVème, la Vème. C'est le souci de marquer et de rendre hommage à un chef d'Etat, particulier, qui est le souverain pontife et c'est ce qui est fait aussi, pour les drapeaux en berne, pour les chefs d'Etats proches de la France. Donc, vous voyez, ce ne sont pas là des exceptions, mais c'est bien une pratique, un usage constant dans la République. Je suis moi-même profondément attaché au respect de nos grands principes et, bien sûr, de notre principe de laïcité. Mais il y a là un usage républicain constant.
QUESTION : Mais on ne l'a pas fait pour Hassan II, par exemple.
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Une fois de plus c'est un choix, ce n'est pas une règle absolue, c'est un choix, et ce choix il est fait par les autorités de la République, en fonction des circonstances, en fonction des personnalités et cela a été fait une fois de plus pour l'ensemble des Papes, pour Jean XXIII, pour Paul VI, pour Jean-Paul Ier, pour Pie XII. Donc c'est systématique ; toutes les Républiques, une fois de plus, IIIème, IVème, Vème République.
QUESTION : Donc, polémique inutile ...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Je ne crois pas qu'il y ait vraiment polémique...
QUESTION : Nombrilisme à la française ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Non, je ne crois pas... il n'y a pas de polémique. Il y a un certain nombre de nos compatriotes qui disent, ou quelques compatriotes, quelques voix qui disent : "Est-ce que vraiment c'est nécessaire ?". La réponse, une fois de plus, elle est simple : cela a été toujours fait. Voilà.
QUESTION : Le lundi de Pentecôte férié, parlons-en. Les syndicats exigent que le lundi de Pentecôte, le 16 mai, reste férié. Faut-il revenir sur cette décision, D. de VILLEPIN ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Il y a une décision qui a été prise par le Gouvernement, par le Premier ministre pour prendre en compte cette exigence de solidarité vis-à-vis des personnes âgées.
QUESTION : Etait-ce une idée ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Je crois que c'est une bonne idée dans la mesure où la solidarité c'est toujours une bonne idée. Alors, évidemment, c'est d'autant une meilleure idée que la date est éloignée, et plus la date se rapproche, on se dit, après tout, le lundi de Pentecôte, ce serait quand même agréable de pouvoir partir à la campagne. Voilà, on a...
QUESTION : Vous avez vu la pagaille dans le Gard, le Gers, le Territoire de Belfort à l'occasion du lundi de Pâques.
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Alors, effectivement, c'était un certain nombre de départements qui avaient fait le choix d'un jour de congé à cette date. C'est toujours très difficile d'aller en classe ou d'aller travailler quand les autres n'y vont pas. Là, il se trouve que le lundi de Pentecôte, l'immense majorité des Français seront appelés à travailler.
QUESTION : Pour vous, il n'y a pas débat.
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Il y a toujours débat et je pense que la démocratie a toujours raison de poser des questions. Là, il se trouve qu'il y a une réponse qui a été donnée, il faut le faire dans la sérénité, même si ce n'est pas forcément agréable.
QUESTION : [...] Parlons du référendum avant de parler politique, D. de VILLEPIN. Est-ce que le "non" est devenu tendance ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Il est certain que nous sommes dans un temps de questions et que dans un temps de questions, avant de se fixer sur le "oui" ou sur le "non", eh bien on hésite et qu'il y a un certain nombre de nos compatriotes, à la fois par inquiétude, à la fois par peur, ou par mécontentement, qui se disent : " après tout, pourquoi ne pas voter "non" ? ". Et cela mérite effectivement qu'on s'y arrête et que l'on y regarde de plus près, et ça vaut la peine de se prêter à ce jeu là, à cette réflexion là. Et si l'on votait "non", que se passerait-il ?
QUESTION : Que se passerait-il ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : C'est une très bonne question.
QUESTION : Eh bien, que se passerait-il ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Certains vous disent : ce serait une catastrophe absolument gigantesque, je ne crois pas que dans la démocratie, on puisse appeler à voter en disant : si vous faites l'un des choix offerts par la démocratie, et par le référendum, ça sera une catastrophe nucléaire. Je ne crois pas que l'on puisse dire ça. Ce qui est vrai, c'est que tout sera plus difficile. Vous me parlez du lundi de Pentecôte, eh bien il y aura beaucoup de lundis de Pentecôte travaillés si on décide de voter "non" à la Constitution.
QUESTION : Pourquoi ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : C'est un symbole.
QUESTION : Pourquoi ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Tout simplement parce que quand vous décidez de ne pas être assis à la chaise autour de la table pour négocier et pour travailler avec les autres, quand vous êtes assis sur un strapontin au fond de la classe, c'est plus difficile de participer à l'action collective européenne, vous êtes décalé, et vous êtes regardé de façon un peu différente. L'un des principaux risques de ce référendum, c'est non seulement qu'on nous regarde comme un pays qui, tout à coup a décroché de l'Europe, qui tout à coup se place en marge de l'Europe, mais que nous-mêmes - et c'est ce que je crains le plus, pour tout vous dire, que nous-mêmes, nous, les Français - nous nous sentions plus petits, que nous ayons eu le sentiment tout à coup de voir la France rapetisser. Et quand vous décidez de faire les choses seules, c'est beaucoup plus compliqué. Moi, je le vois dans mon secteur : l'Europe de la sécurité. Comment vous faites pour rattraper des terroristes si vous le faites tout seul, à travers votre seul territoire ? Les terroristes, ils passent en Belgique, ils passent en Espagne. L'un des terroristes qui a organisé l'attentat de Madrid, il est parti de la gare d'Atocha, il a traversé le territoire français, il est passé en Belgique, il est revenu en Espagne, et vous savez comment on l'a arrêté ? On l'a arrêté aux Canaries. Comment ? Eh bien avec une coopération de l'ensemble des Etats européens. A chaque fois, on a réussi à suivre sa trace, à le repérer et finalement à l'arrêter. Comment croyez-vous que l'on opère les arrestations dans le domaine de l'immigration irrégulière, dans le domaine des grands trafics, des grands trafics de drogue, en particulier ? Là encore, les trafiquants, ils ignorent les frontières. On échange des renseignements, on coopère, on se met entre nous, et à partir de là, on arrive à obtenir les résultats qui sont souhaités. Il y a eu une grande opération, l'opération Confucius, à la fin de l'année dernière, qui est une opération qui a été liée à des filières d'immigration chinoise, cela passait par la Belgique, par la Suisse, par la France, et nous avons réussi, en mettant nos informations ensemble, à arrêter cette filière qui allait jusqu'aux Etats-Unis et jusqu'au Canada. Donc, nous sommes plus forts parce que nous sommes capables de travailler ensemble.
QUESTION : Oui mais, est-ce qu'à 25, on est plus fort qu'à 15 ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Alors, à 25, nous sommes plus forts qu'à 15, oui, bien sûr, en tout cas nous le serons nécessairement et de plus en plus. Pourquoi ? Parce que d'abord cela nous ouvre de nouvelles perspectives, nouvelles perspectives économiques, nous aurons un marché plus grand. Quand la Grèce, quand le Portugal, quand l'Espagne, sont rentrés dans l'Europe, il y avait là des économies qui avaient besoin de croître, qui avaient besoin de se développer. Nos entreprises en ont profité, elles ont pris des parts de marché dans ces économies. Regardez en Pologne, nous sommes le premier investisseur en Pologne, nous sommes le quatrième investisseur dans les autres pays, de l'est européen, donc nous avons tout à gagner de pouvoir à la fois nous servir de cet espace, à la fois de nous financer par le biais d'autres pays, donc nous avons là un accroissement de nos capacités.
QUESTION : Ces pays moins riches que nous vont nous coûter cher, c'est ce que j'entends dans la bouche des partisans du "non". Ça va nous coûter cher, à nous, la France ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Non, le bénéfice que nous en tirerons en termes d'investissements, en termes de consommation, de marchés - parce que beaucoup de ces pays vont nous acheter nos propres produits - donc, au bout du compte, en termes d'accroissement de nos potentialités, d'accroissement de nos capacités, nous sommes très largement gagnants.
QUESTION : D. de VILLEPIN, avec nous, avec vous. 32.16 rmc-info.fr. Vous appelez, il est déjà 08h43 et nous sommes ensemble pour parler de l'Europe, bien sûr, mais aussi de politique intérieure et de lutte contre la criminalité. N'hésitez pas à nous interroger, à tout de suite.
[8h47 : Deuxième partie.]
QUESTION : [...] Est-ce que vous avez été, franchement, attiré par le "non" au référendum européen ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Moi je suis exactement comme tous nos compatriotes, c'est-à-dire qu'il y a effectivement un certain nombre de raisons, de questions, que l'on se pose : est-ce que les choses vont assez vite ? Est-ce que l'on va trouver la réponse aux délocalisations ? Est-ce qu'on ne pourrait pas se protéger davantage ? Et puis j'ai fait les comptes, j'ai essayé d'envisager, sur chaque point, ce qu'apportait le "non" et ce qu'apportait le "oui". Je prends l'exemple qui est souvent repris, d'un "non" qui nous protègerait de l'ultra libéralisme. Moi, je suis très soucieux de défendre le modèle français, l'idée que l'on se fait d'un certain modèle équilibré, entre la solidarité et la liberté et qui ne soit pas un marché ouvert à qui veut et où nos droits soient bafoués, il s'agit de nos droits sociaux, de nos droits culturels, je suis très attaché à cela. Eh bien, en y réfléchissant, on se rend compte que voter "non", c'est au contraire se retrouver encore plus prisonnier de ces grandes forces du libéralisme, parce que l'Europe nous donne un espace de règles et un espace de valeurs communes. D'ailleurs, ce sont les deux caractéristiques d'une Constitution : des règles, une règle commune comme on fait pour, dans une famille, vivre à 25 et s'organiser à 25, la répartition des pouvoirs, les procédures, et des valeurs communes dont il faut rappeler qu'elles sont pour l'essentiel d'inspiration française. Cette Constitution est d'inspiration française, c'est bien au cur de cette Constitution qu'il y a le citoyen 1789, les valeurs du modèle social, les valeurs de l'exception culturelle, les valeurs du service public, pour la première fois. Donc, quand on constate que dans cette Constitution, il n'y a que des avancées, moi, j'aurais aimé - personnellement, j'étais conventionnel - j'aurais aimé aller plus vite, aller plus loin. Enfin, une Europe à 25, c'est par définition une Europe qui prend en compte aussi les exigences des autres pays. La France a pesé de tout son poids. Aujourd'hui, cette Constitution, c'est le plus grand dénominateur commun des pays européens.
QUESTION : Est-il vrai que nous allons recevoir un résumé de la Constitution avec des commentaires qui seraient plutôt favorables au "oui" ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Non, J.-J. BOURDIN.
QUESTION : C'est vrai ou pas ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Non, c'est faux.
QUESTION : Moi, j'entends P. de Villiers...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Mais non, vous allez recevoir - voilà encore une polémique inutile - vous allez recevoir le texte de la Constitution et puis vous allez recevoir le projet de loi qui a un article et un exposé des motifs. Dans tout projet de loi, il y a un exposé des motifs qui justifie l'article, c'est-à-dire la question qui est posée à tous les Français, point final. Il n'y a pas, là, lieu à grandes polémiques.
QUESTION : On devait prendre un auditeur qui voulait vous poser une question tout simple : est-ce que vous êtes candidat à la présidence de la République ? Est-ce qu'un jour, vous vous mettrez dans la peau d'un candidat à la présidence de la République ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Ecoutez, aujourd'hui, je suis candidat à défendre le "oui" à la Constitution européenne.
QUESTION : Vous avez créé un site Internet, enfin, ce n'est pas vous qui l'avez
créé...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Ah, moi je n'ai rien créé du tout.
QUESTION : Ce n'est pas vous, c'est un site qui a été créé...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Je n'ai rien créé du tout.
QUESTION : ... qui s'appelle "dominiquedevillepin.org" sur lequel on parle beaucoup de vous. Oui, c'est "villepin2007.org". Voyez.
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Oui, j'ai vu ça il y a quelques jours, c'est une initiative d'un jeune...
QUESTION : Mais est-ce qu'il est concevable de présenter un candidat de l'UMP face à J. CHIRAC en 2007 ? Oui ou non ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : D'abord, pour moi, c'est un débat totalement surréaliste et déplacé. Honnêtement, on est en pleine campagne européenne, est-ce que c'est le moment d'aller se poser la question de savoir s'il y en aura un, deux ou trois.
QUESTION : C'est N. SARKOZY qui a lancé le débat.
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Alors, je l'ai dit très gentiment à N. SARKOZY, je crois que ce n'est pas le moment de poser cette question. Je comprends très bien qu'il se la pose, mais je crois que ce n'est pas aujourd'hui la préoccupation des Français. Alors, viendra le temps de la campagne présidentielle, il faudra effectivement se pencher sur l'ensemble de ces questions. Nous le ferons, toute notre famille politique, avec beaucoup de sagesse, pour certains beaucoup de passion. Mais je crois que ce n'est pas le moment. Nous sommes engagés, aujourd'hui, dans une campagne européenne, de référendum, qui va véritablement marquer notre destin et notre histoire.
QUESTION : Alors, pourquoi fait-il cela, N. SARKOZY ? Il joue perso ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Non, on lui pose la question, il donne son avis. Je crois que, une fois de plus...
QUESTION : Moi, je pose la question : c'est concevable ou pas, alors, D. de VILLEPIN ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Qu'il y ait plusieurs candidats ?
QUESTION : Oui.
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Je l'ai dit, je pense que ce n'est pas tout à fait conforme à l'idée que je me fais de la tradition gaulliste. Mais bon, voilà. Une fois de plus, c'est une question que notre famille politique aura à trancher et puis nous verrons les circonstances. Le général de GAULLE - et je me félicite qu'il ait été choisi comme étant le plus grand des Français, j'avais eu beaucoup de plaisir à participer à l'émission qui lui a été consacrée - le général de Gaulle mettait toujours en avant les circonstances. Les circonstances c'est très important, on ne fait pas de la politique désincarnée ; on ne fait pas la même politique en 1515 ou en 2005, il faut prendre en compte les circonstances. Eh bien, s'adapter aux circonstances, répondre aux questions qui vous sont posées, à partir des préoccupations des Français, c'est ça la démocratie. Que je sache, la préoccupation des Français, ce n'est pas de savoir s'il y aura deux ou trois candidats à l'UMP.
QUESTION : Il paraît que vous jouez "perso", vous. Je ne sais pas, c'est J.-P. Raffarin...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Argumentez, argumentez.
QUESTION : Je ne sais pas, c'est J.-P. Raffarin qui laisserait entendre cela. Est-il vrai que vous l'avez rencontré en tête-à-tête pour régler tout ça ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Je rencontre le Premier ministre toutes les semaines, en tête-à-tête, pour évoquer les affaires de la République. Mais méfions-nous des rumeurs. Vous savez, les rumeurs, on a le goût de cela dans notre pays, on aime les colporter, mais elles sont en général, pour ne pas dire, toujours, fausses.
QUESTION : Si J. Chirac vous propose de devenir Premier ministre...
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : Il ne l'a pas fait, donc je ne commente pas des choses hypothétiques.
QUESTION : Et deux mandats de 5 ans et pas plus, c'est ce que souhaite N. SARKOZY pour un président de la République. Ça vous paraît bien ou pas ?
Dominique de VILLEPIN (Réponse) : C'est un grand débat institutionnel, c'est la pratique qui existe aux Etats-Unis par exemple. Je ne suis pas sûr qu'en France, nous ayons vocation à faire tout ce qui se fait aux Etats-Unis. Chacun a sa tradition, et puis je pense que les Français sont bien assez grands pour savoir qui ils doivent ou qui ils ne doivent pas élire à la présidence de la République. Si les Français souhaitent élire un candidat plus de deux fois, c'est leur choix et ils le feront. Voilà, je crois qu'aujourd'hui, très franchement, nous pouvons compter sur nos propres concitoyens et sur
leur bon sens.
[Les question des auditeurs...]
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 6 avril 2005)