Texte intégral
1) En avril 2003, alors que l'épidémie de SRAS causait des ravages en Chine continentale, vous aviez décidé de maintenir votre visite dans notre pays. Votre geste a montré l'importance que le gouvernement français et vous-même attachiez au renforcement de la relation amicale entre la France et la Chine, l'opinion publique (chinoise) a considéré que vous aviez accompli " un geste déterminé et judicieux ". Depuis cette visite, dans quels domaines selon vous la relation franco-chinoise a enregistré des développements significatifs ?
R - Je crois que notre relation a enregistré des développements significatifs dans les domaines, que cela soit dans le domaine économique - l'augmentation de nos échanges commerciaux est là pour le montrer, ou culturel, avec les Années croisées qui ont favorisé les échanges de personnes et l'établissement de nombreuses coopération dans les domaines scientifiques, technologiques et universitaires. Notre dialogue stratégique a lui aussi enregistré des progrès substantiels, s'agissant en particulier du dialogue que nous entretenons en permanence sur toutes les grandes questions internationales qui concernent les deux membres du Conseil de sécurité que nous sommes.
Les échanges entre nos deux pays sont en pleine expansion, et je crois qu'il existe une réelle volonté de part et d'autre de maintenir le rythme et de faire franchir à la relation bilatérale de nouveaux paliers.
2) Après l'immense succès qu'a connu l'Année de la Chine en France, l'Année de la France en Chine va connaître un nouvel essor. Quelle utilité ont eu selon vous les évènements des Années croisées dans la promotion de la compréhension mutuelle entre les deux peuples ?
R - Les Années croisées sont une initiative qui est à la fois politique et culturelle. C'est une manière pour nos deux pays d'affirmer leur attachement à la diversité culturelle, de reconnaître l'importance et la richesse du patrimoine de l'autre. C'est aussi l'affirmation d'une idée, celle d'un monde pluriculturel dans lequel chacun peut s'exprimer. Les Années croisées ont créées à elles seules une dynamique sur laquelle nous allons continuer de bâtir pour rendre la relation bilatérale encore plus forte.
3) La France s'en tient aux principes, dans le traitement des affaires internationales, de la " responsabilité collective " et de l'action multilatérale. Que voulez vous dire concrètement lorsque vous avancez le principe de la " responsabilité collective " ? La France et la Chine ont la volonté commune de faire face aux défis du 21ème siècle, quelles sont d'après vous les possibilités pour les deux pays de relever ensemble ces défis ? au cours des récentes années, la Chine a exercé un rôle de plus en plus actif dans les affaires internationales et régionales, les observateurs considèrent qu'on assiste à " la montée en puissance pacifique " de la Chine, d'autres parlent avec inquiétude de " menace chinoise ", qu'en pensez-vous ?
R - La Chine et la France partagent en effet la même vision des affaires internationales, celle d'une même approche dans leur conduite: importance du règlement pacifique des différends et de l'action multilatérale, respect de la diversité des cultures et des modes de développement. La Chine et la France, qui sont tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, coopèrent ainsi aux Nations Unies pour promouvoir la paix et le développement sur la scène internationale. Sur beaucoup de sujets internationaux, nous partageons les mêmes vues, par exemple sur l'Irak ou la Corée du nord. Nous agissons de manière coordonnée, par exemple sur l'Iran. Nos deux pays se déterminent également dans leurs choix internationaux de manière indépendante; je crois que la France et la Chine sont très attachées à ce principe.
Naturellement, nous avons aussi des nuances dans nos analyses, parfois des différences. Cela n'exclut pas le dialogue entre nous, bien au contraire. Comme dans toutes les relations marquées par la confiance mutuelle, ce qui est le cas de la relation franco-chinoise, nous pouvons évoquer ensemble nos différences sans que cela porte atteinte ni à notre coopération d'ensemble ni à notre amitié.
4) Que pensez-vous de l'idée selon laquelle la France serait sur le déclin ? Est-ce que la France ne devrait pas accomplir davantage d'efforts afin d'accroître son influence sur la scène internationale ?
R - Je m'inscris en faux contre le discours sur le supposé déclin de la France. Peut-on croire qu'un pays dont on connaît le rôle dans la construction de l'A380, d'Ariane, qui fait le TGV, qui développe de nouvelles générations performantes de centrales nucléaires, à la pointe de la science médicale soit sur le déclin ? Peut-on on croire qu'un pays dont les citoyens jouissent d'un des niveaux de vie les plus élevés au monde soit sur le déclin ?
Alors je n'écoute pas les prophètes de malheur qui prédisent le déclassement de notre pays, mais je m'emploie à ce qu'il utilise au mieux son énergie, son talent, sa créativité, pour conserver sa place au premier rang. Et cela requiert évidemment des efforts, dans le domaine de la recherche, dans le domaine militaire, dans tous les domaines qui font la puissance de demain.
Cet effort est mené par la France, il doit aussi être mené au niveau européen. C'est tout le sens du projet porté par la Constitution pour l'Europe, sur laquelle les Français vont se prononcer fin mai
5) Au mois de mai de cette année, les électeurs français devront se prononcer sur le Traité de la constitution de l'U.E. Depuis la mi-mars, les sondages montrent une augmentation graduelle du non au référendum. Quel sera d'après vous le résultat du référendum en France ? Quelles seront les conséquences du " non " ou du " oui " sur la France et sur l'U.E. ?
R - Je suis avec attention les sondages mais vous savez qu'ils entendent donner une photographie d'opinion à un moment donné. Le scrutin est dans six semaines et on ne peut prédire son résultat sur la base de ces sondages. Mais je crois que les Français sauront, le jour venu, apprécier le véritable enjeu de ce vote, qui concerne l'avenir de la France en Europe et l'avenir de l'Europe elle-même. C'est un choix entre une option d'avenir, qui permet à la France de rassembler ses forces avec celles de ses partenaires en Europe pour peser davantage dans le monde, pour porter les valeurs européennes, et une option de repli frileux, le choix d'une France en petit. Alors ce que je peux vous dire, c'est qu'un vote pour la constitution sera un immense progrès, pour la France, pour l'Europe, et aussi pour le monde à qui l'Europe a des choses à dire.
6) Les médias français soulignent sans cesse que la France se situe à la 11ème position parmi les partenaires commerciaux de la Chine, le nombre des entreprises françaises qui sont implantées en Chine est faible. Qu'en pensez-vous ? Les entreprises françaises en Chine sont-elles vraiment en retard par rapport à leurs partenaires européennes sur le marché chinois ? Si c'est le cas, que faudrait-il faire pour remédier à cet état de fait ? quel est le potentiel des entreprises françaises ? avez-vous fixé de nouveaux objectifs pour la coopération économique et commerciale franco-chinoise ?
R - Il est vrai que les relations commerciales entre la France et la Chine ne sont pas au niveau de leur potentiel, pour autant il est faux de dire que notre présence est faible. Nous sommes le deuxième fournisseur européen de la Chine, il y a plus de 600 entreprises françaises installées en Chine, ces investissements couvrant des domaines extrêmement variés, comme le secteur industriel, la grande distribution, l'industrie légère et lourde, le secteur financier, pour ne citer que les principaux. Aujourd'hui les grands groupes ont tous placé la Chine dans la liste des pays prioritaires, et certains depuis de nombreuses années, en revanche il faut développer la présence des petites et moyennes entreprises, c'est un objectif affirmé tant par le Président de la République, qui a fixé un doublement en trois ans des PME exportatrices en Chine continentale, que de mon gouvernement, le Ministre délégué au commerce extérieur François Loos, qui viendra 5 fois en Chine cette année, met ainsi en uvre un plan d'actions qui conduira à amener 1000 nouvelles PME en Chine cette année.
7) A l'occasion de cette visite, vous allez rencontrer les dirigeants chinois. Pouvez-vous dévoiler certaines questions importantes que vous allez aborder avec eux ? Sur la question de la levée de l'embargo, la France a à plusieurs reprises clarifié sa position. Quelles sont d'après vous les divergences fondamentales entre la France et les Etats-Unis sur cette question ? comment devrait évoluer ce dossier d'après vous ?
R - Je vais aborder avec vos dirigeants toutes les questions, importantes par nature, qui concernent notre partenariat stratégique global, et en particulier celles qui touchent à nos relations économiques et commerciales que nous souhaitons ensemble porter au même niveau d'excellence que celui de nos relations politiques.
La France s'est engagée en faveur de la levée de l'embargo au plus haut niveau, sans équivoque et depuis longtemps. Sa position n'a pas varié. Elle juge cette mesure anachronique, injustement discriminatoire et en complète contradiction avec l'état actuel du partenariat stratégique euro-chinois. La France, et désormais aussi l'Europe, ont la conviction que de la transition en cours sortira une Chine encore plus forte et responsable, une grande nation écoutée et en paix avec ses voisins, un nouveau pôle de stabilité sur la scène internationale.
Il s'agit d'une décision à prendre entre Européens. Les discussions se poursuivent. Les Européens n'ont qu'une seule ''feuille de route'', celle fixée par Conseil européen des 16-17 décembre 2004 en vue d'une décision d'ici la fin du premier semestre 2005.
Quant à la position américaine, il ne me revient pas de la commenter. Tout ce que je peux dire c'est que l'Europe s'emploie, par un effort d'explication approprié, à rassurer les Etats-Unis sur les motivations de la décision de la levée de l'embargo et sur ses conséquences.
8) Discuterez-vous ou signerez-vous des accords de coopération dans le domaine commercial à l'occasion de cette visite ? pouvez-vous dévoiler un ou deux accords qui pourraient voir le jour ? Quels sont d'après vous les domaines économiques où la France est en position de force, de quelle manière les milieux économiques franco-chinois devraient-ils renforcer leur coopération pour aboutir à des bénéfices mutuels ?
R - J'espère effectivement que la volonté partagée de développer les relations économiques permettra d'aboutir à des résultats concrets lors de ma visite. Il est encore trop tôt pour les préciser mais vous ne serez pas étonné si je vous indique que les grands dossiers nucléaires, aéronautiques et ferroviaires feront clairement partie de nos priorités. La France est un pôle d'excellence technologique reconnue, que ce soit dans les nouvelles technologies, l'environnement, les transports et l'énergie qui sont certainement des domaines où les entreprises françaises sont tout particulièrement compétitives. Par ailleurs, les autorités chinoises reconnaissent et apprécient la capacité des entreprises françaises à s'engager dans un partenariat de long terme, équilibré, conduisant à des transferts de technologie réussis. Mais les méconnaissances mutuelles restent encore importantes, j'encourage donc les entreprises françaises à venir et à revenir en Chine, et aux entreprises chinoises à découvrir ou redécouvrir la France. Je souligne à cet égard que je lancerai à Shanghai une campagne de communication visant à présenter aux chefs d'entreprises chinois l'intérêt de venir investir en France.
9) Accepteriez-vous de parler de vous-même au peuple chinois ? Par exemple, lorsque vous êtes sous tension dans le travail, aimez-vous écouter du rock and roll pour vous détendre ? Si vous n'étiez pas au gouvernement, quelle activité professionnelle choisisseriez-vous ? Quelles sont les personnes qui vous ont le plus influencé dans votre vie et dans votre travail ? De quelle manière ?quelle expérience dans la vie vous a laissé un souvenir impérissable ?
Avec les amis on peut parler franchement. Oui j'aime le rock n'roll mais je me ressource aussi en écoutant des musiques plus métissées. J'aimerais, un jour, être " globe trotter " et aller au devant des joies et des misères du monde. La naissance de ma fille est inoubliable. Ma rencontre avec Jacques Chirac a transformé ma vie publique.
(Source http://www.ambafrance-cn.org, le 2 mai 2005)
R - Je crois que notre relation a enregistré des développements significatifs dans les domaines, que cela soit dans le domaine économique - l'augmentation de nos échanges commerciaux est là pour le montrer, ou culturel, avec les Années croisées qui ont favorisé les échanges de personnes et l'établissement de nombreuses coopération dans les domaines scientifiques, technologiques et universitaires. Notre dialogue stratégique a lui aussi enregistré des progrès substantiels, s'agissant en particulier du dialogue que nous entretenons en permanence sur toutes les grandes questions internationales qui concernent les deux membres du Conseil de sécurité que nous sommes.
Les échanges entre nos deux pays sont en pleine expansion, et je crois qu'il existe une réelle volonté de part et d'autre de maintenir le rythme et de faire franchir à la relation bilatérale de nouveaux paliers.
2) Après l'immense succès qu'a connu l'Année de la Chine en France, l'Année de la France en Chine va connaître un nouvel essor. Quelle utilité ont eu selon vous les évènements des Années croisées dans la promotion de la compréhension mutuelle entre les deux peuples ?
R - Les Années croisées sont une initiative qui est à la fois politique et culturelle. C'est une manière pour nos deux pays d'affirmer leur attachement à la diversité culturelle, de reconnaître l'importance et la richesse du patrimoine de l'autre. C'est aussi l'affirmation d'une idée, celle d'un monde pluriculturel dans lequel chacun peut s'exprimer. Les Années croisées ont créées à elles seules une dynamique sur laquelle nous allons continuer de bâtir pour rendre la relation bilatérale encore plus forte.
3) La France s'en tient aux principes, dans le traitement des affaires internationales, de la " responsabilité collective " et de l'action multilatérale. Que voulez vous dire concrètement lorsque vous avancez le principe de la " responsabilité collective " ? La France et la Chine ont la volonté commune de faire face aux défis du 21ème siècle, quelles sont d'après vous les possibilités pour les deux pays de relever ensemble ces défis ? au cours des récentes années, la Chine a exercé un rôle de plus en plus actif dans les affaires internationales et régionales, les observateurs considèrent qu'on assiste à " la montée en puissance pacifique " de la Chine, d'autres parlent avec inquiétude de " menace chinoise ", qu'en pensez-vous ?
R - La Chine et la France partagent en effet la même vision des affaires internationales, celle d'une même approche dans leur conduite: importance du règlement pacifique des différends et de l'action multilatérale, respect de la diversité des cultures et des modes de développement. La Chine et la France, qui sont tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, coopèrent ainsi aux Nations Unies pour promouvoir la paix et le développement sur la scène internationale. Sur beaucoup de sujets internationaux, nous partageons les mêmes vues, par exemple sur l'Irak ou la Corée du nord. Nous agissons de manière coordonnée, par exemple sur l'Iran. Nos deux pays se déterminent également dans leurs choix internationaux de manière indépendante; je crois que la France et la Chine sont très attachées à ce principe.
Naturellement, nous avons aussi des nuances dans nos analyses, parfois des différences. Cela n'exclut pas le dialogue entre nous, bien au contraire. Comme dans toutes les relations marquées par la confiance mutuelle, ce qui est le cas de la relation franco-chinoise, nous pouvons évoquer ensemble nos différences sans que cela porte atteinte ni à notre coopération d'ensemble ni à notre amitié.
4) Que pensez-vous de l'idée selon laquelle la France serait sur le déclin ? Est-ce que la France ne devrait pas accomplir davantage d'efforts afin d'accroître son influence sur la scène internationale ?
R - Je m'inscris en faux contre le discours sur le supposé déclin de la France. Peut-on croire qu'un pays dont on connaît le rôle dans la construction de l'A380, d'Ariane, qui fait le TGV, qui développe de nouvelles générations performantes de centrales nucléaires, à la pointe de la science médicale soit sur le déclin ? Peut-on on croire qu'un pays dont les citoyens jouissent d'un des niveaux de vie les plus élevés au monde soit sur le déclin ?
Alors je n'écoute pas les prophètes de malheur qui prédisent le déclassement de notre pays, mais je m'emploie à ce qu'il utilise au mieux son énergie, son talent, sa créativité, pour conserver sa place au premier rang. Et cela requiert évidemment des efforts, dans le domaine de la recherche, dans le domaine militaire, dans tous les domaines qui font la puissance de demain.
Cet effort est mené par la France, il doit aussi être mené au niveau européen. C'est tout le sens du projet porté par la Constitution pour l'Europe, sur laquelle les Français vont se prononcer fin mai
5) Au mois de mai de cette année, les électeurs français devront se prononcer sur le Traité de la constitution de l'U.E. Depuis la mi-mars, les sondages montrent une augmentation graduelle du non au référendum. Quel sera d'après vous le résultat du référendum en France ? Quelles seront les conséquences du " non " ou du " oui " sur la France et sur l'U.E. ?
R - Je suis avec attention les sondages mais vous savez qu'ils entendent donner une photographie d'opinion à un moment donné. Le scrutin est dans six semaines et on ne peut prédire son résultat sur la base de ces sondages. Mais je crois que les Français sauront, le jour venu, apprécier le véritable enjeu de ce vote, qui concerne l'avenir de la France en Europe et l'avenir de l'Europe elle-même. C'est un choix entre une option d'avenir, qui permet à la France de rassembler ses forces avec celles de ses partenaires en Europe pour peser davantage dans le monde, pour porter les valeurs européennes, et une option de repli frileux, le choix d'une France en petit. Alors ce que je peux vous dire, c'est qu'un vote pour la constitution sera un immense progrès, pour la France, pour l'Europe, et aussi pour le monde à qui l'Europe a des choses à dire.
6) Les médias français soulignent sans cesse que la France se situe à la 11ème position parmi les partenaires commerciaux de la Chine, le nombre des entreprises françaises qui sont implantées en Chine est faible. Qu'en pensez-vous ? Les entreprises françaises en Chine sont-elles vraiment en retard par rapport à leurs partenaires européennes sur le marché chinois ? Si c'est le cas, que faudrait-il faire pour remédier à cet état de fait ? quel est le potentiel des entreprises françaises ? avez-vous fixé de nouveaux objectifs pour la coopération économique et commerciale franco-chinoise ?
R - Il est vrai que les relations commerciales entre la France et la Chine ne sont pas au niveau de leur potentiel, pour autant il est faux de dire que notre présence est faible. Nous sommes le deuxième fournisseur européen de la Chine, il y a plus de 600 entreprises françaises installées en Chine, ces investissements couvrant des domaines extrêmement variés, comme le secteur industriel, la grande distribution, l'industrie légère et lourde, le secteur financier, pour ne citer que les principaux. Aujourd'hui les grands groupes ont tous placé la Chine dans la liste des pays prioritaires, et certains depuis de nombreuses années, en revanche il faut développer la présence des petites et moyennes entreprises, c'est un objectif affirmé tant par le Président de la République, qui a fixé un doublement en trois ans des PME exportatrices en Chine continentale, que de mon gouvernement, le Ministre délégué au commerce extérieur François Loos, qui viendra 5 fois en Chine cette année, met ainsi en uvre un plan d'actions qui conduira à amener 1000 nouvelles PME en Chine cette année.
7) A l'occasion de cette visite, vous allez rencontrer les dirigeants chinois. Pouvez-vous dévoiler certaines questions importantes que vous allez aborder avec eux ? Sur la question de la levée de l'embargo, la France a à plusieurs reprises clarifié sa position. Quelles sont d'après vous les divergences fondamentales entre la France et les Etats-Unis sur cette question ? comment devrait évoluer ce dossier d'après vous ?
R - Je vais aborder avec vos dirigeants toutes les questions, importantes par nature, qui concernent notre partenariat stratégique global, et en particulier celles qui touchent à nos relations économiques et commerciales que nous souhaitons ensemble porter au même niveau d'excellence que celui de nos relations politiques.
La France s'est engagée en faveur de la levée de l'embargo au plus haut niveau, sans équivoque et depuis longtemps. Sa position n'a pas varié. Elle juge cette mesure anachronique, injustement discriminatoire et en complète contradiction avec l'état actuel du partenariat stratégique euro-chinois. La France, et désormais aussi l'Europe, ont la conviction que de la transition en cours sortira une Chine encore plus forte et responsable, une grande nation écoutée et en paix avec ses voisins, un nouveau pôle de stabilité sur la scène internationale.
Il s'agit d'une décision à prendre entre Européens. Les discussions se poursuivent. Les Européens n'ont qu'une seule ''feuille de route'', celle fixée par Conseil européen des 16-17 décembre 2004 en vue d'une décision d'ici la fin du premier semestre 2005.
Quant à la position américaine, il ne me revient pas de la commenter. Tout ce que je peux dire c'est que l'Europe s'emploie, par un effort d'explication approprié, à rassurer les Etats-Unis sur les motivations de la décision de la levée de l'embargo et sur ses conséquences.
8) Discuterez-vous ou signerez-vous des accords de coopération dans le domaine commercial à l'occasion de cette visite ? pouvez-vous dévoiler un ou deux accords qui pourraient voir le jour ? Quels sont d'après vous les domaines économiques où la France est en position de force, de quelle manière les milieux économiques franco-chinois devraient-ils renforcer leur coopération pour aboutir à des bénéfices mutuels ?
R - J'espère effectivement que la volonté partagée de développer les relations économiques permettra d'aboutir à des résultats concrets lors de ma visite. Il est encore trop tôt pour les préciser mais vous ne serez pas étonné si je vous indique que les grands dossiers nucléaires, aéronautiques et ferroviaires feront clairement partie de nos priorités. La France est un pôle d'excellence technologique reconnue, que ce soit dans les nouvelles technologies, l'environnement, les transports et l'énergie qui sont certainement des domaines où les entreprises françaises sont tout particulièrement compétitives. Par ailleurs, les autorités chinoises reconnaissent et apprécient la capacité des entreprises françaises à s'engager dans un partenariat de long terme, équilibré, conduisant à des transferts de technologie réussis. Mais les méconnaissances mutuelles restent encore importantes, j'encourage donc les entreprises françaises à venir et à revenir en Chine, et aux entreprises chinoises à découvrir ou redécouvrir la France. Je souligne à cet égard que je lancerai à Shanghai une campagne de communication visant à présenter aux chefs d'entreprises chinois l'intérêt de venir investir en France.
9) Accepteriez-vous de parler de vous-même au peuple chinois ? Par exemple, lorsque vous êtes sous tension dans le travail, aimez-vous écouter du rock and roll pour vous détendre ? Si vous n'étiez pas au gouvernement, quelle activité professionnelle choisisseriez-vous ? Quelles sont les personnes qui vous ont le plus influencé dans votre vie et dans votre travail ? De quelle manière ?quelle expérience dans la vie vous a laissé un souvenir impérissable ?
Avec les amis on peut parler franchement. Oui j'aime le rock n'roll mais je me ressource aussi en écoutant des musiques plus métissées. J'aimerais, un jour, être " globe trotter " et aller au devant des joies et des misères du monde. La naissance de ma fille est inoubliable. Ma rencontre avec Jacques Chirac a transformé ma vie publique.
(Source http://www.ambafrance-cn.org, le 2 mai 2005)