Déclaration de Mme Nicole Guedj, secrétaire d'Etat aux droits des victimes, sur le "devoir d'aide, de soutien et d'indemnisation des victimes" et sur le "devoir de mémoire" à leur égard, en commémoration des attentats terroristes du 12 mars 2004 à Madrid, à Madrid le 10 mars 2004.

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Circonstance : Commémoration des attentats terroristes de Madrid du 12 mars 2004

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Le monde entier s'est donné rendez-vous à Madrid cette semaine pour dire son indignation et sa volonté d'agir résolument contre le terrorisme.
Qu'il me soit permis, au nom du gouvernement français, de dire combien nos concitoyens sont solidaires de la souffrance du peuple espagnol, mais également de toutes les victimes touchées par le terrorisme à travers le monde.
La France s'est associée dès les premières heures, avec l'ensemble des peuples de l'Union européenne, au deuil de la Nation espagnole. Notre Premier Ministre, Jean-Pierre RAFFARIN, était lui même présent le 12 mars 2004 à Madrid, pour participer, au nom du Gouvernement français, à la marche de solidarité pour les victimes du terrorisme. Le même jour, à la demande du Président de la République Jacques CHIRAC, les drapeaux ont été mis en berne sur tous les édifices publics.
Nos pays sont en effet frères dans la prospérité comme dans le malheur. La France a elle même été la cible d'actes ignobles et lâches au cours des années 80 et 90. Nous connaissons, pour l'avoir ressenti dans notre chair, le prix du sang, de la souffrance et de l'horreur. Une de nos compatriotes était d'ailleurs au nombre des victimes des attentats madrilènes.
Nos pays sont aussi frères dans la lutte et je me félicite de ce que nos démocraties accroissent au quotidien leurs capacités de combat commun contre cette stratégie des lâches que constitue le terrorisme. La constitution européenne qui, je l'espère, sera adoptée prochainement, contient d'ailleurs une clause de solidarité entre Etats européens en cas d'actes terroristes.
S'il est essentiel que nos gouvernements agissent, et qu'ils fassent front uni pour protéger au mieux nos concitoyens contre ces nouvelles menaces, il faut également qu'ils prennent conscience de l'importance particulière qu'il convient de donner aux victimes.
A cet égard je souhaite insister sur deux points :
Le premier, c'est le devoir d'aide, de soutien et d'indemnisation des victimes.
Il faut en effet prévoir dans nos législations une assistance médicale, psychologique, sociale et matérielle adaptée aux victimes d'actes de terrorisme.
Le secrétariat d'Etat aux droits des victimes, créé en France en avril 2004, a précisément pour objectif d'améliorer et de rationaliser les dispositifs existants en la matière. Il est aussi une force de proposition et d'écoute au service de toutes les victimes, notamment celles du terrorisme.
J'ajoute qu'il faut prévoir une indemnisation par l'Etat de ces personnes et de leurs familles. La France a mis en place un système de Fonds de garantie, à la demande notamment de l'association de victimes SOS Attentats qui fonctionne depuis plus de dix ans.
Le second impératif, c'est le devoir de mémoire.
Demain se tiendront dans Madrid deux cérémonies en hommage aux victimes et à leur mémoire. Il est de notre responsabilité de gouvernants, demain comme aujourd'hui, de continuer à entendre le murmure des victimes qui demandent justice.
Le terrorisme n'a rien de romantique, il n'a rien de délicieusement révolutionnaireLe terrorisme tue, aveugle, il rend sourd, il mutile. Il vise indifféremment journalistes, élus ou simples citoyens, réunis dans la même horreur. Il plonge nos frères, nos enfants, nos amis dans la douleur et l'effroi, dans la tristesse et l'incompréhension.
Nous avons le devoir de ne jamais l'oublier.
Je vous remercie.