Texte intégral
Madame le Ministre,
Monsieur le Président Directeur Général,
Monsieur le Directeur,
Mesdames et messieurs,
La France tient entre ses mains tous les atouts pour être l'une des nations les plus entreprenantes et les plus créatives des pays développés.
Elle a un système éducatif, qui, sous réserve d'être adapté de façon permanente, est de grande qualité. L'École nationale supérieure de l'électronique et de ses applications, où vous nous accueillez Monsieur le directeur, en est un exemple. Elle regorge d'entreprises performantes qui sont souvent reconnues sur le plan international. Elle compte des femmes et des hommes dont la motivation professionnelle et le sens civique ne demandent qu'à être sollicités.
Malgré tous ces atouts, notre pays doute trop souvent de lui même.
Au coeur de cette hésitation nationale, il y a un manque de confiance et d'audace qui traverse notre peuple et qui déteint sur notre jeunesse. Le grippage de " l'ascenseur social " en est l'une des causes principales. Les études démontrent que la promotion sociale - c'est-à-dire cette possibilité de déjouer la fatalité des trajectoires individuelles ou collectives - est moins affirmée aujourd'hui que dans les années 60.
Une société dynamique et fraternelle ne peut pas s'épanouir sans rêves accessibles. La République suppose que le chemin de la réussite et de l'épanouissement soit ouvert à tous ceux qu'un idéal anime, et ceci où que l'on soit né et quelles que soient ses origines.
Au regard de ces doutes, de ces blocages, doit-on pour autant verser dans la morosité et l'impuissance ?
Naturellement pas !
J'ai la conviction qu'il suffit de peu pour rétablir une dynamique de progrès et d'espérance au sein du " modèle français ". Il suffit de sortir des habitudes, de penser différemment, de fédérer les volontés. Rien n'arrête notre pays lorsqu'il se met en marche ! Cette dynamique, il va de soi qu'elle doit être prioritairement engagée là ou l'avenir se dessine : c'est-à-dire au sein de notre jeunesse, et plus précisément auprès de celles et ceux qui se croient oubliés d'un système dont les clés lui échappent.
Mesdames et Messieurs,
Le programme " Passeport ingénieur télécoms " est né il y a un an. Benjamin Blavier et Dominique Goutard en furent, parmi d'autres, les chevilles ouvrières. Mais ce projet, Monsieur le Président directeur général, fut définitivement scellé lors de notre entretien à l'automne dernier. Frank Esser et moi-même, n'avons pas mis longtemps pour joindre nos convictions.
La conviction tout d'abord que la formation, l'emploi des jeunes, la cohésion sociale sont une affaire collective ! Il n'y a pas d'un côté la sphère de l'Etat et de l'autre celle de l'entreprise. Le temps des clivages et des suspicions réciproques doit être révolu. Le niveau particulièrement élevé du chômage des jeunes en France - qui est supérieur à celui de nos principaux voisins - doit interpeller notre système éducatif, comme il doit interpeller le monde économique. Entre ces deux univers, les passerelles et les initiatives convergentes doivent être multipliées.
La conviction aussi que le combat pour l'égalité des chances doit être mené de façon concrète, là où les barrières paraissent les plus infranchissables, et auprès de celles et ceux qui ne savent pas quel projet adosser au mot " avenir ". Dans ces zones urbaines sensibles, où, parmi d'autres handicaps, les origines peuvent encore constituer une inadmissible fin de non-recevoir, il faut tracer de l'espoir.
Avec Nelly Olin, je veux dire qu'il existe chez beaucoup de ces jeunes une formidable énergie qui ne demande qu'à être épaulée et orientée vers le travail et la réussite. Nombre d'entre eux ont fait des études avec acharnement et parfois avec succès, mais au-delà de la scolarité obligatoire et une fois le premier diplôme en poche, ils hésitent, s'interrogent, s'arrêtent le plus souvent. Aller plus loin, aller plus haut, leur paraît presque impossible. Pour des raisons culturelles ou financières, ils n'osent gravir la marche supérieure, la marche décisive qui les conduira vers une formation d'excellence et une carrière prometteuse.
C'est précisément à cet instant même qu'il faut tendre la main ! Ceux qui la saisissent sont alors entraînés dans une projection constructive. Ils s'accrochent, étudient, réussissent un concours, travaillent et, au final, constituent des modèles de réussite. En brisant les préjugés et les doutes ils deviennent alors, aux yeux de tous, les interprètes de la République ouverte et moderne que nous appelons de nos voeux.
Ce programme " Passeport ingénieur télécoms ", a un sous-titre qui sonne comme un concept : " la connexion positive ". La connexion positive, c'est savoir provoquer la chance là où elle ne s'offre pas naturellement. L'égalité, c'est souvent une question de rencontre. Un jeune, une entreprise, une Ecole croisant leurs intérêts respectifs : voilà la connexion positive !
Il existe enfin, mesdames et messieurs, une conviction que Frank Esser et moi-même partageons : une entreprise a certes des intérêts économiques et financiers exigeants, mais elle peut aussi avoir un dessein citoyen et social s'intégrant dans une stratégie de développement global.
En misant sur ces jeunes qu'on qualifie improprement des " cités ", en pariant sur leur volonté, en gageant sur son image d'entreprise performante et sur l'attrait des technologies de la communication, en comptant sur le dévouement et le professionnalisme de ses équipes, SFR-Cégétel entend déclencher une dynamique collective où chacun sera gagnant.
Cette dynamique supposait un partenariat politique et technique avec les ministères compétents et les acteurs de terrain : celui-ci est bel et bien noué.
24 lycées situés dans des zones sensibles sont partie prenante de ce programme qui consiste à conduire une centaine de leurs élèves vers 11 écoles d'ingénieurs télécoms, reconnues pour leur excellence. Chacun sait que l'accès à ces écoles (sur concours ou sur dossier) est exigeant. Il s'agit donc, pour les lycéens qui seront retenus, pour les établissements qui seront concernés, et pour les équipes de SFR qui seront mobilisées (à travers ses tuteurs, ses bourses, ses stages en entreprise), de construire ensemble un parcours de réussite permettant aux jeunes de surmonter les obstacles qui dissuaderaient, en temps normal, ce challenge personnel.
Toute l'originalité de ce programme est bien dans ce parcours individualisé, ce parcours organisé et fidélisé sur près de quatre années, ce parcours autour duquel chaque acteur va se mobiliser : l'entreprise naturellement, l'Éducation Nationale également, mais aussi le jeune, qui, choisi pour son mérite et sa détermination, s'engagera dans un processus fondé sur le travail et la confiance réciproque.
L'objectif est d'amener cent jeunes par an à se dépasser ! Cent jeunes dont l'avenir professionnel va se construire par le haut ! Cent jeunes dont une partie de leur vie s'écrira différemment grâce à ce programme de soutien !
Voilà l'élan qui va s'enclencher et qui a vocation à être rejoint par d'autres entreprises du secteur des télécommunications.
C'est ainsi, mesdames et messieurs, que la France qui croit en ses atouts, qui croit en sa capacité à détecter les talents et à fédérer les énergies, sera la France de tous.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 27 avril 2005)