Texte intégral
Monsieur le Président du MNHN,
Monsieur le président de l'Action artistique de la ville de Paris,
Mesdames et messieurs les élus de la ville de Paris,
Monsieur le Président Directeur Général de Jardiland,
Madame et Monsieur les commissaires de l'exposition,
Mesdames et Messieurs,
L'humanité est née dans un jardin, celui de l'Eden.
C'est peut-être en souvenir de ce berceau commun que chacun d'entre nous dessine et cultive son jardin à sa manière, à l'image de sa perception du monde.
Aujourd'hui, dans un monde qui s'est incroyablement complexifié, le jardin est devenu multiforme. Il exprime notre désir de réconciliation avec la nature et, plus largement, avec notre environnement.
Qu'il soit d'apparat ou d'agrément, alimentaire ou d'apprentissage, savant ou populaire, le jardin est le lieu où s'expriment notre savoir et notre savoir-faire, et où se forge notre connaissance.
C'est d'ailleurs pour l'instruction des étudiants en médecine et pour l'éducation du public que ce splendide Jardin des plantes fut créé en 1626. Cette volonté de faire du jardin un lieu d'éducation et de vulgarisation s'est poursuivie tout au long de l'histoire. Le Jardin du roi est ainsi devenu en 1793 le "muséum national d'histoire naturelle" dont la mission s'étend à l'ensemble des sciences du vivant.
En accueillant aujourd'hui - dans les lieux mêmes de l'ancien Jardin royal des Plantes médicinales - cette magnifique exposition sur les jardins de Paris au temps des rois, vous contribuez, messieurs et madame les responsables du Muséum national d'Histoire naturelle et de l'Action artistique de la ville de Paris, à cette sensibilisation qui me tient tant à cur.
La belle promenade à laquelle vous m'avez conviée dans la galerie de minéralogie et de géologie est fleurie d'histoire et de symbole. Elle retrace l'évolution, depuis le Moyen-Age jusqu'au XIXème siècle, de la botanique, cette science des plantes qui a tant contribué au " progrès " du siècle des lumières.
Ce parcours constitue également un hommage aux chercheurs du Muséum qui ont su élaborer, autour de ces collections, des savoirs et savoir-faire qui perdurent aujourd'hui et qui ont permis de :
§ nommer et classifier des plantes,
§ en cultiver certaines pour nourrir une population grandissante,
§ soigner par la mise au point d'onguents,
§ charmer par la plantation de jardins d'agrément.
Les herbiers, les enluminures, les ouvrages d'art, les sculptures et autres objets ethnologiques qui sont superbement exposés ici nous font vivre l'histoire de ces jardins scientifiques.
Mais ces uvres sont aussi les témoins d'espèces dont nous déplorons aujourd'hui la disparition. Elles en préservent la mémoire pour que notre génération et les générations futures en connaissent la diversité, l'utilité, la beauté et, surtout, pour que de nouvelles disparitions soient évitées.
Il est en effet très important d'établir un trait d'union entre ce passé, riche d'enseignements, et l'avenir. Le regard d'historien qui est promu à travers cette exposition nous permet de bien mesurer à quel point le monde des plantes demeure l'un des enjeux biologiques, politiques et économiques majeurs du XXIème siècle.
Sur ce point, je voudrais citer un extrait de la future Charte de l'environnement : " les ressources et les équilibres naturels ont conditionné l'émergence de l'humanité ; l'avenir et l'existence même de l'humanité sont indissociables de son milieu naturel ".
Vous le savez, le " vivant ", qu'il soit animal ou végétal, est de plus en plus menacé. Tous les constats scientifiques sont aujourd'hui convergents et sans appel. Mais ce péril, qui est l'affaire de tous - et pas seulement de quelques spécialistes éclairés - n'est ni inéluctable, ni totalement irréversible. Il résulte de choix politiques, économiques et sociaux.
En ce sens, faire le choix du développement durable, c'est travailler résolument à la pérennité de l'ensemble de notre patrimoine naturel.
Sur ma proposition, le gouvernement a décidé de bâtir en 2004 d'une stratégie nationale pour la biodiversité, qui sera l'une des déclinaisons majeures de la stratégie nationale de développement durable adoptée juin 2003.
La finalité globale sera de stopper la perte de biodiversité d'ici 2010 tout en contribuant à valoriser les territoires. J'exposerai l'état de nos réflexions sur les enjeux et les orientations de cette stratégie jeudi prochain, dans le cadre des rendez-vous de Ségur, puis lors de la septième Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique où je me rendrai dans deux semaines, en Malaisie.
D'ici juin prochain, des plans d'action viendront compléter ce travail. Puis la France accueillera, début 2005, un colloque international d'experts sur la recherche et la biodiversité.
Voilà pour le proche avenir. Mais revenons à nos jardins.
Le ministère de l'écologie et du développement durable développe une politique en la matière :
§ d'une part à travers l'agrément de Conservatoires botaniques nationaux, descendants directs des Jardins des plantes d'antan,
§ et d'autre part, à travers la protection des parcs et jardins les plus remarquables et la promotion de jardins contemporains.
C'est ainsi que mes services font réaliser en régions des pré-inventaires de jardins et assurent le suivi du classement au titre des sites et monuments naturels de quelques 340 parcs et jardins. Ces outils de protection du patrimoine se conjuguent avec les protections au titre des monuments historiques, qui relèvent de mon collègue chargé de la culture.
A ce titre, je m'associe pleinement à la politique initiée par Jean-Jacques Aillagon pour la promotion des jardins remarquables, politique qui s'est traduite récemment par la création du conseil national des parcs et jardins et par le projet de label " jardins remarquables ".
Enfin, je suis très attachée à favoriser l'éclosion de jardins qui participent à la qualité du cadre de vie. C'est ainsi que Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au développement durable, a défendu récemment devant le Sénat une proposition de loi sur les jardins collectifs, qui permettra un meilleur développement des jardins familiaux, des jardins d'insertion et des jardins partagés, si utiles aux citadins.
Cette exposition, comme celle qui se tient à Bagatelle et qui est consacrée aux jardins d'agrément de Paris sous l'Ancien Régime, fait écho à l'engouement actuel des Français pour le jardin et le jardinage, que nous a rappelé le PDG de Jardiland. Un jardinage vécu comme une passion du végétal, comme un loisir, mais aussi comme un lieu de mémoire dédié à la connaissance, aux plantes, et aux savoirs.
Ce vif intérêt de nos concitoyens constitue un encouragement supplémentaire à l'élaboration puis à la mise en uvre de notre stratégie pour la biodiversité.
Merci, madame et monsieur les commissaires de l'exposition, de nous le rappeler si brillamment et de nous convier ainsi tous ensemble à relever ce beau défi pour l'Humanité et son jardin planétaire.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 11 février 2004)
Monsieur le président de l'Action artistique de la ville de Paris,
Mesdames et messieurs les élus de la ville de Paris,
Monsieur le Président Directeur Général de Jardiland,
Madame et Monsieur les commissaires de l'exposition,
Mesdames et Messieurs,
L'humanité est née dans un jardin, celui de l'Eden.
C'est peut-être en souvenir de ce berceau commun que chacun d'entre nous dessine et cultive son jardin à sa manière, à l'image de sa perception du monde.
Aujourd'hui, dans un monde qui s'est incroyablement complexifié, le jardin est devenu multiforme. Il exprime notre désir de réconciliation avec la nature et, plus largement, avec notre environnement.
Qu'il soit d'apparat ou d'agrément, alimentaire ou d'apprentissage, savant ou populaire, le jardin est le lieu où s'expriment notre savoir et notre savoir-faire, et où se forge notre connaissance.
C'est d'ailleurs pour l'instruction des étudiants en médecine et pour l'éducation du public que ce splendide Jardin des plantes fut créé en 1626. Cette volonté de faire du jardin un lieu d'éducation et de vulgarisation s'est poursuivie tout au long de l'histoire. Le Jardin du roi est ainsi devenu en 1793 le "muséum national d'histoire naturelle" dont la mission s'étend à l'ensemble des sciences du vivant.
En accueillant aujourd'hui - dans les lieux mêmes de l'ancien Jardin royal des Plantes médicinales - cette magnifique exposition sur les jardins de Paris au temps des rois, vous contribuez, messieurs et madame les responsables du Muséum national d'Histoire naturelle et de l'Action artistique de la ville de Paris, à cette sensibilisation qui me tient tant à cur.
La belle promenade à laquelle vous m'avez conviée dans la galerie de minéralogie et de géologie est fleurie d'histoire et de symbole. Elle retrace l'évolution, depuis le Moyen-Age jusqu'au XIXème siècle, de la botanique, cette science des plantes qui a tant contribué au " progrès " du siècle des lumières.
Ce parcours constitue également un hommage aux chercheurs du Muséum qui ont su élaborer, autour de ces collections, des savoirs et savoir-faire qui perdurent aujourd'hui et qui ont permis de :
§ nommer et classifier des plantes,
§ en cultiver certaines pour nourrir une population grandissante,
§ soigner par la mise au point d'onguents,
§ charmer par la plantation de jardins d'agrément.
Les herbiers, les enluminures, les ouvrages d'art, les sculptures et autres objets ethnologiques qui sont superbement exposés ici nous font vivre l'histoire de ces jardins scientifiques.
Mais ces uvres sont aussi les témoins d'espèces dont nous déplorons aujourd'hui la disparition. Elles en préservent la mémoire pour que notre génération et les générations futures en connaissent la diversité, l'utilité, la beauté et, surtout, pour que de nouvelles disparitions soient évitées.
Il est en effet très important d'établir un trait d'union entre ce passé, riche d'enseignements, et l'avenir. Le regard d'historien qui est promu à travers cette exposition nous permet de bien mesurer à quel point le monde des plantes demeure l'un des enjeux biologiques, politiques et économiques majeurs du XXIème siècle.
Sur ce point, je voudrais citer un extrait de la future Charte de l'environnement : " les ressources et les équilibres naturels ont conditionné l'émergence de l'humanité ; l'avenir et l'existence même de l'humanité sont indissociables de son milieu naturel ".
Vous le savez, le " vivant ", qu'il soit animal ou végétal, est de plus en plus menacé. Tous les constats scientifiques sont aujourd'hui convergents et sans appel. Mais ce péril, qui est l'affaire de tous - et pas seulement de quelques spécialistes éclairés - n'est ni inéluctable, ni totalement irréversible. Il résulte de choix politiques, économiques et sociaux.
En ce sens, faire le choix du développement durable, c'est travailler résolument à la pérennité de l'ensemble de notre patrimoine naturel.
Sur ma proposition, le gouvernement a décidé de bâtir en 2004 d'une stratégie nationale pour la biodiversité, qui sera l'une des déclinaisons majeures de la stratégie nationale de développement durable adoptée juin 2003.
La finalité globale sera de stopper la perte de biodiversité d'ici 2010 tout en contribuant à valoriser les territoires. J'exposerai l'état de nos réflexions sur les enjeux et les orientations de cette stratégie jeudi prochain, dans le cadre des rendez-vous de Ségur, puis lors de la septième Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique où je me rendrai dans deux semaines, en Malaisie.
D'ici juin prochain, des plans d'action viendront compléter ce travail. Puis la France accueillera, début 2005, un colloque international d'experts sur la recherche et la biodiversité.
Voilà pour le proche avenir. Mais revenons à nos jardins.
Le ministère de l'écologie et du développement durable développe une politique en la matière :
§ d'une part à travers l'agrément de Conservatoires botaniques nationaux, descendants directs des Jardins des plantes d'antan,
§ et d'autre part, à travers la protection des parcs et jardins les plus remarquables et la promotion de jardins contemporains.
C'est ainsi que mes services font réaliser en régions des pré-inventaires de jardins et assurent le suivi du classement au titre des sites et monuments naturels de quelques 340 parcs et jardins. Ces outils de protection du patrimoine se conjuguent avec les protections au titre des monuments historiques, qui relèvent de mon collègue chargé de la culture.
A ce titre, je m'associe pleinement à la politique initiée par Jean-Jacques Aillagon pour la promotion des jardins remarquables, politique qui s'est traduite récemment par la création du conseil national des parcs et jardins et par le projet de label " jardins remarquables ".
Enfin, je suis très attachée à favoriser l'éclosion de jardins qui participent à la qualité du cadre de vie. C'est ainsi que Tokia Saïfi, secrétaire d'Etat au développement durable, a défendu récemment devant le Sénat une proposition de loi sur les jardins collectifs, qui permettra un meilleur développement des jardins familiaux, des jardins d'insertion et des jardins partagés, si utiles aux citadins.
Cette exposition, comme celle qui se tient à Bagatelle et qui est consacrée aux jardins d'agrément de Paris sous l'Ancien Régime, fait écho à l'engouement actuel des Français pour le jardin et le jardinage, que nous a rappelé le PDG de Jardiland. Un jardinage vécu comme une passion du végétal, comme un loisir, mais aussi comme un lieu de mémoire dédié à la connaissance, aux plantes, et aux savoirs.
Ce vif intérêt de nos concitoyens constitue un encouragement supplémentaire à l'élaboration puis à la mise en uvre de notre stratégie pour la biodiversité.
Merci, madame et monsieur les commissaires de l'exposition, de nous le rappeler si brillamment et de nous convier ainsi tous ensemble à relever ce beau défi pour l'Humanité et son jardin planétaire.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 11 février 2004)