Texte intégral
Monsieur le président,
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
J'ai choisi d'évoquer avec vous certains aspects du thème que vous avez choisi pour votre rencontre de cette année : " la défense européenne ".
Comme vous le savez, la défense européenne est une priorité du Président de la République et du gouvernement.
Depuis mon arrivée à la tête du ministère de la Défense, j'en ai également fait une priorité dans mes rapports tant avec mes homologues des autres pays, des " 25 " d'ailleurs maintenant, mais également à l'extérieur.
Le point positif, c'est que cette volonté de construction européenne est aujourd'hui une volonté partagée par nos partenaires.
C'est également une avancée importante par rapport à ce qui existait il y a encore peu, c'est à dire il y a deux ou trois ans.
Nous avons la conviction que l'Europe de la Défense peut être faite et qui doit être faite. Cela me parait même particulièrement révélateur qu'au cours des derniers sommets européens, la coopération en matière de défense européenne ait fait beaucoup plus de progrès que tous les autres domaines européens. Je retiendrais comme exemple le dernier Sommet de Bruxelles, où le seul domaine qui ait vraiment avancé, c'est l'Europe de la Défense.
L'Europe de la Défense était une nécessité pour rendre l'Europe crédible sur la scène internationale, pour faire en sorte qu'elle ne soit pas simplement une puissance économique, mais qu'elle devienne aussi une puissance politique.
Je crois aussi que nous en faisons chaque jour un peu plus une réalité.
Aujourd'hui, on constate que l'Europe de la Défense avance simultanément dans sa dimension institutionnelle avec, par exemple, la création de l'Agence européenne de défense, et sur le plan opérationnel, avec l'accord sur la cellule de planification et de commandement, qui est un élément important sur le plan capacitaire.
Ceci dit, je ne vous dirai pas que tout va bien. Je pense que vous l'avez d'ailleurs amplement démontré au cours des précédents exposés. L'Europe de la Défense existe, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour lui donner l'ensemble de sa force.
Nous devons doubler et redoubler d'efforts pour permettre à l'Europe de la Défense de disposer des équipements et des capacités à la hauteur de ses ambitions politiques.
Et pour pouvoir avancer dans ce domaine, il nous faut également une industrie européenne performante et compétitive.
L'avancée de l'Europe de la Défense, son confortement et ses capacités d'actions imposent de disposer d'équipements stratégiques.
Nous avons déjà progressé sur ce plan.
Par le processus ECAP, nous avons réussi avec nos partenaires européens à faire un bilan des lacunes capacitaires qui existaient et qui sont, ne le cachons pas, nombreuses. Pour n'en citer que quelques-unes, le transport de troupes pour la projection, les drones ou le spatial.
L'étape suivante, que nous avons d'ailleurs commencée depuis la réunion de Rhétimon, consiste à passer de ce simple recueil, de cette dénonciation des lacunes, à des projets qui permettront de les combler.
Cela implique effectivement des efforts, et notamment financiers, ce que je rappelle à chacun de nos partenaires. Parce qu'il ne suffit pas de dire : " voilà ce qui manque " et " voilà comment faire pour le combler ", encore faut-il mettre les moyens financiers pour réussir. Ceci dit, il faut bien reconnaître qu'au cours de ces derniers mois en particulier, nous avons réussi à concrétiser quelques grands programmes communs qui peuvent être un moyen de combler un certain nombre de ces lacunes. Cela nous encourage à poursuivre dans cette voie.
Je rappelle que six pays, dont la France, se sont engagés pour le développement du missile METEOR qui dotera l'Europe de capacités " air air " accrues.
De la même façon, en ce qui concerne l'A400M, et après quelques années d'hésitation et d'errements, sept Etats ont décidé de développer en commun l'avion de transport militaire. Les armées disposeront ainsi d'une capacité de projection de premier plan.
L'entrée de l'Espagne dans le programme TIGRE est également un élément extrêmement important.
Le NH90 fait, lui aussi, l'objet de l'apport d'un certain nombre de pays. Ce sont effectivement des signes importants, sans oublier l'accord des Britanniques sur les ravitailleurs dont l'annonce vient de tomber et qui donne un programme nouveau à EADS.
Ce sont effectivement des preuves que nous avançons, mais cela suppose aussi - et j'espère qu'il y a des " budgétaires " dans cette salle - que dans tous les pays, les ministres de la Défense puissent disposer des moyens budgétaires permettant d'afficher non seulement ces programmes, mais de les réaliser et d'en bénéficier.
De ce point de vue, la France a montré l'exemple en faisant un effort conséquent en matière budgétaire, malgré une conjoncture économique difficile. C'est important de le souligner, et je crois que chacun le reconnaît, à la fois dans notre pays, en Europe et même au-delà.
J'ajouterais aussi que se déterminer ainsi sur des programmes ne serait pas possible si nous n'avions pas un tissu industriel performant et compétitif. Il est important là aussi que nous passions à cette phase suivante qui consiste à doter l'Europe de la Défense d'un tissu industriel performant et compétitif.
La qualité de nos industries est aujourd'hui indéniable. D'ailleurs, la compétition internationale nous permet de le souligner : nous gagnons parfois dans des conditions qui ne sont pas forcément à notre avantage, je pense en particulier au rapport entre l'euro et le dollar. Cela montre bien que c'est la qualité qui nous permet d'avancer.
Cette qualité est d'ailleurs le résultat de cinquante années d'efforts, notamment en France, et d'un investissement sur le personnel. Il ne faut jamais l'oublier : les industries de Défense sont des industries fortes parce que l'on y trouve des expertises, une compétence et une motivation des personnels.
Cet acquis, nous devons maintenant le développer et le maintenir. C'est ce que nous essayons de faire de multiples façons, notamment avec les contrats pluriannuels signés avec les écoles d'ingénieurs dont le ministère de la Défense a la tutelle. C'est effectivement une façon de prolonger ce haut niveau d'expertise dans nos écoles.
C'est aussi le domaine de la recherche, élément tout à fait indispensable si nous voulons rester dans le peloton de tête au niveau mondial.
Rester à la pointe des technologies, développer nos capacités d'innovation, renforcer notre socle industriel, cela exige effectivement de notre part un effort de recherche accru.
Cet effort de recherche a été inscrit dans la loi de programmation militaire française. Il se traduit, année après année, par des moyens importants et par une augmentation importante de ce budget - 1,2 milliard d'euros - sur le budget 2004. Cela représente quasiment 25 % de l'effort de recherche des industries du secteur et c'est donc quelque chose d'important.
Il faut bien voir aussi qu'à l'échelon européen, cela constitue une vraie limite, puisque le total des efforts de recherche de la France et du Royaume-Uni représente 80 % de l'ensemble de recherche de l'Europe. Cela veut donc dire que, pour l'ensemble des autres pays, il y a effectivement des lacunes importantes à combler s'agissant des programmes et des technologies du futur.
On peut noter un certain nombre de signes forts, comme par exemple le lancement du démonstrateur UCAV que j'avais annoncé au salon du Bourget, et qui nous permet de garder notre image de précurseur et de chef de file dans le domaine aéronautique. Je me réjouis d'ailleurs qu'un certain nombre de pays commence à rejoindre ce projet ambitieux, la Suède notamment et plus récemment encore la Grèce. D'autres pays viendront certainement conforter ce programme et cette démarche.
Nos entreprises doivent être performantes dans la concurrence mondiale actuelle. Elles doivent également être compétitives. Pour cela, elles doivent effectivement avoir une taille suffisante afin de faire face à la concurrence de pays étrangers et souvent de plus en plus lointains.
Un certain nombre d'efforts ont déjà été faits, il faut le reconnaître, pour réorganiser le paysage industriel. C'est ainsi que l'industrie spatiale et l'industrie électronique notamment ont su se regrouper, pour former des ensembles garantissant davantage de consolidation et une restructuration permettant de mieux résister à la concurrence étrangère.
Je dis très clairement qu'à mes yeux, il faut aller plus loin : ces opérations de rapprochement et de regroupement doivent dépasser le secteur aéronautique, aérospatial et électronique.
Il faut maintenant passer, et le plus rapidement possible, au domaine naval et au domaine terrestre si nous voulons être à même de résister à certaines concurrences. Je pense en particulier à la concurrence de l'Asie du Sud-Est qui se développe actuellement.
Se faire concurrence entre nous avec des ensembles qui n'ont pas une taille critique leur permettant de baisser leur coût et notamment d'obtenir des grands programmes, je dis que c'est du suicide !
C'est la raison pour laquelle je pense que, dans les mois et les années qui viennent, il faudra opérer ces rapprochements ; mes collègues d'un certain nombre d'autres pays en sont également tout à fait conscients.
Ce dont je me réjouis, c'est que j'ai vraiment le sentiment qu'aujourd'hui, les industriels en ont pris conscience. Nous devons les aider, notamment comme clients, en leur apportant les moyens de ce rapprochement, de ces restructurations.
De la même façon, les Etats doivent aller plus loin pour les encourager ; c'est là où nous rejoignons le domaine structurel et institutionnel de l'Europe de l'armement.
Même si un certain nombre d'essais a été réalisé, je crois qu'aujourd'hui, l'Europe de l'armement reste largement à construire.
C'est la raison pour laquelle il me semble à la fois symbolique mais également porteur d'espérance, de voir se créer la nouvelle "Agence européenne de Défense". Elle s'appelle finalement ainsi, après avoir pris des dénominations diverses. Elle avait commencé par "Agence de l'armement", puis "Agence de capacité, de recherche et ". Je trouve que ce titre court exprime bien la dimension politique de cette Agence.
Il s'agit donc d'une démarche politique ambitieuse. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ce sont les ministres de la défense qui en auront la responsabilité première, contrairement à ce qui avait été souhaité à un moment.
Cette Agence a effectivement pour but de mettre en commun un certain nombre d'efforts nous permettant de construire un marché européen de l'armement.
Il y aura donc quatre domaines :
- le domaine de l'acquisition des capacités - c'était d'ailleurs l'idée première,
- les programmes d'armement,
- la recherche et la coordination des efforts faits en matière de recherche et, je l'espère également, une incitation à ce qu'il y ait davantage d'efforts en matière de recherche,
- et d'une façon plus générale, le soutien à l'industrie de Défense, ce qui est dans la droite ligne de ce que je viens de dire.
Je crois qu'ainsi, les actions dans ces domaines qui étaient jusqu'à aujourd'hui dispersées, pourront trouver dans cette Agence, une coordination qui soit réellement politique parce qu'il y aura une volonté politique derrière.
L'Agence va se mettre en place rapidement.
La nomination du futur directeur de l'Agence se fera dans les toutes prochaines semaines, ce qui nous permettra d'avoir à la fois les actions en précurseur en quelque sorte et pour le lancement de l'Agence avant l'été 2004.
Il s'agit donc bien d'une volonté politique avec une traduction qui sera immédiate. Je ne vais pas vous dire que cela réglera tout mais il s'agira d'un mouvement important, lancé au milieu d'un mouvement encore plus important et à ce titre, il est extrêmement significatif.
Je crois sincèrement que l'industrie européenne de l'armement est un pilier de l'Europe de la défense.
C'en est à la fois une vitrine, et c'est très important aussi pour les opinions publiques de voir cette volonté d'agir ensemble. C'est aussi une condition de son succès.
Renforcer nos capacités de défense permettra à l'Union européenne d'assurer au mieux l'ensemble de ses responsabilités sur la scène internationale.
Cela a d'ailleurs été la trame de vos réflexions au cours de cette journée.
Ces problématiques, il est de notre devoir à tous, de votre devoir à vous aussi, de les relayer auprès des Français.
Notre démarche est une démarche politique, nous ne pouvons donc pas nous contenter de nous auto-congratuler de ce que nous faisons, même si nous le faisons bien. Il faut aussi qu'il y ait une démarche plus générale qui consiste à convaincre les Français de ce que les choses se font, et de ce qu'elles doivent se faire.
Nos concitoyens doivent être conscients que la Défense européenne est une chance à saisir.
Une chance pour notre développement politique économique et social en Europe.
Une chance à saisir pour notre économie et nos industries de défense.
Une chance à saisir pour la France et l'Europe.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 18 février 2004)
Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
J'ai choisi d'évoquer avec vous certains aspects du thème que vous avez choisi pour votre rencontre de cette année : " la défense européenne ".
Comme vous le savez, la défense européenne est une priorité du Président de la République et du gouvernement.
Depuis mon arrivée à la tête du ministère de la Défense, j'en ai également fait une priorité dans mes rapports tant avec mes homologues des autres pays, des " 25 " d'ailleurs maintenant, mais également à l'extérieur.
Le point positif, c'est que cette volonté de construction européenne est aujourd'hui une volonté partagée par nos partenaires.
C'est également une avancée importante par rapport à ce qui existait il y a encore peu, c'est à dire il y a deux ou trois ans.
Nous avons la conviction que l'Europe de la Défense peut être faite et qui doit être faite. Cela me parait même particulièrement révélateur qu'au cours des derniers sommets européens, la coopération en matière de défense européenne ait fait beaucoup plus de progrès que tous les autres domaines européens. Je retiendrais comme exemple le dernier Sommet de Bruxelles, où le seul domaine qui ait vraiment avancé, c'est l'Europe de la Défense.
L'Europe de la Défense était une nécessité pour rendre l'Europe crédible sur la scène internationale, pour faire en sorte qu'elle ne soit pas simplement une puissance économique, mais qu'elle devienne aussi une puissance politique.
Je crois aussi que nous en faisons chaque jour un peu plus une réalité.
Aujourd'hui, on constate que l'Europe de la Défense avance simultanément dans sa dimension institutionnelle avec, par exemple, la création de l'Agence européenne de défense, et sur le plan opérationnel, avec l'accord sur la cellule de planification et de commandement, qui est un élément important sur le plan capacitaire.
Ceci dit, je ne vous dirai pas que tout va bien. Je pense que vous l'avez d'ailleurs amplement démontré au cours des précédents exposés. L'Europe de la Défense existe, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour lui donner l'ensemble de sa force.
Nous devons doubler et redoubler d'efforts pour permettre à l'Europe de la Défense de disposer des équipements et des capacités à la hauteur de ses ambitions politiques.
Et pour pouvoir avancer dans ce domaine, il nous faut également une industrie européenne performante et compétitive.
L'avancée de l'Europe de la Défense, son confortement et ses capacités d'actions imposent de disposer d'équipements stratégiques.
Nous avons déjà progressé sur ce plan.
Par le processus ECAP, nous avons réussi avec nos partenaires européens à faire un bilan des lacunes capacitaires qui existaient et qui sont, ne le cachons pas, nombreuses. Pour n'en citer que quelques-unes, le transport de troupes pour la projection, les drones ou le spatial.
L'étape suivante, que nous avons d'ailleurs commencée depuis la réunion de Rhétimon, consiste à passer de ce simple recueil, de cette dénonciation des lacunes, à des projets qui permettront de les combler.
Cela implique effectivement des efforts, et notamment financiers, ce que je rappelle à chacun de nos partenaires. Parce qu'il ne suffit pas de dire : " voilà ce qui manque " et " voilà comment faire pour le combler ", encore faut-il mettre les moyens financiers pour réussir. Ceci dit, il faut bien reconnaître qu'au cours de ces derniers mois en particulier, nous avons réussi à concrétiser quelques grands programmes communs qui peuvent être un moyen de combler un certain nombre de ces lacunes. Cela nous encourage à poursuivre dans cette voie.
Je rappelle que six pays, dont la France, se sont engagés pour le développement du missile METEOR qui dotera l'Europe de capacités " air air " accrues.
De la même façon, en ce qui concerne l'A400M, et après quelques années d'hésitation et d'errements, sept Etats ont décidé de développer en commun l'avion de transport militaire. Les armées disposeront ainsi d'une capacité de projection de premier plan.
L'entrée de l'Espagne dans le programme TIGRE est également un élément extrêmement important.
Le NH90 fait, lui aussi, l'objet de l'apport d'un certain nombre de pays. Ce sont effectivement des signes importants, sans oublier l'accord des Britanniques sur les ravitailleurs dont l'annonce vient de tomber et qui donne un programme nouveau à EADS.
Ce sont effectivement des preuves que nous avançons, mais cela suppose aussi - et j'espère qu'il y a des " budgétaires " dans cette salle - que dans tous les pays, les ministres de la Défense puissent disposer des moyens budgétaires permettant d'afficher non seulement ces programmes, mais de les réaliser et d'en bénéficier.
De ce point de vue, la France a montré l'exemple en faisant un effort conséquent en matière budgétaire, malgré une conjoncture économique difficile. C'est important de le souligner, et je crois que chacun le reconnaît, à la fois dans notre pays, en Europe et même au-delà.
J'ajouterais aussi que se déterminer ainsi sur des programmes ne serait pas possible si nous n'avions pas un tissu industriel performant et compétitif. Il est important là aussi que nous passions à cette phase suivante qui consiste à doter l'Europe de la Défense d'un tissu industriel performant et compétitif.
La qualité de nos industries est aujourd'hui indéniable. D'ailleurs, la compétition internationale nous permet de le souligner : nous gagnons parfois dans des conditions qui ne sont pas forcément à notre avantage, je pense en particulier au rapport entre l'euro et le dollar. Cela montre bien que c'est la qualité qui nous permet d'avancer.
Cette qualité est d'ailleurs le résultat de cinquante années d'efforts, notamment en France, et d'un investissement sur le personnel. Il ne faut jamais l'oublier : les industries de Défense sont des industries fortes parce que l'on y trouve des expertises, une compétence et une motivation des personnels.
Cet acquis, nous devons maintenant le développer et le maintenir. C'est ce que nous essayons de faire de multiples façons, notamment avec les contrats pluriannuels signés avec les écoles d'ingénieurs dont le ministère de la Défense a la tutelle. C'est effectivement une façon de prolonger ce haut niveau d'expertise dans nos écoles.
C'est aussi le domaine de la recherche, élément tout à fait indispensable si nous voulons rester dans le peloton de tête au niveau mondial.
Rester à la pointe des technologies, développer nos capacités d'innovation, renforcer notre socle industriel, cela exige effectivement de notre part un effort de recherche accru.
Cet effort de recherche a été inscrit dans la loi de programmation militaire française. Il se traduit, année après année, par des moyens importants et par une augmentation importante de ce budget - 1,2 milliard d'euros - sur le budget 2004. Cela représente quasiment 25 % de l'effort de recherche des industries du secteur et c'est donc quelque chose d'important.
Il faut bien voir aussi qu'à l'échelon européen, cela constitue une vraie limite, puisque le total des efforts de recherche de la France et du Royaume-Uni représente 80 % de l'ensemble de recherche de l'Europe. Cela veut donc dire que, pour l'ensemble des autres pays, il y a effectivement des lacunes importantes à combler s'agissant des programmes et des technologies du futur.
On peut noter un certain nombre de signes forts, comme par exemple le lancement du démonstrateur UCAV que j'avais annoncé au salon du Bourget, et qui nous permet de garder notre image de précurseur et de chef de file dans le domaine aéronautique. Je me réjouis d'ailleurs qu'un certain nombre de pays commence à rejoindre ce projet ambitieux, la Suède notamment et plus récemment encore la Grèce. D'autres pays viendront certainement conforter ce programme et cette démarche.
Nos entreprises doivent être performantes dans la concurrence mondiale actuelle. Elles doivent également être compétitives. Pour cela, elles doivent effectivement avoir une taille suffisante afin de faire face à la concurrence de pays étrangers et souvent de plus en plus lointains.
Un certain nombre d'efforts ont déjà été faits, il faut le reconnaître, pour réorganiser le paysage industriel. C'est ainsi que l'industrie spatiale et l'industrie électronique notamment ont su se regrouper, pour former des ensembles garantissant davantage de consolidation et une restructuration permettant de mieux résister à la concurrence étrangère.
Je dis très clairement qu'à mes yeux, il faut aller plus loin : ces opérations de rapprochement et de regroupement doivent dépasser le secteur aéronautique, aérospatial et électronique.
Il faut maintenant passer, et le plus rapidement possible, au domaine naval et au domaine terrestre si nous voulons être à même de résister à certaines concurrences. Je pense en particulier à la concurrence de l'Asie du Sud-Est qui se développe actuellement.
Se faire concurrence entre nous avec des ensembles qui n'ont pas une taille critique leur permettant de baisser leur coût et notamment d'obtenir des grands programmes, je dis que c'est du suicide !
C'est la raison pour laquelle je pense que, dans les mois et les années qui viennent, il faudra opérer ces rapprochements ; mes collègues d'un certain nombre d'autres pays en sont également tout à fait conscients.
Ce dont je me réjouis, c'est que j'ai vraiment le sentiment qu'aujourd'hui, les industriels en ont pris conscience. Nous devons les aider, notamment comme clients, en leur apportant les moyens de ce rapprochement, de ces restructurations.
De la même façon, les Etats doivent aller plus loin pour les encourager ; c'est là où nous rejoignons le domaine structurel et institutionnel de l'Europe de l'armement.
Même si un certain nombre d'essais a été réalisé, je crois qu'aujourd'hui, l'Europe de l'armement reste largement à construire.
C'est la raison pour laquelle il me semble à la fois symbolique mais également porteur d'espérance, de voir se créer la nouvelle "Agence européenne de Défense". Elle s'appelle finalement ainsi, après avoir pris des dénominations diverses. Elle avait commencé par "Agence de l'armement", puis "Agence de capacité, de recherche et ". Je trouve que ce titre court exprime bien la dimension politique de cette Agence.
Il s'agit donc d'une démarche politique ambitieuse. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ce sont les ministres de la défense qui en auront la responsabilité première, contrairement à ce qui avait été souhaité à un moment.
Cette Agence a effectivement pour but de mettre en commun un certain nombre d'efforts nous permettant de construire un marché européen de l'armement.
Il y aura donc quatre domaines :
- le domaine de l'acquisition des capacités - c'était d'ailleurs l'idée première,
- les programmes d'armement,
- la recherche et la coordination des efforts faits en matière de recherche et, je l'espère également, une incitation à ce qu'il y ait davantage d'efforts en matière de recherche,
- et d'une façon plus générale, le soutien à l'industrie de Défense, ce qui est dans la droite ligne de ce que je viens de dire.
Je crois qu'ainsi, les actions dans ces domaines qui étaient jusqu'à aujourd'hui dispersées, pourront trouver dans cette Agence, une coordination qui soit réellement politique parce qu'il y aura une volonté politique derrière.
L'Agence va se mettre en place rapidement.
La nomination du futur directeur de l'Agence se fera dans les toutes prochaines semaines, ce qui nous permettra d'avoir à la fois les actions en précurseur en quelque sorte et pour le lancement de l'Agence avant l'été 2004.
Il s'agit donc bien d'une volonté politique avec une traduction qui sera immédiate. Je ne vais pas vous dire que cela réglera tout mais il s'agira d'un mouvement important, lancé au milieu d'un mouvement encore plus important et à ce titre, il est extrêmement significatif.
Je crois sincèrement que l'industrie européenne de l'armement est un pilier de l'Europe de la défense.
C'en est à la fois une vitrine, et c'est très important aussi pour les opinions publiques de voir cette volonté d'agir ensemble. C'est aussi une condition de son succès.
Renforcer nos capacités de défense permettra à l'Union européenne d'assurer au mieux l'ensemble de ses responsabilités sur la scène internationale.
Cela a d'ailleurs été la trame de vos réflexions au cours de cette journée.
Ces problématiques, il est de notre devoir à tous, de votre devoir à vous aussi, de les relayer auprès des Français.
Notre démarche est une démarche politique, nous ne pouvons donc pas nous contenter de nous auto-congratuler de ce que nous faisons, même si nous le faisons bien. Il faut aussi qu'il y ait une démarche plus générale qui consiste à convaincre les Français de ce que les choses se font, et de ce qu'elles doivent se faire.
Nos concitoyens doivent être conscients que la Défense européenne est une chance à saisir.
Une chance pour notre développement politique économique et social en Europe.
Une chance à saisir pour notre économie et nos industries de défense.
Une chance à saisir pour la France et l'Europe.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 18 février 2004)