Déclaration de Mme Catherine Vautrin, secrétaire d'Etat aux personnes âgées, sur la remise des prix "Vieillir en France", Reims le 16 mai 2005.

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Texte intégral

Monsieur le Député,
Monsieur le Président de la Fondation EISAI,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs les membres de la Commission d'Attribution du Prix " Vieillir en France ",
La manifestation qui nous rassemble aujourd'hui, et à laquelle je suis très heureuse de participer, revêt une dimension particulière.
Nous sommes aujourd'hui le 16 mai. Et il ne vous aura pas échappé qu'à cette heure, nos concitoyens donnent de leur temps, de leur énergie, de leur cur au service de la solidarité nationale et de nos aînés.
Par leur travail, ils oeuvrent au renforcement de la prise en charge des personnes en perte d'autonomie dans notre pays.
Quel meilleur moment, donc, pour remettre les distinctions du Prix " Vieillir en France " ?
Cette nouvelle initiative dont je félicite très vivement les artisans vise précisément à saluer l'action des communes et des intercommunalités les plus performantes, les plus innovantes, les plus solidaires pour l'accompagnement des personnes âgées.
Outre le moment, quel lieu plus approprié pour valoriser ces nombreuses démarches communales au service de la qualité de vie des aînés et du renforcement de la solidarité entre les générations ?
Ici même, dans cette grande institution de notre République, les Députés ont discuté et adopté la loi créant la Caisse Nationale de solidarité pour l'Autonomie et instituant la Journée de Solidarité. Je veux bien sûr parler de la loi du 30 juin 2004 que, comme toutes les lois de la République, chacun doit respecter...
Permettez-moi donc de vous redire très brièvement tout le sens de cet effort de solidarité nationale à laquelle les Français sont appelés aujourd'hui même.
Toutes les études confirment l'allongement de l'espérance de vie et le vieillissement de la population. Mais elles omettent souvent leur corollaire : la nécessité de l'accompagnement du grand vieillissement.
1,1 millions de personnes ont plus de 85 ans ; elles seront 1,6 millions en 2010. L'espérance de vie dépasse depuis peu 80 ans. Un Français sur trois est aujourd'hui directement confronté à la problématique du grand vieillissement.
Désormais, tout le monde admet qu'il est nécessaire de dégager des moyens supplémentaires pour financer les politiques d'autonomie afin de faire face aux besoins nouveaux.
Pour y parvenir, nous aurions pu augmenter les impôts et donc grever le pouvoir d'achat des salariés.
Le Gouvernement a fait un autre choix : celui de la mobilisation partagée et de la fraternité active, celui du financement de la prise en charge de la dépendance par le travail des Français, c'est-à-dire par la création de richesse.
La Journée de Solidarité va dégager 2 milliards d'euros en 2005. Ces crédits seront exclusivement destinés aux personnes âgées : 1, 2 milliards d'euros ; et aux personnes handicapées : 800 millions.
Mais elle est aussi destinée à mieux faire prendre conscience à l'ensemble des Français que la prise en charge de la dépendance est l'affaire de tous.
Nous avons impérativement besoin de ces crédits.
Ils permettront :
- de médicaliser 1 500 établissements existants afin d'y accueillir les personnes âgées dépendantes dans de bonnes conditions.
- d'autoriser la création de 100 nouveaux établissements, c'est-à-dire plus de 5 000 places
- de favoriser le maintien à domicile en créant 6 000 places de services de soins infirmiers à domicile, en abondant le financement de l'allocation personnalisée d'autonomie par l'Etat à hauteur de 400 millions d'euros supplémentaires, ou encore en offrant un soutien aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et à leurs familles grâce à l'ouverture de 3 250 places d'accueil de jour et d'hébergement temporaire.
- de mener à bien, grâce à une enveloppe spécifique de 50 millions d'euros, des projets de rénovation et de mise aux normes d'établissements prévus dans les Contrats de Plan Etat-Région mais actuellement bloqués.
Dans une France qui vieillit, je salue donc la création du Prix " Vieillir en France ".
Cette distinction nouvelle vient très opportunément consacrer les actions les plus emblématiques des acteurs de terrain en faveur d'une meilleure prise en charge de nos aînés.
Celle-ci est l'affaire de tous : l'Etat, les pouvoirs publics, les familles, les associations Mais aussi les collectivités territoriales.
Dans ce domaine d'action qui doit privilégier la proximité et l'innovation sociale, ces dernières jouent un rôle de première importance.
C'est le cas, bien sûr, des Conseils généraux, responsables de la mise en uvre des politiques gérontologiques au niveau local.
Mais c'est aussi le cas des communes et des intercommunalités.
Elles gèrent des établissements d'accueil pour personnes âgées, soutiennent les associations d'aide à domicile, participent notamment à travers l'action des CCAS à l'animation de lieux de vie pour nos aînés, financent la réalisation de résidences et de logements collectifs, s'impliquent dans le renforcement du lien intergénérationnel, suivent les avis et propositions des conseils municipaux des sages qui se développent dans un nombre croissant de communes ...
Tocqueville disait de la commune qu'elle était " la cellule de base de la démocratie ".
Elle est également l'échelon de base des politiques gérontologiques.
Les 8 collectivités locales lauréates du Prix " Vieillir en France " démontrent avec éclat que l'échelon communal est une cellule de référence et un vivier d'innovations et d'expérimentations pour la politique des personnes âgées.
La commune peut véritablement s'imposer comme une " vitrine de proximité " du vieillissement réussi.
La preuve en est donnée par le Prix " Vieillir en France ", dont les distinctions vont maintenant être décernées à ces communes et intercommunalités qui ont su intégrer avec beaucoup de talent et d'énergie la dimension du vieillissement dans leur gestion quotidienne comme dans leurs grands projets structurants.
Mot de conclusion
A l'heure où la révolution de la longévité se manifeste dans les petites communes rurales comme dans les grandes métropoles ou dans les zones péri-urbaines, il faut trouver des solutions inédites pour répondre aux besoins de la population avançant en âge.
A situation nouvelle, réponses nouvelles !
Nous venons de le voir : qu'il s'agisse de la commune d'Orpierre, dans les Hautes-Alpes, avec ses 280 habitants, ou de la communauté de communes de Bourgoin-Jallieu avec ses 124000 habitants, la qualité et l'ambition des initiatives mises en place en faveur des personnes âgées n'est pas proportionnée à la taille des communes.
Si les problèmes rencontrés peuvent évidemment varier selon l'importance de leur population et les moyens dont elles disposent pour mener à bien leurs politiques, l'objectif qu'elles poursuivent est le même : améliorer la qualité de vie des personnes âgées, prévenir leur isolement, leur permettre de participer à la vie de la Cité, faire reconnaître leur utilité sociale et le rôle éminent qui est le leur pour le maintien de la cohésion sociale au niveau local comme au plan national.
Encore bravo à tous les participants et à tous les lauréats de cette initiative si bienvenue.
J'appelle chaque commune lauréate à se prévaloir du nouveau label " Vieillir en France " dont elle est désormais dépositaire pour faire connaître la réponse qu'elle a mise en place face au défi de la longévité.
Je souhaite qu'il en résulte une forte émulation entre les communes, qu'elles rivalisent de talent et d'imagination pour renforcer leurs politiques d'accompagnement de nos aînés.
Mesdames et Messieurs,
En ce 16 mai 2005, ma conviction est que le Prix " Vieillir en France " contribuera à rendre plus visible l'utilité et le fruit du travail des Français, dont profiteront les personnes âgées résidant dans les quelque 36 000 communes de notre pays.
Je vous remercie de votre attention.

(Source http://www.personnes-agees.gouv.fr, le 20 mai 2005)