Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations entre la France, l'Amérique latine et les Caraïbes et sur la coopération interparlementaire, Paris le 3 mars 2004.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déjeuner offert en l'honneur du corps diplomatique des pays d'Amérique Latine et des Caraïbes accrédité auprès de la République française, au Sénat le 3 mars 2004

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Présidents,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Au nom du Sénat de la République française, j'ai le grand plaisir de souhaiter la bienvenue à l'ensemble du corps diplomatique d'Amérique latine et des Caraïbes, région liée à la France par un héritage culturel commun et des relations humaines d'une densité particulière.
Région, où, depuis le XIXème siècle, la France occupe, me semble-t-il, une place à part, pour avoir su partager les idéaux du siècle des Lumières, les idéaux d'une société plus ouverte et plus harmonieuse.
Deux siècles plus tard, à l'aube du XXIème siècle, nous avons, les uns comme les autres, des défis identiques à relever.
Je pense à l'inlassable combat pour le triomphe de la démocratie. Je pense aussi au combat pour la préservation de nos identités culturelles, dans le contexte de la construction d'entités politiques et économiques régionales mais aussi et surtout de la mondialisation.
A cette proximité de l'esprit, s'ajoute avec mon pays une proximité physique. La France, on a parfois tendance à l'oublier, est présente dans la partie méridionale du continent américain avec les Départements français d'Amérique - la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique -.
Ces trois départements d'outre-mer jouent un rôle de tremplin pour la coopération avec les Pays des Caraïbes. C'est du reste là que, avec l'un des pays ici représentés -le Brésil, pour ne pas le nommer- la France a sa plus longue frontière : 650 km.
Mesdames, Messieurs,
Je relevais ici-même, il y a deux ans, pour le saluer, le " retour " de la France en Amérique latine. Je me réjouis de constater que ce mouvement s'est poursuivi.
La politique d'implantation locale ou de prise de participation suivie par de grandes entreprises françaises constitue un hommage indirect aux efforts de rigueur dans la gestion et à la stabilité politique croissante dans l'ensemble des pays du continent.
Stabilité qui ne doit pas nous faire oublier le moment difficile que traverse actuellement Haïti, pays éprouvé, pays endeuillé, mais pays respecté. N'oublions pas l'histoire et la culture que nous avons en partage et sachons, ensemble, nous tourner résolument vers l'avenir, pour favoriser le développement de cette perle des Antilles. Sans ce développement, point d'amélioration possible de la condition humaine, la seule querelle qui vaille aurait dit le Général de Gaulle.
A l'instar des pays européens, l'Amérique latine et les Caraïbes se sont courageusement engagées dans d'ambitieux processus d'intégration régionale.
Je me félicite à cet égard de la volonté réaffirmée de l'Argentine et du Chili de relancer le Mercosur et l'intégration latino-américaine.
Outre leurs mérites propres, ces structures régionales présentent l'avantage d'optimiser la coopération économique avec l'Union européenne, qui a défini un nouveau partenariat avec l'Amérique Latine, partenariat fondé sur des liens politiques, économiques, commerciaux et culturels.
Je rappelle que c'est à une initiative franco-espagnole que l'on doit ce mouvement bénéfique, qui trouvera une nouvelle traduction lors du troisième sommet Union européenne/Amérique latine, prévu à Mexico, à la fin du mois de mai.
Ces relations privilégiées doivent permettre de mieux apprivoiser certains aspects de la mondialisation, dont les effets frappent, comme on l'a vu encore récemment, de manière particulièrement cruelle les pays émergents.
Dans le monde d'aujourd'hui, la prospérité et la démocratie ne peuvent en effet être assurés par un illusoire repli sur soi : elles passent nécessairement par une ouverture maîtrisée au monde et une coopération internationale imaginative et dynamique.
C'est donc ensemble qu'il nous faut agir, sans tarder, pour définir de nouvelles règles du jeu, afin d'assurer une meilleure stabilité du système financier international, non pas - ce serait illusoire et peut-être dangereux - en contrant la mondialisation, mais en l'accompagnant, en la canalisant.
Mesdames, Messieurs,
Dans le cadre national également, la maîtrise de processus de plus en plus complexes dans un contexte d'accélération permanente requiert du législateur une vigilance et une disponibilité accrues.
Seul, à mes yeux, le bicamérisme est à même de promouvoir une démocratie équilibrée. La production de la loi est une affaire trop sérieuse pour être laissée à une seule assemblée.
Telle est l'approche qui sous-tend l'initiative lancée par le Sénat au printemps 2000 d'un " Forum des Sénats du Monde ". Cette réunion, qui a connu un vif succès, a vocation à se décliner régionalement sur tous les continents, comme elle le fait déjà en Europe et en Afrique.
C'est pourquoi j'appelle de mes vux la tenue d'un " Forum des Sénats d'Amérique latine " et la création d'une structure pérenne " l'association des Sénats d'Amérique Latine ". Je souhaite vous assurer de la disponibilité du Sénat français à participer à son organisation, comme je le disais tout récemment à des sénateurs chiliens. Je suis convaincu qu'une telle enceinte de dialogue contribuerait utilement à la recherche de solutions aux problèmes que je viens d'évoquer.
Je me réjouis des perspectives de coopération engagées par le Sénat et menées sous l'égide des groupes interparlementaires. Elles permettront une meilleure connaissance à la fois du bicamérisme d'Amérique latine en France et de nos procédures parlementaires dans plusieurs de vos pays.
Mais je souhaite aussi que nous puissions aller au-delà et exploiter davantage le fort potentiel de coopération interparlementaire qui, j'en suis convaincu, existe entre nos pays.
A cet égard, le Sénat a contribué ou contribuera à plusieurs manifestations importantes.
Je pense, s'agissant du passé, au succès des rencontres Europe-Amérique latine (ce qu'on appelle le " forum de Biarritz "), initiées par mon collègue et ami Didier BOROTRA -qui aurait aimé être des nôtres aujourd'hui mais que des obligations de dernière minute ont retenu dans son département- et dont la dernière édition a eu lieu au Mexique en octobre dernier, avec un écho remarquable.
Je pense aussi à l'action du Sénat pour que la présidence de l'Union interparlementaire revienne à un latino-américain, en l'occurrence le sénateur chilien PAEZ.
Je pense encore à tout ce que nous faisons en faveur de la coopération décentralisée.
Pour se tourner vers l'avenir, je vous invite à participer au colloque sur l'Amérique latine, organisé au Sénat le 25 mars prochain, avec Ubifrance et l'Institut des Hautes études d'Amérique latine.
Enfin, si la proposition d'associer la France en tant qu'observateur au Parlement latino-américain, à ce stade officieuse, se confirmait, le Sénat serait heureux d'y répondre favorablement.
Mesdames, Messieurs,
En organisant ce déjeuner que je souhaite amical et convivial, avec les trois groupes interparlementaires, j'ai voulu très simplement vous dire tout le prix que j'attache aux relations entre vos pays et la France et vous remercier d'uvrer quotidiennement à l'approfondissement de celles-ci. Sachez qu'au Sénat, la même détermination nous anime, et permettez-moi de lever mon verre à l'amitié entre nos pays.
Je laisse à mes collègues Sénateurs le soin de s'installer aux côtés des Ambassadeurs avec lesquels ils travaillent.
Je vous remercie.
(Source http://www.senat.fr, le 10 mars 2004)