Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Merci de votre attention et de votre présence.
J'ai été particulièrement heureux de retrouver, pendant cet entretien, mon collègue et ami, Nasser el Qidwa que je connaissais déjà, de le retrouver dans des circonstances moins dramatiques que lors de sa précédente visite au Quai d'Orsay, au moment de la maladie et de la disparition du président Arafat.
Nous nous sommes retrouvés souvent dans les dernières semaines. Je pense à cette réunion très importante de Londres organisée pour accompagner les efforts de l'Autorité palestinienne et puis, la semaine dernière, à Alger, pour le Sommet de la Ligue arabe. J'ai aussi en mémoire la rencontre très importante de Charm el-Cheikh.
On voit bien qu'il y a, dans cette région et à propos de ce conflit central pour nous tous, une nouvelle dynamique vers la paix. Mais c'est une dynamique fragile. Ce qui est en cause, c'est conforter cette dynamique par des gestes concrets de part et d'autre. Il y a l'encouragement, que j'ai qualifié de courageux, du gouvernement israélien de se retirer de Gaza, de ce premier territoire palestinien et de réussir ce retrait. C'était l'un des objectifs de la Conférence de Londres. Il y a aussi les autres gestes qui doivent être faits : la poursuite des transferts du contrôle sécuritaire des villes de Cisjordanie aux Palestiniens, de même que la libération de prisonniers.
Je pense aussi important de dire, au nom du gouvernement français, notre souhait que l'on s'abstienne de tout ce qui pourrait préempter les résultats des négociations finales, la forme du futur Etat palestinien. Je pense naturellement à la colonisation qui peut affaiblir gravement la relation entre les deux parties. Je pense enfin que, dans tous les efforts qui sont devant nous, dans les tout prochains mois et avant une conférence internationale que nous appelons de nos vux dans le second semestre de 2005, il faut à tout prix préserver, pour le peuple palestinien et pour le peuple israélien, la perspective politique qui est celle de deux Etats vivant côte à côte, en sécurité, en respectant les frontières de 1967 et qui soient, l'un et l'autre, sûrs de leur sécurité, sûrs de leur viabilité. C'est, en tout cas, vers cet objectif-là, avec cet horizon-là que la France continuera de travailler avec l'ensemble de ses partenaires européens.
Q - Sur le Liban, demain, l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU se rendra à Damas. La nuit précédente, il y a eu un attentat. Quelle est la position de la France aujourd'hui à propos des élections et du retrait des troupes syriennes du Liban ?
R - S'agissant du Liban, la France condamne avec la plus grande fermeté ce nouvel attentat qui a touché le village de Brumana. Nous condamnons cette série d'attentats qui ont un objectif, celui de déstabiliser le Liban et le processus démocratique et politique qui est engagé dans ce pays. Il faudra que la lumière soit faite sur les responsables de ce dernier attentat comme des autres et, en particulier, de l'attentat tragique qui a coûté la vie, il y a quelques semaines, au président Rafic Hariri. Sur ce point, nous suivons avec beaucoup d'attention, les discussions qui ont lieu aux Nations unies en vue de la mise en place d'une commission d'enquête internationale pour savoir qui a perpétré et qui était derrière cet attentat.
Nous avons un seul souci pour le Liban, qui est celui de la souveraineté politique de ce pays, celui de sa liberté de choisir lui-même son propre destin. C'est le seul souci et le seul objectif de la France dans son action au sein de la communauté internationale. Voilà pourquoi nous suivons avec beaucoup d'attention et beaucoup de confiance les démarches entreprises par M. Roed Larsen dans le cadre de la mission que lui a confiée le Secrétaire général des Nations unies. C'est lui qui dira, dans quels délais et avec quelle crédibilité s'effectue le retrait des services et des troupes syriennes du Liban. Et c'est lui qui doit nous aider, par ses remarques, ses rapports, ses recommandations, qui doit aider le peuple libanais pour préparer ce moment de vérité, s'agissant de sa souveraineté, que seront les élections législatives. Nous souhaitons ce retrait, comme toute la communauté internationale, nous souhaitons des élections libres et démocratiques, sous contrôle d'observateurs internationaux, dans les délais prévus.
Q - Si la Syrie ne coopérait pas avec le processus de mise en uvre de la résolution 1559 sur le retrait du Liban, la France voterait-elle des sanctions aux Nations unies contre Damas ?
Le monde retient son souffle en liaison avec la santé du pape, j'aurais aimé des déclarations de l'un et de l'autre à ce sujet ?
R - Ce sont deux sujets différents.
S'agissant du Liban, de la liberté et de la souveraineté du Liban, nous ne sommes pas, au moment où nous parlons, dans la situation que vous évoquez. Nous sommes dans la situation de mettre en uvre et de vérifier la mise en uvre et le respect d'une résolution adoptée par toute la communauté internationale, dans le cadre des Nations unies, et qui demande, notamment mais pas seulement, le retrait des services et des soldats syriens pour que le Liban soit libre et souverain.
Le président Al-Assad a annoncé un certain nombre de décisions. Il a pris un certain nombre d'engagements. Il a commencé à mettre en uvre ces engagements, il faut en vérifier la réalisation et il faut vérifier, sous le contrôle des Nations unies, que ces engagements seront tenus jusqu'au bout, dans les délais, c'est-à-dire très rapidement, pour un retrait total et effectif des soldats et des services syriens, de telle sorte que les élections qu'attendent les Libanais pour choisir leur propre destin, se déroulent démocratiquement, librement, sur leur territoire et, encore une fois, sous le contrôle d'observateurs internationaux.
Nous sommes dans l'état d'esprit que chacun respecte ses engagements et respecte cette résolution. Voilà l'état d'esprit dans lequel nous sommes aujourd'hui.
Concernant Jean-Paul II, au moment où nous parlons, je veux simplement dire ceci : ce moment, ces secondes, ces minutes sont, pour nous tous, que l'on croit au Ciel où que l'on n'y croit pas, des moments de recueillement et de communion en pensant à un homme qui a été et qui reste, pour nous tous, un personnage immense. Bien sûr, parce qu'il a été le Pasteur de l'Eglise catholique - et quel Pasteur ! -, mais aussi en raison du rôle qu'il a joué dans le monde entier pour la paix, pour le dialogue entre les religions et les civilisations.
Comme citoyen, je peux dire l'admiration que je garderai pour cet homme et, comme ministre, je veux dire simplement la reconnaissance qui est la mienne pour le rôle considérable qu'il a joué, par sa parole, par son exemple, pour la réunification du continent européen.
Q - M. el Qidwa et vous, avez exprimé vos inquiétudes concernant l'extension des colonies, le mur, son tracé surtout et, à un moment, hier à Paris, il y a eu des discussions sur un jumelage entre la Région parisienne et le Grand-Jérusalem, dans un contexte où l'on ne peut pas vraiment prévoir ni préjuger les contours de Jérusalem, sauf lorsque le statut final sera discuté. Avez-vous une réaction à ce projet ?
Et concrètement, nous n'avons rien entendu de ce dont vous avez discuté aujourd'hui, concernant une aide française ou européenne, et quand aura lieu la prochaine réunion pour discuter de ces sujets qui sont quand même très importants ?
R - En ce qui me concerne, j'ai dit ce que j'avais à dire sur la colonisation, le mur, l'exigence du respect des résolutions des Nations unies et de la Feuille de route.
S'agissant des coopérations décentralisées, du partenariat entre les régions, je pense que tout ce qui peut donner une dimension plus humaine et plus citoyenne à nos coopérations et, d'une manière générale, aux échanges humains, va dans le bon sens.
Nous avons beaucoup discuté, mais nous nous étions déjà vus à Alger et à Londres. J'étais, ne l'oubliez pas, à Ramallah et à Gaza en février dernier, où j'ai passé la nuit, pour de longs entretiens avec le président Mahmoud Abbas et le gouvernement de l'Autorité palestinienne. Nous avons eu d'autres occasions mais nous avons parlé, aujourd'hui, des relations bilatérales qui sont très positives, de la suite de la réunion de Londres, de l'action de l'Union européenne qui est unie sur cette question, de sa proposition d'aide pour le Processus de paix à travers les propositions de Javier Solana. Voilà ce qui a nourri notre entretien aujourd'hui, comme vous pouvez l'imaginer.
Je veux juste ajouter un mot sur le fait que je me rends la semaine prochaine, pour une visite officielle, aux Etats-Unis où j'aurai naturellement l'occasion de retrouver Condoleezza Rice. Dans l'esprit-même du discours du président Bush à Bruxelles il y a quelques jours, pour nous, la paix au Proche-Orient, la paix qui est possible et qui est nécessaire au Proche-Orient, reste en tête de l'agenda de la discussion entre Européens et Américains. J'ai l'intention, dans cet esprit, de faire le point avec le gouvernement américain, de nos efforts communs pour maintenir et préserver cette dynamique de dialogue et de discussions qui s'est engagée depuis Charm el-Cheikh.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 avril 2005)
Merci de votre attention et de votre présence.
J'ai été particulièrement heureux de retrouver, pendant cet entretien, mon collègue et ami, Nasser el Qidwa que je connaissais déjà, de le retrouver dans des circonstances moins dramatiques que lors de sa précédente visite au Quai d'Orsay, au moment de la maladie et de la disparition du président Arafat.
Nous nous sommes retrouvés souvent dans les dernières semaines. Je pense à cette réunion très importante de Londres organisée pour accompagner les efforts de l'Autorité palestinienne et puis, la semaine dernière, à Alger, pour le Sommet de la Ligue arabe. J'ai aussi en mémoire la rencontre très importante de Charm el-Cheikh.
On voit bien qu'il y a, dans cette région et à propos de ce conflit central pour nous tous, une nouvelle dynamique vers la paix. Mais c'est une dynamique fragile. Ce qui est en cause, c'est conforter cette dynamique par des gestes concrets de part et d'autre. Il y a l'encouragement, que j'ai qualifié de courageux, du gouvernement israélien de se retirer de Gaza, de ce premier territoire palestinien et de réussir ce retrait. C'était l'un des objectifs de la Conférence de Londres. Il y a aussi les autres gestes qui doivent être faits : la poursuite des transferts du contrôle sécuritaire des villes de Cisjordanie aux Palestiniens, de même que la libération de prisonniers.
Je pense aussi important de dire, au nom du gouvernement français, notre souhait que l'on s'abstienne de tout ce qui pourrait préempter les résultats des négociations finales, la forme du futur Etat palestinien. Je pense naturellement à la colonisation qui peut affaiblir gravement la relation entre les deux parties. Je pense enfin que, dans tous les efforts qui sont devant nous, dans les tout prochains mois et avant une conférence internationale que nous appelons de nos vux dans le second semestre de 2005, il faut à tout prix préserver, pour le peuple palestinien et pour le peuple israélien, la perspective politique qui est celle de deux Etats vivant côte à côte, en sécurité, en respectant les frontières de 1967 et qui soient, l'un et l'autre, sûrs de leur sécurité, sûrs de leur viabilité. C'est, en tout cas, vers cet objectif-là, avec cet horizon-là que la France continuera de travailler avec l'ensemble de ses partenaires européens.
Q - Sur le Liban, demain, l'envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU se rendra à Damas. La nuit précédente, il y a eu un attentat. Quelle est la position de la France aujourd'hui à propos des élections et du retrait des troupes syriennes du Liban ?
R - S'agissant du Liban, la France condamne avec la plus grande fermeté ce nouvel attentat qui a touché le village de Brumana. Nous condamnons cette série d'attentats qui ont un objectif, celui de déstabiliser le Liban et le processus démocratique et politique qui est engagé dans ce pays. Il faudra que la lumière soit faite sur les responsables de ce dernier attentat comme des autres et, en particulier, de l'attentat tragique qui a coûté la vie, il y a quelques semaines, au président Rafic Hariri. Sur ce point, nous suivons avec beaucoup d'attention, les discussions qui ont lieu aux Nations unies en vue de la mise en place d'une commission d'enquête internationale pour savoir qui a perpétré et qui était derrière cet attentat.
Nous avons un seul souci pour le Liban, qui est celui de la souveraineté politique de ce pays, celui de sa liberté de choisir lui-même son propre destin. C'est le seul souci et le seul objectif de la France dans son action au sein de la communauté internationale. Voilà pourquoi nous suivons avec beaucoup d'attention et beaucoup de confiance les démarches entreprises par M. Roed Larsen dans le cadre de la mission que lui a confiée le Secrétaire général des Nations unies. C'est lui qui dira, dans quels délais et avec quelle crédibilité s'effectue le retrait des services et des troupes syriennes du Liban. Et c'est lui qui doit nous aider, par ses remarques, ses rapports, ses recommandations, qui doit aider le peuple libanais pour préparer ce moment de vérité, s'agissant de sa souveraineté, que seront les élections législatives. Nous souhaitons ce retrait, comme toute la communauté internationale, nous souhaitons des élections libres et démocratiques, sous contrôle d'observateurs internationaux, dans les délais prévus.
Q - Si la Syrie ne coopérait pas avec le processus de mise en uvre de la résolution 1559 sur le retrait du Liban, la France voterait-elle des sanctions aux Nations unies contre Damas ?
Le monde retient son souffle en liaison avec la santé du pape, j'aurais aimé des déclarations de l'un et de l'autre à ce sujet ?
R - Ce sont deux sujets différents.
S'agissant du Liban, de la liberté et de la souveraineté du Liban, nous ne sommes pas, au moment où nous parlons, dans la situation que vous évoquez. Nous sommes dans la situation de mettre en uvre et de vérifier la mise en uvre et le respect d'une résolution adoptée par toute la communauté internationale, dans le cadre des Nations unies, et qui demande, notamment mais pas seulement, le retrait des services et des soldats syriens pour que le Liban soit libre et souverain.
Le président Al-Assad a annoncé un certain nombre de décisions. Il a pris un certain nombre d'engagements. Il a commencé à mettre en uvre ces engagements, il faut en vérifier la réalisation et il faut vérifier, sous le contrôle des Nations unies, que ces engagements seront tenus jusqu'au bout, dans les délais, c'est-à-dire très rapidement, pour un retrait total et effectif des soldats et des services syriens, de telle sorte que les élections qu'attendent les Libanais pour choisir leur propre destin, se déroulent démocratiquement, librement, sur leur territoire et, encore une fois, sous le contrôle d'observateurs internationaux.
Nous sommes dans l'état d'esprit que chacun respecte ses engagements et respecte cette résolution. Voilà l'état d'esprit dans lequel nous sommes aujourd'hui.
Concernant Jean-Paul II, au moment où nous parlons, je veux simplement dire ceci : ce moment, ces secondes, ces minutes sont, pour nous tous, que l'on croit au Ciel où que l'on n'y croit pas, des moments de recueillement et de communion en pensant à un homme qui a été et qui reste, pour nous tous, un personnage immense. Bien sûr, parce qu'il a été le Pasteur de l'Eglise catholique - et quel Pasteur ! -, mais aussi en raison du rôle qu'il a joué dans le monde entier pour la paix, pour le dialogue entre les religions et les civilisations.
Comme citoyen, je peux dire l'admiration que je garderai pour cet homme et, comme ministre, je veux dire simplement la reconnaissance qui est la mienne pour le rôle considérable qu'il a joué, par sa parole, par son exemple, pour la réunification du continent européen.
Q - M. el Qidwa et vous, avez exprimé vos inquiétudes concernant l'extension des colonies, le mur, son tracé surtout et, à un moment, hier à Paris, il y a eu des discussions sur un jumelage entre la Région parisienne et le Grand-Jérusalem, dans un contexte où l'on ne peut pas vraiment prévoir ni préjuger les contours de Jérusalem, sauf lorsque le statut final sera discuté. Avez-vous une réaction à ce projet ?
Et concrètement, nous n'avons rien entendu de ce dont vous avez discuté aujourd'hui, concernant une aide française ou européenne, et quand aura lieu la prochaine réunion pour discuter de ces sujets qui sont quand même très importants ?
R - En ce qui me concerne, j'ai dit ce que j'avais à dire sur la colonisation, le mur, l'exigence du respect des résolutions des Nations unies et de la Feuille de route.
S'agissant des coopérations décentralisées, du partenariat entre les régions, je pense que tout ce qui peut donner une dimension plus humaine et plus citoyenne à nos coopérations et, d'une manière générale, aux échanges humains, va dans le bon sens.
Nous avons beaucoup discuté, mais nous nous étions déjà vus à Alger et à Londres. J'étais, ne l'oubliez pas, à Ramallah et à Gaza en février dernier, où j'ai passé la nuit, pour de longs entretiens avec le président Mahmoud Abbas et le gouvernement de l'Autorité palestinienne. Nous avons eu d'autres occasions mais nous avons parlé, aujourd'hui, des relations bilatérales qui sont très positives, de la suite de la réunion de Londres, de l'action de l'Union européenne qui est unie sur cette question, de sa proposition d'aide pour le Processus de paix à travers les propositions de Javier Solana. Voilà ce qui a nourri notre entretien aujourd'hui, comme vous pouvez l'imaginer.
Je veux juste ajouter un mot sur le fait que je me rends la semaine prochaine, pour une visite officielle, aux Etats-Unis où j'aurai naturellement l'occasion de retrouver Condoleezza Rice. Dans l'esprit-même du discours du président Bush à Bruxelles il y a quelques jours, pour nous, la paix au Proche-Orient, la paix qui est possible et qui est nécessaire au Proche-Orient, reste en tête de l'agenda de la discussion entre Européens et Américains. J'ai l'intention, dans cet esprit, de faire le point avec le gouvernement américain, de nos efforts communs pour maintenir et préserver cette dynamique de dialogue et de discussions qui s'est engagée depuis Charm el-Cheikh.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 avril 2005)