Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de pouvoir être parmi vous aujourd'hui à l'occasion de l'ouverture de la 37e session du Centre des hautes études de l'armement. J'ai tenu, cette année encore, à participer à cette journée, pour marquer l'importance que j'attache aux travaux du CHEAr.
Je voudrais d'abord vous féliciter personnellement de participer à cette 37e session, et vous encourager dans la tâche qui vous attend tout au long de l'année. Il s'agit pour vous d'une belle opportunité : celle d'élargir votre horizon quotidien, de vous ouvrir à l'ensemble des domaines concernés par l'armement, et de vous préparer ainsi à exercer de plus larges responsabilités. Cette session est aussi un atout pour la communauté de défense elle-même, qui bénéficiera de vos compétences et de vos réflexions.
Je veux souligner à cet égard l'importance particulière des formations d'excellence comme celle qu'offrent les sessions du CHEAr. A une époque où les impératifs de la refonte de nos forces armées exigent encore plus de professionnalisme, de performance et d'efficacité, que ce soit dans les armées, l'administration ou l'industrie, la formation acquiert un rôle fondamental.
En même temps que le développement des compétences, celui de l'esprit d'ouverture et de partenariat est une des priorités de mon action en faveur de ce ministère.
C'est pourquoi j'apprécie particulièrement la très grande diversité des auditeurs du CHEAr, qui viennent des trois grands pôles du domaine de l'armement (officiers, ingénieurs de la DGA et industriels). Elle constitue à mes yeux une des grandes richesses de la formation à laquelle vous allez participer cette année. Elle vous permettra de comparer vos expériences et de confronter vos points de vue, créant ainsi un cadre très propice au développement d'une réflexion large et fertile.
Ces échanges sont encore enrichis par la présence d'acteurs extérieurs, en provenance d'autres ministères, de grands organismes publics, de la société civile. C'est le signe d'une ouverture de notre institution, et plus largement de la communauté de défense, sur la société.
L'effort de formation, de réflexion et d'ouverture que vous allez mener cette année est particulièrement utile à un moment où le monde de la défense est engagé dans des mutations rapides, qui engagent profondément l'avenir. Il nous faut être capable de prendre du recul par rapport à l'action quotidienne, pour pouvoir à la fois anticiper et maîtriser ces évolutions en développant une réelle réflexion stratégique.
Je pense en particulier à la construction de l'Europe de la défense, qui devient l'une des dimensions fondamentales de notre action de défense. Les progrès accomplis dans ce domaine depuis trois ans sont spectaculaires, et les mois qui viennent verront, je l'espère, se concrétiser de grands projets. Le 20 novembre, une conférence de génération de forces verra les différents pays s'engager de manière coordonnée sur leur contribution militaire à l'objectif global fixé à Helsinki : être en mesure, d'ici 2003, de déployer en 60 jours sur une durée au moins égale à un an et hors du territoire de l'Union, une force de réaction rapide de l'importance d'un corps d'armée, soit cinquante à soixante mille hommes.
Cette volonté des Etats européens de mener une politique commune de défense est de nature à créer également une dynamique dans le domaine de l'armement. C'est donc, me semble-t-il, avec raison que vous placez cette année les enjeux de l'armement en Europe au centre de vos réflexions.
Le premier axe de la constitution d'une Europe de l'armement, c'est la constitution de grands groupes industriels européens dans ce secteur, capables d'affronter la concurrence mondiale (en particulier américaine) et de préparer l'avenir de nos outils de défense. C'était le souhait émis en décembre 1997 par les chefs d'Etat et de gouvernement français, britannique et italien.
Deux ans et demi plus tard, le bilan est très largement positif : structurée autour de trois grands groupes (EADS, Thomson CSF et BAe Systems), l'industrie européenne de défense est déjà une réalité..
Nous avons veillé à ce que ces rapprochements s'opèrent en respectant les intérêts industriels et stratégiques de la France. C'est pour cette raison que le Gouvernement a d'abord encouragé le regroupement des entreprises françaises, autour d'un pôle d'électronique professionnelle et de défense (Thomson-CSF) et d'un pôle aéronautique (Aérospatiale et Matra Hautes Technologies). Cette étape a permis à notre industrie de défense de sortir renforcée de ces évolutions et de rattraper notre retard par rapport à nos grands partenaires dans ce processus de consolidation.
C'est sur cette base qu'ont pu s'opérer dans un deuxième temps des rapprochements européens équilibrés. Le groupe EADS est aujourd'hui constitué. Il a déjà renforcé ses coopérations avec les industries britanniques (constitution de la société Airbus) et italienne (regroupement des activités d'aéronautique militaire d'EADS et de Finmeccanica). Le pôle d'électronique professionnelle et de défense Thomson CSF conforte quant à lui son assise européenne par son rapprochement avec le groupe britannique Racal.
Nos groupes européens ont donc désormais la taille pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux, en particulier les groupes américains, et pour financer de nouveaux projets technologiques ambitieux.
Le chantier des restructurations dans l'industrie de défense en Europe se focalisera désormais davantage sur les domaines naval et terrestre qui restent encore trop dispersés. J'y suis naturellement très attentif car ces mouvements impliqueront notamment DCN, Giat Industries et SNPE.
Enfin, dans le domaine aéronautique, tant civil que militaire, des regroupements chez les équipementiers (notamment les motoristes) sont à attendre pour faire suite aux consolidations intervenues chez les maîtres d'uvre.
Les Etats européens doivent de leur côté poursuivre leur effort pour faciliter la création et la consolidation de ces grands groupes européens d'armement. En 1998, la France, l'Allemagne, l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et la Suède se sont engagés, en signant la LoI (letter of intent), à harmoniser et à simplifier les règles applicables aux industries de défense, notamment dans le domaine de la sécurité d'approvisionnement, des procédures d'exportation et de la sécurité de l'information.
Nous venons, avec nos partenaires, de franchir une étape importante de ce processus en signant à Farnborough, le 27 juillet dernier, l'accord-cadre qui met en uvre cette lettre d'intention. Cet accord, ouvert aux autres Etats européens, contribuera à aider le processus de restructuration de l'industrie française et européenne dans ce secteur. Il facilitera le fonctionnement des groupes européens, et encouragera la formation d'alliances structurelles.
Face à ces structures industrielles en évolution, l'Etat doit aussi trouver des solutions nouvelles pour garantir ses intérêts stratégiques et financiers. Cette " tutelle modernisée " ne doit pas conduire l'Etat à s'impliquer dans la gestion quotidienne de ces entreprises, mais plutôt, en tant qu'actionnaire, à orienter leur stratégie et, en tant que client, à veiller au maintien des capacités technologiques nécessaires pour doter durablement nos forces des équipements qui leur seront nécessaires.
Parallèlement à cette restructuration de l'offre industrielle d'armement au niveau européen, les Etats doivent s'attacher à harmoniser leurs besoins et à coordonner leurs choix d'armement.
Une telle évolution est rendue nécessaire par les restructurations industrielles elles-mêmes : face à des sociétés transnationales qui seront de plus en plus puissantes, il importe que les Etats s'unissent pour rationaliser leurs besoins et ainsi obtenir un abaissement des coûts des équipements.
Mais elle l'est surtout car les armées européennes, qui auront vocation à opérer ensemble, doivent aussi s'équiper en commun. Lorsqu'il faudra compléter ou renouveler les capacités que nous aurons mises en commun pour constituer une force européenne de réaction rapide, la démarche sera nécessairement collective.
D'ores et déjà, les succès récents en matière de programmes en coopération me semblent montrer le caractère mobilisateur de la politique décidée par les Etats pour constituer une Europe de la défense.
Après le succès du Tigre en 1999, je citerai la décision de lancement de la fabrication en série de l'hélicoptère de transport de troupes NH 90, par la France, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas.
L'ensemble des partenaires du programme A400M se sont prononcés lors du salon de Farnborough le 27 juillet dernier en faveur de cet avion de transport militaire proposé par Airbus Military Company. Le lancement de ce programme constitue un pas décisif pour le développement de la politique européenne de sécurité et de défense : il crée les conditions de la formation d'une flotte européenne de transport commune et cohérente, susceptible d'être mise en uvre de façon optimale dans le cadre d'interventions coordonnées.
Le succès du programme de missiles air-air Météor renforcera l'interopérabilité des avions de combat européens. La France et l'Italie mettent au point avec les industriels la commande de frégates " Horizon ". Je vais d'ailleurs signer vendredi avec mon collègue italien un "MoU" qui fixe les conditions de cette collaboration.
Enfin, en matière de capacités communes de renseignement, identifiées comme prioritaires au sommet d'Helsinki, la décision allemande de lancer un programme de satellites radar est de nature à compléter la capacité optique dont dispose la France avec Hélios.
Au-delà de ces différents programmes, l'émergence d'une véritable Europe de l'armement passe par la montée en puissance de l'OCCAR (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement). Intégrant progressivement l'ensemble des programmes menés en coopération, elle est appelée à devenir une véritable agence européenne de l'armement. Cet approfondissement s'opère dans trois directions.
La première est l'obtention de la personnalité juridique, dont les Etats fondateurs ont décidé de la doter en 1998. Elle permettra à l'OCCAR de recevoir des engagements pluriannuels de la part des Etats et de passer en leur nom des contrats pour les programmes qui lui sont confiés.
En second lieu, l'OCCAR opère progressivement l'intégration des différents programmes en coopération. Lui sont déjà confiés les programmes des missiles Hot Milan et Roland, celui de l'hélicoptère Tigre. De nombreux autres programmes sont aujourd'hui en voie d'intégration.
Enfin, je souhaite que l'OCCAR puisse intervenir pour coordonner les efforts des européens en matière de recherche.
Le développement des relations transatlantiques représente un autre enjeu important pour l'Europe en matière d'armement. Il ne s'agit pas de construire une " Europe forteresse ", mais au contraire de créer les conditions d'une coopération transatlantique équilibrée. Il faut à mon sens viser deux objectifs concrets : d'une part, obtenir une ouverture du marché américain, alors même que les groupes américains ont déjà accès aux marchés européens ; d'autre part, proposer aux Etats-Unis de mener de nouveaux développements technologiques en commun.
Condition indispensable de la réussite de l'Europe de la défense, l'Europe de l'armement est donc pour moi une préoccupation majeure. Je me réjouis de la possibilité qui vous est offerte cette année de mener une réflexion approfondie sur ce sujet. Les déplacements que vous effectuerez, notamment à Bruxelles, vous permettront également d'appréhender les multiples dimensions de ces problèmes. Je porterai la plus grande attention à vos travaux, qui permettront un enrichissement de la réflexion au sein du Ministère.
Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, le CHEAr joue donc pleinement son rôle dans l'animation et la promotion de la réflexion stratégique au sein du Ministère, dans un souci constant d'ouverture sur les questions fondamentales pour l'avenir.
Je vous souhaite une excellente session.
( source http://www.defense.gouv.fr, le 20 novembre 2000)
Je suis heureux de pouvoir être parmi vous aujourd'hui à l'occasion de l'ouverture de la 37e session du Centre des hautes études de l'armement. J'ai tenu, cette année encore, à participer à cette journée, pour marquer l'importance que j'attache aux travaux du CHEAr.
Je voudrais d'abord vous féliciter personnellement de participer à cette 37e session, et vous encourager dans la tâche qui vous attend tout au long de l'année. Il s'agit pour vous d'une belle opportunité : celle d'élargir votre horizon quotidien, de vous ouvrir à l'ensemble des domaines concernés par l'armement, et de vous préparer ainsi à exercer de plus larges responsabilités. Cette session est aussi un atout pour la communauté de défense elle-même, qui bénéficiera de vos compétences et de vos réflexions.
Je veux souligner à cet égard l'importance particulière des formations d'excellence comme celle qu'offrent les sessions du CHEAr. A une époque où les impératifs de la refonte de nos forces armées exigent encore plus de professionnalisme, de performance et d'efficacité, que ce soit dans les armées, l'administration ou l'industrie, la formation acquiert un rôle fondamental.
En même temps que le développement des compétences, celui de l'esprit d'ouverture et de partenariat est une des priorités de mon action en faveur de ce ministère.
C'est pourquoi j'apprécie particulièrement la très grande diversité des auditeurs du CHEAr, qui viennent des trois grands pôles du domaine de l'armement (officiers, ingénieurs de la DGA et industriels). Elle constitue à mes yeux une des grandes richesses de la formation à laquelle vous allez participer cette année. Elle vous permettra de comparer vos expériences et de confronter vos points de vue, créant ainsi un cadre très propice au développement d'une réflexion large et fertile.
Ces échanges sont encore enrichis par la présence d'acteurs extérieurs, en provenance d'autres ministères, de grands organismes publics, de la société civile. C'est le signe d'une ouverture de notre institution, et plus largement de la communauté de défense, sur la société.
L'effort de formation, de réflexion et d'ouverture que vous allez mener cette année est particulièrement utile à un moment où le monde de la défense est engagé dans des mutations rapides, qui engagent profondément l'avenir. Il nous faut être capable de prendre du recul par rapport à l'action quotidienne, pour pouvoir à la fois anticiper et maîtriser ces évolutions en développant une réelle réflexion stratégique.
Je pense en particulier à la construction de l'Europe de la défense, qui devient l'une des dimensions fondamentales de notre action de défense. Les progrès accomplis dans ce domaine depuis trois ans sont spectaculaires, et les mois qui viennent verront, je l'espère, se concrétiser de grands projets. Le 20 novembre, une conférence de génération de forces verra les différents pays s'engager de manière coordonnée sur leur contribution militaire à l'objectif global fixé à Helsinki : être en mesure, d'ici 2003, de déployer en 60 jours sur une durée au moins égale à un an et hors du territoire de l'Union, une force de réaction rapide de l'importance d'un corps d'armée, soit cinquante à soixante mille hommes.
Cette volonté des Etats européens de mener une politique commune de défense est de nature à créer également une dynamique dans le domaine de l'armement. C'est donc, me semble-t-il, avec raison que vous placez cette année les enjeux de l'armement en Europe au centre de vos réflexions.
Le premier axe de la constitution d'une Europe de l'armement, c'est la constitution de grands groupes industriels européens dans ce secteur, capables d'affronter la concurrence mondiale (en particulier américaine) et de préparer l'avenir de nos outils de défense. C'était le souhait émis en décembre 1997 par les chefs d'Etat et de gouvernement français, britannique et italien.
Deux ans et demi plus tard, le bilan est très largement positif : structurée autour de trois grands groupes (EADS, Thomson CSF et BAe Systems), l'industrie européenne de défense est déjà une réalité..
Nous avons veillé à ce que ces rapprochements s'opèrent en respectant les intérêts industriels et stratégiques de la France. C'est pour cette raison que le Gouvernement a d'abord encouragé le regroupement des entreprises françaises, autour d'un pôle d'électronique professionnelle et de défense (Thomson-CSF) et d'un pôle aéronautique (Aérospatiale et Matra Hautes Technologies). Cette étape a permis à notre industrie de défense de sortir renforcée de ces évolutions et de rattraper notre retard par rapport à nos grands partenaires dans ce processus de consolidation.
C'est sur cette base qu'ont pu s'opérer dans un deuxième temps des rapprochements européens équilibrés. Le groupe EADS est aujourd'hui constitué. Il a déjà renforcé ses coopérations avec les industries britanniques (constitution de la société Airbus) et italienne (regroupement des activités d'aéronautique militaire d'EADS et de Finmeccanica). Le pôle d'électronique professionnelle et de défense Thomson CSF conforte quant à lui son assise européenne par son rapprochement avec le groupe britannique Racal.
Nos groupes européens ont donc désormais la taille pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux, en particulier les groupes américains, et pour financer de nouveaux projets technologiques ambitieux.
Le chantier des restructurations dans l'industrie de défense en Europe se focalisera désormais davantage sur les domaines naval et terrestre qui restent encore trop dispersés. J'y suis naturellement très attentif car ces mouvements impliqueront notamment DCN, Giat Industries et SNPE.
Enfin, dans le domaine aéronautique, tant civil que militaire, des regroupements chez les équipementiers (notamment les motoristes) sont à attendre pour faire suite aux consolidations intervenues chez les maîtres d'uvre.
Les Etats européens doivent de leur côté poursuivre leur effort pour faciliter la création et la consolidation de ces grands groupes européens d'armement. En 1998, la France, l'Allemagne, l'Espagne, la Grande-Bretagne, l'Italie et la Suède se sont engagés, en signant la LoI (letter of intent), à harmoniser et à simplifier les règles applicables aux industries de défense, notamment dans le domaine de la sécurité d'approvisionnement, des procédures d'exportation et de la sécurité de l'information.
Nous venons, avec nos partenaires, de franchir une étape importante de ce processus en signant à Farnborough, le 27 juillet dernier, l'accord-cadre qui met en uvre cette lettre d'intention. Cet accord, ouvert aux autres Etats européens, contribuera à aider le processus de restructuration de l'industrie française et européenne dans ce secteur. Il facilitera le fonctionnement des groupes européens, et encouragera la formation d'alliances structurelles.
Face à ces structures industrielles en évolution, l'Etat doit aussi trouver des solutions nouvelles pour garantir ses intérêts stratégiques et financiers. Cette " tutelle modernisée " ne doit pas conduire l'Etat à s'impliquer dans la gestion quotidienne de ces entreprises, mais plutôt, en tant qu'actionnaire, à orienter leur stratégie et, en tant que client, à veiller au maintien des capacités technologiques nécessaires pour doter durablement nos forces des équipements qui leur seront nécessaires.
Parallèlement à cette restructuration de l'offre industrielle d'armement au niveau européen, les Etats doivent s'attacher à harmoniser leurs besoins et à coordonner leurs choix d'armement.
Une telle évolution est rendue nécessaire par les restructurations industrielles elles-mêmes : face à des sociétés transnationales qui seront de plus en plus puissantes, il importe que les Etats s'unissent pour rationaliser leurs besoins et ainsi obtenir un abaissement des coûts des équipements.
Mais elle l'est surtout car les armées européennes, qui auront vocation à opérer ensemble, doivent aussi s'équiper en commun. Lorsqu'il faudra compléter ou renouveler les capacités que nous aurons mises en commun pour constituer une force européenne de réaction rapide, la démarche sera nécessairement collective.
D'ores et déjà, les succès récents en matière de programmes en coopération me semblent montrer le caractère mobilisateur de la politique décidée par les Etats pour constituer une Europe de la défense.
Après le succès du Tigre en 1999, je citerai la décision de lancement de la fabrication en série de l'hélicoptère de transport de troupes NH 90, par la France, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas.
L'ensemble des partenaires du programme A400M se sont prononcés lors du salon de Farnborough le 27 juillet dernier en faveur de cet avion de transport militaire proposé par Airbus Military Company. Le lancement de ce programme constitue un pas décisif pour le développement de la politique européenne de sécurité et de défense : il crée les conditions de la formation d'une flotte européenne de transport commune et cohérente, susceptible d'être mise en uvre de façon optimale dans le cadre d'interventions coordonnées.
Le succès du programme de missiles air-air Météor renforcera l'interopérabilité des avions de combat européens. La France et l'Italie mettent au point avec les industriels la commande de frégates " Horizon ". Je vais d'ailleurs signer vendredi avec mon collègue italien un "MoU" qui fixe les conditions de cette collaboration.
Enfin, en matière de capacités communes de renseignement, identifiées comme prioritaires au sommet d'Helsinki, la décision allemande de lancer un programme de satellites radar est de nature à compléter la capacité optique dont dispose la France avec Hélios.
Au-delà de ces différents programmes, l'émergence d'une véritable Europe de l'armement passe par la montée en puissance de l'OCCAR (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement). Intégrant progressivement l'ensemble des programmes menés en coopération, elle est appelée à devenir une véritable agence européenne de l'armement. Cet approfondissement s'opère dans trois directions.
La première est l'obtention de la personnalité juridique, dont les Etats fondateurs ont décidé de la doter en 1998. Elle permettra à l'OCCAR de recevoir des engagements pluriannuels de la part des Etats et de passer en leur nom des contrats pour les programmes qui lui sont confiés.
En second lieu, l'OCCAR opère progressivement l'intégration des différents programmes en coopération. Lui sont déjà confiés les programmes des missiles Hot Milan et Roland, celui de l'hélicoptère Tigre. De nombreux autres programmes sont aujourd'hui en voie d'intégration.
Enfin, je souhaite que l'OCCAR puisse intervenir pour coordonner les efforts des européens en matière de recherche.
Le développement des relations transatlantiques représente un autre enjeu important pour l'Europe en matière d'armement. Il ne s'agit pas de construire une " Europe forteresse ", mais au contraire de créer les conditions d'une coopération transatlantique équilibrée. Il faut à mon sens viser deux objectifs concrets : d'une part, obtenir une ouverture du marché américain, alors même que les groupes américains ont déjà accès aux marchés européens ; d'autre part, proposer aux Etats-Unis de mener de nouveaux développements technologiques en commun.
Condition indispensable de la réussite de l'Europe de la défense, l'Europe de l'armement est donc pour moi une préoccupation majeure. Je me réjouis de la possibilité qui vous est offerte cette année de mener une réflexion approfondie sur ce sujet. Les déplacements que vous effectuerez, notamment à Bruxelles, vous permettront également d'appréhender les multiples dimensions de ces problèmes. Je porterai la plus grande attention à vos travaux, qui permettront un enrichissement de la réflexion au sein du Ministère.
Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, le CHEAr joue donc pleinement son rôle dans l'animation et la promotion de la réflexion stratégique au sein du Ministère, dans un souci constant d'ouverture sur les questions fondamentales pour l'avenir.
Je vous souhaite une excellente session.
( source http://www.defense.gouv.fr, le 20 novembre 2000)