Texte intégral
C. Delay - Nous sommes à J-2 de l'attribution des JO 2012. D'abord, comment vous sentez-vous ?
R - Pour tout vous dire, j'attends avec beaucoup d'impatience maintenant le 6 juillet, 9 heures.
Q - Stressé ?
R - Oui, je trouve un peu le temps long. Nous sommes à Singapour. Toutes les villes candidates sont là, donc les principaux acteurs sont réunis. J'attends d'être devant les membres du CIO pour exprimer notre projet.
Q - Tout le monde dit que ce sera serré, que tout se joue là, pendant les dernières heures. Comment allez-vous gérer ces heures qui vous séparent de l'audition ? Qu'allez-vous faire ?
R - Sachez que nous sommes très occupés. Déjà, il y a un certain nombre de conférences de presse, de points presse pour la presse française, mais également la presse internationale qui veut en savoir plus sur notre candidature. Et puis, nous avons encore deux jours pour convaincre un certain nombre de membres du CIO.
Q - C'est-à-dire que vous allez les rencontrer ?
R - Bien sûr. Nous sommes à peu près dans le même espace, dans le même hôtel. Nous allons profiter des moments où nous pouvons nous croiser dans l'hôtel pour, soit parler de la candidature s'ils demandent quelques précisions, soit évoquer avec eux des sujets qui sont régulièrement abordés. Je suis membre de la commission exécutive de l'Agence mondiale anti-dopage. Il y a des membres du CIO dans cette commission exécutive. Nous échangeons sur ce sujet, par exemple. Je ne vous cache pas que, si je peux parler de la candidature de Paris, je le fais bien volontiers avec eux.
Q - Evidemment. Mais est-ce informel ? Est-ce eux qui vous sollicitent ?
R - Oui, plutôt. Le rapport, le dialogue entre le CIO et la France et notre candidature s'inscrivent sur le très long terme. Déjà, en 1986, le président de la République défendait la candidature à Lausanne. C'est donc une histoire qui se raconte, un certain nombre de rencontres, d'histoires, d'éléments de la candidature qui s'inscrivent comme cela sur notre parcours commun.
Q - Il y a cent seize membres du CIO. On sait que certains ont déjà choisi, et vous les connaissez. D'autres hésitent. Est-ce ceux-là que vous visez, que vous essayez de croiser dans l'ascenseur ou ailleurs ?
R - Effectivement. Je ne vous cache pas que nous focalisons notre attention et nos efforts sur ceux qu'on estime pas encore vraiment convaincus par notre candidature, en leur exprimant les qualités du dossier, l'héritage laissé par les jeux, la très belle image que la France va porter du monde de l'Olympisme pendant les sept années qui viennent, si jamais nous avons l'honneur d'organiser ces jeux. C'est tout cela que, entre guillemets, "nous vendons aux membres du CIO". Mais, bien sûr, dans le respect des règles.
Q - Vous parlez du respect des règles. Il y a une petite polémique avec Londres. T. Blair a convoqué une trentaine de membres du CIO, apparemment entre vingt et trente, on ne sait pas exactement, en tête à tête. Qu'en pensez-vous ?
R - Il y a une commission d'éthique du CIO. Si cette commission n'a rien à redire de cette invitation, eh bien que tel ou tel reçoive des membres du CIO n'est pas gênant. Moi, ce qui me gêne plus, c'est qu'on voit quand même que, quelque part - je ne parle pas d'une candidature en particulier -, il y a une grosse dose d'agressivité. L'agressivité, ce n'est pas l'Olympisme. Il faut de la combativité, il faut de l'engagement, il faut aussi cette capacité de porter un dossier, une candidature, mais jamais d'agressivité. Ce n'est pas du tout dans les valeurs de l'Olympisme. Eh bien, ceux qui dépassent la ligne, ce sera à mon avis contre-productif pour eux.
Q - Agressivité quand certains disent, en anglais, que notre Stade de France est obsolète ? Est-ce à cela que vous faites allusion ?
R - En tout cas, le stade, nous l'avons. Nous avons investi pour 1998 dans un très beau stade qui fait à la fois le plaisir des supporteurs de football et de rugby, et qui accueille depuis vendredi dernier le meeting Gaz de France. Nous avons un stade qui est résolument moderne, qui a vingt ans d'avance, qui tous les ans est modernisé. C'est peut-être ce qui gêne d'autres candidatures, je peux le comprendre.
Q - Le Président Chirac arrivera demain. Il n'a évidemment pas choisi la même recette qui T. Blair. Sans trahir ce secret, que va mettre en avant le chef de l'Etat ?
R - Le Président représente deux symboles, deux atouts de la candidature française. Le premier, il connaît bien les membres du CIO, il portait la candidature de 1992 en tant que maire de Paris. Il en a déjà conquis certains. Il est identifié par ses membres. Et puis, le Président va exprimer cet engagement total, entier, de l'Etat français aux côtés de la ville de Paris, du maire de Paris et de la région, du mouvement sportif. C'est l'engagement total de l'Etat et le Président, lui, reste. Il sera présent à neuf heures du matin, le 6. C'est une sorte de respect aux membres du CIO que d'être présent lors de la présentation officielle de notre candidature devant les membres du CIO.
Q - Y a-t-il une valeur particulière qu'il va mettre en avant ?
R - Ce respect, ce partage des valeurs, cette connaissance du monde de l'Olympisme. Ce sont des éléments qui vont, je pense, être de nature à séduire et à convaincre les membres du CIO.
Q - Votre programme, c'est quoi ?
R - Je révise mes fiches. Après quarante cinq minutes de présentation, nous allons avoir un échange, des questions-réponses avec les membres du CIO sur, par exemple, la lutte anti-dopage, la loi anti-dopage, la loi olympique qui sera votée pour mettre en place le dispositif olympique si nous avons la chance d'organiser les jeux. Il faut des réponses très précises, très concises. Je travaille déjà ce type de réponses et, pour tout vous dire, après cette préparation, ce petit entraînement, je vais aller dans le fameux hall de l'hôtel des membres du CIO pour aller à la rencontre de certains d'entre eux, pour parler avec eux de notre projet et d'autres dossiers liés à l'Olympisme.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 5 juillet 2005)
R - Pour tout vous dire, j'attends avec beaucoup d'impatience maintenant le 6 juillet, 9 heures.
Q - Stressé ?
R - Oui, je trouve un peu le temps long. Nous sommes à Singapour. Toutes les villes candidates sont là, donc les principaux acteurs sont réunis. J'attends d'être devant les membres du CIO pour exprimer notre projet.
Q - Tout le monde dit que ce sera serré, que tout se joue là, pendant les dernières heures. Comment allez-vous gérer ces heures qui vous séparent de l'audition ? Qu'allez-vous faire ?
R - Sachez que nous sommes très occupés. Déjà, il y a un certain nombre de conférences de presse, de points presse pour la presse française, mais également la presse internationale qui veut en savoir plus sur notre candidature. Et puis, nous avons encore deux jours pour convaincre un certain nombre de membres du CIO.
Q - C'est-à-dire que vous allez les rencontrer ?
R - Bien sûr. Nous sommes à peu près dans le même espace, dans le même hôtel. Nous allons profiter des moments où nous pouvons nous croiser dans l'hôtel pour, soit parler de la candidature s'ils demandent quelques précisions, soit évoquer avec eux des sujets qui sont régulièrement abordés. Je suis membre de la commission exécutive de l'Agence mondiale anti-dopage. Il y a des membres du CIO dans cette commission exécutive. Nous échangeons sur ce sujet, par exemple. Je ne vous cache pas que, si je peux parler de la candidature de Paris, je le fais bien volontiers avec eux.
Q - Evidemment. Mais est-ce informel ? Est-ce eux qui vous sollicitent ?
R - Oui, plutôt. Le rapport, le dialogue entre le CIO et la France et notre candidature s'inscrivent sur le très long terme. Déjà, en 1986, le président de la République défendait la candidature à Lausanne. C'est donc une histoire qui se raconte, un certain nombre de rencontres, d'histoires, d'éléments de la candidature qui s'inscrivent comme cela sur notre parcours commun.
Q - Il y a cent seize membres du CIO. On sait que certains ont déjà choisi, et vous les connaissez. D'autres hésitent. Est-ce ceux-là que vous visez, que vous essayez de croiser dans l'ascenseur ou ailleurs ?
R - Effectivement. Je ne vous cache pas que nous focalisons notre attention et nos efforts sur ceux qu'on estime pas encore vraiment convaincus par notre candidature, en leur exprimant les qualités du dossier, l'héritage laissé par les jeux, la très belle image que la France va porter du monde de l'Olympisme pendant les sept années qui viennent, si jamais nous avons l'honneur d'organiser ces jeux. C'est tout cela que, entre guillemets, "nous vendons aux membres du CIO". Mais, bien sûr, dans le respect des règles.
Q - Vous parlez du respect des règles. Il y a une petite polémique avec Londres. T. Blair a convoqué une trentaine de membres du CIO, apparemment entre vingt et trente, on ne sait pas exactement, en tête à tête. Qu'en pensez-vous ?
R - Il y a une commission d'éthique du CIO. Si cette commission n'a rien à redire de cette invitation, eh bien que tel ou tel reçoive des membres du CIO n'est pas gênant. Moi, ce qui me gêne plus, c'est qu'on voit quand même que, quelque part - je ne parle pas d'une candidature en particulier -, il y a une grosse dose d'agressivité. L'agressivité, ce n'est pas l'Olympisme. Il faut de la combativité, il faut de l'engagement, il faut aussi cette capacité de porter un dossier, une candidature, mais jamais d'agressivité. Ce n'est pas du tout dans les valeurs de l'Olympisme. Eh bien, ceux qui dépassent la ligne, ce sera à mon avis contre-productif pour eux.
Q - Agressivité quand certains disent, en anglais, que notre Stade de France est obsolète ? Est-ce à cela que vous faites allusion ?
R - En tout cas, le stade, nous l'avons. Nous avons investi pour 1998 dans un très beau stade qui fait à la fois le plaisir des supporteurs de football et de rugby, et qui accueille depuis vendredi dernier le meeting Gaz de France. Nous avons un stade qui est résolument moderne, qui a vingt ans d'avance, qui tous les ans est modernisé. C'est peut-être ce qui gêne d'autres candidatures, je peux le comprendre.
Q - Le Président Chirac arrivera demain. Il n'a évidemment pas choisi la même recette qui T. Blair. Sans trahir ce secret, que va mettre en avant le chef de l'Etat ?
R - Le Président représente deux symboles, deux atouts de la candidature française. Le premier, il connaît bien les membres du CIO, il portait la candidature de 1992 en tant que maire de Paris. Il en a déjà conquis certains. Il est identifié par ses membres. Et puis, le Président va exprimer cet engagement total, entier, de l'Etat français aux côtés de la ville de Paris, du maire de Paris et de la région, du mouvement sportif. C'est l'engagement total de l'Etat et le Président, lui, reste. Il sera présent à neuf heures du matin, le 6. C'est une sorte de respect aux membres du CIO que d'être présent lors de la présentation officielle de notre candidature devant les membres du CIO.
Q - Y a-t-il une valeur particulière qu'il va mettre en avant ?
R - Ce respect, ce partage des valeurs, cette connaissance du monde de l'Olympisme. Ce sont des éléments qui vont, je pense, être de nature à séduire et à convaincre les membres du CIO.
Q - Votre programme, c'est quoi ?
R - Je révise mes fiches. Après quarante cinq minutes de présentation, nous allons avoir un échange, des questions-réponses avec les membres du CIO sur, par exemple, la lutte anti-dopage, la loi anti-dopage, la loi olympique qui sera votée pour mettre en place le dispositif olympique si nous avons la chance d'organiser les jeux. Il faut des réponses très précises, très concises. Je travaille déjà ce type de réponses et, pour tout vous dire, après cette préparation, ce petit entraînement, je vais aller dans le fameux hall de l'hôtel des membres du CIO pour aller à la rencontre de certains d'entre eux, pour parler avec eux de notre projet et d'autres dossiers liés à l'Olympisme.
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 5 juillet 2005)