Déclarations de M. Gérard Larcher, ministre délégué aux relations du travail, sur l'insertion professionnelle des allocataires de minima sociaux et la pénurie de main d'oeuvre dans le secteur des métiers de l'alimentation et des métiers du bâtiment, Paris les 17 et 25 mai 2005.

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Circonstance : Signature de l'accord-cadre national avec la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment et signature de l'accord-cadre national avec la Confédération générale de l'alimentation en détail (CGAD) à Paris les 17 et 25 mai 2005

Texte intégral

Signature de l'accord cadre national
avec la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment
Mardi 17 mai 2005 à 15 heures
Monsieur le Président Jean LARDIN,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui, dans ce ministère, pour procéder à la signature d'un accord cadre national sur la mise en uvre du Contrat Insertion - Revenu Minimum d'Activité dans le secteur de l'artisanat du bâtiment.
Cet accord préfigure à mes yeux les partenariats qui vont se nouer sur le terrain, dans les semaines à venir, entre la profession, par l'intermédiaire de vos 103 syndicats départementaux, et les acteurs du Service public de l'emploi pour favoriser simultanément le développement des entreprises et l'insertion professionnelle des allocataires de minima sociaux en grande difficulté.
Mesdames et messieurs, vous connaissez la situation.
Le RMI a été conçu en 1988 par Michel ROCARD pour constituer un filet de sécurité. Assurer une sécurité matérielle minimale aux plus fragiles des siens est bien le devoir de la société. Et la création du RMI, initiative noble et généreuse, a été portée par la Nation tout entière au-delà des clivages politiques.
Mais il faut constater que si les prévisions tablaient à l'époque sur 400 000 allocataires, ils sont aujourd'hui 1,2 millions sans compter les quelques 370 000 allocataires de l'ASS.
Cette évolution s'explique bien sur par les difficultés économiques auxquelles notre pays a été confronté depuis, difficultés qui ont entraîné une dégradation du marché du travail et une augmentation du chômage, et plus particulièrement chez les peu qualifiés.
Mais le contexte économique n'explique pas tout. Le contrat d'insertion, sensé être le vecteur du retour à l'emploi des bénéficiaires, a été inégalement mis en uvre ; il n'a pas produit les effets escomptés là où il a été déployé.
Si bien que beaucoup d'allocataires du RMI sont entrés un jour dans l'assistance pour ne plus en sortir. Aujourd'hui, 10 % des inscrits au RMI le sont depuis sa création ; plus de la moitié des bénéficiaires de l'ASS ou du RMI perçoivent l'allocation depuis plus de deux ans.
Cette situation décourageante pour les personnes et inefficace pour la compétitivité de notre pays doit cesser.
Aussi le Plan de cohésion sociale consacre t-il une priorité absolue au retour à l'activité. L'assistance ne doit pas être une impasse ; il faut en faire une étape de reconstruction et un instrument de retour à l'activité.
Les allocataires du RMI ou de l'ASS pour qui la marche est souvent trop élevée pour renouer avec l'activité ont en effet besoin - au moins temporairement - d'un cadre adapté et protégé. Le RMA peut constituer cette passerelle vers l'emploi durable. Et je me réjouis que votre conférération s'engage aujourd'hui, parmi les premières, pour mettre en oeuvre ce dispositif et offrir de nouvelles perspectives à ces hommes et femmes éloignés de l'emploi depuis trop longtemps.
L'an passé, le secteur du bâtiment a été l'un des plus dynamiques en termes d'emploi : +1,4 %, près de 20 000 emplois nouveaux créés. Ce bon résultat est naturellement le signe de la grande vitalité économique du secteur, soutenue par une demande en croissance régulière. Il doit aussi beaucoup au dynamisme des 325 000 entreprises qui emploient aujourd'hui plus de 630 000 salariés.
Toutefois, cette vitalité ne doit pas occulter les difficultés importantes auxquelles vos entreprises sont confrontées en permanence pour recruter et fidéliser une main d'uvre bien formée. Près de 60 % des entreprises artisanales de moins de 10 salariés déclarent rencontrer des difficultés de recrutement. Cette pénurie de main d'uvre qui touche pratiquement tous les corps de métier bride l'activité de vos entreprises et leur développement.
Qui plus est, l'évolution de la pyramide des âges avec les nombreux départs à la retraite va renforcer les besoins de recrutement d'ores et déjà considérables. Il faut avoir conscience qu'un tiers des chefs d'entreprise artisanale a aujourd'hui plus de 50 ans et va céder la main au cours des dix ans qui viennent. Il faut impérativement s'y préparer.
Votre secteur est ainsi confronté à un véritable défi pour mobiliser la main d'uvre nécessaire au maintien du dynamisme du secteur. Pour le relever, vous allez devoir renforcer l'attractivité de vos métiers et multiplier les sources de recrutement.
Vous développer des actions de promotion et de sensibilisation auprès des jeunes (notamment les " ateliers du mercredi " dans les écoles primaires, les " chantier de la vie " dans les collèges). Vous soutenez également l'apprentissage - je rappelle que vos entreprises accueille près de 64 000 apprentis -.
Mais, pour augmenter l'emploi, il faut aller plus loin. Il faut agir sur tous les leviers, multiplier les voies de recrutement.
Vous engagez un certain nombre d'actions de promotion des métiers et de développement de formations pour attirer les jeunes diplômés dans vos entreprises. Il vous faut aussi faire un effort particulier pour aider les publics en difficulté à entrer dans les entreprises.

Tel est l'objet de cet accord que nous allons signer aujourd'hui. Cet accord me paraît exemplaire à plusieurs titres.
- C'est d'abord un accord " gagnant-gagnant ".
Gagnant pour les entreprises qui pourvoient des postes sur lesquels elles peinent à recruter ; gagnant pour les futurs salariés qui retrouvent le chemin de l'emploi.
Il s'agira donc pour la profession de repérer les emplois susceptibles d'être proposés aux bénéficiaires du RMI et d'inciter les entreprises à utiliser le dispositif CI-RMA. Pour sa part, le service public de l'emploi s'engage à favoriser la mise en relation en développant les évaluations en milieu de travail et en mobilisant la méthode de recrutement par simulation pour repérer.
- C'est ensuite un accord qui met en place une dynamique vertueuse.
D'une part, le tutorat que vous mettez en place pour d'accompagner les bénéficiaires du CI-RMA pendant la durée du contrat va faciliter leur intégration dans l'entreprise, l'apprentissage des contraintes de la vie professionnelle et l'acquisition des pratiques du métier.
D'autre part, il me semble tout à fait essentiel qu'un parcours qualifiant puisse être proposé en cas d'embauche à l'issue du contrat. Les contrats de professionnalisation sont des outils particulièrement adaptés à la construction de tels parcours.
Car c'est bien la professionnalisation et la qualification qui va permettre au salarié de se maintenir durablement dans l'emploi, une fois le pied remis à l'étrier.
Mesdames et Messieurs,
J'ai la conviction que c'est par la mobilisation de tous les acteurs de la vie économique et la convergence des efforts qui démultiplie nos actions que nous parviendrons ensemble à faire reculer le chômage et l'exclusion et renforcer, dans le même temps, le dynamisme de nos entreprises.
Cet accord cadre de mise en uvre du RMA participe à cette logique. Il contient tous les éléments de méthode permettant l'insertion professionnelle durable des bénéficiaires de minima sociaux.
Je souhaite donc que, dans les départements, tous les acteurs - fédérations, entreprises, organismes de formation et les services déconcentrés de l'Etat, l'ANPE et l'AFPA - s'engagent pour mettre en uvre localement cet accord en association avec les Conseils Généraux.
Je sais pouvoir compter sur votre engagement.
Je vous remercie.
(Source http://www.travail.gouv.fr, le 19 mai 2005)
Signature de l'accord cadre national avec
la Confédération Générale de l'Alimentation en Détail CGAD
Mercredi 25 mai 2005
Monsieur le Président Claude BELLOT,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui, dans ce ministère, pour procéder à la signature d'un accord cadre national sur la mise en uvre du Contrat Insertion - Revenu Minimum d'Activité dans le secteur du commerce indépendant et de l'artisanat de l'alimentation.
Cet accord préfigure à mes yeux les partenariats qui vont se nouer sur le terrain dans les semaines à venir par l'intermédiaire de vos 108 CGAD départementales et régionales entre les professions de l'alimentation et les acteurs du Service public de l'emploi pour favoriser simultanément le développement des entreprises et l'insertion professionnelle des allocataires de minima sociaux en grande difficulté.
Mesdames et messieurs, vous connaissez la situation.
Le RMI a été conçu en 1988 par Michel ROCARD pour constituer un filet de sécurité. Assurer une sécurité matérielle minimale aux plus fragiles des siens est bien le devoir de la société. Et la création du RMI, initiative noble et généreuse, a été portée par la Nation tout entière au-delà des clivages politiques.
Mais il faut constater que si les prévisions tablaient à l'époque sur 400 000 allocataires, ils sont aujourd'hui 1,2 millions sans compter les quelques 370 000 allocataires de l'ASS.
Cette évolution s'explique bien sur par les difficultés économiques auxquelles notre pays a été confronté depuis, difficultés qui ont entraîné une dégradation du marché du travail et une augmentation du chômage, et plus particulièrement chez les peu qualifiés.
Mais le contexte économique n'explique pas tout. Le contrat d'insertion, sensé être le vecteur du retour à l'emploi des bénéficiaires, a été inégalement mis en uvre ; il n'a pas produit les effets escomptés là où il a été déployé.
Si bien que beaucoup d'allocataires du RMI sont entrés un jour dans l'assistance pour ne plus en sortir. Aujourd'hui, 10 % des inscrits au RMI le sont depuis sa création ; plus de la moitié des bénéficiaires de l'ASS ou du RMI perçoivent l'allocation depuis plus de deux ans.
Cette situation décourageante pour les personnes et inefficace pour la compétitivité de notre pays doit cesser.
Aussi le Plan de cohésion sociale consacre t-il une priorité absolue au retour à l'activité. L'assistance ne doit pas être une impasse ; il faut en faire une étape de reconstruction et un instrument de retour à l'activité.
Les allocataires du RMI ou de l'ASS pour qui la marche est souvent trop élevée pour renouer avec l'activité ont en effet besoin - au moins temporairement - d'un cadre adapté et protégé. Le RMA peut constituer cette passerelle vers l'emploi durable. Et je me réjouis que votre confédération s'engage aujourd'hui pour mettre en oeuvre ce dispositif et offrir de nouvelles perspectives à ces hommes et femmes éloignés de l'emploi depuis trop longtemps.
Depuis une dizaine d'année, le secteur des métiers de l'alimentation - ceux qu'on appelle les métiers de bouche - connaît un important déficit de recrutement. Ce manque de main d'uvre récurrent bride l'activité de vos entreprises et freine leur développement.
Il faut reconnaître qu'aujourd'hui la plupart des métiers de l'alimentation sont confrontés à de véritables pénuries de main d'uvre. Je pense par exemple à l'hôtellerie-restauration, aux métiers de la poissonnerie ou de la boucherie.
Qui plus est, l'évolution de la pyramide des âges avec les nombreux départs à la retraite va renforcer les besoins de recrutement d'ores et déjà considérables. Il faut avoir conscience qu'un tiers des chefs d'entreprise artisanale a aujourd'hui plus de 50 ans et va céder la main au cours des dix ans qui viennent. Il faut impérativement s'y préparer.
Le Centre de Formation de l'Alimentation en Détail (FORMAD) que vous avez créé en 1997 va permettre d'accompagner des repreneurs potentiels en leur permettant d'approfondir leurs connaissances sur la gestion d'une entreprise, la commercialisation et les techniques du métier.
Votre secteur est ainsi confronté à un véritable défi pour mobiliser la main d'uvre nécessaire au maintien du dynamisme du secteur. Pour le relever, vous allez devoir renforcer l'attractivité de vos métiers - en terme de condition de travail, de salaires et d'amélioration des horaires - et multiplier les sources de recrutement.
Je salue votre volonté de promouvoir l'apprentissage - je rappelle que vos entreprises accueille près de 40 000 apprentis -. Vous vous êtes notamment associés, aux côtés d'une vingtaine de branches professionnelles et d'organismes gestionnaires de CFA, à la signature avec Jean-Louis BORLOO et Laurent HENART, mardi 19 avril, d'un accord cadre national pour le développement de l'apprentissage.
Mais, pour augmenter l'emploi, il faut aller plus loin. Il faut agir sur tous les leviers, multiplier les voies de recrutement.
Il vous faut aussi faire un effort particulier pour aider les publics en difficulté à entrer dans les entreprises.
Tel est l'objet de cet accord que nous allons signer aujourd'hui. Cet accord me paraît exemplaire à plusieurs titres.
- C'est d'abord un accord " gagnant-gagnant ".
Gagnant pour les entreprises qui pourvoient des postes sur lesquels elles peinent à recruter et pour lesquels elles reçoivent une aide financière importante.
Gagnant pour les futurs salariés qui retrouvent le chemin de l'emploi.
Il s'agira donc pour la profession de repérer les emplois susceptibles d'être proposés aux bénéficiaires du RMI et d'inciter les quelques 290 000 entreprises de votre secteur à utiliser le dispositif CI-RMA. Votre confédération a un rôle important à jouer pour informer les confédérations adhérentes, les CGAD départementales et régionales et toutes les entreprises sur ce nouveau dispositif, ses conditions de mise ainsi que ses avantages.
Pour sa part, le service public de l'emploi s'engage à favoriser la mise en relation en développant les évaluations en milieu de travail et en mobilisant la méthode de recrutement par simulation pour repérer.
- C'est ensuite un accord qui met en place une dynamique vertueuse.
D'une part, le tutorat que vous mettez en place pour d'accompagner les bénéficiaires du CI-RMA pendant la durée du contrat va faciliter leur intégration dans l'entreprise, l'apprentissage des contraintes de la vie professionnelle et l'acquisition des pratiques du métier.
D'autre part, il me semble tout à fait essentiel qu'un parcours qualifiant puisse être proposé en cas d'embauche à l'issue du contrat. Les contrats de professionnalisation sont des outils particulièrement adaptés à la construction de tels parcours.
Car c'est bien la professionnalisation et la qualification qui va permettre au salarié de se maintenir durablement dans l'emploi, une fois le pied remis à l'étrier.
Mesdames et Messieurs,
J'ai la conviction que c'est par la mobilisation de tous les acteurs de la vie économique et la convergence des efforts qui démultiplie nos actions que nous parviendrons ensemble à faire reculer le chômage et l'exclusion et renforcer, dans le même temps, le dynamisme de nos entreprises.
Cet accord cadre de mise en uvre du RMA participe à cette logique. Il contient tous les éléments de méthode permettant l'insertion professionnelle durable des bénéficiaires de minima sociaux. Nous nous sommes fixés pour objectif de favoriser le recrutement de 1 000 bénéficiaires de minima sociaux en CI-RMA sur deux ans. Il va sans dire que celui-ci pourra être dépassé.
Je souhaite donc que, dans les départements, tous les acteurs - fédérations, entreprises, organismes de formation et les services déconcentrés de l'Etat, l'ANPE et l'AFPA - s'engagent pour mettre en uvre localement cet accord en association avec les Conseils Généraux.
Je sais pouvoir compter sur votre engagement.
Je vous remercie.

(Source http://www.travail.gouv.fr, le 30 mai 2005)