Déclaration de M. Bruno Gollnisch, porte-parole du Front national, sur les résultats électoraux du Front national au premier tour des élections régionales, sur sa statégie électorale au deuxième tour et lors des élections des présidents de région.

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Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

Q- F. Laborde-. Le FN est présent dans dix-sept triangulaires. Il faut dire que vos électeurs sont un peu l'objet de toutes les sollicitudes, où dans beaucoup de meetings, on les appelle à voter pour la majorité parlementaire actuelle. On a vu que N. Sarkozy, le ministre de l'Intérieur, faisait lui même beaucoup de meetings, avec des appels du pied directs ou indirects. Qu'est-ce que vous pensez de tout cela ?
R - "Je dis "Pas une voix pour les partis du système" ! L'ère des cadeaux est révolue pour les Français. Je pense qu'il faut une autre alternative que le zapping entre la gauche socialo-écolo-communiste d'une part, et la coalition chiraco-centriste de l'autre, qui gère le pays depuis quarante ans. Ils sont solidaires dans la décadence, dans l'échec, dans la politique mondialiste, la folle politique d'ouverture des frontières. Ils nous ont déjà fait le numéro, il y a six ans, vous savez ! Vous vous en souvenez, ils disaient : "Voter pour le FN, c'est faire passer la gauche" - MM. Sarkozy, Juppé et Devedjian disaient cela. On est venus à leur secours..."
Q- J. Blanc et J.-P. Soisson ont été élus avec des votes du FN...
R - "Il y a quatre présidents de région. On en avait même fait élire six et on était prêts à en faire élire davantage. Qui est-ce qui s'est mis en travers, à ce moment-là, en injuriant le Front national, en nous traitant de racistes, de xénophobes, dans une intervention inouïe ? C'est J. Chirac lui-même ! Et ils ont ensuite persécuté ceux des leurs qui avaient été élus avec nos voix. Le leader RPR-UDF, dans ma région, C. Millon, a été persécuté et ils ont élu à la place, fait élire par les socialistes et les communistes, par exemple dans ma région, madame Comparini. Je crois qu'ils sont totalement disqualifiés aujourd'hui pour faire appel aux électeurs du FN. Il faut que les électeurs FN et les familles d'esprit qui ont été éliminés par ce nouveau mode de scrutin se reportent sur la seule formation anti-système que nous sommes. Et, à la proportionnelle, nous aurons des élus."
Q- Le paradoxe, c'est que cette fois-ci, vous vous maintenez et que vous allez faire élire J.-J. Queyranne, qui est le candidat socialiste. Franchement, en termes d'efficacité, le résultat n'est pas éblouissant, de votre point de vue !
R - "L'efficacité, dans les élections, cela consiste à avoir des élus. Les élus FN plongent dans les dossiers, dénoncent les scandales et la corruption, comme l'avait fait, par exemple, en Ile-de-France, R. Hemmerdinger, qui a été le premier à mettre la main sur l'affaire de la corruption dans le scandale des lycées d'Ile-de-France, qui va être prochainement jugé. Ils parviennent à faire passer des voeux ou des amendements, comme on a eu H. Petit, en Rhône-Alpes, qui a réussi à faire supprimer la taxe sur les permis de conduire. Je crois que le vote utile, c'est voter pour ses idées."
Q- Donc, le fait que vous préfériez que madame Comparini soit battue, la candidate UDF, ce n'est pas le résultat de rancoeurs passées ou d'amertume ?
R - "Je ne préfère pas que madame Comparini soit battue, elle est battue ! Elle est déjà battue, elle a un handicap qui est absolument impossible à rattraper. Le problème est de savoir si l'opposition doit être incarnée par elle, qui été élue, président de la région il y a six ans, avec les voix des socialistes et des communistes, contre la voix de la majorité des électeurs RPR-UDF, ou si cela doit être une opposition résolue au système, parce que proposant des bases différentes de la vie politique que nous incarnons."
Q- Pour revenir à votre position, au plan national, J.-M. Le Pen avait annoncé un vaste mouvement, un "21 avril bis". Le raz-de-marée ou le séisme n'a pas vraiment eu lieu. Vous vous maintenez, mais vous ne progressez pas de façon spectaculaire ?
R - "L'élection n'est pas terminée, il y a un deuxième tour. C'est aux électeurs de le dire, encore une fois, et de voter pour leurs convictions, pour une politique nationale, pour une politique de défense des intérêts français d'abord, ce qui n'implique aucune hostilité à l'égard d'autres peuples, pour une politique de diminution de la pression fiscale, d'accession à la propriété, de défense des valeurs traditionnelles de la France, de notre culture, de notre identité. Le Front national, c'est un peu comme le sketch de R. Lamoureux : on veut manger le canard, et pour manger le canard, il faut le tuer. Alors, la famille essaie de tuer le canard, et le lendemain, le canard est toujours là. Le mode de scrutin était une véritable tricherie, il avait pour but de faire disparaître le FN ; il est la seule formation politique opposée au système actuel qui ait réussi à passer les mailles du filet."
Q- Dans le Pas-de-Calais, le candidat FN est devant le candidat de la majorité actuelle. Vous, vous êtes à 18,21 %, vous maintenez à peu près vos scores. Mais en Ile-de-France, M. Le Pen fait moins que prévu, moins qu'espéré, qu'annoncé. Est-ce que cela peut fragiliser sa position au sein du mouvement ? Certains avaient trouvé que cela faisait beaucoup, la fille du chef en héritière...
R - "Je crois que cela n'a aucune espèce de rapport. Marine a fait une très belle campagne, elle continue de faire campagne et j'espère qu'elle aura un grand succès au deuxième tour. Je crois que son principal handicap a été la fausse opposition Copé-Santini. Santini, UDF, a fait une campagne contre Copé, porte-parole du Gouvernement, ce qui fait que les gens, les électeurs de droite hostiles au Gouvernement, ont cru voter pour une certaine forme d'opposition en votant Santini. Aujourd'hui, ils sont sur la liste de Copé ; l'ambiguïté est levée et je crois que ceux qui veulent une autre politique se porteront sur la liste que conduit Marine, qui encore une fois, fait une très belle campagne. C'est vrai que nous avons maintenu nos pourcentages, mais nous avons gagné énormément de voix car la participation a été beaucoup plus forte."
Q- Je vais poser la question différemment : est-ce que, a contrario, cela conforte votre position de dauphin potentiel de J.-M. Le Pen ?
R - "Cela n'a aucune espèce de rapport."
Q- Les dissensions qu'il y a pu avoir entre vous et M. Le Pen, ce n'était pas tout à fait vrai, on n'a pas bien compris ?
R - "Elle a fait une très belle campagne en Ile-de-France ; moi, j'ai fait une très belle campagne en Rhône-Alpes. Nous avons fait campagne avec tous nos candidats, vraiment la main dans la main, et nous faisons campagne pour des convictions. Nous avons des différences de sensibilités, de style, c'est possible..."
Q- Vous l'avez trouvée très marketing, à un moment donné...
R- "C'est votre analyse. Je crois qu'elle présente effectivement une image qui n'est pas celle des autres dirigeants du FN. Mais nous avons aussi d'autres leaders en province, qui étaient assez peu connus et qui le sont davantage maintenant. Et comme vous le dites aussi, C. Lang, par exemple, dans le Nord-Pas-de-Calais, est mieux placé que l'UMP pour battre la gauche, et notre ami Binder, en Alsace, lui, a battu la gauche. Il est la première force d'opposition, et j'espère, demain, de gouvernement dans cette région."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 mars 2004)