Texte intégral
Q- Le chômage a baissé d'un point en juillet, à moins de 10 % aujourd'hui. Quatre embellies depuis mai, l'une après l'autre, est-ce que cela annonce une réduction continue et durable du chômage en France ?
R- D'abord, bien sûr, c'est une bonne nouvelle, parce que derrière ces chiffres, il y a des hommes et des femmes, et des hommes et des femmes qui retrouvent du travail. Et vous le savez, c'est vraiment la politique du Gouvernement que de se battre, de toute son énergie pendant les vingt mois qui vont venir, pour faire baisser le chômage.
Q- C'est son job, c'est son job...
R- Mais c'est une priorité, une priorité de longue haleine. Donc bien sûr aujourd'hui, plutôt que de voir l'arithmétique, c'est la tendance qui est importante. C'est une tendance effectivement, où pour le deuxième mois consécutif, on s'inscrit en baisse. 25.600 personnes qui vont retrouver du travail, c'est une bonne nouvelle, mais encore une fois, je le dis, la route est longue. Nous avons encore beaucoup de mois à passer, sur lesquels il faut se battre avec énergie. C'est l'ensemble du plan de cohésion sociale, c'est aussi, et on ne le dit pas assez, parce que nous sommes aujourd'hui, maintenant - c'est vrai qu'on ne m'entend pas encore beaucoup mais j'espère que l'on va commencer à le faire -, en retournement de cycle. Depuis le mois de mai, en France, mais aussi en Europe, la conjoncture se retourne. Les entreprises réembauchent, la croissance revient. On a eu une mauvaise croissance au deuxième trimestre mais, je le redis, le pire est derrière nous.
Q- Vous disiez, il y a dix jours, le pire est derrière nous. Vous pourriez le répéter alors que le prix du pétrole augmente et les prix aussi ?
R- Je le dis clairement, en France et en Europe. Et vous savez, l'Europe,
c'est important, parce que ce sont nos premiers partenaires commerciaux...
Q- Il y a quelques jours, L. Parisot, la numéro un du Medef, prévoyait 1,3 à 1,5 de croissance. La mode est de dire 1,3 à 1,5, et peut-être moins. Vous, que dites-vous ce matin ?
R- Je redis qu'encore une fois, notre objectif est entre 1,5 et 2 %. J'ai dit que le plafond était à 2 %. On se bat évidemment de toute notre force, c'est vrai que c'est difficile. Mais nous sommes clairement entre 1,5 et 2 %.
Q- C'est-à-dire qu'il y a une accélération qui a commencé en juillet, en août ?
R- Fin mai, début juin. Et puis on la confirme en juin, on la confirme en juillet, on la confirme en août. Et donc effectivement, quand je vois les indicateurs, il faut parler très actuellement : aujourd'hui, les commandes industrielles sont à la hausse, les exportations sont bien meilleures que ce qu'elles n'étaient, notamment les exportations industrielles. Vous savez que l'on fait des enquêtes sur le moral des chefs d'entreprises : les perspectives sont clairement maintenant au vert, depuis le mois de juillet. L'activité industrielle repart à la hausse.
Q- D'accord, mais la consommation et le moral des ménages ne sont pas très haut ?
R- C'est vrai qu'il y a un décalage, et c'est vrai aussi que je suis là pour ça, c'est vrai aussi que le rôle du ministre de l'Economie et des Finances, c'est d'essayer d'expliquer sur les faits, pour donner un peu la tendance. La tendance aujourd'hui est bien meilleure qu'elle ne l'était. On ne le voit pas encore, vous avez raison, dans le portefeuille des Français. Et c'est tout le combat, même si on a injecté beaucoup d'argent dans le pouvoir d'achat, notamment avec les mesures pour l'emploi.
Q- L'Etat joue le jeu de la création d'emplois, mais pour un contribuable, quel est le coût d'un emploi acheté ou aidé ?
R- Encore une fois, "le contribuable", il faut faire attention, parce que, je l'ai redit il n'y a pas si longtemps que ça, l'ensemble des impôts des Français aujourd'hui sert aussi beaucoup à payer les charges, les intérêts de la dette. Donc le contribuable n'a pas une partie qui lui revient, c'est l'ensemble des finances publiques. Les contrats aidés, c'est quelque chose d'important, mais ce qui est encore plus important - et c'est toute la logique sur laquelle D. de Villepin veut que le Gouvernement s'engage -, c'est de démontrer que le travail paie. Donc, encore une fois, ce que l'on souhaite, c'est permettre à tous ceux qui vont retrouver un travail, d'avoir aussi un plus. Parce qu'il est vrai que quand on a été en inactivité et qu'on retrouve un travail, on change d'habitude, il faut parfois déménager, il faut des fois changer sa vie. Et donc l'Etat veut encourager et payer davantage ceux qui travaillent.
Q- Les patrons de PME jouent-ils le jeu du contrat "nouvelles embauches", qui a été lancé le 4 août ? Est-ce qu'on va en voir des résultats ou est-ce à la "Saint Glinglin" ?
R- Les chiffres et les très bonnes tendances que vous avez rappelés ce matin, sur le chômage, n'intègrent pas encore la mise en uvre des mesures qui ont été prises par D. de Villepin, sur les mesures d'urgence pour l'emploi, puisque je rappelle qu'elles n'ont été votées qu'à la fin du mois de juillet. Or là, il s'agit des chiffres de juillet. Sur le mois d'août, nous avons de très bons indicateurs aujourd'hui sur le contrat "nouvelles embauches", c'est-à-dire vraiment des milliers et des milliers, et donc peut-être encore plus que ce que les gens pouvaient penser. Cela démontre que ce contrat, qui est un contrat encore une fois, je le rappelle, pour faire sortir de la précarité, celles et ceux qui n'ont pas de travail, rencontre l'adhésion, assez significatif peut-être même massive, des petites entreprises.
Q- Quand vous avez préparé le budget 2006, à combien le prix du baril du pétrole était-il ?
R- On l'avait prévu sur l'année à 36 dollars...
Q- Aujourd'hui, à combien le calculez-vous ? Il était, hier, à 70 dollars...
R- Aujourd'hui, quand on fera la moyenne sur l'année, il sera clairement au-dessus de 50, c'est une évidence... Et donc c'est vrai que ça pèse fondamentalement sur les finances publiques. Je vous confirme que ce n'est pas une bonne nouvelle pour le ministre des Finances que je suis...
Q- Et peut-on atteindre les 2 %, malgré le cours du pétrole entre 50 et 60 ?
R- On fait tout pour ça...
Q- Et y arrive-t-on ou pas ?
R- On fait tout pour ça et, encore une fois derrière, derrière, on met une
dynamique. Je le redis, il y a clairement un élan.
Q- Vous dites que cela pèse sur les finances publiques ?
R- C'est clair...
Q- Le Parti communiste, le PS, F. Bayrou et les syndicats réclament pourtant à Matignon et à vous, un effort sur le pouvoir d'achat en faveur des bas revenus. Qu'est-ce qu'ils peuvent attendre encore de vous ?
R- Une fois encore, c'est la priorité que de se préoccuper effectivement du pouvoir d'achat des Françaises et des Français. C'est la priorité du Gouvernement. Je voudrais indiquer que l'ensemble des éléments qui ont été mis en uvre aujourd'hui, sur ces plans, que ce soit par exemple, l'augmentation du Smic horaire de 5,5 %, que ce soit l'augmentation de la prime pour l'emploi, que ce soit aussi l'augmentation des fonctionnaires - je rappelle que 1,8 % de plus cette année...
Q- Oui, mais au total, combien cela fait-il ?
R- Au total, on aura réinjecté plus de 8 milliards d'euros, en pouvoir d'achat avec ces mesures...
Q- Mais cela ne se voit pas encore...
R- Cela commence à arriver, bien sûr... C'est pratiquement un demi point de croissance qui aura été réinjecté cette année par le Gouvernement...
Q- Très bien, mais qu'est-ce que vous dites à J.-C. Mailly, de Force ouvrière ? Que vous ferez un effort de plus ou non ?
R- Il va voir l'ensemble de ces éléments qui vont commencer à peser. C'est sûr qu'il n'y en a jamais assez. Mais l'Etat, ce n'est pas non plus un panier sans fond. Ce que je veux dire, c'est que la priorité va là.
Q- Demain, le Premier ministre va proposer ce que Matignon a appelé jusqu'ici le "plan de relance". On dit que vous l'avez préparé avec lui et avec l'Elysée. Qu'est-ce qu'on peut attendre et en particulier en matière de fiscalité ?
R- C'est vrai qu'on a beaucoup travaillé avec le Premier ministre, sur ce sujet, depuis maintenant plusieurs semaines. Ce qui est très important c'est qu'au-delà d'un plan de relance, c'est plutôt un plan de redynamisation, d'accélération de la croissance que nous voyons repartir. On voit des signes positifs, il faut maintenant les encourager et les accélérer. Il y a des éléments très importants, il y a des blocages dans notre pays. On le sait. On parle en particulier de la fiscalité de l'impôt...
Q- Oui, d'après Les Echos et Le Canard Enchaîné, vous allez simplifier l'impôt sur
le revenu ?
R- Je ne prends mes sources ni dans l'un ni dans l'autre, mais en tout état
de cause, on peut dire qu'on a beaucoup travaillé...
Q- Oui, mais vous pouvez confirmer ou infirmer ?
R- On a beaucoup travaillé avec le Premier ministre sur ce sujet, il m'avait du reste passer une commande à cet effet. On a beaucoup travaillé et c'est vrai que de cette réflexion et de cette concertation, il ressort des choses qui sont assez évidentes aux yeux de toutes les Françaises et de tous les Français. C'est vrai qu'on a un impôt qui est trop compliqué, qui n'est pas assez lisible, qui n'est pas non plus toujours considéré comme étant juste...
Q- Donc vous allez le simplifier ?
R- Il faut le simplifier, il faut le rendre plus juste, il faut le rendre plus
lisible...
Q- De quelle façon ? Il y aura moins de tranches ?
R- C'est une piste effectivement qui est importante. D'abord, c'est une piste de bon sens, dans la mesure encore une fois où cela peut bénéficier à ceux qui sont les plus fragiles - et c'est important, c'est une priorité du Gouvernement. Mais c'est aussi la justice qui est retenue, pour avoir cette meilleure lisibilité de l'impôt. La justice, c'est aussi le fait que cet impôt serve en priorité et favorise le retour à l'emploi. On l'a dit, c'est la priorité du Gouvernement. Donc tous ces éléments sont pris en considération et seront annoncés demain par le Premier ministre.
Q- Mais il n'est pas nécessaire, en expliquant l'injustice, la complication de l'impôt, de se justifier, parce que vous donnez l'impression que vous êtes sur la défensive ! Si l'impôt est aussi tordu qu'il l'est, vous allez le simplifier, vous allez en réduire le nombre de tranches... Si c'est positif pour les Français, il faut le dire !
R- Je pense que ce sera positif pour les Français, c'est clair...
Q- Donc il y aura moins que les sept tranches ?
R- Ce sont des réformes très importantes, très compliquées à mettre en uvre et comme je suis le ministre qui sera chargé de la mettre en uvre, si jamais on le fait, c'est que c'est vraiment dans l'intérêt des Français, vous avez raison de l'avoir signalé.
Q- Est-ce que l'heure d'une réforme de l'impôt sur la fortune a sonné ?
R- Cela fait partie du paquet global. Souvenez-vous, quand on en a parlé, il y a quelques semaines, la commande qui a été faite, c'était clairement de revoir l'ensemble de la fiscalité, y compris l'impôt sur la fortune. Alors, il est évident que cet impôt sur la fortune ne sera pas supprimé, il n'en a jamais été question. Par contre, qu'il soit réaménagé dans le cadre global pour éviter les aberrations et surtout les effets pervers, qui seraient contre-productifs pour la France, pour permettre de rendre la France plus compétitive dans le champ des nations, tout ça est très important et a été pris en compte, je vous le confirme, dans la réflexion du Premier ministre...
Q- P. Ollier, à l'UMP, qui préside la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale a promis dans Le Parisien de ce matin, de mettre la pression sur vous tous, sur le Gouvernement, à propos de l'impôt sur la fortune. Il parle par exemple de l'immobilier, de l'outil de travail. Ce sont des pistes ou pas ?
R- Eh bien, je n'ai pas encore eu le temps de lire ces déclarations, mais je m'entends très bien avec P. Ollier, on se met la pression nous-mêmes et je vois qu'une fois de plus, on va dans un sens qui est un sens qui converge...
Q- D'autant plus le président de l'UMP, N. Sarkozy, a l'intention, le 7 septembre, dans une convention spécialisée sur la fiscalité, de ne pas faire de cadeau. Il a de l'imagination, il va vous proposer lui aussi, une vraie réforme fiscale ?
R- Mais je vais vous donner un scoop : j'y serais et je vais parler à cette convention ! C'est bien normal du reste...
Q- Comme vous le dites vous-même, c'est tout à fait normal et c'est bien qu'il y ait une sorte de compétition entre vous, à l'intérieur de la majorité, pour réformer la fiscalité en France ?
R- Je ne le vis pas du tout comme ça, mais en tout cas, si jamais il y a une compétition pour les réformes, ça me va tout à fait.
Q- Le projet dont vous parlez, est-il applicable en 2006, en 2007 ou après ?
R- Ah, non clairement avant 2007 !
Q- Le Gouvernement devrait publier, très bientôt, la liste des secteurs industriels stratégiques, dans lesquels il pourrait interdire les OPA. C'est un peu la leçon de Danone etc. Est-ce qu'il y aura des sanctuaires ?
R- D'abord, ceci s'inscrit évidemment dans le cadre de la réglementation européenne stricto sensu, c'est une évidence mais c'est bien de le redire. Et deuxièmement, il s'agit comme le font tous les pays, de secteurs sensibles, de secteurs très sensibles et qui concernent essentiellement la défense, les hautes technologies, les technologies de cryptage, de télécommunication spécifique etc. qui sont des éléments qui font partie du patrimoine, du sanctuaire national.
Q- Biotechnologie, nanotechnologie etc.
R- Pas plus, pas moins.
Q- Entre un ministre d'Etat qui est extrêmement actif, entre un Premier ministre hyper habile comme stratège, y a-t-il une place politique pour le ministre des Finances et de l'Economie ?
R- Pour un ministre des Finances réformateur, tout à fait.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 31 août 2005)
R- D'abord, bien sûr, c'est une bonne nouvelle, parce que derrière ces chiffres, il y a des hommes et des femmes, et des hommes et des femmes qui retrouvent du travail. Et vous le savez, c'est vraiment la politique du Gouvernement que de se battre, de toute son énergie pendant les vingt mois qui vont venir, pour faire baisser le chômage.
Q- C'est son job, c'est son job...
R- Mais c'est une priorité, une priorité de longue haleine. Donc bien sûr aujourd'hui, plutôt que de voir l'arithmétique, c'est la tendance qui est importante. C'est une tendance effectivement, où pour le deuxième mois consécutif, on s'inscrit en baisse. 25.600 personnes qui vont retrouver du travail, c'est une bonne nouvelle, mais encore une fois, je le dis, la route est longue. Nous avons encore beaucoup de mois à passer, sur lesquels il faut se battre avec énergie. C'est l'ensemble du plan de cohésion sociale, c'est aussi, et on ne le dit pas assez, parce que nous sommes aujourd'hui, maintenant - c'est vrai qu'on ne m'entend pas encore beaucoup mais j'espère que l'on va commencer à le faire -, en retournement de cycle. Depuis le mois de mai, en France, mais aussi en Europe, la conjoncture se retourne. Les entreprises réembauchent, la croissance revient. On a eu une mauvaise croissance au deuxième trimestre mais, je le redis, le pire est derrière nous.
Q- Vous disiez, il y a dix jours, le pire est derrière nous. Vous pourriez le répéter alors que le prix du pétrole augmente et les prix aussi ?
R- Je le dis clairement, en France et en Europe. Et vous savez, l'Europe,
c'est important, parce que ce sont nos premiers partenaires commerciaux...
Q- Il y a quelques jours, L. Parisot, la numéro un du Medef, prévoyait 1,3 à 1,5 de croissance. La mode est de dire 1,3 à 1,5, et peut-être moins. Vous, que dites-vous ce matin ?
R- Je redis qu'encore une fois, notre objectif est entre 1,5 et 2 %. J'ai dit que le plafond était à 2 %. On se bat évidemment de toute notre force, c'est vrai que c'est difficile. Mais nous sommes clairement entre 1,5 et 2 %.
Q- C'est-à-dire qu'il y a une accélération qui a commencé en juillet, en août ?
R- Fin mai, début juin. Et puis on la confirme en juin, on la confirme en juillet, on la confirme en août. Et donc effectivement, quand je vois les indicateurs, il faut parler très actuellement : aujourd'hui, les commandes industrielles sont à la hausse, les exportations sont bien meilleures que ce qu'elles n'étaient, notamment les exportations industrielles. Vous savez que l'on fait des enquêtes sur le moral des chefs d'entreprises : les perspectives sont clairement maintenant au vert, depuis le mois de juillet. L'activité industrielle repart à la hausse.
Q- D'accord, mais la consommation et le moral des ménages ne sont pas très haut ?
R- C'est vrai qu'il y a un décalage, et c'est vrai aussi que je suis là pour ça, c'est vrai aussi que le rôle du ministre de l'Economie et des Finances, c'est d'essayer d'expliquer sur les faits, pour donner un peu la tendance. La tendance aujourd'hui est bien meilleure qu'elle ne l'était. On ne le voit pas encore, vous avez raison, dans le portefeuille des Français. Et c'est tout le combat, même si on a injecté beaucoup d'argent dans le pouvoir d'achat, notamment avec les mesures pour l'emploi.
Q- L'Etat joue le jeu de la création d'emplois, mais pour un contribuable, quel est le coût d'un emploi acheté ou aidé ?
R- Encore une fois, "le contribuable", il faut faire attention, parce que, je l'ai redit il n'y a pas si longtemps que ça, l'ensemble des impôts des Français aujourd'hui sert aussi beaucoup à payer les charges, les intérêts de la dette. Donc le contribuable n'a pas une partie qui lui revient, c'est l'ensemble des finances publiques. Les contrats aidés, c'est quelque chose d'important, mais ce qui est encore plus important - et c'est toute la logique sur laquelle D. de Villepin veut que le Gouvernement s'engage -, c'est de démontrer que le travail paie. Donc, encore une fois, ce que l'on souhaite, c'est permettre à tous ceux qui vont retrouver un travail, d'avoir aussi un plus. Parce qu'il est vrai que quand on a été en inactivité et qu'on retrouve un travail, on change d'habitude, il faut parfois déménager, il faut des fois changer sa vie. Et donc l'Etat veut encourager et payer davantage ceux qui travaillent.
Q- Les patrons de PME jouent-ils le jeu du contrat "nouvelles embauches", qui a été lancé le 4 août ? Est-ce qu'on va en voir des résultats ou est-ce à la "Saint Glinglin" ?
R- Les chiffres et les très bonnes tendances que vous avez rappelés ce matin, sur le chômage, n'intègrent pas encore la mise en uvre des mesures qui ont été prises par D. de Villepin, sur les mesures d'urgence pour l'emploi, puisque je rappelle qu'elles n'ont été votées qu'à la fin du mois de juillet. Or là, il s'agit des chiffres de juillet. Sur le mois d'août, nous avons de très bons indicateurs aujourd'hui sur le contrat "nouvelles embauches", c'est-à-dire vraiment des milliers et des milliers, et donc peut-être encore plus que ce que les gens pouvaient penser. Cela démontre que ce contrat, qui est un contrat encore une fois, je le rappelle, pour faire sortir de la précarité, celles et ceux qui n'ont pas de travail, rencontre l'adhésion, assez significatif peut-être même massive, des petites entreprises.
Q- Quand vous avez préparé le budget 2006, à combien le prix du baril du pétrole était-il ?
R- On l'avait prévu sur l'année à 36 dollars...
Q- Aujourd'hui, à combien le calculez-vous ? Il était, hier, à 70 dollars...
R- Aujourd'hui, quand on fera la moyenne sur l'année, il sera clairement au-dessus de 50, c'est une évidence... Et donc c'est vrai que ça pèse fondamentalement sur les finances publiques. Je vous confirme que ce n'est pas une bonne nouvelle pour le ministre des Finances que je suis...
Q- Et peut-on atteindre les 2 %, malgré le cours du pétrole entre 50 et 60 ?
R- On fait tout pour ça...
Q- Et y arrive-t-on ou pas ?
R- On fait tout pour ça et, encore une fois derrière, derrière, on met une
dynamique. Je le redis, il y a clairement un élan.
Q- Vous dites que cela pèse sur les finances publiques ?
R- C'est clair...
Q- Le Parti communiste, le PS, F. Bayrou et les syndicats réclament pourtant à Matignon et à vous, un effort sur le pouvoir d'achat en faveur des bas revenus. Qu'est-ce qu'ils peuvent attendre encore de vous ?
R- Une fois encore, c'est la priorité que de se préoccuper effectivement du pouvoir d'achat des Françaises et des Français. C'est la priorité du Gouvernement. Je voudrais indiquer que l'ensemble des éléments qui ont été mis en uvre aujourd'hui, sur ces plans, que ce soit par exemple, l'augmentation du Smic horaire de 5,5 %, que ce soit l'augmentation de la prime pour l'emploi, que ce soit aussi l'augmentation des fonctionnaires - je rappelle que 1,8 % de plus cette année...
Q- Oui, mais au total, combien cela fait-il ?
R- Au total, on aura réinjecté plus de 8 milliards d'euros, en pouvoir d'achat avec ces mesures...
Q- Mais cela ne se voit pas encore...
R- Cela commence à arriver, bien sûr... C'est pratiquement un demi point de croissance qui aura été réinjecté cette année par le Gouvernement...
Q- Très bien, mais qu'est-ce que vous dites à J.-C. Mailly, de Force ouvrière ? Que vous ferez un effort de plus ou non ?
R- Il va voir l'ensemble de ces éléments qui vont commencer à peser. C'est sûr qu'il n'y en a jamais assez. Mais l'Etat, ce n'est pas non plus un panier sans fond. Ce que je veux dire, c'est que la priorité va là.
Q- Demain, le Premier ministre va proposer ce que Matignon a appelé jusqu'ici le "plan de relance". On dit que vous l'avez préparé avec lui et avec l'Elysée. Qu'est-ce qu'on peut attendre et en particulier en matière de fiscalité ?
R- C'est vrai qu'on a beaucoup travaillé avec le Premier ministre, sur ce sujet, depuis maintenant plusieurs semaines. Ce qui est très important c'est qu'au-delà d'un plan de relance, c'est plutôt un plan de redynamisation, d'accélération de la croissance que nous voyons repartir. On voit des signes positifs, il faut maintenant les encourager et les accélérer. Il y a des éléments très importants, il y a des blocages dans notre pays. On le sait. On parle en particulier de la fiscalité de l'impôt...
Q- Oui, d'après Les Echos et Le Canard Enchaîné, vous allez simplifier l'impôt sur
le revenu ?
R- Je ne prends mes sources ni dans l'un ni dans l'autre, mais en tout état
de cause, on peut dire qu'on a beaucoup travaillé...
Q- Oui, mais vous pouvez confirmer ou infirmer ?
R- On a beaucoup travaillé avec le Premier ministre sur ce sujet, il m'avait du reste passer une commande à cet effet. On a beaucoup travaillé et c'est vrai que de cette réflexion et de cette concertation, il ressort des choses qui sont assez évidentes aux yeux de toutes les Françaises et de tous les Français. C'est vrai qu'on a un impôt qui est trop compliqué, qui n'est pas assez lisible, qui n'est pas non plus toujours considéré comme étant juste...
Q- Donc vous allez le simplifier ?
R- Il faut le simplifier, il faut le rendre plus juste, il faut le rendre plus
lisible...
Q- De quelle façon ? Il y aura moins de tranches ?
R- C'est une piste effectivement qui est importante. D'abord, c'est une piste de bon sens, dans la mesure encore une fois où cela peut bénéficier à ceux qui sont les plus fragiles - et c'est important, c'est une priorité du Gouvernement. Mais c'est aussi la justice qui est retenue, pour avoir cette meilleure lisibilité de l'impôt. La justice, c'est aussi le fait que cet impôt serve en priorité et favorise le retour à l'emploi. On l'a dit, c'est la priorité du Gouvernement. Donc tous ces éléments sont pris en considération et seront annoncés demain par le Premier ministre.
Q- Mais il n'est pas nécessaire, en expliquant l'injustice, la complication de l'impôt, de se justifier, parce que vous donnez l'impression que vous êtes sur la défensive ! Si l'impôt est aussi tordu qu'il l'est, vous allez le simplifier, vous allez en réduire le nombre de tranches... Si c'est positif pour les Français, il faut le dire !
R- Je pense que ce sera positif pour les Français, c'est clair...
Q- Donc il y aura moins que les sept tranches ?
R- Ce sont des réformes très importantes, très compliquées à mettre en uvre et comme je suis le ministre qui sera chargé de la mettre en uvre, si jamais on le fait, c'est que c'est vraiment dans l'intérêt des Français, vous avez raison de l'avoir signalé.
Q- Est-ce que l'heure d'une réforme de l'impôt sur la fortune a sonné ?
R- Cela fait partie du paquet global. Souvenez-vous, quand on en a parlé, il y a quelques semaines, la commande qui a été faite, c'était clairement de revoir l'ensemble de la fiscalité, y compris l'impôt sur la fortune. Alors, il est évident que cet impôt sur la fortune ne sera pas supprimé, il n'en a jamais été question. Par contre, qu'il soit réaménagé dans le cadre global pour éviter les aberrations et surtout les effets pervers, qui seraient contre-productifs pour la France, pour permettre de rendre la France plus compétitive dans le champ des nations, tout ça est très important et a été pris en compte, je vous le confirme, dans la réflexion du Premier ministre...
Q- P. Ollier, à l'UMP, qui préside la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale a promis dans Le Parisien de ce matin, de mettre la pression sur vous tous, sur le Gouvernement, à propos de l'impôt sur la fortune. Il parle par exemple de l'immobilier, de l'outil de travail. Ce sont des pistes ou pas ?
R- Eh bien, je n'ai pas encore eu le temps de lire ces déclarations, mais je m'entends très bien avec P. Ollier, on se met la pression nous-mêmes et je vois qu'une fois de plus, on va dans un sens qui est un sens qui converge...
Q- D'autant plus le président de l'UMP, N. Sarkozy, a l'intention, le 7 septembre, dans une convention spécialisée sur la fiscalité, de ne pas faire de cadeau. Il a de l'imagination, il va vous proposer lui aussi, une vraie réforme fiscale ?
R- Mais je vais vous donner un scoop : j'y serais et je vais parler à cette convention ! C'est bien normal du reste...
Q- Comme vous le dites vous-même, c'est tout à fait normal et c'est bien qu'il y ait une sorte de compétition entre vous, à l'intérieur de la majorité, pour réformer la fiscalité en France ?
R- Je ne le vis pas du tout comme ça, mais en tout cas, si jamais il y a une compétition pour les réformes, ça me va tout à fait.
Q- Le projet dont vous parlez, est-il applicable en 2006, en 2007 ou après ?
R- Ah, non clairement avant 2007 !
Q- Le Gouvernement devrait publier, très bientôt, la liste des secteurs industriels stratégiques, dans lesquels il pourrait interdire les OPA. C'est un peu la leçon de Danone etc. Est-ce qu'il y aura des sanctuaires ?
R- D'abord, ceci s'inscrit évidemment dans le cadre de la réglementation européenne stricto sensu, c'est une évidence mais c'est bien de le redire. Et deuxièmement, il s'agit comme le font tous les pays, de secteurs sensibles, de secteurs très sensibles et qui concernent essentiellement la défense, les hautes technologies, les technologies de cryptage, de télécommunication spécifique etc. qui sont des éléments qui font partie du patrimoine, du sanctuaire national.
Q- Biotechnologie, nanotechnologie etc.
R- Pas plus, pas moins.
Q- Entre un ministre d'Etat qui est extrêmement actif, entre un Premier ministre hyper habile comme stratège, y a-t-il une place politique pour le ministre des Finances et de l'Economie ?
R- Pour un ministre des Finances réformateur, tout à fait.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 31 août 2005)